Les étapes de la formation
Comment un jeune entre-t-il au noviciat?
Un
jeune qui frappe à la porte du noviciat est d'abord "regardant".
C'est-à-dire que le temps lui est laissé d'observer de l'extérieur la
vie de la communauté. Puis, s'il demande à poursuivre cette expérience,
le père maître des novices l'invite à franchir le pas et à participer à
la vie des frères en tout ce qu'ils font: "Venez et voyez" (Jn 1,39).
Commence alors le temps du postulat qui dure deux mois. Ayant éprouvé sa
vocation de l'intérieur, le postulant peut entrer dans la communauté et
devenir novice.
Quelles sont les étapes de la formation?
- La première étape est le postulat, qui dure entre 2 et 12 mois selon les cas, et qui se déroule dans un prieuré de la communauté.- La deuxième étape est le noviciat qui s'effectue dans l'un des cinq noviciats de la communauté (en France, au Cameroun et aux Etats-Unis, au Mexique et aux Philippines); le noviciat dure entre 18 et 24 mois. En cours de noviciat, le novice reçoit l'habit et son nom religieux.
- La troisième étape est la profession simple qui dure au moins 4 ans. Le temps de profession temporaire s'effectue dans les prieurés de formation de Saint-Jodard et de Rimont et inclut un stage d'au moins un an dans un prieuré apostolique. Le temps de profession temporaire peut être allongé si besoin.
- A l'expiration des voeux temporaires, le frère prononce ses voeux perpétuels, si la communauté l'y admet.
Comment se fait l'accès aux ordres sacrés?
Parmi
les frères profès perpétuels, un certain nombre sont appelés à recevoir
les ordres sacrés du diaconat et presbytérat (ou sacerdoce
ministériel), à l'appel de l'évêque d'Autun sur proposition du prieur
général, après consultation de tous les prieurés où le frère a vécu,
d'un conseil institué ad hoc et l’accord du conseil du prieur général.Les études des frères intègrent les exigences de la charte des études (Ratio studiorum) adoptée par la Conférence des évêques de France pour la préparation des candidats au diaconat et au presbytérat.
Comment savoir que Dieu appelle à entrer dans la Communauté Saint-Jean ?
Question
à la fois difficile et facile à répondre. La vocation religieuse, comme
d'ailleurs toute vocation, est d'abord une réponse à un appel de Dieu.
"Ce n'est pas vous qui m'avez choisi ; mais c'est moi qui vous ai
choisis" (Jn 15, 12) et nous, nous répondons simplement à cet appel.
Pourtant ce qui paraît si simple aujourd'hui à tout religieux ne l'a pas
toujours été.
C'est à travers un
cheminement particulier à chacun que tous ont finalement dit "oui" à cet
appel de Dieu sur eux. Voici quelques témoignages :
"A
l'âge de six ans, ma grand-mère qui était ma marraine, après m'avoir
sauvé la vie à la suite d'un événement banal, me déclara qu'un jour je
serais religieux ou prêtre. Ce qu'elle m'avait dit correspondait à un
désir très grand qui plus tard s'installa dans mon âme sans jamais plus
s'éteindre. Mais combien d'obstacles entre ce jour et celui de ma
profession perpétuelle!
Dieu
interpelle par des personnes, des événements, par sa Parole. Il attire à
Lui d'une façon inexorable dans le silence du cœur. Ce "où
demeures-tu?" ou ce "viens et suis moi" sont, aussi loin que je me
souvienne, des paroles qui ont façonné mon désir d'une rencontre
personnelle avec Celui qui est Amour.
Cet
appel à Le suivre s'est clarifié le vendredi saint de l'an 2000 pendant
le chemin de croix que notre père Marie-Dominique PHILIPPE nous traçait
dans la campagne de Saint-Jodard. J'étais là comme "regardant" et ce
que j'ai vu, c'est une image du Christ-Jésus qui me demandait à le
suivre, à me laisser appauvrir pour faire mien son désir. Ma réponse fut
de lui dire oui tout de suite, sans savoir vers quel engagement cela me
conduirait. Ce fut dès lors une belle et grande aventure, un chemin qui
monte sans cesse vers un horizon illimité, comme vers un lieu où le
soleil ne se couche jamais. Sur ce chemin se trouvent la Vierge Marie et
saint Jean: ils sont tournés dans un grand silence contemplatif vers la
Très Sainte Trinité, désireux de nous faire partager ce bonheur sans
fin. Toute vocation religieuse est un mystère dont la source est le
coeur de Dieu qui se penche avec miséricorde sur sa créature. A ce cri
de soif de Dieu, la réponse la plus parfaite est le fiat de la Vierge
Marie. Puissions-nous suivre cette petite voie pour faire plaisir à Dieu
de tout notre coeur". Fr Réjean (Canada)
"Il
est toujours difficile de parler de "l'historique" d'une vocation, et
il faudrait toute une vie pour donner de multiples détails et se rendre
compte finalement que l'on est resté à l'extérieur… Il ne s'agit pas
d'abord de la vocation religieuse ou sacerdotale ou au mariage, mais de
ce lien secret du coeur avec Dieu, dans la certitude que Dieu veut mon
bonheur et qu'il n'y a pas de meilleur moyen pour le trouver que de
chercher quel est son désir à lui sur ma vie.
Alors
la vocation est d'une grande continuité intérieure, malgré les choix,
les changements de direction parfois surprenants pour l'entourage. Seuls
les très proches diront : "je l'ai toujours su". Ainsi, puisqu'il faut
tout de même donner un détail personnel et si possible croustillant, on
peut reconnaître dans cette maturation certains évènements remarquables
dans lesquels le Bon Dieu peut faire preuve de beaucoup d'humour. Pour
moi il s'agit (entre autres) du Bal de Navale 1998. Trois jours
(pourquoi ne venir que pour la soirée, il faut aussi profiter de la mer
!) de rencontres, sports et fêtes, avec d'inévitables discussions
passionnées… notamment avec une jeune fille qui voulait faire Navale… On
parle d'engagement, de choix de vie, d'absolu (je pensais même qu'elle
avait une vocation) et elle finit par bloquer la conversation en disant :
"Ca suffit ! Je crois que l'on est bien d'accord, mais un jour, il faut
faire le pas !". Je ne sais à quoi elle pensait, mais ce fut pour moi
l'évidence qu'il fallait que je donne ma vie à Dieu, la prise de
conscience que cette orientation intérieure nécessite ce don. Ensuite,
le Bon Dieu prend les rênes, c'est pas plus compliqué". Fr Jean (France)
"Voilà
quinze ans, un camarade de classe me posait cette question: "pourquoi
fais-tu du latin?" Et moi de répondre: "quand on veut être prêtre, il
faut bien connaître le latin". Désir et souvenir de jeunesse qui se sont
vite perdus. En première, mon professeur de latin avait eu une réplique
frappante: "je te garde en classe de latin parce qu'un jour tu en auras
bien besoin." Mais alors, je ne pensais plus du tout à devenir prêtre
ou religieux.
J'avais
un bon ami de quelques années mon aîné et qui pour moi était comme un
modèle. Le profil type de carrière que je voulais suivre: faire une
bonne école d'ingénieur, avoir un bon poste de travail, une jolie épouse
et une belle famille. Bref, vivre une vie heureuse et paisible. Le
Seigneur me tenait par cet ami. Nous allions régulièrement courir… puis
nous terminions par de longues discussions. Nos conversations tournaient
assez vite sur la place du Christ dans notre vie. En laissant agir le
Christ au coeur de notre vie, à la maison, au travail et pour soi, nous
pouvions acquérir une humanité généreuse et une âme magnanime. C'est
simplement ce que je désirais. Après mon bac, je suis parti étudier dans
une grande université technique en Allemagne. Ainsi le Seigneur ouvrait
mon coeur à la culture de Goethe, Wagner, Bach… En 1997, après une
première année d'étude réussie, je pouvais participer au JMJ de Paris.
Sur le champ de Mars, le Saint Père salua chaque nation. Les allemands,
il les appela par deux fois et dit "wo seid ihr" c'est à dire "où êtes
vous?" puis il commenta le passage du jeune homme riche dans saint Marc.
Alors le regard aimant du Christ s'est posé sur moi: "Et toi, ne veux
tu pas vendre tous tes projets et me suivre? Regarde il y a si peu
d'allemands, j'ai besoin d'ouvriers pour ma moisson". Cette voix
intérieure est restée gravée dans mon coeur. C'est ce qui a remis la
question de ma vocation à l'ordre du jour et il m'a fallu encore deux
ans pour y répondre par ma rentrée dans la communauté Saint-Jean". Fr Karl Emmanuel (Allemagne)
"Lorsqu'on
me pose la question de savoir comment j'ai su que j'étais appelé à la
vie religieuse, je réponds souvent par une autre question. "Comment
celui qui se marie sait-il qu'il est appelé au mariage?". Dans toute
vocation, il y a une évidence que nous ne pouvons jamais expliquer
totalement à un autre mais que nous voyons très nettement. Nous savons
que nous sommes faits pour cela...
Il y a cependant toujours quelques explications qui nous permettent de dire que notre choix n'est pas le fruit de notre imaginaire, que nous sommes vraiment fait pour tel ou tel genre de vocation, que Dieu nous appelle à Le suivre dans tel ou tel genre de vie. J'ai toujours été attiré par la vie religieuse mais sans vraiment répondre à cet appel. La vie monastique en particulier m'a toujours attiré et ce même dans ma période où je me suis le plus éloigné de l'église. Je trouvais cependant que je n'avais pas le tempérament pour vivre ce genre de vie pour toujours. Je savais aussi que c'était quelque chose de semblable que j'étais appelé à vivre, sans pour autant savoir ce que c'était de suivre Dieu à l'intérieur de la vie religieuse. Puis un beau jour, en écoutant une interview de Dom Helder Camara, j'ai eu la certitude que ma vocation était d'être religieux. L'intervieweur, à la fin de l'entretien pose la question de savoir pourquoi il fait tout ce qu'il fait. La réponse de Mgr Camara fut très simple et très surprenante pour moi : "pour Dieu". Tout ce qu'il faisait, c'était pour Dieu qu'il le faisait… J'avais trouvé sur le coup cette réponse plutôt décevante mais elle m'avait touché. J'étais demeuré plusieurs jours à méditer sur cette réponse en me demandant comment il pouvait répondre aussi simplement à une question si importante. Après ces quelques jours, j'ai dû me rendre à l'évidence que c'était vraiment la seule réponse possible et qu'elle devait être aussi la mienne. À partir de ce jour je savais que ma vocation c'était la vie religieuse mais il m'a fallu encore beaucoup de temps pour bien le comprendre… Il m'a fallu à partir de ce jour plus de 20 ans pour que je me consacre totalement et pour toujours à Dieu…" Fr René (Canada)
Il y a cependant toujours quelques explications qui nous permettent de dire que notre choix n'est pas le fruit de notre imaginaire, que nous sommes vraiment fait pour tel ou tel genre de vocation, que Dieu nous appelle à Le suivre dans tel ou tel genre de vie. J'ai toujours été attiré par la vie religieuse mais sans vraiment répondre à cet appel. La vie monastique en particulier m'a toujours attiré et ce même dans ma période où je me suis le plus éloigné de l'église. Je trouvais cependant que je n'avais pas le tempérament pour vivre ce genre de vie pour toujours. Je savais aussi que c'était quelque chose de semblable que j'étais appelé à vivre, sans pour autant savoir ce que c'était de suivre Dieu à l'intérieur de la vie religieuse. Puis un beau jour, en écoutant une interview de Dom Helder Camara, j'ai eu la certitude que ma vocation était d'être religieux. L'intervieweur, à la fin de l'entretien pose la question de savoir pourquoi il fait tout ce qu'il fait. La réponse de Mgr Camara fut très simple et très surprenante pour moi : "pour Dieu". Tout ce qu'il faisait, c'était pour Dieu qu'il le faisait… J'avais trouvé sur le coup cette réponse plutôt décevante mais elle m'avait touché. J'étais demeuré plusieurs jours à méditer sur cette réponse en me demandant comment il pouvait répondre aussi simplement à une question si importante. Après ces quelques jours, j'ai dû me rendre à l'évidence que c'était vraiment la seule réponse possible et qu'elle devait être aussi la mienne. À partir de ce jour je savais que ma vocation c'était la vie religieuse mais il m'a fallu encore beaucoup de temps pour bien le comprendre… Il m'a fallu à partir de ce jour plus de 20 ans pour que je me consacre totalement et pour toujours à Dieu…" Fr René (Canada)
"J'ai
connu la Communauté quand j'avais 9 ans et j'ai eu l'occasion par la
suite de participer à plusieurs rassemblements, camps de jeunes ou
retraites, organisés par les Frères et les Soeurs de Saint-Jean. Ce qui
m'a toujours frappé, c'est la joie qui régnait entre eux et qu'ils
invitaient à partager. J'étais très impressionné par la pauvreté
évangélique de ces religieux qui avaient tout donné au Christ et qui se
donnaient pour les autres, jour après jour et sans compter. En fait la
pauvreté n'est pas sans lien avec la joie, car les deux vont de pair :
ce n'est pas la possession qui rend heureux mais le don de soi !
Voilà 6 ans que je suis entré dans la Communauté Saint-Jean et je ne regrette
rien ! Chaque jour j'essaie de vivre plus intimement avec le Christ et
de rayonner de l'amour que je reçois de lui. La vie entre frères demande
d'être constamment appauvri de ses propres richesses, sécurités ; ceci
peut paraître difficile pour mon coeur d'homme mais c'est en fait source
de paix et de joie !
Il
y a quelques semaines j'ai fait profession perpétuelle : au cours d'une
célébration officielle, j'ai promis à Dieu de chercher à être pauvre,
chaste et obéissant par amour pour lui ; au fond, rien d'autre que de
chercher à mener une vie conforme au Christ qui a vécu pauvre, chaste et
obéissant. C'est d'ailleurs pour cette raison que l'on appelle ces
trois promesses les "conseils évangéliques", car elles sont proposées
par le Christ dans l'évangile : "Si quelqu'un veut marcher à ma suite,
qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix chaque jour et qu'il me
suite" (Lc 9, 23). Quelle joie de suivre Jésus dans sa vie avec le Père
et dans sa vie apostolique ! C'est cette joie que je voudrais
communiquer au monde entier ; joie que les apôtres ont dû connaître eux
aussi après la Résurrection ; joie que saint Jean a vécue en témoignant
qu'il a entendu, vu et touché le Verbe de vie (Cf. 1 Jn 1, 1-4)". Fr Vincent (France)
"Je viens d'une famille très catholique. Nous avons toujours prié ensemble comme une famille chaque soir, mais je n'avais pas un désir de devenir prêtre ou religieux quand j'étais jeune. Quand je suis parti pour faire mes études universitaires, j'ai gardé une vie de prière personnelle, mais j'ai aussi gardé un désir d'avoir une vie pleine de succès. J'étudiais la comptabilité parce qu'elle me plaisait et parce que je savais que je pourrais trouver un bon travail. J'avais raison. Ma dernière année d'études j'ai trouvé un très bon travail, et j'étais heureux. Cependant, après un an et demi j'ai rencontré un jeune prêtre qui venait d'être ordonné, et il était heureux lui aussi. J'ai trouvé une grande amitié avec lui, et après quelques mois il m'a dit qu'il voyait en moi une vocation au sacerdoce parce que j'avais gardé une vie de prière personnelle. Je venais souvent à la paroisse pour l'oraison. J'ai résisté puisque j'avais commencé un très bon travail ou j’avançais très vite. Cependant, cet ami a planté la semence, et j'ai commencé de réfléchir beaucoup sur une vocation. Après six mois, la grâce de Dieu a tellement saisi mon cœur que je ne pouvais plus penser à autre chose que de me donner au Seigneur, mais j'avais une grande peur de quitter mon travail. Quand j'ai enfin dépassé cette peur, j'ai décidé de quitter mon travail pour entrer au séminaire pour mon diocèse, et c'était source d'une grande paix et certitude pour moi. Cependant, après six mois de formation au séminaire, je me suis trouvé avec une plus grande soif pour la recherche de la vérité et l'oraison, et la formation du séminaire ne remplissait pas cette soif. J'ai dit cela à mon père spirituel, et il m'a dit qu'il voyait en moi une vocation à la vie religieuse, mais je ne connaissais ni ce que c'était la vie religieuse ni des communautés religieuses. Il connaissait un père chez les frères de Saint-Jean, et il m'y a envoyé pour une visite. Après un mois chez les frères, j'ai décidé de quitter mon diocèse pour entrer chez les frères. Ce qui m'attirait le plus et qui m'attire toujours aujourd'hui c'est la recherche de la sagesse et la vie d'oraison. Je crois que ces deux choses ont toujours été à la source de ma vocation". Fr John Luke (USA)