L’équipe recherche économique de la banque Natixis identifie 5 risques majeurs pour 2014.
- Une croissance nettement inférieure aux attentes en France et en Italie;
- le retour de la crise des dettes
souveraines dans la zone euro avec la dynamique divergente des taux
d’endettement publics dans plusieurs pays;
- s’il y a retour de la crise des dettes
souveraines dans la zone euro, la contagion de cette crise sur les
marchés des pays émergents, d’autant plus que beaucoup de pays émergents
ont une fragilité accrue (déficits extérieurs, croissance plus faible,
perception du risque plus forte);
- la rechute de l’économie japonaise si
la hausse de 3 points de la TVA le 1er avril 2014 est prélevée sur la
consommation et non sur l’épargne et si les salaires n’augmentent pas
plus vite;
- une pentification forte des courbes
des taux d’intérêt due à la politique monétaire plus restrictive aux
États-Unis, même si la Réserve Fédérale veut essayer de l’empêcher.
Risque #1 : Croissance en France et en Italie
Le tableau 1 montre les prévisions de croissance pour 2014 pour la France et l’Italie.
On
observe cependant en France et en Italie des indicateurs avancés
défavorables et l’absence de perspective de reprise de l’investissement,
surtout en France.
On
sait que la France et l’Italie souffrent d’une compétitivité
insuffisante qui déprime leurs exportations, de l’écrasement des marges
de l’industrie, d’une pression fiscale en hausse. Il n’est donc pas
certain que la croissance puisse repartir dans ces deux pays.
Risque #2 : Dettes souveraines européennes
Le
recul de l’inflation a fait apparaître un énorme écart entre les taux
d’intérêt réels à long terme et les taux de croissance en Espagne, en
Italie, au Portugal et en Irlande. Ceci conduit à nouveau à une forte
hausse des taux d’endettement publics, impossible à arrêter : en 2013,
il faudrait pour que le taux d’endettement public soit stabilisé un
excédent budgétaire primaire de :
- 4,5 points de PIB en Espagne,
- 7,2 points de PIB en Italie,
- 9,1 points de PIB au Portugal,
- 3,6 points de PIB en Irlande.
Cette
forte hausse des taux d’endettement publics les amène dans une zone
dangereuse où les taux d’intérêt sur les dettes pourraient remonter
rapidement.
Risque #3 : Contagion de la crise aux pays émergents
Beaucoup
de pays émergents sont fragilisés par le ralentissement de la
croissance et de l’activité industrielle, par l’apparition de déficits
extérieurs importants liés à la croissance rapide de la demande
intérieure, soutenue par le crédit, alors que la production industrielle
est affaiblie par des problèmes structurels (manque d’emploi qualifié,
de production d’énergie, d’infrastructures de transports…).
Ceci
a déjà fait apparaître une dépréciation des taux de change et une forte
volatilité des taux de change dans ces pays. Si la crise des dettes
souveraines de la zone euro revenait, comme depuis 2010, il est très
probable qu’elle se transmettrait par contagion aux pays émergents (aux
marchés de changes, d’actions, aux flux de capitaux), d’autant plus
qu’ils sont déjà, comme on vient de le voir, fragilisés.
Risque #4 : Rechute de l’économie japonaise
La
politique de Quantitative Easing au Japon a fait repartir la
consommation et la production industrielle du Japon à partir des effets
de richesse induits et de la dépréciation du yen, à partir aussi du
passage à des taux d’intérêt réels à long terme négatifs.
Mais
une double menace pèse sur cette reprise de l’économie japonaise, et
plus particulièrement sur la consommation des ménages: la hausse de 3%
de la TVA au 1er avril 2014 si elle n’est pas prélevée sur l’épargne
financière et l’absence de hausse des salaires des ménages malgré
l’énorme profitabilité des entreprises.
Risque #5 : Pentification des courbes des taux d’intérêt
La
Réserve Fédérale réduira à partir de janvier 2014 ses achats d’actifs
(« tapering “), en raison de la reprise économique qui se confirme aux
États-Unis.
Elle
va essayer d’empêcher que la réduction des achats d’actifs fasse monter
les taux d’intérêt à long terme en utilisant la forward guidance (un
engagement à ne pas remonter les taux d’intérêt à court terme pendant
une longue période de temps).
Mais
on ne peut pas être certains qu’elle réussisse. Une hausse importante
des taux d’intérêt à long terme aux États-Unis aurait des effets
négatifs aux États-Unis (la hausse des taux de mortgages affaiblit
l’immobilier résidentiel, et surtout sur les pays dont les taux
d’intérêt sont corrélés aux taux américains et dont les économies sont
encore faibles, comme par exemple la zone euro.