En France, le chômage augmente, et les rares emplois sont bien plus
précaires d’année en année. Voilà le bilan de la présidence de François
Hollande, comparée aux résultats de nos voisins européens.
Par Kevan Saab.
En ce début d’année électorale, alors que le PS se déchire encore pour savoir sous quelle bannière se rallier, tentons de tirer le bilan de son champion de 2012 sur le thème qu’il a lui-même érigé en clé de voûte de son quinquennat : l’emploi.
Pour être le plus objectif possible et afin de mettre les chiffres en perspective, nous ne nous contenterons pas seulement d’analyser les performances de la France de Hollande de façon isolée : nous les comparerons aux performances de nos deux grands voisins européens, l’Allemagne d’Angela Merkel et le Royaume-Uni de David Cameron puis Theresa May.
Avant de plonger dans le vif du sujet, soulignons encore ici combien les socialistes français se sont faits un plaisir de tirer à boulets rouges sur ces deux pays pendant tout le mandat de Hollande, accusant les politiques plutôt libérales de ces pays d’avoir engendré des cohortes de précaires, une stagnation du niveau de vie, et d’avoir contribué au chômage.
On se rappelle notamment des fameuses promesses du candidat Hollande de partir en croisade contre l’austérité budgétaire allemande en 2012. Promesses qui restèrent évidemment lettre morte devant le refus du ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble, de financer les fantaisies économiques françaises.
Bref, si la gauche française avait vu juste en 2012, aujourd’hui nous devrions voir les fruits de cette prescience et constater une nette sur-performance française en matière de chômage, de précarité ou encore de croissance des salaires. Voyons donc ce qu’il en est réellement…
Le constat est sans appel : alors que l’Allemagne et le Royaume-Uni affichent tous les deux le plein emploi (moins de 5% de chômage environ), la France reste engluée dans un chômage de masse qui avoisine les 10%, Hollande ayant réussi le tour de force d’empirer la situation déjà déplorable laissée par Sarkozy en 2012.
Malgré ce fiasco économique, on entend souvent dans les médias que ces bons chiffres anglais et allemands seraient à mettre sur le compte d’une explosion des petits boulots et des contrats précaires, affres dont le modèle français nous épargnerait supposément.
Les statistiques de l’OCDE sur le nombre d’emplois à temps partiels involontaires, c’est-à-dire le nombre de travailleurs devant se contenter d’un emploi à temps partiel à défaut de pouvoir trouver un temps plein, illustrent une toute autre réalité :
Comme le montre le graphique, les travailleurs survivant sur un temps partiel et incapables de trouver un emploi à temps plein sont en augmentation constante ces dernières années et ont atteint fin 2015 le seuil critique des 2 millions. N’en déplaise aux habituels chauvins du modèle français, nos voisins plus libéraux anglais et allemands s’en tirent environ deux fois mieux que nous :
Passons maintenant aux tendances en matière de précarité des contrats. Là encore, la légende veut que la France soit une oasis d’emploi permanent, tandis que nos voisins européens enchaînent les contrats à durée déterminée. C’est en fait tout l’inverse et, là encore, la tendance n’est pas à l’embellie :
Pour faire simple : en France, le chômage augmente, et les rares emplois sont bien plus précaires d’année en année. Avant de conclure, jetons un coup d’œil à la croissance des salaires dans nos 3 premiers pays vedettes ces dernières années :
Croissance des salaires en France en rythme annuel en % (Source : Trading Economics) :
Croissance des salaires en Allemagne en rythme annuel en % (Source : Trading Economics) :
Croissance des salaires au Royaume-Uni en rythme annuel en % (Source : Trading Economics)
Les courbes peignent là encore un portrait au vitriol du modèle français, en 2016, alors que les travailleurs anglais et allemands ont vu leurs salaires bondir de 2 à 2,5% environ, leurs confrères français ont dû se contenter d’un maigre 0,3 ou 0,4% d’augmentation. Plus catastrophique encore, la tendance est là encore baissière uniquement en France alors qu’elle est à la hausse chez nos deux voisins.
Sans surprise, nos enfumeurs nationaux oublient commodément de mentionner le fait que le chômage est moitié moins haut au Royaume-Uni et Allemagne qu’en France, que les contrats précaires et les temps partiels involontaires sont en fait bien plus communs en France ou encore que les salaires français font du surplace alors que nos voisins anglais et allemands voient les leurs augmenter beaucoup plus vite.
En matière de politique économique, nos socialistes de comptoir sont là encore complètement perdus. Contrairement à ce que l’on entend souvent, notre gargantuesque Code du travail et nos bruyants syndicats ne protègent en rien le travailleur lambda. En effet, nos entrepreneurs et nos entreprises ne sont pas des organismes de charité : chaque emploi créé se doit de générer un profit, aussi infime soit-il, sinon l’embauche n’est pas viable et le poste sera coupé aussi vite qu’il a été créé.
Dans un pays où l’instabilité réglementaire est ancrée dans l’ADN économique, où les charges sociales pesant sur les salaires et les taxes sur les entreprises sont les plus élevées d’Europe, difficile de concevoir des plans d’affaires rentables. Alors nos entreprises n’embauchent pas ou peu, et quand elles le font c’est de plus ou souvent en CDD, histoire de minimiser les risques en prévision du futur plus qu’incertain qui les attend.
Comme l’ont prouvé successivement nos voisins allemands et anglais avant nous, repenser notre Code du travail archaïque et redonner de la compétitivité à nos entreprises sont de loin les meilleurs remèdes pour faire reculer le chômage, les contrats précaires et les temps partiels involontaires qui menacent les travailleurs français.
En ce début d’année 2017, à la veille de choix politiques qui vont modeler notre pays durant une décennie, souhaitons que les chiffres et les vérités économiques triomphent sur le discours autodestructeur des charlatans qui ont causé les dégâts qu’ils dénoncent hypocritement sur tous les plateaux télé.
Source
Par Kevan Saab.
En ce début d’année électorale, alors que le PS se déchire encore pour savoir sous quelle bannière se rallier, tentons de tirer le bilan de son champion de 2012 sur le thème qu’il a lui-même érigé en clé de voûte de son quinquennat : l’emploi.
Pour être le plus objectif possible et afin de mettre les chiffres en perspective, nous ne nous contenterons pas seulement d’analyser les performances de la France de Hollande de façon isolée : nous les comparerons aux performances de nos deux grands voisins européens, l’Allemagne d’Angela Merkel et le Royaume-Uni de David Cameron puis Theresa May.
Avant de plonger dans le vif du sujet, soulignons encore ici combien les socialistes français se sont faits un plaisir de tirer à boulets rouges sur ces deux pays pendant tout le mandat de Hollande, accusant les politiques plutôt libérales de ces pays d’avoir engendré des cohortes de précaires, une stagnation du niveau de vie, et d’avoir contribué au chômage.
On se rappelle notamment des fameuses promesses du candidat Hollande de partir en croisade contre l’austérité budgétaire allemande en 2012. Promesses qui restèrent évidemment lettre morte devant le refus du ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble, de financer les fantaisies économiques françaises.
Bref, si la gauche française avait vu juste en 2012, aujourd’hui nous devrions voir les fruits de cette prescience et constater une nette sur-performance française en matière de chômage, de précarité ou encore de croissance des salaires. Voyons donc ce qu’il en est réellement…
Marché de l’emploi : l’exception française
Commençons notre analyse par les chiffres du chômage, véritable fléau national dont on nous promet la décrue massive au prochain tournant depuis maintenant 5 ans (les fameux retournements de courbe de François Hollande). Ci-dessous l’évolution du chômage en France, Allemagne et Royaume-Uni entre 2012 et 2016 :
Le constat est sans appel : alors que l’Allemagne et le Royaume-Uni affichent tous les deux le plein emploi (moins de 5% de chômage environ), la France reste engluée dans un chômage de masse qui avoisine les 10%, Hollande ayant réussi le tour de force d’empirer la situation déjà déplorable laissée par Sarkozy en 2012.
Malgré ce fiasco économique, on entend souvent dans les médias que ces bons chiffres anglais et allemands seraient à mettre sur le compte d’une explosion des petits boulots et des contrats précaires, affres dont le modèle français nous épargnerait supposément.
Les statistiques de l’OCDE sur le nombre d’emplois à temps partiels involontaires, c’est-à-dire le nombre de travailleurs devant se contenter d’un emploi à temps partiel à défaut de pouvoir trouver un temps plein, illustrent une toute autre réalité :
Comme le montre le graphique, les travailleurs survivant sur un temps partiel et incapables de trouver un emploi à temps plein sont en augmentation constante ces dernières années et ont atteint fin 2015 le seuil critique des 2 millions. N’en déplaise aux habituels chauvins du modèle français, nos voisins plus libéraux anglais et allemands s’en tirent environ deux fois mieux que nous :
Passons maintenant aux tendances en matière de précarité des contrats. Là encore, la légende veut que la France soit une oasis d’emploi permanent, tandis que nos voisins européens enchaînent les contrats à durée déterminée. C’est en fait tout l’inverse et, là encore, la tendance n’est pas à l’embellie :
Pour faire simple : en France, le chômage augmente, et les rares emplois sont bien plus précaires d’année en année. Avant de conclure, jetons un coup d’œil à la croissance des salaires dans nos 3 premiers pays vedettes ces dernières années :
Croissance des salaires en France en rythme annuel en % (Source : Trading Economics) :
Croissance des salaires en Allemagne en rythme annuel en % (Source : Trading Economics) :
Croissance des salaires au Royaume-Uni en rythme annuel en % (Source : Trading Economics)
Les courbes peignent là encore un portrait au vitriol du modèle français, en 2016, alors que les travailleurs anglais et allemands ont vu leurs salaires bondir de 2 à 2,5% environ, leurs confrères français ont dû se contenter d’un maigre 0,3 ou 0,4% d’augmentation. Plus catastrophique encore, la tendance est là encore baissière uniquement en France alors qu’elle est à la hausse chez nos deux voisins.
Conclusion
Tous les jours, les Français sont inondés de clichés ridicules et mensongers sur leurs voisins anglais et allemands. Ainsi, on laisse souvent entendre que les jobs à 1 €/heure seraient légion en Allemagne (déformation grossière d’une loi qui impose quelques heures de services sociaux par semaine aux bénéficiaires des minima sociaux), ou encore que les contrats 0 heure sont maintenant la norme au Royaume-Uni alors qu’ils représentent en fait moins de 3% des emplois et que 70% des employés les ayant signé déclarent ne pas vouloir faire plus d’heures (le plus souvent des femmes avec enfants en bas âge et des étudiants).Sans surprise, nos enfumeurs nationaux oublient commodément de mentionner le fait que le chômage est moitié moins haut au Royaume-Uni et Allemagne qu’en France, que les contrats précaires et les temps partiels involontaires sont en fait bien plus communs en France ou encore que les salaires français font du surplace alors que nos voisins anglais et allemands voient les leurs augmenter beaucoup plus vite.
En matière de politique économique, nos socialistes de comptoir sont là encore complètement perdus. Contrairement à ce que l’on entend souvent, notre gargantuesque Code du travail et nos bruyants syndicats ne protègent en rien le travailleur lambda. En effet, nos entrepreneurs et nos entreprises ne sont pas des organismes de charité : chaque emploi créé se doit de générer un profit, aussi infime soit-il, sinon l’embauche n’est pas viable et le poste sera coupé aussi vite qu’il a été créé.
Dans un pays où l’instabilité réglementaire est ancrée dans l’ADN économique, où les charges sociales pesant sur les salaires et les taxes sur les entreprises sont les plus élevées d’Europe, difficile de concevoir des plans d’affaires rentables. Alors nos entreprises n’embauchent pas ou peu, et quand elles le font c’est de plus ou souvent en CDD, histoire de minimiser les risques en prévision du futur plus qu’incertain qui les attend.
Comme l’ont prouvé successivement nos voisins allemands et anglais avant nous, repenser notre Code du travail archaïque et redonner de la compétitivité à nos entreprises sont de loin les meilleurs remèdes pour faire reculer le chômage, les contrats précaires et les temps partiels involontaires qui menacent les travailleurs français.
En ce début d’année 2017, à la veille de choix politiques qui vont modeler notre pays durant une décennie, souhaitons que les chiffres et les vérités économiques triomphent sur le discours autodestructeur des charlatans qui ont causé les dégâts qu’ils dénoncent hypocritement sur tous les plateaux télé.
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