LE CERCLE/POINT DE VUE - Le vote catholique se sépare en deux branches. L’une maurrassienne, l’autre démocrate-chrétienne. L’une « FN compatible », l’autre non.

Le vote catholique existe sociologiquement. Il existe aussi historiquement. Il se sépare en deux branches distinctes : la branche maurrassienne, qui exalte le catholicisme comme une composante majeure de l'identité nationale, et une branche démocrate-chrétienne, qui trouve ses origines dans le Conseil national de la Résistance.En 2017, les deux familles semblent irréconciliables dans leur choix politique, d'abord et avant tout en raison de la place accordée dans leur vote au prisme bioéthique et à la défense de la famille traditionnelle. Pour les uns, le simple fait d'accepter d'ouvrir la procréation médicale assistée aux femmes seules et à celles en couple voue aux gémonies l'un des candidats au second tour de l'élection présidentielle. Pour ceux-là, aussi, le Front national ne représente pas un danger pour la République, d'autant plus qu'ils partagent le diagnostic d'un péril national face aux vagues migratoires.
Pour les autres, au contraire, le Front national menace les fondements républicains de la France. Pour ceux-là, vouloir priver les étrangers du droit de pouvoir rejoindre en France leur mari ou leur femme, qu'ils soient de nationalité française ou étrangère, vouloir priver de droits sociaux les étrangers qui sont en situation régulière, même quand ils travaillent, est contraire non seulement à la Constitution, mais aussi, et plus fondamentalement, au pacte social et national issu de la Libération.
Celle se manifestant le plus n'étant pas forcément majoritaire dans les paroisses.
Pour ceux-là, vouloir dénoncer la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales, vouloir dénoncer les conventions de l'Organisation internationale du travail, vouloir dénoncer la Convention internationale des droits de l'enfant du 20 novembre 1989 représente non un gage d'indépendance de la France, mais l'engagement de détruire tout l'édifice juridique patiemment construit sous la VRépublique et qui tend à renforcer les droits de tous les individus.
Pour ceux-là, le choix d'accorder plus de moyens pour l'intégration des personnes handicapées dans la société, et notamment des enfants dans le système scolaire, le choix de privilégier la recherche dans les thérapies nouvelles pour les maladies les plus graves, le choix de favoriser la concertation et le dialogue social, le choix de préserver et de renforcer les acquis européens, le choix d'une moralisation de la vie politique sont autant de motifs pour voter en faveur de l'un des candidats. Les deux familles catholiques paraissent irréconciliables, celle se manifestant le plus n'étant pas forcément majoritaire dans les paroisses.
Philippe Garabiol, ancien élève de l'ENA, est agrégé d'histoire.
 Source