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dimanche 8 janvier 2017

A suivre en 2017 : Les Pays Bas, premier test de la vigueur de l’extrême droite en Europe

Le Parti de la Liberté, proche du Front National, est le vainqueur annoncé des législatives mais cela ne signifie pas qu’il conduira le futur gouvernement, ni même qu’il y figurera.

Le 15 mars, les Pays-Bas seront les premiers à ouvrir la séquence des élections à haut risque de l'année 2017, avant les Français en avril-mai, et les Allemands en septembre. Les Néerlandais voteront ce jour-là pour le renouvellement des 150 membres de leur Chambre des représentants, et c'est le parti anti-islam et europhobe de Geert Wilders, le Parti de la Liberté ( PVV) qui s'annonce déjà comme le vainqueur du scrutin. En cette fin d'année 2016, il domine en tout cas la mêlée avec des intentions de vote à 21%, devant le parti libéral démocrate du premier ministre actuel (VVD), Mark Rutte (17%), et le parti travailliste (PvdA), partenaire de la coalition au pouvoir ( 8%).

Le véritable enjeu du scrutin est de savoir si la victoire annoncée du PVV garantira à ce parti favorable à la sortie des Pays-Bas de l'Union européenne une possible direction de gouvernement ou même une simple participation à une coalition gouvernementale. Car il se pourrait qu'il ne soit pas du tout représenté dans le futur exécutif.

Dispersion des voix


Le système électoral à la proportionnelle favorise la multiplication des partis représentés à la chambre basse (15 partis en 2012) mais la dispersion des voix devrait être encore plus marquée cette fois. Les traditionnels partis de gouvernement, le parti libéral-démocrate et le parti travailliste ont dévissé dans les sondages depuis les dernières élections législatives, en 2012. Le désaveu est particulièrement net pour le parti travailliste qui subit le même sort que la plupart de ses partis frères en Europe. Il a perdu en quatre ans les deux tiers de ses soutiens. « Le plus probable est un Parlement fragmenté qui rendra compliqué le processus de formation de la future coalition », estime Hans Vollaard, de la London School of Economics. « La future alliance gouvernementale pourrait devoir associer quatre voire cinq partis pour s'assurer d'une majorité au Parlement », soit 76 élus.

Le Premier ministre pivot de la future coalition ?

Dans ces conditions, même si le Parti de la Liberté de Geert Wilders peut espérer emporter autour de 35 sièges (contre 15 aujourd'hui) il sera difficile au trublion populiste de rassembler autour de sa personnalité autant de partis de l'échiquier politique néerlandais. Ils sont pour la plupart pro-européens, qu'il s'agisse des chrétiens-démocrates du CDA, des Verts (GL) ou des centristes de D66, qui pourraient tous trois afficher un bon score. Le plus probable, en l'état actuel des sondages, est que le Premier ministre sortant Mark Rutte sera le pivot de la future coalition et qu'il cherchera à gouverner sans Geert Wilders. 

« Merkel a du sang sur les mains »


S'il d'aventure, ce dernier parvenait à s'imposer dans une coalition, il lui serait encore plus compliqué de vendre à ses partenaires le principe d'un référendum sur la sortie du pays de l'Union européenne. S'ils ont exprimé leur euroscepticisme à l'occasion du référendum du 6 avril sur l'accord signé entre l'Union européenne et l'Ukraine, les Néerlandais semblent attachés à l'euro. C'est plutôt sur les questions migratoires et de sécurité que le parti populiste voudra exercer son influence.

Mercredi matin, quelques heures après l'attentat de Berlin, Geert Wilders tweetait une image d'Angela Merkel les mains et le visage tâchés de sang. « Merkel a du sang sur les mains » déclarait-il peu après, critiquant la lâcheté des dirigeants européens pour avoir instauré des frontières ouvertes et permis à un « tsunami de terreur islamique » d'entrer dans l'Europe. Le ton de la campagne est donné.
 
Catherine Chatignoux 
 
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