Les récents et tragiques évènements de
Gaza ont remis au goût du jour un débat vieux comme Israël : cet Etat
agit-il en situation de légitime défense ou utilise-t-il la violence
comme moyen de gouvernement en outrepassant ses droits ?
Ainsi posée la question est bien
juridique et donc inopérante. En effet, depuis son existence, Israël a
été attaquée par de multiples forces, à commencer par une partie de la
population palestinienne, forcée de quitter des terres qu’elle habitait
depuis plusieurs générations.
Savoir si elle avait le droit de
riposter et comment, n’a jamais intéressé ni la classe politique ni
l’armée ni la population israéliennes. Le rôle de son armée est de
défendre les acquis conquis progressivement et c’est elle seule qui a le
choix des moyens. Cela ne saurait être un débat.
Le droit international ne compte donc
pas et les Etats-Unis sont là pout y veiller, veto à l’ONU à l’appui en
cas de besoin. L’allié américain ne prend d’ailleurs même plus de
gants : les Clinton, Obama, même Bush énonçaient des regrets de principe
lorsque l’armée avait tiré à balles réelles sur des manifestants qui
lançaient des pierres. Aujourd’hui, Trump se tait et l’ambassadrice
américaine à l’ONU, la sémillante et ambitieuse Nikki Haley, se permet
même de quitter l’assemblée lorsque le représentant palestinien prend la
parole. C’était tout de même du jamais vu.
Le transfert inique de l’ambassade
américaine à Jérusalem est une pierre de plus dans l’édifice de
l’impunité. Ce transfert est contraire aux traités signés et en vigueur,
mais c’est sans importance. Le lobby évangéliste connait là sa plus
grande victoire et Israël peut se frotter les mains. A ce propos, il est
tout de même stupéfiant que l’Eglise catholique ait aussi peu réagi :
Jérusalem n’aurait jamais dû devenir la capitale d’un Etat. C’est une
ville internationale, lieu saint pour les trois religions monothéistes :
en faire une capitale d’un Etat, confessionnel qui plus est, est
contraire à 70 ans de traités.
Alors autant être clair : il n’y aura
jamais d’Etat palestinien. Cette fiction destinée à calmer les opinions
publiques et éviter de sanglantes manifestations de désespoir, n’a même
plus d’apparence. Les colonies illégales peuvent s’étendre
progressivement, avec ou sans expropriation. Tous les moyens sont bons :
menaces, violences, arrestations arbitraires effectuées par l’armée
hors de toute règle juridique. Et quand par hasard un juge indépendant
annule la création d’une colonie car contraire aux traités en vigueur,
la décision n’est jamais appliquée et la colonie s’étend.
Qu’on lise à cet égard le très beau
témoignage de Vera Baboun, la Maire chrétienne de Bethléem dans son
livre « Ma ville emmurée ». Car il y a des chrétiens palestiniens : tous
ne sont pas du Hamas. Mais coincés entre la brutalité israélienne et
l’expansion islamiste, ils s’en vont peu à peu. Bientôt, le pays du
Nouveau Testament ne comptera plus de chrétiens et nous pourrons nous
interroger sur notre propre responsabilité.
Alors quand certains écrivent
qu’ « Israël a le droit de se défendre », ils devraient plutôt affirmer
qu’Israël a le droit de tuer car c’est ainsi que les choses se passent
en Palestine.
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