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En Espagne 30,6% des enfants sont pauvres, une
situation qui va bientôt frapper la France aussi. jean-louis Zimmermann
En cette veille de Noël, hélas, pour les pays du sud, il n’y a rien de nouveau. La misère poursuit son avancée inexorable et touche de plus en plus de monde. Des classes sociales jusque-là privilégiées sont impactées de plein fouet par la crise. Il s’agit de la plus grande paupérisation depuis la Seconde Guerre mondiale. La déflation est un phénomène économique terrible pour les patrimoines des gens et leur niveau de vie.
En Italie, les mouvements de
protestation ne faiblissent pas et même les forces de l’ordre sont un
peu moins impliquées dans la défense d’un système qu’un nombre croissant
de citoyens tendent à rejeter massivement. Je voulais partager avec
vous ces trois informations sur l’Espagne, Chypre et la Grèce. Encore
une fois, ce qui arrive dans tous ces pays n’est pas le fruit du hasard.
Ce n’est en aucun cas parce que ces peuples se sont plus mal tenus que
nous. Il s’agit essentiellement
d’un problème de compétitivité lié à une économie désormais
mondialisée. La véritable question, le véritable enjeu, celui dont
personne ou presque ne vous parle, est celui de notre compétitivité par
rapport au système chinois d’une efficacité redoutable.
La réduction systématique de nos droits
démocratiques n’est pas non plus un hasard. Le modèle chinois est basé
sur une forme de libéralisme extrême en terme économique et une
dictature politique du parti unique. Pas de droit social ou presque. Pas
de liberté politique, mais la liberté de consommer et d’entreprendre
(dans les limites fixées par le parti). Le tout dans un contexte de
salaires bas.
Le choix pour le reste du monde est en
réalité assez simple. Soit vous fermez les frontières en mettant en
place de véritables politiques protectionnistes, soit vous retrouvez de
la compétitivité en modifiant votre système politico-économique pour le
rapprocher du modèle chinois. C’est évidemment la direction que nous
avons choisie en Europe et en particulier pour les pays du sud. Cette
mise à niveau par le bas ne peut être effectuée qu’au prix d’une
période déflationniste terrible puisqu’il faut ni plus ni moins baisser
de façon drastique les coûts donc les salaires et les dépenses
publiques. Un corollaire évidemment logique est que cette baisse massive
des salaires et des droits ne peut que s’accompagner d’une résistance
plus ou moins forte des peuples. D’où la nécessité de l’accompagner
d’une réduction massive des droits et de la démocratie. Nous
sommes donc condamnés à voir la démocratie, telle que nous la
connaissions, disparaître. Nous sommes condamnés à voir nos niveaux de
vie massacrés. En France, la seule différence par rapport aux autres
pays du sud sera la vitesse de délitement plus lente qu’ailleurs. Mais à
l’arrivée, nous serons tous Grecs, Espagnols ou Italiens, sans oublier
au passage que nous serons également tous Chypriotes, lorsque l’État
dans sa grande mansuétude nous laissera l’usage de 80 % de notre
épargne, ce qui est une excellente nouvelle (comprendre qu’en réalité
l’État vous aura taxé d’office de 10 à 20 % de votre épargne pour éviter
la faillite).
Car
n’oubliez jamais que le problème de la déflation, c’est que si tout
baisse, les salaires, la dépense publique, le PIB baisse, mais le stock
de dettes lui, au mieux, reste constant. Lorsque tout a diminué,
le résultat c’est l’insolvabilité… et seul le braquage massif de
l’épargne permettra éventuellement de l’éviter ou de reculer ce moment
encore un peu. C’est pour cette raison que l’on prépare les esprits à
l’acceptation d’une telle décision qui ne sera prise « qu’en dernier
recours » et pour « votre bien ».
La reprise en Espagne ? Un grand nombre d’Espagnols ne la voit pas
« C’est bientôt Noël. Mes enfants vont me demander des cadeaux. Je fais comment ?
se désole Esmeralda Inglés venue, sans l’avouer à son mari et à ses
enfants, prendre son petit déjeuner dans le centre d’accueil Caliu de
Barcelone et chercher de quoi les nourrir.
Après trois ans sans emploi et la fin
des indemnités de chômage, Esmeralda a dû recourir à l’aide de cet
établissement ouvert depuis trois ans et géré par des bénévoles, dans ce
quartier modeste de Horta.
Chaque matin, après avoir mené les
enfants à l’école, elle vient dans ce réfectoire qui, loin de voir les
effets d’une timide reprise célébrée par les autorités espagnoles et les
marchés, ne désemplit pas. Au contraire. »
Voilà comment commence cette dépêche de l’AFP qui se penche sur
ce miracle de reprise économique vanté par le gouvernement espagnol qui
n’existe que dans l’esprit de dirigeants complètement malades et qui
tentent désespérément de gagner du temps et de « redonner confiance »
aux agents économiques. Mais les vrais gens, eux, ne voient rien venir, ce qui est normal puisqu’il n’y a toujours pas de travail.
« Un récent rapport du Conseil de l’Europe a relevé le
« développement inquiétant de la pauvreté des familles qui menace un
cinquième des 47 millions d’habitants en Espagne et « le taux croissant
de pauvreté chez les enfants » (30,6 % en 2011). » 30 % de
pauvres chez les enfants, cela commence à faire beaucoup et l’on se
rapproche progressivement des standards des pays dits en voie de
développement… mais comme c’est exactement le but recherché, il n’y a
pas de quoi s’étonner.
«
Esmeralda, comme de nombreux autres, se retrouve sans le sou une fois
payées les factures dans un pays qui est le troisième de l’Union
européenne où l’électricité coûte le plus cher, pour un salaire minimum
de 752 euros sur 12 mois. Avec ses trois enfants de 10, 8 et 3 ans et
son mari, ses factures d’eau, de gaz et d’électricité s’élèvent à au
moins 100 euros par mois auxquels s’ajoutent 600 euros de loyer,
explique Esmeralda. »
Car c’est cela les conséquences d’une
déflation des salaires qui, vous le noterez, ne s’accompagne pas de la
baisse des prix de l’énergie par exemple, qui eux poursuivent leur
progression. En effet, il ne faudrait surtout pas que les grandes
multinationales fassent un peu moins de profit. La crise au détriment
des peuples oui. Pas en diminuant les profits des gentils actionnaires.
« Voyant se multiplier ce type de
situation, le gouvernement de Catalogne, grande région nord-ouest de
l’Espagne, a décidé d’interdire les coupures d’énergie pendant l’hiver
pour les familles les plus vulnérables. » Cela pourrait sembler une
mesure de bon sens, mais cette mesure a été rejetée au niveau national
par le gouvernement et le parti conservateur au pouvoir !
Le problème c’est qu’en Espagne, en Grèce ou Chypre, on vous fera payer vos crédits, vos factures qui continuent à augmenter jusqu’au bout. N’attendez aucune remise, aucune réduction, aucun geste à part un immense bras d’honneur réalisé en cœur par nos zélites économiques et nos mamamouchis économiques qui se moquent des peuples comme de l’an 40 ! Nous ne sommes rien d’autre que de la piétaille sacrifiable et sacrifiée en toute connaissance de cause.
Chypre : recours croissant à la charité, après des décennies de prospérité
Autre dépêche AFP, autre pays, et même misère.
« On n’aurait jamais pensé en arriver là un jour, soupire Chris, venu comme un nombre croissant de Chypriotes chercher un sac de nourriture gratuite dans une église de Nicosie, signe que la crise sociale s’aggrave dans le pays en pleine récession.
Je
travaillais comme menuisier, ma femme dans l’agroalimentaire, nous
avions deux voitures, une vie facile jusqu’à ce qu’on perde notre
travail, il y a quelques mois, explique-t-il. Aujourd’hui, on s’éclaire à
la bougie parce qu’on a même plus de quoi payer l’électricité, et je
viens chercher de l’aide ici, une démarche impensable il y a quelques
mois dans cette île longtemps prospère. »
Vous remarquerez encore le poids de
l’énergie dans les budgets des gens. Vous remarquerez également qu’il ne
s’agit pas des pays où il fait froid… En France, nos budgets chauffage
sont beaucoup, beaucoup plus élevés. D’où l’intérêt de prévoir une bonne
cheminée, un bon poêle à bois, et la forêt allant avec ou presque.
«
Le chômage, longtemps aux alentours de 5 %, est monté en flèche ces
derniers mois, atteignant 17 %, un record, et continue à grimper. Nombre
de salariés subissent d’importantes baisses de revenus, ainsi que
fonctionnaires et retraités dans le cadre des mesures d’austérité
destinées à sauver l’île de la faillite. » Vous lirez la suite si
vous le souhaitez, et vous profiterez d’autant plus de votre réveillon
de Noël et de l’opulence que certains parmi nous peuvent encore se
permettre ! Nous avons de la chance. Tout est très relatif.
Grèce : majorité réduite d’une voix suite au vote d’un nouvel impôt foncier
En Grèce, rien de bien nouveau non plus,
que le gouvernement grec de coalition ait vu sa majorité réduite d’une
voix suite au vote au parlement d’un nouvel impôt foncier exigé par les
créanciers internationaux du pays est d’aucune importance tant la
succession de différentes majorités a toujours, depuis presque 6 ans,
voté le même type de loi. C’est un jeu politique destiné à occuper une «
plèbe » qui commence à comprendre que la couleur politique du bourreau
ne changera rien à l’exécution du petit crime entre amis perpétré par
l’Europe.
«
Le nouvel impôt, qui se substitue aux précédents impôts fonciers,
devrait rapporter à l’État 2,65 milliards d’euros, a indiqué le ministre
des Finances. »
« Toutefois les syndicats et les partis
de gauche ont dénoncé dans la nouvelle loi une taxation excessive de la
propriété immobilière dans un pays qui détient avec plus 70 % de
personnes détentrices de leur logement le taux le plus élevé de
propriétaires fonciers en Europe. »
Ce qui est génial avec les impôts sur le
foncier… c’est que le foncier ne se délocalise pas, éventuellement il
se revend… et encore, dans ces pays-là, le marché immobilier n’est pas
vraiment à la fête et personne n’en veut plus. D’ailleurs, plus personne
n’a les moyens d’acheter quoi que ce soit.
60 % des Grecs des villes rêvent de devenir des Grecs des champs… mais
il est presque devenu impossible de vendre un appartement en tout cas
pour une valeur décente.
« Le principal dirigeant de
l’opposition, Alexis Tsipras, a accusé le gouvernement de se livrer à un
braquage des propriétaires et d’avoir détruit le rempart qui protégeait
des milliers de familles grecques du désespoir. »
Les créanciers, l’Europe et la troïka s’en fichent comme d’une guigne. Les peuples paieront. Les peuples seront réduits à une forme moderne d’esclavage et la démocratie également. La fin justifie les moyens.
Mais au bout du compte, la faim aussi justifiera les moyens. Ce n’est qu’une question de temps.
Alors n’hésitez pas à demander au Petit
Papa Noël, un stock de raviolis, une belle maison à la campagne, des
graines pour votre potager, un nouveau terrain, ou encore un peu d’or et
d’argent. N’oubliez pas dans votre petit soulier du bois de chauffage
ou une forêt, car qui peut le plus, peut le moins.
Il
faut être conscient que ce qui arrive là-bas va nous arriver aussi.
L’État français s’y prépare vigoureusement et intensément avec ses
nouvelles législations liberticides et en s’octroyant le droit de nous
espionner en temps réel, de nous écouter en temps réel sans même
l’autorisation d’un juge !! L’État assassine la démocratie,
fut-il socialiste et dégoulinant de mots bienfaisants comme le « drôat »
ou la « libêêêrté ». Il ne le fait pas uniquement par plaisir ou
perversité, mais parce que vous assassiner économiquement va vous faire
râler, alors autant prévoir dès maintenant la méthodologie et le cadre
juridique nécessaire pour pouvoir vous embastiller massivement lorsque
le besoin s’en fera sentir.
Hollande
est le fossoyeur de notre démocratie et de notre économie. Mais la
drôate n’y trouve pas grand-chose à redire. Aucun député n’a cru bon
déposer un recours devant le Conseil constitutionnel alors que le
principe de la démocratie, le principe intangible, est celui de la
séparation des pouvoirs. Cette nouvelle est
anticonstitutionnelle. Totalement. Intégralement. De façon évidente.
Pourtant, elle a été adoptée. Elle est en vigueur. Nous verrons donc à
la rentrée comment y échapper, et je vous prépare un petit dossier
spécial à ce sujet.
En attendant le numéro hors-série de
demain (une petit surprise), je vous souhaite déjà de très belles fêtes
de fin d’année et un très beau réveillon. Profitons-en tous car nous ne
savons pas ce que demain nous réserve, mais chaque moment de bonheur est
précieux.
Restez à l’écoute.
À demain… si vous le voulez bien !!
Bilan 2013 : la zone euro est plus que jamais la lanterne rouge de l'économie mondiale
Cette année, des pays émergents
jusqu'aux Etats-Unis, la croissance était au rendez-vous. La zone euro,
elle, est restée à la traîne enregistrant une baisse de 0,5% de son PIB.
Pire : le véritable problème viendrait de la France. Premier volet de
notre bilan 2013.
Cinquième roue du carrosse
Comme chaque fin décembre,
voici venu le temps du bilan économique et financier de l’année écoulée.
Si 2012 a été l’année de la "loose", du moins pour la France et la zone
euro qui sont retombées en récession, 2013 a-t-elle bien été celle de
la braise, comme nous l’annoncions il y a un an ? La réponse est
positive. En effet, comme prévu, la croissance mondiale a été forte,
avec un niveau d’environ 3,6 %. A l’instar de ce qui s’observe depuis
une décennie, la locomotive de l’économie planétaire a été chinoise,
avec une contribution de l’Empire du milieu à la croissance mondiale de
1,2 point. Parallèlement, en dépit d’un ralentissement logique compte
tenu d’une appréciation excessive de leur devise, la plupart des pays
émergents ont résisté et n’ont pas sombré dans la récession.
Bon
an mal an et malgré quelques sueurs froides sur le front budgétaire,
les Etats-Unis ont également été au rendez-vous de la croissance et de
nos prévisions, leur PIB progressant de l’ordre de 1,8 % cette année. Il
faut dire que jusqu’au 18 décembre, la Réserve fédérale a maintenu une
politique monétaire extrêmement accommodante, engendrant d’ailleurs des
risques de bulle financière et de trappe à liquidités. La modeste
réduction du "quantitative easing" décidé lors du dernier Federal open
market committe (FOMC) montre que la Fed est consciente de ces dangers
mais qu’elle ne souhaite prendre aucun risque sur la croissance, qui
reste d’ailleurs fragile.
Enfin, et comme nous
l’anticipions, la zone euro est restée la lanterne rouge de la marche
des affaires mondiales, subissant une nouvelle baisse du PIB d’environ
0,5 %. Certes, c’est un peu moins pire qu’en 2012 (- 0,6 %), mais
l’Union économique et monétaire (UEM) reste la seule zone au monde à
régresser. Pourtant, elle a pu bénéficier de soutiens massifs, avec
notamment la double baisse du taux refi de la BCE (désormais à 0,25 %)
et la résilience stupéfiante de l’économie allemande, qui, bien loin de
l’atonie de ses voisins, a su croître d’environ 1 %. Une fois encore,
"super Mario" Draghi et la "reine Angela" ont réussi à sauver les
meubles d’une maison UEM qui a toujours les pieds dans l’eau…
Bien
sûr, les pays du Sud de l’Union ont continué de souffrir. En 2013, les
baisses annuelles du PIB se sont poursuivies : - 3,7 % pour la Grèce, - 2
% pour l’Italie, - 1,5 % en Espagne et au Portugal. Pour autant, ces
pays ont poursuivi leurs efforts de modernisation économique et sortent
progressivement de l’ornière. A l’instar de l’ensemble de l’UEM,
Allemagne exceptée, ils restent néanmoins pénalisés par un euro trop
fort. A 1,38 dollar, la devise européenne se maintient sur des niveaux
grotesques et dangereux qui pourraient susciter une nouvelle rechute de
l’économie eurolandaise. Il s’agit d’ailleurs de notre principale erreur
de prévision de l’année 2013.
Pourtant, la crise chypriote en mars 2013 a confirmé
que la crise de la dette publique était loin d’être terminée. Et si
l’incendie a été temporairement circonscrit par l’une des plus grandes
spoliations étatiques de l’Histoire récente, les braises sont toujours
incandescentes que ce soit sur l’île chypriote ou dans la grande
majorité des pays eurolandais. Et ce d’autant plus que la croissance y
reste toujours insuffisante ne serait-ce que pour rembourser la charge
annuelle des intérêts de la dette publique.
Mais,
au-delà de ce ces difficultés pérennes et comme nous le craignions il y a
un an, le véritable malaise de l’année 2013 vient de notre "douce"
France. En effet, bien loin de suivre l’exemple de ses voisins,
l’Hexagone a refusé de s’engager sur la voie des réformes structurelles
et ainsi aggravé son cas. Bien entendu, les dirigeants politiques du
pays ne cessent de dire le contraire, défendant que tout va pour le
mieux dans le meilleur des mondes. En juin-juillet, ils ont même
claironné à tue-tête "la reprise est là", un tube de l’été pour le moins
détonnant, mais qui n’a pas passé l’automne, puisqu’au troisième
trimestre, le PIB français a reculé de 0,1 % et de 0,6 % hors stocks.
Sur l’ensemble de l’année, la croissance hexagonale devrait ainsi
avoisiner les 0 %, c’est-à-dire exactement son niveau annuel moyen
depuis 2008. A ce sujet, il faut savoir que le PIB français n’a toujours
pas retrouvé son niveau d’avant crise, affichant même un recul de 0,3 %
par rapport au premier trimestre 2008.
Read more at http://www.atlantico.fr/decryptage/bilan-2013-zone-euro-est-plus-que-jamais-lanterne-rouge-economie-mondiale-marc-touati-937263.html#LrlemuiEYu6UJGP1.99
Bilan 2013 : la zone euro est plus que jamais la lanterne rouge de l'économie mondiale
Cette année, des pays émergents
jusqu'aux Etats-Unis, la croissance était au rendez-vous. La zone euro,
elle, est restée à la traîne enregistrant une baisse de 0,5% de son PIB.
Pire : le véritable problème viendrait de la France. Premier volet de
notre bilan 2013.
Cinquième roue du carrosse
Comme chaque fin décembre,
voici venu le temps du bilan économique et financier de l’année écoulée.
Si 2012 a été l’année de la "loose", du moins pour la France et la zone
euro qui sont retombées en récession, 2013 a-t-elle bien été celle de
la braise, comme nous l’annoncions il y a un an ? La réponse est
positive. En effet, comme prévu, la croissance mondiale a été forte,
avec un niveau d’environ 3,6 %. A l’instar de ce qui s’observe depuis
une décennie, la locomotive de l’économie planétaire a été chinoise,
avec une contribution de l’Empire du milieu à la croissance mondiale de
1,2 point. Parallèlement, en dépit d’un ralentissement logique compte
tenu d’une appréciation excessive de leur devise, la plupart des pays
émergents ont résisté et n’ont pas sombré dans la récession.
Bon
an mal an et malgré quelques sueurs froides sur le front budgétaire,
les Etats-Unis ont également été au rendez-vous de la croissance et de
nos prévisions, leur PIB progressant de l’ordre de 1,8 % cette année. Il
faut dire que jusqu’au 18 décembre, la Réserve fédérale a maintenu une
politique monétaire extrêmement accommodante, engendrant d’ailleurs des
risques de bulle financière et de trappe à liquidités. La modeste
réduction du "quantitative easing" décidé lors du dernier Federal open
market committe (FOMC) montre que la Fed est consciente de ces dangers
mais qu’elle ne souhaite prendre aucun risque sur la croissance, qui
reste d’ailleurs fragile.
Enfin, et comme nous
l’anticipions, la zone euro est restée la lanterne rouge de la marche
des affaires mondiales, subissant une nouvelle baisse du PIB d’environ
0,5 %. Certes, c’est un peu moins pire qu’en 2012 (- 0,6 %), mais
l’Union économique et monétaire (UEM) reste la seule zone au monde à
régresser. Pourtant, elle a pu bénéficier de soutiens massifs, avec
notamment la double baisse du taux refi de la BCE (désormais à 0,25 %)
et la résilience stupéfiante de l’économie allemande, qui, bien loin de
l’atonie de ses voisins, a su croître d’environ 1 %. Une fois encore,
"super Mario" Draghi et la "reine Angela" ont réussi à sauver les
meubles d’une maison UEM qui a toujours les pieds dans l’eau…
Bien
sûr, les pays du Sud de l’Union ont continué de souffrir. En 2013, les
baisses annuelles du PIB se sont poursuivies : - 3,7 % pour la Grèce, - 2
% pour l’Italie, - 1,5 % en Espagne et au Portugal. Pour autant, ces
pays ont poursuivi leurs efforts de modernisation économique et sortent
progressivement de l’ornière. A l’instar de l’ensemble de l’UEM,
Allemagne exceptée, ils restent néanmoins pénalisés par un euro trop
fort. A 1,38 dollar, la devise européenne se maintient sur des niveaux
grotesques et dangereux qui pourraient susciter une nouvelle rechute de
l’économie eurolandaise. Il s’agit d’ailleurs de notre principale erreur
de prévision de l’année 2013.
Pourtant, la crise chypriote en mars 2013 a confirmé
que la crise de la dette publique était loin d’être terminée. Et si
l’incendie a été temporairement circonscrit par l’une des plus grandes
spoliations étatiques de l’Histoire récente, les braises sont toujours
incandescentes que ce soit sur l’île chypriote ou dans la grande
majorité des pays eurolandais. Et ce d’autant plus que la croissance y
reste toujours insuffisante ne serait-ce que pour rembourser la charge
annuelle des intérêts de la dette publique.
Mais,
au-delà de ce ces difficultés pérennes et comme nous le craignions il y a
un an, le véritable malaise de l’année 2013 vient de notre "douce"
France. En effet, bien loin de suivre l’exemple de ses voisins,
l’Hexagone a refusé de s’engager sur la voie des réformes structurelles
et ainsi aggravé son cas. Bien entendu, les dirigeants politiques du
pays ne cessent de dire le contraire, défendant que tout va pour le
mieux dans le meilleur des mondes. En juin-juillet, ils ont même
claironné à tue-tête "la reprise est là", un tube de l’été pour le moins
détonnant, mais qui n’a pas passé l’automne, puisqu’au troisième
trimestre, le PIB français a reculé de 0,1 % et de 0,6 % hors stocks.
Sur l’ensemble de l’année, la croissance hexagonale devrait ainsi
avoisiner les 0 %, c’est-à-dire exactement son niveau annuel moyen
depuis 2008. A ce sujet, il faut savoir que le PIB français n’a toujours
pas retrouvé son niveau d’avant crise, affichant même un recul de 0,3 %
par rapport au premier trimestre 2008.
Read more at http://www.atlantico.fr/decryptage/bilan-2013-zone-euro-est-plus-que-jamais-lanterne-rouge-economie-mondiale-marc-touati-937263.html#LrlemuiEYu6UJGP1.99