L’année 2018 commence.
Il y a cent ans la guerre faisait rage
depuis 40 mois, et petit à petit, la victoire allait se dessiner. Tous
les Français sont redevables de leurs glorieux aînés qui par leur
sacrifice ont su garder leur patrie libre (ou presque).
Mais la France de l’époque n’était pas
la même que celle que nous connaissons aujourd’hui. Le pays était amputé
de l’Alsace et de la Moselle, secteurs qui avaient été perdus à l’issue
de la guerre franco-prussienne de 1870. Par ailleurs, nous disposions
d’un empire fait de territoires aux stratus variés, principalement sur
le continent africain.
Lors du premier conflit mondial,
l’essentiel des effectifs était prélevé en métropole, mais certains
militaires appartenaient à des ethnies plus lointaines.
Comme on le sait, l’histoire est constituée d’exagérations et de légendes.
Beaucoup de commentateurs prétendent
ainsi que les populations de nos colonies étaient employées, en 14-18,
comme de la chair à canon. On imagine des centaines de milliers de
malheureux envoyés au « casse-pipe » évitant ainsi aux autochtones trop
de dégâts. Bien sûr, il y a eu des combattants parmi ces populations, et
certains ont eu un comportement admirable. Pour autant, la réalité
reste très différente de celle que l’on voudrait inculquer au public en
général et aux jeunes générations en particulier.
Cet article est l’occasion de poser les
chiffres authentiques concernant le camp français dans le cadre du
premier conflit mondial. Encore une fois, ces informations ne minimisent
en rien la valeur de chaque guerrier.
La guerre de 14-18 aura coûté à la France la vie à près d’un million et demi de soldats :
– 20% de la population française a été mobilisée, soit 7 800 000 personnes, dont 1 300 000 morts
– 2% de la population d’Afrique du Nord (sous domination française*) a été mobilisée, soit 218 000 personnes, dont 35 900 morts
– 1,6% de la population d’Afrique Noire (sous domination française**) a été mobilisée, soit 189 000 personnes, dont 35 000 morts
Ces informations permettent une vision
globale sur les combattants français de la Grande Guerre. Et même si
elles indiquent que la participation et les pertes métropolitaines ont
été, de très loin, les plus importantes, il est bon de savoir que le
pourcentage de victimes de chaque origine a été identique.
Il n’y avait pas de « planqués » sous les drapeaux !
* Maroc, Tunisie et population algérienne selon le code de l’indigénat
** Mauritanie, Mali, Sénégal, Guinée
française, Côte d’Ivoire, Burkina, Togo, Bénin, Niger, Tchad, Cameroun,
Gabon, Congo français, République centrafricaine, Madagascar, Djibouti,
Comores.
Une de nos sources est le passionnant ouvrage de Bernard Lugan « Pour en finir avec la colonisation » (éditions du Rocher, 2006)