Nouvel ordre moral et théorie du genre.
♦ Les éditions Pierre Guillaume de Roux viennent de publier le dernier ouvrage d’Alain de Benoist qui est intitulé « Les démons du bien ». Il comprend trois parties dont la première est consacrée au nouvel ordre moral occidental, la seconde à la théorie du genre et la dernière aux relations de plus en plus difficiles entre les sexes.
Un nouvel ordre moral
Dans la partie introductive de son ouvrage, Alain de Benoist décrit
le nouveau code moral que les médias, les politiques et les
intellectuels de tous ordres récitent à longueur de journées et d’années
dans l’Empire du Bien occidental. La révolution libérale/libertaire
s’est voulue transgressive et elle l’a été à l’égard de la morale qui
avait cours dans un passé proche ; elle a déprécié et ridiculisé les
valeurs qui ont été celles de nos ancêtres (la patrie, l’honneur, la
famille, le courage, les solidarités communautaires…) et qui étaient
liées, d’une part, à une vue du monde communautaire (familles,
communautés rurales, patrie) et, d’autre part, à la haute idée que nos
aïeux se faisaient des responsabilités personnelles que chacun d’entre
eux avait à l’égard de ses communautés d’appartenance.
Les gauchistes et libertaires devenus pour la plupart d’entre eux des
libéraux/libertaires thuriféraires de la mondialisation libérale ont
sécrété une nouvelle morale qu’ils assènent avec des moyens démesurés.
Au cours des quarante dernières années ils ont pénétré l’ensemble des
médias ainsi que les mondes de l’art et de l’éducation dans le but de
détruire l’idéologie qui était alors dominante et dont le capitalisme,
qui était considéré (et qui l’est encore par certains nigauds, tel
l’ineffable Besancenot, dont le philosophe Charles Robin a mis récemment
en évidence la misère intellectuelle) comme nationaliste et patriarcal,
constituait selon eux le socle ! Chemin faisant et les paradis
soviétique et maoïste ayant rendu l’âme ou ayant perdu de leur charme,
ils se sont rendu compte de la dimension révolutionnaire du capitalisme
surtout quand il est associé à la philosophie individualiste des
libéraux, ce dont Marx avait eu l’intuition. Le gauchisme a rencontré le
libéralisme, ce qui n’est pas vraiment une surprise puisqu’au fond ces
idéologies proviennent des mêmes sources, la philosophie libérale
anglaise et la philosophie des Lumières qui lui est étroitement liée, et
ils ont fusionné pour donner naissance à l’idéologie
libérale/libertaire qui, à défaut d’être dirigée contre le capitalisme
néolibéral, bien au contraire, œuvre à la promotion du
« droit-de-l’hommisme » et d’un intégrisme individualiste négateur de
toute nature, qu’il s’agisse de nature féminine, de nature masculine ou
de nature humaine tout court. L’individu est censé, selon cette
idéologie qui est purement littéraire et qui ne repose sur rien de
sérieux, « s’auto-construire » conformément à ses seuls désirs et
caprices. La caractéristique de cette idéologie est le refus de tout
déterminisme naturel et de tout enracinement culturel ; selon elle,
l’être humain, en plus d’être nomade, est totalement indéterminé et les
seules différences qu’elle admet sont les différences individuelles
résultant des choix narcissiques d’individus solitaires. Une seule autre
différence est acceptée : celle de la richesse individuelle. Cette
idéologie est l’aboutissement de l’individualisme et elle était en
filigrane dans l’idéologie libérale ; elle se situe aux antipodes de
toute forme de pensée traditionnelle et elle ignore toutes les
découvertes les plus récentes des sciences anthropologique, éthologique
et génétique.
L’idéologie lib-lib a conquis les classes politiques de gouvernement, droite et gauche confondues et :
- « le clivage droite/gauche fonctionne aujourd’hui comme un écran de fumée dissimulant la seule véritable distinction opposant d’un côté les libéraux, toutes tendances confondues, qui en tiennent pour une vie politique neutralisée et procéduralisée, un Etat thérapeutique, une “gouvernance” mondiale, une démocratie purement représentative et un discours fondé sur les “droits de l’homme”, et, de l’autre côté, tous ceux qui, au contraire, insistent sur l’autonomie locale, la démocratie directe, les particularités culturelles et les valeurs traditionnellement non négociables d’appartenance et de solidarité. »
Les chiens de garde du nouvel ordre moral lib-lib ont clairement un
comportement totalitaire qui se traduit par leur volonté hégémonique et
par l’utilisation qu’ils font des moyens les plus odieux pour sidérer et
neutraliser les récalcitrants ; ainsi l’utilisation de la dénonciation
publique est devenue une de leurs pratiques les plus courantes qui a
pour but de tuer socialement ceux qui résistent.
Ce que la cléricature du nouvel ordre moral lib-lib n’avait pas prévu
c’est que, comme ce fut le cas en Union soviétique et dans les pays
communistes d’Europe de l’Est, malgré un déploiement de propagande
inégalé, une partie de plus en plus importante du peuple français qui
est devenue progressivement une large majorité des deux tiers refuse ses
mots d’ordre et ses discours ineptes.
La théorie du genre
La théorie du genre s’inscrit dans le cadre de cette idéologie
lib-lib qui a généré le code moral que nous venons d’évoquer. Elle est
un des prolongements de cette idéologie de l’indifférenciation qui
procède à la fois de l’individualisme et du progressisme, deux éléments
constitutifs essentiels de la philosophie des Lumières. Cette
philosophie aboutit aujourd’hui à ce qu’on peut appeler le
« mélangisme » car il s’agit en fait davantage de tout brasser, de tout
mélanger plutôt que de métisser. Le but de cette hystérie « mélangiste »
est de supprimer toute trace du passé, car telle est l’obsession
progressiste ; rien de ce qui pourrait rappeler un passé honni ne doit
subsister ; tout ce qui peut rappeler les distinctions entre sociétés,
entre races (ou groupes humains régionaux si vous préférez mais c’est la
même chose), entre cultures et entre sexes doit disparaître. Seules
doivent être maintenues les différences de richesse qui, elles, sont
acceptables même quand elles atteignent les sommets que nous connaissons
depuis deux décennies !
Le féminisme a connu plusieurs stades dont le premier a été motivé
par une exigence d’égalité en matière de droits politiques, économiques
et sociaux entre hommes et femmes ; cette exigence allait en général de
pair avec la reconnaissance d’une différence naturelle et d’une réelle
complémentarité entre les personnes des deux sexes. Quant au second
stade, il participe d’un égalitarisme radical. « A la base du
féminisme égalitaire, on retrouve cette idée que l’égalité est à
concevoir dans le sens de la mêmeté, et que l’égalité ne sera vraiment
acquise entre les hommes et les femmes que lorsque rien ne les
distinguera plus vraiment. » L’idéologie du genre qui participe de cet
égalitarisme extrémiste nie l’existence des innombrables différences
existant entre les deux sexes que les biologistes et les psychologues
ont clairement établies au cours des dernières décennies. Le psychiatre
et éthologue Boris Cyrulnik considère que cette haine de la différence
est celle de pervers qui ne la supportent pas et que la théorie du genre
relève de la spéculation idéologique.
La liste des différences entre personnes de sexes différents est trop
longue pour que nous puissions la dresser dans cet article mais il
convient de faire remarquer que l’espèce humaine est une espèce sexuée
et que sa reproduction ne se fait que grâce à l’existence de deux sexes
complémentaires, et non pas opposés, qui sont génétiquement différents
(les hommes ont un chromosome Y et un chromosome X tandis que les femmes
ont deux chromosomes X). Cette différence génétique induit de grandes
différences hormonales qui créent des différences nombreuses au plan
physique mais aussi en matière de comportement et de psychologie. La
psychiatre américaine Louann Brizendine, qui est une spécialiste
éminente en matière de neurologie et dont l’ouvrage intitulé Les secrets du cerveau féminin vient d’être publié par les éditions Le Livre de poche écrit ainsi :
- « Le cerveau féminin a de formidables aptitudes : une remarquable agilité verbale, la capacité de s’impliquer à fond dans l’amitié, un don pratiquement médiumnique pour déchiffrer les émotions et les états d’âme d’après l’expression du visage et le son de la voix, la capacité de désamorcer les conflits. Tout cela est programmé dans le cerveau féminin. Ce sont des dons innés que beaucoup d’hommes, disons-le franchement, ne possèdent pas. Les hommes viennent au monde avec d’autres talents, déterminés par leur propre réalité hormonale. »
Quant à l’orientation sexuelle, elle en dit très clairement qu’elle a une origine biologique :
- « Plusieurs études effectuées sur des familles et sur des couples de jumeaux prouvent sans ambiguïté l’existence d’une composante génétique dans l’orientation sexuelle, tant féminine que masculine. Nous savons maintenant que l’exposition du fœtus à un environnement hormonal propre à l’autre sexe, comme la testostérone pour un cerveau génétiquement féminin, va conduire le système nerveux et les circuits cérébraux à se développer selon une orientation plus typiquement masculine. Cet environnement hormonal prénatal a des effets durables sur certains aspects du comportement, comme les jeux brutaux et l’attraction sexuelle… Ces découvertes scientifiques montrent que le câblage de l’orientation sexuelle s’effectue dans le cerveau de la femme au cours du développement fœtal, suivant les schèmes des gènes et des hormones sexuelles qui lui sont propres ».
Contrairement à ce que disent les propagandistes de la théorie du
genre, le sexe est une réalité biologique tout comme l’orientation
sexuelle.
Ce dernier livre d’Alain de Benoist, comme les précédents, est d’un très grand intérêt ; à lire absolument.
Bruno Guillard