Alternatives économique
Laurent Jeanneau
La réforme des retraites a été adoptée le 18 décembre à l'Assemblée
nationale. Une potion qui risque d'être amère pour les générations nées
en 1973 et après. Retour sur l'impact prévisible de la hausse à 43 ans
de la durée de cotisation en deux infographies interactives.
La durée de cotisation nécessaire pour pouvoir toucher une
retraite à taux plein va être progressivement relevée jusqu'à 43 ans
pour les générations nées en 1973 et après, c'est-à-dire à partir de
2035.
Même diluée dans le temps, la potion n'en reste pas moins amère
pour les générations concernées. D'autant plus qu'elles sont confrontées
depuis longtemps à des difficultés d'insertion sur le marché du
travail. L'âge moyen auquel on valide une première année de cotisation
recule en effet sensiblement : il est passé de 20,8 ans pour la
génération 1954 à 23,4 ans pour la génération 1974. De la même manière,
la durée d'assurance validée à 30 ans diminue nettement : elle est
passée de dix ans et trois trimestres pour la génération 1950 à sept ans
et trois trimestres pour celle de 1974. Celle-ci devra donc attendre au
moins l'âge de 65 ans pour avoir cotisé les 172 trimestres (ou 43
années) imposés par la nouvelle réforme.
Mais
ce n'est qu'une moyenne : 20 % de la génération née en 1974 a cotisé
moins de cinq ans à 30 ans, ce qui les amène à 68 ans dans le meilleur
des cas. Ils pourront certes partir à 67 ans sans décote (c'est l'âge du
taux plein), mais ils seront tout de même pénalisés au niveau du
montant de leur pension puisqu'il leur manquera encore des trimestres.
Dans la génération 1974, ils sont 44 % à avoir cotisé moins de sept ans
et demi à l'âge de 30 ans. C'est donc presque la moitié de cette
génération qui ne pourra de toute façon pas prétendre à une retraite à
taux plein avant l'âge de 65,5 ans.
On ne connaît pas les
chiffres, mais avec la crise, la situation s'est à coup sûr aggravée
encore pour les générations arrivées ensuite sur le marché du travail,
puisque le taux d'emploi des 15-25 ans a fortement baissé depuis 2008.
Quant
à ceux qui auront connu des périodes de chômage non indemnisé ou qui
auront travaillé à temps très partiel, ils devront rester en activité
encore plus longtemps. S'ils ne le souhaitent pas ou s'ils ne le peuvent
pas (pour des raisons de santé ou faute d'emploi), ils devront se
contenter d'une retraite incomplète.