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dimanche 8 janvier 2017

Irradiez-moi !…et si on se faisait rembourser une petite cure nucléaire?

Michel Lhomme, philosophe, politologue 
 
On en est là en France : il ne faut surtout pas espérer lire les traductions complètes d’études scientifiques et sérieuses sur la radioactivité mais simplement se contenter en français, pour ceux qui ne lisent pas l’anglais, d’ouvrages de seconde main. C’est tout le mérite de Michel Gay de nous le proposer.

Sous-exposé ! avec pour sous-titre Et si les radiations étaient bonnes pour vous ? est la version abrégée du livre remarqué aux États-Unis de Ed Hiserodt, Under-Exposed – What if Radiation is Actually GOOD for you ?, publié en 2005. Or, ce livre était déjà en grande partie le résumé vulgarisé du deuxième livre du Dr T.D Luckey sur l’effet hormèse des radiations paru en 1991 et considéré actuellement comme l’un des ouvrages de référence sur le sujet des effets bénéfiques des rayonnements radioactifs sur l’homme.

Quelle est la thèse du livre autoédité de  Michel Gay qui vient d’ailleurs de recevoir le prix Yves Chelet décerné par la Société Française d’Energie Nucléaire (SFEN / PACA) qui récompense « l’auteur d’œuvres médiatiques objectives et pédagogiques pour la diffusion et la promotion des sciences et techniques nucléaires » ?
La radioactivité n’est pas mauvaise en soi et même le rayonnement de bas-niveau serait plutôt bénéfique pour la santé. Cette thèse dérange forcément car elle remet en question tout l’argumentaire des anti-nucléaires et l’ancrage psychologique qu’ils ont introduit depuis des années dans l’opinion publique française : la radioactivité est dangereuse et mortelle, point-barre. C’est sur ce présupposé magique erroné que les écologistes dans leur ensemble et même curieusement ceux de la revue néo-catho Limite  font reposer leur impératif catégorique : il faut se débarrasser du nucléaire à tout prix, voire aller jusqu’à refuser les radios chez les dentistes ou condamner les radiologues ou les portiques d’aéroport à nous indemniser demain pour des dommages sanitaires imaginaires.

La peur des rayonnements n’est pas nouvelle et remonte au début du XXème siècle, lorsque les premiers radiologues en ont été victimes et l’on se souvient ici de la figure de martyre scientifique laissée dans l’inconscient collectif par Marie Curie. Pourtant, avant la seconde guerre mondiale, la radioactivité suscitait beaucoup d’engouement et jusqu’à la découverte des antibiotiques en 1942, on l’envisageait même comme la solution future de guérison de toutes les maladies. Ce n’est donc que petit à petit qu’on s’aperçut qu’à doses trop fortes, les rayonnements pouvaient être nocifs. On passa alors d’un extrême à l’autre par une théorie fausse mais toujours en vigueur celle de la relation linéaire sans seuil (RLLS), généralisation abusive sur les petites doses de l’effet mortel sur le corps humain d’une surdose radioactive.

En 1945, l’emploi de l’arme atomique à Hiroshima et Nagasaki a sidéré l’opinion et cru mettre en évidence les dangers mortels des explosions nucléaires alors qu’en réalité, les victimes d’Hiroshima et de Nagasaki, sont toutes mortes du souffle et de la chaleur de la bombe, sauf bien sûr au foyer de l’impact. Mais il y a pire : comble de tous les paradoxes, les survivants de la bombe ont en général vécu plus longtemps que les personnes non exposées ! Il en est pratiquement de même à Tchernobyl où la vie a repris sans malformations de masse, à Fukushima où sans aucun recul critique, on assimile toujours les 20 000 morts du tsunami naturel du 11 mars 2011, à la catastrophe industrielle de la centrale de Daichi qui n’a pourtant jamais fait de morts.

Nous avions à Papeete recherché en vain les morts théoriques de Mururoa, les victimes malformées et irradiées des maternités polynésiennes qui marquent pourtant toujours la colère des indépendantistes locaux. Ils profitent de l’ignorance de nos énarques pour réclamer à l’État des sommes colossales afin d’indemniser les victimes introuvables des essais nucléaires de Mururoa que l’État au final et par lâcheté finit par reconnaître.
Dernièrement, lors de la discussion de la loi de finances 2017, la question de la dette nucléaire avait été l’occasion d’un satisfecit général à l’Assemblée nationale où les députés ont acté une enveloppe supplémentaire sous l’appellation de « dette nucléaire » portée de 80 à 90 millions d’euros dans le prochain exercice. «Dans le Pacifique, le gouvernement tient l’engagement pris par François Hollande», avait souligné alors la nouvelle ministre des Outre-mer Ericka Bareigts.  Dans le même ordre d’idée, celui de dépenses saugrenues et injustifiées, le Ministère des Outre-mer vient de mettre en place un « équivalent Fonds Vert » de 25 millions d’euros qui permettra de financer des projets destinés à lutter contre le réchauffement climatique (éoliennes et panneaux solaires chinois), la députée Maïna Sage élue polynésienne en a profité au passage pour déposer une nouvelle demande surréaliste en réclamant une « aide directe aux habitants des atolls qui souhaitent construire des abris de survie, face à la montée des eaux». Pire, dans les critères d’indemnisation des victimes des essais nucléaires, le seuil du risque va être changé (modification du décret d’application de la loi Morin) et l’on prévoit un abaissement de 1 % à 0,3 % du seuil en-deçà duquel le risque d’exposition d’une victime aux rayonnements ionisants est considéré comme négligeable. Cette modification du décret d’application de la loi Morin qui aura forcément de lourdes conséquences budgétaires, est un exemple type de l’ignorance de nos décideurs politiques à laquelle Michel Gay veut faire face.

En fait, le caractère mystérieux, insidieux et surtout invisible attribué aux rayons contribue à cette peur de l’opinion publique sur la radioactivité. Les leucémies ou cancers qui peuvent être déclenchés par l’exposition constante à de fortes doses de rayonnements, mettent des années à apparaître. Sauf dans le cas de doses très fortes, il n’est pas possible d’attribuer l’apparition d’un seul cancer à une irradiation ancienne. Et on le sait bien intuitivement sinon qui souhaiterait encore aujourd’hui être radiologue ou passer sous un portique d’aéroport ? Comme le souligne Michel Gay « a-t-on vu les travailleurs du nucléaire briller dans le noir ? ». Certes, ils sont archi-protégés – et c’est bien ! – mais toutes ces phobies des radiations ne sont amplifiées que par une profonde ignorance de leurs effets réels. Le livre de Michel Gay a donc le mérite de nous éclaircir la question en 163 pages. Pas mal pour un sujet qui n’est pas du tout enseigné sur les bancs des lycées. Après l’accident de Fukushima, c’est en fait l’angoisse d’être contaminé, d’être atteint d’un cancer, le traumatisme des évacuations qui a engendré un nombre de décès très supérieur à celui des effets attendus des rayons !

L’immense majorité des expositions reçues dans le nucléaire civil (usage médical et énergétique) relèvent du domaine des faibles doses, plus faibles parfois que celles reçues naturellement dans certaines régions du globe comme la Bretagne ou le Kerala. L’hormèse qui souligne que certains agents, physique ou chimique, provoquent un effet à forte dose et un effet inverse à faible dose, n’est que la déclinaison d’un principe bien connu en pharmacopée traditionnelle et surnommé le principe de Paracelse : « Tout est poison et rien n’est sans poison; la dose seule fait que quelque chose n’est pas un poison ». L’incertitude principale concerne la relation entre la dose reçue et le risque encouru et il existe bien un seuil en dessous duquel la radioactivité n’a pas d’effets et même aurait un effet positif, bénéfique, les radiations devenant pour la santé, des garants de longévité, de croissance, un traitement meilleur que les «antibiotiques», voire même un viagra naturel.

De nombreuses études scientifiques des plus sérieuses sur les souris, sur des régions naturelles surexposées, sur des sites de catastrophe, d’essais nucléaires ou de bombardements vont toutes dans ce sens  et contredisent le principe de précaution érigé en dogme qui oblige le secteur médical et en particulier l’industrie du nucléaire à prendre des dispositions draconiennes excessives et surtout coûteuses de décontamination de sites. Le risque n’est jamais nul mais les suppositions sont ici toujours dramatisées et surtout ne tiennent pas compte de l’invalidité des effets de seuil et donc des bénéfices que l’on pourrait au contraire tirer des radiations.
La France n’a pas traduit l’œuvre du grand physicien d’Oxford, Wade Allison. Les effets sur la santé des radiations de faible niveau ont pourtant été un sujet de conversation continue dans tous les départements de physique du monde. La physique nucléaire est sans doute la discipline française qui a eu le plus à pâtir de la culture de la peur, caractéristique de nos sociétés incultes et angoissées. Le modèle de la RLLS, (la relation linéaire sans seuil) stipule que chaque dose radioactive est supposée conférer un risque pour la santé humaine et comme il n’y a pas de place sur la surface de la terre où la dose de radioactivité est égale à zéro, le modèle indique que chaque être humain a une probabilité supérieure à zéro de contracter un cancer causé par les radiations. Cela implique que les gens qui vivent dans des zones où la dose de fond de roches locales ou du rayonnement cosmique (en Arizona ou dans les Andes par exemple) est supérieur à la moyenne auraient une probabilité plus forte de contracter un cancer. Or non seulement c’est faux mais en plus, ce serait plutôt le contraire : ils traînent plus longtemps à rejoindre le chemin des cimetières ! De faibles doses de radiations entraînent une neutralisation de l’effet radioactif. Il y aurait moins de cancers dans les zones de forte radioactivité naturelle et on y vivrait plus longtemps !

De l’avis de nombreux professionnels de la santé et de rayonnement, le modèle (RLLS) sur lequel s’appuie les directives politiques de santé nucléaire n’a pas de sens physiologique et il va à l’encontre des résultats de nombreuses études. Les écologistes anti-nucléaires eux ne veulent pas l’entendre : ils ne savent chanter que des mantras, réciter comme des ânes : « Il n’y a pas de dose de rayonnement sans danger », « Le nucléaire est mortifère », « Décontaminons » « Nucléaire, non merci ».

Certes, nous reconnaissons que le phénomène d’hormèse ne peut non plus être généralisé en loi scientifique. L’idée générale que de faibles doses peuvent avoir des effets différents des doses fortes (et parfois bénéfiques) si elle se vérifie pour les radiations, ne semble pas pouvoir l’être, par exemple, pour les perturbateurs endocriniens chimiques de l’alimentation industrielle. Simplement, pour le nucléaire, l’approche « linéaire sans seuil » est une approche majorante, catastrophiste, dictée par un principe de précaution érigé en dogme religieux.

Le phénomène d’hormèse était largement inconnu par le public français. La traduction abrégée de Michel Gay vient en tout cas d’en modifier la donne afin de pouvoir envisager prochainement un changement de réglementation dans le domaine, une thérapeutique médicale nouvelle par les radiations et la réduction de dépenses excessives de décontamination nucléaire totalement injustifiées. Mais ceci dépendra des élections et de la qualité des hommes qui s’y présentent. A les voir concourir et ne pas discourir sur le nucléaire, la seule énergie écologique du futur, on a de quoi être inquiet.
Michel Gay, Sous-Exposé ! Et si les radiations étaient bonnes pour vous ?, Michel Gay Éditeur, Octobre 2016, 18 euros.
Pour plus d’informations sur les deux ouvrages parus de l’auteur et pour  les commander consulter le site : www.vive-le-nucleaire-heureux.com

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