Le Parti de la Liberté, proche du Front National, est le vainqueur annoncé des législatives mais cela ne signifie pas qu’il conduira le futur gouvernement, ni même qu’il y figurera.
Le 15 mars, les Pays-Bas seront les
premiers à ouvrir la séquence des élections à haut risque de l'année
2017, avant les Français en avril-mai, et les Allemands en septembre.
Les Néerlandais voteront ce jour-là pour le renouvellement des 150
membres de leur Chambre des représentants, et c'est le parti anti-islam
et europhobe de Geert Wilders, le Parti de la Liberté ( PVV) qui
s'annonce déjà comme le vainqueur du scrutin. En cette fin d'année 2016,
il domine en tout cas la mêlée avec des intentions de vote à 21%,
devant le parti libéral démocrate du premier ministre actuel (VVD), Mark
Rutte (17%), et le parti travailliste (PvdA), partenaire de la
coalition au pouvoir ( 8%).
Le
véritable enjeu du scrutin est de savoir si la victoire annoncée du PVV
garantira à ce parti favorable à la sortie des Pays-Bas de l'Union
européenne une possible direction de gouvernement ou même une simple
participation à une coalition gouvernementale. Car il se pourrait qu'il
ne soit pas du tout représenté dans le futur exécutif.
Dispersion des voix
Le
système électoral à la proportionnelle favorise la multiplication des
partis représentés à la chambre basse (15 partis en 2012) mais la
dispersion des voix devrait être encore plus marquée cette fois. Les
traditionnels partis de gouvernement, le parti libéral-démocrate et le
parti travailliste ont dévissé dans les sondages depuis les dernières
élections législatives, en 2012. Le désaveu est particulièrement net
pour le parti travailliste qui subit le même sort que la plupart de ses
partis frères en Europe. Il a perdu en quatre ans les deux tiers de ses
soutiens. « Le plus probable est un Parlement fragmenté qui rendra compliqué le processus de formation de la future coalition », estime Hans Vollaard, de la London School of Economics. «
La future alliance gouvernementale pourrait devoir associer quatre
voire cinq partis pour s'assurer d'une majorité au Parlement », soit 76 élus.
Le Premier ministre pivot de la future coalition ?
Dans
ces conditions, même si le Parti de la Liberté de Geert Wilders peut
espérer emporter autour de 35 sièges (contre 15 aujourd'hui) il sera
difficile au trublion populiste de rassembler autour de sa personnalité
autant de partis de l'échiquier politique néerlandais. Ils sont pour la
plupart pro-européens, qu'il s'agisse des chrétiens-démocrates du CDA,
des Verts (GL) ou des centristes de D66, qui pourraient tous trois
afficher un bon score. Le plus probable, en l'état actuel des sondages,
est que le Premier ministre sortant Mark Rutte sera le pivot de la
future coalition et qu'il cherchera à gouverner sans Geert Wilders.
« Merkel a du sang sur les mains »
S'il d'aventure, ce dernier parvenait à
s'imposer dans une coalition, il lui serait encore plus compliqué de
vendre à ses partenaires le principe d'un référendum sur la sortie du
pays de l'Union européenne. S'ils ont exprimé leur euroscepticisme à
l'occasion du référendum du 6 avril sur l'accord signé entre l'Union
européenne et l'Ukraine, les Néerlandais semblent attachés à l'euro.
C'est plutôt sur les questions migratoires et de sécurité que le parti
populiste voudra exercer son influence.
Mercredi matin, quelques heures après
l'attentat de Berlin, Geert Wilders tweetait une image d'Angela Merkel
les mains et le visage tâchés de sang. « Merkel a du sang sur les mains »
déclarait-il peu après, critiquant la lâcheté des dirigeants européens
pour avoir instauré des frontières ouvertes et permis à un « tsunami de
terreur islamique » d'entrer dans l'Europe. Le ton de la campagne est
donné.
Catherine Chatignoux