Sur Boulevard Voltaire, nous n’étions pas Charlie. Gabrielle Cluzel, notre rédactrice en chef, avait, dans un éditorial historique, à chaud, brillamment tout dit.
Texte historique. Et prophétique. En effet, trois ans après l’attentat contre Charlie Hebdo qui avait donné naissance à ce phénomène « Je suis Charlie » et à cet ambigu moment d’unité nationale, un sondage IFOP, commandé par le collectif Toujours Charlie, révèle que l’esprit Charlie s’effondre année après année. L’an dernier, les Français étaient encore 71 % à se dire Charlie ; cette année, ils ne sont plus que 61 %.
Pourquoi cette « décharlisation » des esprits ? Le sondage précise qu’un tiers des sondés qui « ne se sentent pas Charlie » disent « ne pas » ou « ne plus » être « marqués par l’attentat » de janvier 2015. On aimerait creuser davantage. Pourquoi cet « oubli » de la sanglante tuerie qui est pourtant celle à laquelle les médias donnèrent le plus d’écho ? Les Français seraient-ils des zappeurs de l’horreur, un attentat en chassant un autre ?
D’abord ce « premier » attentat islamiste d’envergure sur le sol français ne fit l’objet d’un « culte » chez les Français que pendant la courte période – une sorte de « drôle de guerre » de neuf mois – où il fut précisément, non pas le premier, mais le seul, et celui que nos gouvernants d’alors, et une opinion traumatisée, voulaient tel. Mais en novembre 2015, il y eut le Bataclan, non plus une dizaine, mais plus d’une centaine de victimes. Déjà, si l’on peut dire, l’esprit Charlie en avait pris un coup. Les petits autocollants, les fleurs, les bougies, le culte continuaient, mais la foi était moins vive chez les fidèles…
Ensuite, avec le temps et les prises de conscience favorisées par la presse alternative, souvent contre l’esprit Charlie et les médias officiels, apparurent les ambiguïtés et les mensonges des « vérités » qui nous avaient été servies par les prêtres du culte Charlie.
C’était une attaque contre la liberté d’expression… Or, les observateurs avaient bien relevé que s’en prendre à des policiers ou à l’Hyper Casher, ce n’était pas viser la liberté d’expression… Dès le début, l’esprit Charlie nous mentait, en sélectionnant les victimes. Et les attentats ultérieurs confirmèrent ce biais… Il nous mentait aussi en nous imposant une grille de lecture sur les motivations des terroristes. Cela n’avait rien à voir avec l’islam. Et puis il fallait, toujours au nom de l’esprit Charlie, absolument traquer la fake news nous disant que des terroristes islamistes profitaient de la vague migratoire. Une fake news qui disait la vérité…
En ce début janvier où notre nouveau Président (essentiellement élu par des Français toujours Charlie, comme en témoignent les catégories d’âge mises en évidence par le sondage), a annoncé de façon tonitruante vouloir une nouvelle loi pour mieux contrôler l’information et encadrer la presse, notamment alternative, on peut parier que les Français seront de plus en plus nombreux à abandonner l’esprit Charlie, conscients que les grandes proclamations en faveur de la liberté d’expression s’accompagnent en fait de régressions dramatiques, comme le soulignait ici Emmanuelle Ménard.
Voilà peut-être la raison majeure qui explique cette baisse spectaculaire de l’esprit Charlie : 43 % des sondés estiment que la liberté d’expression a diminué, toujours d’après ce sondage… 43 % ? Et le sondage a été réalisé avant l’annonce du Président… De quoi nous rendre encore plus Charlie. Ou encore moins. Enfin, vous avez compris.
Pascal Célérier
Source
Texte historique. Et prophétique. En effet, trois ans après l’attentat contre Charlie Hebdo qui avait donné naissance à ce phénomène « Je suis Charlie » et à cet ambigu moment d’unité nationale, un sondage IFOP, commandé par le collectif Toujours Charlie, révèle que l’esprit Charlie s’effondre année après année. L’an dernier, les Français étaient encore 71 % à se dire Charlie ; cette année, ils ne sont plus que 61 %.
Pourquoi cette « décharlisation » des esprits ? Le sondage précise qu’un tiers des sondés qui « ne se sentent pas Charlie » disent « ne pas » ou « ne plus » être « marqués par l’attentat » de janvier 2015. On aimerait creuser davantage. Pourquoi cet « oubli » de la sanglante tuerie qui est pourtant celle à laquelle les médias donnèrent le plus d’écho ? Les Français seraient-ils des zappeurs de l’horreur, un attentat en chassant un autre ?
D’abord ce « premier » attentat islamiste d’envergure sur le sol français ne fit l’objet d’un « culte » chez les Français que pendant la courte période – une sorte de « drôle de guerre » de neuf mois – où il fut précisément, non pas le premier, mais le seul, et celui que nos gouvernants d’alors, et une opinion traumatisée, voulaient tel. Mais en novembre 2015, il y eut le Bataclan, non plus une dizaine, mais plus d’une centaine de victimes. Déjà, si l’on peut dire, l’esprit Charlie en avait pris un coup. Les petits autocollants, les fleurs, les bougies, le culte continuaient, mais la foi était moins vive chez les fidèles…
Ensuite, avec le temps et les prises de conscience favorisées par la presse alternative, souvent contre l’esprit Charlie et les médias officiels, apparurent les ambiguïtés et les mensonges des « vérités » qui nous avaient été servies par les prêtres du culte Charlie.
C’était une attaque contre la liberté d’expression… Or, les observateurs avaient bien relevé que s’en prendre à des policiers ou à l’Hyper Casher, ce n’était pas viser la liberté d’expression… Dès le début, l’esprit Charlie nous mentait, en sélectionnant les victimes. Et les attentats ultérieurs confirmèrent ce biais… Il nous mentait aussi en nous imposant une grille de lecture sur les motivations des terroristes. Cela n’avait rien à voir avec l’islam. Et puis il fallait, toujours au nom de l’esprit Charlie, absolument traquer la fake news nous disant que des terroristes islamistes profitaient de la vague migratoire. Une fake news qui disait la vérité…
En ce début janvier où notre nouveau Président (essentiellement élu par des Français toujours Charlie, comme en témoignent les catégories d’âge mises en évidence par le sondage), a annoncé de façon tonitruante vouloir une nouvelle loi pour mieux contrôler l’information et encadrer la presse, notamment alternative, on peut parier que les Français seront de plus en plus nombreux à abandonner l’esprit Charlie, conscients que les grandes proclamations en faveur de la liberté d’expression s’accompagnent en fait de régressions dramatiques, comme le soulignait ici Emmanuelle Ménard.
Voilà peut-être la raison majeure qui explique cette baisse spectaculaire de l’esprit Charlie : 43 % des sondés estiment que la liberté d’expression a diminué, toujours d’après ce sondage… 43 % ? Et le sondage a été réalisé avant l’annonce du Président… De quoi nous rendre encore plus Charlie. Ou encore moins. Enfin, vous avez compris.
Pascal Célérier
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