Pour explorer ce thème, nous vous proposons la compagnie d’Arthur Rimbaud, saint Paul, Gulliver, Jack Kerouac –et d’autres encore–, ainsi qu’un entretien exclusif avec Sylvain Tesson.
PHILITT est un web magazine consacré à la philosophie, à la littérature et au cinéma. La critique de la modernité que formule PHILITT s’inspire d’auteurs comme Dostoïevski, Péguy et Bernanos. PHILITT revendique une certaine liberté de ton et ne se soumet pas aux injonctions du libéralisme culturel. Les rédacteurs de PHILITT sont tous bénévoles et issus d’univers différents : journalisme, audiovisuel, sciences humaines… PHILITT a pour ambition de penser l’actualité à travers des problématiques classiques. Pour autant, PHILITT ne fait pas dans l’anachronisme et considère avec Karl Marx que «l’histoire se répète toujours deux fois : la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce».
L’éditorial du numéro 3
Nul écrivain ne peut être un éternel sédentaire.
Même les plus enracinés d’entre eux – citons Barrès ont un jour été attirés par un ailleurs. L’Orient, l’Afrique, l’Amérique … ces mondes ont incarné pour de nombreuses plumes la possibilité de la fuite, la confrontation avec l’altérité ou encore le commence ment d’une quête spirituelle. Car le voyage est une recherche autant qu’un cheminement, recherche sou vent déçue, dont l’objet est parfois fantasmé, rare ment atteint. Si, certains ont entraperçu la lumière, beaucoup ont vu la nuit au bout du voyage. Mais les échecs ne doivent pas faire oublier un point essentiel du parcours de l’écrivain-voyageur: la transfigura tion de son art.
Un changement de paradigme s’opère dès lors que l’artiste se détache de la torpeur de son quotidien. Pro jeté vers l’inconnu, une nouvelle dimension esthétique s’offre au poète. «Ainsi, les sédentaires créent les arts plastiques (architecture, sculpture, peinture), c’est-à-dire les arts des formes qui se déploient dans l’espace; les nomades créent les arts phonétiques (musique poésie), c’est-à-dire les arts des formes qui se déroulent dans le temps », écrit René Guénon dans Le Règne de la quan tité. Le voyage – qu’il soit une fuite, un exil, une quête, un aller ou un retour – implique le mouvement et s’oppose à la «solidification» du monde moderne. L’écrivain-voyageur est un nomade, mais un nomade qui loue la beauté du multiple et qui sait la menace que représente l’uniformisation.
Matthieu Giroux
Disponible chez KRISIS Diffusion
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