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dimanche 9 avril 2017

Le billet hebdomadaire de Rivarol

Billet hebdomadaire
 

La Guyane en révolte

La Guyane, le plus vaste des territoires français d’Outre-Mer, totalement continentale et appartenant géographiquement à l’Amérique du Sud — ce qu’ignorait une nullité en géographie et en culture générale comme M. Macron, candidat favori des sondages à l’élection présidentielle — connaît donc une importante agitation revendicative. La Guyane française s’étend sur 85 000 kilomètres carrés et compte plus de 260 000 habitants, dont plus d’une moitié d’immigrés clandestins — et régularisés par vagues —. Ces derniers posent un vrai problème. Le mode d’action revendicatif consiste en de grandes manifestations, à l’échelle de la population locale, comptant des milliers de personnes, dans la capitale Cayenne. Le mouvement bloque aussi systématiquement les rares routes de Guyane : aussi l’économie locale, déjà structurellement fragile, menace-t-elle de s’effondrer complètement. Le mode d’action est donc celui du chantage autodestructeur, ce qui n’aboutirait à rien dans 90 % des pays du monde, mais fonctionne en France socialiste. Il faut relever une différence avec la deuxième ou troisième génération de “jeunes” qui s’expriment régulièrement dans les banlieues métropolitaines en brûlant systématiquement les équipements publics, reconstruits chaque fois à grands frais : pour l’instant, le mouvement guyanais n’a rien saccagé. Peut-être peut-on voir là la différence entre un mouvement enraciné, et de purs parasites allochtones qui ont plaisir à ravager le pays envahi. Cette autochtonie revendiquée passe par l’usage du créole, avec un collectif officiel cultivant la métaphore spatiale, intitulé « Pou la Gwiyann décollé » (décoller pour la Guyane).


Cette forme de révolte populaire a lieu précisément à la veille de l’élection présidentielle française, ce qui est bien sûr tout sauf un hasard. Il ne s’est en effet rien passé de spécialement dramatique, par rapport aux années précédentes, en Guyane, en 2017. Ces 500 Frères Guyanais, masqués, aux tenues uniformes, semblent avoir aussi le soutien, au moins dans un premier temps, de la majorité de la population locale. Ils réclament la fin de l’insécurité, en effet chronique, en Guyane, de l’immigration-invasion, subie aussi là-bas, et plus qu’en métropole, et des milliards d’euros de subventions publiques. La Guyane reçoit à peu près 2 milliards d’euros de la métropole chaque année. Le gouvernement Cazeneuve, qui n’avait rien vu venir, paniqué, comme toujours, a déjà cédé sur 1 milliard pour 2017, et en aurait promis une quinzaine sur les 8 ans à venir, ce qui ne l’engage guère puisque ce gouvernement est en fin de parcours. Les sommes annoncées diffèrent beaucoup, entre 1 milliard au total sur 10 ans et 16 milliards sur 8 ans, ce qui correspond à l’amateurisme habituel des gouvernants socialistes sous François Hollande. Le déficit structurel des finances publiques n’a plus aucun mystère, avec de tels gestionnaires ! Méfiant, doutant à raison de l’avenir politique du parti socialiste, les manifestants guyanais continuent à réclamer « 2,5 milliards tout de suite » ; le total serait donc de 4,5 milliards pour 2017, et dans leur esprit ce total serait implicitement reconduit chaque année. 


La menace est évidente : recommencer un tel mouvement en cas de coupes dans les sommes transférées annuellement. Il n’est pas exclu du tout que ces manifestants parviennent à leurs fins. On n’imagine nullement une majorité derrière les présidents probables, Macron ou Fillon, faire preuve de fermeté dans un proche avenir, en invoquant la nécessaire recherche de l’équilibre des comptes publics, du reste imposée par Bruxelles. Evidemment, une telle augmentation des transferts de fonds de métropole aurait un effet de contagion immédiat dans les Antilles voisines : la Guadeloupe reçoit actuellement 2,7 milliards d’euros de la métropole, et la Martinique 2,6 milliards. Pourquoi ne recevraient-elles pas chacune 3 milliards d’euros de plus ? Au total, l’Outre-Mer coûte déjà à la France 20 milliards d’euros. Remarquons que le territoire le plus blanc, la Nouvelle-Calédonie, est de ceux qui reçoit proportionnellement le moins, avec 1,3 milliard ; nul doute en outre que ces fonds vont évidemment aux Canaques et non aux Caldoches — les Blancs — pour l’essentiel. 


Pourquoi ce coût net de l’Outre-Mer ? Tous ces territoires français ne sont pas des déserts, impossibles à cultiver, ou dépourvus de ressources minières ou d’hydrocarbures. Les pays d’Outre-Mer forment la caricature de l’économie socialiste française : elles produisent très peu, voire quasiment rien en Guyane, vivent de l’assistanat. Les erreurs de politiques remontent aux années 1940-50. Dès 1946 avait été proposé un “modèle” d’émigration des populations d’Outre-Mer vers la métropole, tout en abandonnant toute velléité ou presque de développement local. Le choix de l’européisme, puis du mondialisme, a achevé de détruire des économies ultramarines fragiles. Ainsi, l’Allemagne n’avait que faire de la banane antillaise ou du riz guyanais, préférant acheter des bananes du Costa-Rica et du riz de Thaïlande, moins chers. Le gouvernement Guy Mollet, car c’est lui qui a négocié en 1956 le traité fondateur de la CEE signé le 25 mars 1957, a totalement cédé, sans contreparties. S’il existe, sauf dans le cas plus que limite de Mayotte, peuplé de musulmans non francophones et traditionnellement polygames, des variantes exotiques de Français à des milliers des kilomètres de la métropole, il aurait été infiniment préférable qu’ils restent dans leur cadre naturel. Leur déracinement leur a nui en métropole, et il serait encore aujourd’hui judicieux qu’ils rentrent tous, avec leurs descendants, dans leurs vraies patries. La Guyane est en effet largement vide, hormis une étroite bande côtière. 


L’Outre-Mer français est potentiellement riche. Il permettrait l’autosuffisance alimentaire de la France en produits tropicaux, moyennant des barrières douanières protectrices. Il faudrait réhabiliter le travail agricole, l’épouvantail absolu des idéologues gauchistes, sous couleur de souvenirs de l’esclavage au XVIIIe siècle. Ils ne proposent rien d’alternatif sur le plan économique, sinon des indépendances à terme, sous subventions permanentes de la métropole à titre de « réparations historiques ». L’humanité a connu bien des malheurs et des injustices. Elles continuent de nos jours hélas dans bien des pays du monde, avec par exemple un esclavage persistant des Noirs en Mauritanie ou au Soudan, malgré toutes les promesses gouvernementales contraires. C’est certainement triste, mais l’homme blanc, qui a beaucoup subi aussi dans l’Histoire, n’a pas particulièrement à se sentir coupable, et à verser éternellement des sommes considérables, et qui seraient bien mal employées.


La seule solution à terme en Guyane française passerait par l’expulsion de la moitié de la population actuelle, constituée principalement d’immigrés clandestins récents, évidemment jamais expulsés, principalement des Brésiliens, puis des Surinamais, des ressortissants du Guyana, des Haïtiens… Il faudrait donc relancer l’agriculture, quasiment morte, avec la riziculture, l’arboriculture tropicale. Il conviendrait d’organiser une exploitation organisée et légale de l’or de l’intérieur guyanais, dans des conditions sanitaires acceptables. Le contre-modèle est celui de facto en place depuis plus de vingt ans : les orpailleurs clandestins brésiliens pillent cette richesse aurifère — leur action persistante démontre par l’absurde l’existence de cet or —, sans payer aucune redevance à l’Etat ni respecter aucune norme sanitaire ; ils ont pollué massivement au mercure des zones entières de la forêt guyanaise, ce qui a eu des conséquences importantes sur la santé de la flore, de la faune, mais aussi des Indiens des forêts. Enfin, il serait bon de réaliser des forages systématiques d’exploration des probables richesses pétrolières au large de la Guyane. Un mélange d’abandon socialiste et d’écologisme radical a poussé à négliger ces recherches.

Le seul modèle de développement vaguement proposé par Paris est celui du tourisme, qui ne convient pas à la Guyane. Il y a peu à voir, du point de vue du patrimoine ou des beautés naturelles, beaucoup moins qu’aux Antilles, et les côtes basses et marécageuses sont inadaptées au tourisme balnéaire. 


Quant à la célèbre base spatiale de Kourou, implantée en Guyane car proche de l’équateur — ce qui facilite le lancement de satellites —, elle tient de l’enclave en pays étranger. Elle n’a entraîné aucun développement d’industrie spatiale ou aéronautique en Guyane. Absolument tout est importé d’Europe. Le mouvement actuel nuit du reste à Arianespace, finira par retarder des lancements, dans un secteur devenu compétitif et où Ariane est déjà relativement trop chère. Le seul symbole positif de la Guyane risque donc de disparaître. On n’imagine pas les partenaires européens, majoritaires, et désormais inquiets, soucieux de l’avenir de la Guyane française.


En attendant un gouvernement national susceptible de sauver la France, en métropole comme au-delà des mers, la situation générale ne peut que se dégrader en Guyane, avec la fausse droite et la vraie gauche. Leur ambition secrète est de se débarrasser à terme du territoire, pour eux avant tout un problème, et encore plus compliqué que les Antilles. Madame le ministre Ericka Bareigts a donc demandé pardon au « peuple guyanais », ce qui signifie bien qu’elle considère qu’il y a un peuple guyanais distinct, et qui devrait être indépendant. Cette dame est réunionnaise, donc pas nécessairement plus au fait des réalités guyanaises qu’une métropolitaine. Il est certain que les gouvernements récents à Paris ne peuvent inspirer à Cayenne que le mépris le plus complet. La démarche des Cinq-cents Frères ressemble à un processus d’autonomie de fait, sinon d’indépendance : dans le vide total, ils assurent eux-mêmes les fonctions régaliennes. Ils poursuivent les délinquants étrangers, s’en vantent. Que deviennent précisément ces coupables arrêtés ? Ils sont probablement tabassés, puis expulsés manu militari. Imaginons les cris hystériques de la bonne conscience du Système si une milice blanche agissait de même avec les criminels allochtones en France ! Outre la surexcitation médiatique, l’Etat socialiste enverrait l’armée, qui obéirait, contre elle… Contre des Noirs en Guyane, c’est en revanche hors de question. 


Scipion de SALM

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