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samedi 28 décembre 2013

Arabie saoudite, droits de l’homme et business

droits-de-l-homme
 
 
 
L'Arabie saoudite est un des nombreux pays islamiques où se pratiquent la décapitation, la flagellation, la torture, les amputations. 
 
Raef Badaoui, Saoudien vivant dans une monarchie islamique absolue, animateur de site Internet militant pour les droits de l’homme, incarcéré depuis juin 2012 et condamné le 30 juillet 2013 à 7 ans de prison et 600 coups de fouet pour « violation des principes islamiques et diffusion d’idées libérales » vient, selon la déclaration de sa femme à la chaîne CNN, d’être condamné à mort pour apostasie (abandon public de sa foi).

L’Arabie saoudite est l’un des 57 pays islamiques à avoir ratifié, au Caire en 1990, la « Déclaration universelle des droits de l’homme en islam », déclaration fortement teintée d’imprégnation religieuse dont les articles 24 et 25 sont la parfaite illustration. Ils énoncent sans autre forme de procès que tous les droits et libertés énoncés dans la Déclaration sont soumis aux dispositions de la charia – pour l’article 24 – et imposent la charia comme unique référence dans l’explication et interprétation de ladite Déclaration – pour l’article 25.

Plus précisément, Raef Badaoui s’est rendu coupable de nombreux articles jugés « libéraux », dont un sur la Saint-Valentin – fête proscrite en terre islamique. Si même la fête des amoureux est jugée charia incompatible, nous avouons éprouver quelques craintes quant à la récente affirmation de notre Président, pourtant sain de corps et d’esprit, énoncée au mois de juillet, à Tunis : « La France sait que l’islam et la démocratie sont compatibles. »

Le jeune Saoudien aurait également ridiculisé la « Commission de la promotion des vertus ou de la prévention des vices », commission dont l’existence doit ravir la porte-parole de notre gouvernement, Najat Belkacem, qui vient de proposer une loi visant à pénaliser les clients de la prostitution.

L’Arabie saoudite est un des nombreux pays islamiques où se pratiquent la décapitation, la flagellation, la torture, les amputations, où l’homosexualité et le travestissement sont traités comme des crimes graves et où une plainte pour viol peut faire encourir 16 mois de prison – comme ce fut le cas pour Marte Dalelv, Norvégienne finalement graciée en juillet 2013. C’est dans ce pays des droits de l’homme islamiques que François Hollande se rendra ces 29 et 30 décembre afin de discuter de deux méga-contrats « Défense » qui, s’ils remportaient l’adhésion du roi Abdallah, s’élèveraient à la rondelette somme comprise entre 20 et 24 milliards d’euros.

La compatibilité entre islam et démocratie n’est assurément pas du côté de leur perception respective des droits de l’homme mais de celui, plus prosaïque, du business ; le sort du malheureux apostat Saoudien, au milieu de négociations d’aussi grande envergure, aura peu de chance d’être évoqué par « Moi-Président ».

Par ailleurs, la France, qui vient de geler son budget Défense, de réduire ses effectifs et de diminuer drastiquement ses achats de rafales, entend ainsi participer au renouvellement de la défense aérienne de l’Arabie saoudite et de sa création d’une flotte sous-marine. Ce n’est pas très rassurant.