Le bloc-notes de Jean-Claude Rolinat
Les Américains restent des Américains et nous démontrent ce qu’ils savent faire de « mieux » : bombarder ! Les bombardements ? Ils jalonnent leur histoire, depuis ceux de la flotte espagnole pendant la guerre hispano-américaine de la fin du XIXe siècle, à ceux du jeudi 6 avril en Syrie en passant par l’Allemagne, le Japon et le Vietnam. Il faut dire que dans le cas de l’Empire du Soleil levant tout comme dans celui de l’Allemagne hitlérienne, ces deux Etats l’avaient bien cherché avec leurs cruelles entreprises impérialistes. Mais était-il nécessaire, que ce soit au Vietnam ou en Normandie, de pénaliser d’innocentes populations civiles, comme récemment encore dans la libération de Mossoul en Irak ? Si, en 1944, une bombe US avait frappé l’immeuble où se cachait ma mère lors du raid contre les objectifs de la gare de La Chapelle et de la TCRP dans le XVIIIe arrondissement de Paris, l’auteur de ces lignes ne serait pas là !
Les Américains restent des Américains et nous démontrent ce qu’ils savent faire de « mieux » : bombarder ! Les bombardements ? Ils jalonnent leur histoire, depuis ceux de la flotte espagnole pendant la guerre hispano-américaine de la fin du XIXe siècle, à ceux du jeudi 6 avril en Syrie en passant par l’Allemagne, le Japon et le Vietnam. Il faut dire que dans le cas de l’Empire du Soleil levant tout comme dans celui de l’Allemagne hitlérienne, ces deux Etats l’avaient bien cherché avec leurs cruelles entreprises impérialistes. Mais était-il nécessaire, que ce soit au Vietnam ou en Normandie, de pénaliser d’innocentes populations civiles, comme récemment encore dans la libération de Mossoul en Irak ? Si, en 1944, une bombe US avait frappé l’immeuble où se cachait ma mère lors du raid contre les objectifs de la gare de La Chapelle et de la TCRP dans le XVIIIe arrondissement de Paris, l’auteur de ces lignes ne serait pas là !
Une opération de politique intérieure avant tout
Donald
Trump est en difficulté. Quelques semaines après son installation à la
Maison Blanche, sa politique patine : il se heurtes aux empêcheurs de
gouverner en rond qui polluent l’application de son programme, que ce
soit en matière de réforme de la politique de la santé (« Obamacare »),
de tri aux frontières des voyageurs musulmans ou de nominations
diverses et variées dans son cabinet comme à la Cour suprême,
nécessitant l’approbation d’un Sénat théoriquement acquis à un Président
républicain. Pour son image, Il était urgent que le Donald donne du
bec ! Je n’irai pas jusqu’à dire que le bombardement des villageois de
la province d’Idlib avec des projectiles chimiques était une aubaine,
mais le Président qui avait montré ses muscles, malgré son inclination à
un arrangement avec Moscou, ne pouvait plus faire machine arrière.
Avait-on pourtant la certitude absolue que c’est bien l’aviation de
Bachar Al Assad qui a commis ce crime de guerre ? (80 personnes dont des
enfants gazés avec du chlore ou du sarin). Le Président syrien s’est-il
« tiré une balle dans le pied » ou bien, si réellement son aviation est
coupable de ce raid meurtrier, a-t-il voulu forcer la main à Moscou,
obliger les Russes et ses alliés iraniens à être solidaires quoiqu’il en
coûte? C’est que les temps ont changé. L’époque où les « Grands », USA
comme URSS, se débarrassaient de potentats « gênants » - Trujillo ou
Diem pour les premiers, Présidents afghans pour les seconds – est finie.
Même si Vladimir Poutine trouve le despote syrien bien encombrant, il
faut faire avec.
Ajouter la guerre à la guerre
Ce sont 59 missiles de croisières « Tomahawk » tirés depuis deux destroyers de l’US Navy
naviguant au large des côtes libano-syriennes, qui ont frappé la base
aérienne de Shayrat dans la province d’Homs, détruisant quelques avions
au sol, des infrastructures, et tuant tout de même quelques civils et
militaires. Un investissement maximum pour un rendement minimum, car
cette action ne fait qu’ajouter la guerre à la guerre, sans stopper pour
autant les velléités guerrières du Président syrien qui, morceau par
morceau, est en passe de reconquérir sur son pays contre Dae’ch. Si
Washington avait REELLEMENT voulu punir et arrêter Assad, son aviation
pouvait bombarder, alors, le complexe présidentiel qui s’étire sur
31 000 m2 du plateau de Mezzah à l’ouest de Damas, avec sa caserne de la
garde présidentielle, la résidence et l’hôpital. Un ensemble
d’immeubles modernes aux lignes carrées dressé selon les plans d’un
architecte japonais, avec un glacis où tout attaque terrestre par
surprise est impossible. Alors, à défaut de vouloir VRAIMENT exfiltrer
Assad, il faut négocier avec lui, comme les Russes, pour leur part,
tentent de l’obliger à discuter avec les rebelles.
Une indignation sélective ?
Les
images poignantes d’enfants morts ou agonisant sous les effets mortels
d’armes chimiques ne peuvent laisser indifférent. Mais, si certains cas
sont portés à la connaissance du monde par des télévisions dont c’est le
métier, curieusement, d’autres crimes de guerre sont passés sous
silence. Qui parle du conflit yéménite où les partisans chiites de
l’ancien Président affrontent une coalition emmenée par l’Arabie
Saoudite dont l’aviation, elle aussi, massacre en toute impunité ? N’y
a-t-il pointlà, de caméras pour saisir de leur objectif les mêmes
horreurs ? Y aurait-il ici des bombes « sales » et là des bombes
« propres » ? Les victimes sont les mêmes, bien souvent des femmes, des
hommes, des enfants qui n’ont rien demandé, ballotés qu’ils sont entre
des belligérants qui n’ont que faire d’eux. Les Occidentaux sont
solidaires des Etats-Unis. Les Russes défendent, peut-être à contrecœur,
leur « poulain » alaouite, comme l’Amérique « protège » les Wahhabites
et leur pétrole. Le fait d’armes américain ne change rien à la donne sur
le terrain. La Syrie compte ses morts, se dépeuple et des millions de
ses citoyens, prisonniers des rebelles ou réfugiés dans les zones
gouvernementales, tournent en rond, sans espoir. Il faut prendre le
taureau par les cornes, une bonne fois pour toutes. Si Bachar est le
problème – lui comme son père, le défunt général Hafez-Al-Assad ne sont
pas exempts de crimes – il ne saurait y avoir de solution SANS le parti
Baas. Il ne saurait y avoir de solution SANS la reconnaissance d’une
légitime autonomie de la minorité kurde, n’en déplaise aux Turcs, il ne
saurait y avoir de solution tant que Dae’ch ne sera pas totalement et
définitivement éradiqué. Au lieu de s’invectiver, de s’affronter aux
Nations-Unies, Russes et Occidentaux devraient convenir d’une feuille de
route commune, agir ENSEMBLE pour chasser les islamistes – pas
uniquement ceux, d’ailleurs, qui se réclament de l’E-I – et créer les
conditions d’un dialogue constitutionnel, période transitoire permettant
de recenser TOUS les Syriens en vue d’une consultation électorale libre
et internationalement contrôlée. Et là, le peuple syrien pourra dire
s’il veut de Bachar comme Président. Tout le reste n’est que tragique
littérature.