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samedi 7 janvier 2017

La Bataille de l’ONU aura-t-elle lieu ? Probablement… [2]



Quel avenir pour le Conseil de sécurité & plus largement des Nations-unies ? Barack Hussein Obama, vient d’y laisser passer, sorte de colis piégé pour les générations futures, une résolution ( la 2334) mettant le feu aux poudres à des relations israélo-palestiniennes déjà en piteux état. Mais, au-delà, c’est, sans doute le machin que méprisait de Gaulle qui pourrait y laisser plus que des plumes. Autre Front qui pourrait s’ouvrir : celui du Sinaï, où profitant de l’indolence du duo Obama-Clinton, DA’ECH a réussi à creuser son sillon. Probablement plus pour très longtemps, heureusement. – 2ème Partie.

Et l’ONU ?
 
Jacques Borde. Ah, ceux-là ! Ils méritent bien le surnom de machin que leur avait donné le général. Mais, quelque part, en se prêtant ainsi à la mascarade obamienne, président de tous les excès et de tous les échecs, je me demande si l’ONU ne vient pas de se tirer une balle dans le pied.

Pourquoi ?
 
Jacques Borde. Parce que le machin, et ses instances guignolesques, sont une coquille vide, une Commedia del arte dépassée ne se maintenant à flots que grâce aux prébendes de ses États-membres. Or, là, les Américains – et sans doute aussi les Russes, qui ont verbalement fait part de leur retrait à terme de la CIJ1 – ont une véritable envie de siffler la fin de la partie. Celle de l’ONU comme cénacle servant à quelque-chose, je veux dire.

Qu’est-ce qui vous permet de dire ça ?
 
Jacques Borde. Les cris d’orfraie que pousse John R. Bolton sur ce dossier, notamment.

Il parle d’un « coup de poignard dans le dos contre les Israéliens », et d’une « résolution [qui] porte atteinte à la sécurité d’Israël d’une manière profonde (…) Les conséquences négatives se feront sentir pendant de nombreuses années ».

Bon, vous me direz, c’est du discours !

Mais, mais là où ça se gâte, c’est que Bolton suggère que l’administration Trump coupe les sources de financement US à l’ONU, arguant qui’« Il y a seulement deux aspects de la puissance américaine qui sont vraiment respectés à l’ONU. L’un est notre pouvoir de veto, dont l’Amérique n’a pas usé aujourd’hui, l’autre est notre argent ».

Avertissement qui s’ajoute aux propos de Donald J. Trump qui, de son côté, estime que « Les Nations-unies avait un tel potentiel mais dorénavant ce n’est qu’un club qui ne sert qu’à réunir les gens, parler et passer du bon temps. C’est tellement triste ! ».

Quant à Newton L. Newt Gingrich2, il a expliqué sur Fox News que « Dans les premiers jours de son mandat, Donald Trump va abroger 60 à 70% de l’héritage de Barack Obama en apposant son veto à ses différents décrets ».

Et, ça ne vous choque pas ?
 
Jacques Borde. Non. Je trouve même ça assez gaullien, en fait. Au fond, pourquoi ne cesserions-nous pas notre acharnement thérapeutique qui, seul, maintient en vie les usines à gaz onusiennes ?

Plus concrètement, le problème pour le machin est que John R. Bolton3 n’est pas n’importe qui. Très proche des néo-conservateurs, il a désormais l’oreille de l’administration Trump montante. En plus, en tant qu’ancien ambassadeur US près le Conseil de sécurité des Nations-unies, il connaît tous les rouages et les combines (sic) de la boutique…

Vous ne craignez pas un catastrophe, même au plan régional ?
 
Jacques Borde. Non. Et laquelle, d’ailleurs ?

Comme Eber Addad « je reste persuadé qu’elle aura des effets positifs malgré le fait qu’elle bloque toute perspective de paix pour une très longue période et qu’elle va, bien heureusement, affaiblir l’ONU, cette associations de malfaiteurs. Obama sera un autre Carter mais en pire et en plus jeune, Samantha Powers ne laissera aucune trace de son passage comme ambassadrice à l’ONU mais deviendra le symbole de l’hypocrisie et de la tartufferie, Kerry sera considéré, outre qu’il est un coureur de dots, un traître qui a trahi son pays pendant la guerre du Viêt-Nam et que cette administration aura été un des plus grand cauchemar de l’Amérique ».

Les temps semblent, aujourd’hui, plus propices aux relations bilatérales. Grand bien nous fasse…

La Résolution 2334 peut-elle gripper les négociations ?
 
Jacques Borde. Entre les parties au Levant ? Lesquelles ? Elles sont au point mort depuis des années. Pour le reste : Oui, évidemment, la 2334 va même tout bloquer. Mais au désavantage des… Palestiniens. D’où leur peu d’entrain à se mobiliser vraiment autour de la 2334.

Car, comme l’a dit le patron du Yesh Atid4, Yaïr Lapid, pas vraiment un radical sur l’échiquier politique hiérosolymitain, « Cette résolution ne parle pas de sanctions, mais elle fournit l’infrastructure pour de futures sanctions, c’est ce qui est alarmant (…). Cela peut donner corps à des plaintes devant des juridictions internationales contre Israël et ses responsables. Ce sera un chemin long et compliqué, et je vous assure que pendant cette période, il n’y aura pas de négociations ».

Ce qui, une fois encore ne résout en rien la question palestinienne, soit dit en passant…

Mais la Résolution 2334 va quand même, gêner les Israéliens ?
 
Jacques Borde. Pas sur le long terme, en tout cas. Ce qui gênerait pour de bon l’administration Nétanyahu serait le gel de l’aide des 38 Md$US précédemment accordée à Jérusalem. Or, nous sommes dans la posture. Obama nous a fait ce qu’on appelle un caca nerveux. Bon, et après ? Il est déjà un homme du passé.

L’essentiel, c’est demain. Or, comme l’a souligné Eber Addad, « … la nouvelle administration transférera plus vite encore le siège de son ambassade dans la capitale du pays, que les USA qui financent plus de 50% du budget de l’ONU vont sévèrement réduire leur participation à cette mafia d’États totalitaires pour la plupart, couper son aide à l’Autorité palestinienne et très probablement juger cette résolution illégale »…

En quoi est-elle illégale ?
 
Jacques Borde. C’est une question de point de vue, évidemment. Mais, concernent l’Orient compliqué, il vaut toujours mieux éviter les embrouilles juridiques. Voyez le double sens que les parties donnent à la Résolution 242 !

Là, c’est pareil : Eber Addad évoque une « narrative [qui] même est fausse parlant de ‘territoires palestiniens occupés depuis 1967’ alors que ces territoires étaient occupés par le Jordanie sous le nom de Cisjordanie de 1948 à 1967 ». Idem pour Gaza, qui fut longtemps sous mandat… égyptien. Obama – qu’il l’ait voulu ou pas, l’intelligence géostratégique n’est décidément pas son point fort – a ouvert une angoissante Boite de Pandore au Levant et elle sera difficile à refermer. Voulant faire un cadeau empoisonné à son successeur (Trump), Obama a surtout fait un tour de p… de première aux peuples de la région qui, bien évidemment, ne méritaient pas ça. Et, surtout, ne lu avaient rien demandé !

Et, ça n’est pas tout…

Quoi encore ?
 
Jacques Borde. Des sources sérieuses et concordantes font état de l’intention d’Al-Dawla al Islāmiyya fi al-Irāq wa al-Chām (DA’ECH)5 de lancer des opérations d’envergure – des opérations militaires, je veux dire – contre Israël…

De quelle manière ?
 
Jacques Borde. À partir du Sinaï. À cheval sur l’Égypte et Israël, DA’ECH a réussi à s’implanter, surtout côté égyptien d’ailleurs, auprès de populations nomades et semi-nomades. À rappeler que les nazislamistes égyptiens d’Ansar Beït al-Maqdess (Les partisans de Jérusalem), groupe terroriste précédemment lié à Al-Qaïda, ont prêté allégeance à l’État islamique. C’est, du moins, ce qu’indiquait, à l’époque, un enregistrement publié sur le compte Twitter du groupe6.

Évidemment, là encore, on apprécie l’incurie criminelle de la clique Obama-Clinton, qui, au fait de ses petites magouilles orientales avec l’administration Morsi pro-Frères musulmans, a laissé Morsi tolérer le développement de ce kyste nazislamiste au beau milieu du Sinaï égyptien. Une administration Obama qui, comme le reste des Occidentaux était prêt à tout  pour forniquer géopolitiquement avec la marionnette Morsi, et a donc a tardé à prendre le parti du président égyptien, ‘Abdu l-Fattāḥ Sa‘īd Ḥusayn Khalīl as-Sīssī, et lui a mis un maximum de bâtons dans les roues dans sa lutte contre le Jamiat al-Ikhwan al-Muslimin7. On voit où cela nous conduit aujourd’hui…

Et que va-t-il se passer ?
 
Jacques Borde. Je pense que, à court terme, DA’ECH aura à faire face à une double offensive : à la fois ses forces égyptiennes et Tsahal, qui vont prendre en tenailles les Kamiz brunes et les réduire progressivement. Sans faire beaucoup de quartier.

Et, là, le soutien de l’administration US, celle de Trump, sera total. Enfin !

Vous en êtes sûr ?

Jacques Borde. En l’art de la guerre, personne ne peut être sûr d’une chose à 100%. Mais, j’en veux pour preuve les propos de ce conseiller de Donald Trump pour les questions d’Orient, Walid Pharès, qui a déclaré que la nouvelle équipe présidentielle américaine « n’oubliera pas l’Égypte et aidera même ce pays dans tous les domaines. Washington sera un ami proche de l’Égypte, et Trump a beaucoup de considération pour ce pays. C’est pour cette même raison que Le Caire sera la première destination de Trump au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ».

Le Caire et Jérusalem, probablement : les deux pinces de la tenaille !

Notes

1 Cour internationale de Justice. 2 Présenté par Fox News comme un des potentiels vice-présidents de Trump. 3 Chargé de 2001 à 2005 des questions de désarmement par George W. Bush, puis ambassadeur américain aux Nations-unies d’août 2005 à décembre 2006. 4 Centre-droit et laïc. 5 Ou ÉIIL pour Émirat islamique en Irak & au Levant. « Nous annonçons prêter allégeance au calife Ibrahim Ibn Awad… pour écouter et obéir », entendait-on dans cet enregistrement audio. Une référence au chef de DA’ECH , le calife Abou Bakr Rolex al-Baghdadi. 7 Ou Association de la Confrérie des musulmans, autrement dit les Frères musulmans (FM).

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