Trita Parsi
La perspective d’un accord sur le nucléaire
iranien esquisse un possible réchauffement des relations entre Téhéran
et Washington. Sans aller jusqu’à la renaissance d’une vieille alliance
datant de l’époque du chah, ce rapprochement pourrait rebattre les
cartes stratégiques du Proche-Orient. A condition que les deux parties
acceptent d’oublier leur défiance mutuelle.
L’Iran pourrait devenir une « puissance régionale très prospère » s’il parvenait à un accord sur son programme nucléaire avec les pays du groupe dit « G5 + 1 » (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne), affirmait récemment M. Barack Obama (1). Jamais auparavant le président américain n’avait laissé entendre aussi clairement que l’enjeu des négociations sur le nucléaire iranien dépasse de loin la question des centrifugeuses et de l’enrichissement de l’uranium. Un retour de Téhéran sur la scène proche-orientale ne transformerait pas seulement les relations entre les deux pays ; il redessinerait fondamentalement la carte géopolitique de la région.
La route vers un accord sur le programme nucléaire iranien reste semée d’embûches. Les deux parties, dont les positions étaient trop éloignées, ont déjà dû prolonger les pourparlers à deux reprises (lire « Négociations cruciales sur le nucléaire »). Mais la voie qui mènerait à un renouveau des relations entre les Etats-Unis et l’Iran est plus longue et plus sinueuse encore. La souffrance et les humiliations qu’ils se sont mutuellement infligées seront difficiles à surmonter. La liste des fautes commises de part et d’autre serait trop longue à rappeler. Mais quelques exemples suffiront peut-être à donner une idée de l’ampleur de la méfiance et du sentiment de trahison ressentis des deux côtés.
On oublie souvent que les relations commencèrent dans les meilleurs termes qui soient. Les Etats-Unis d’Amérique, qui se sont libérés du joug de Londres à l’issue d’une guerre d’indépendance, ont souvent manifesté de la sympathie envers les pays du tiers-monde qui résistaient à la colonisation. Parfois, les choses allèrent même au-delà. Dans le cas de l’Iran, par exemple, deux Américains se sont résolument engagés en faveur de sa démocratisation et de son indépendance. Le premier, Howard Baskerville, a même payé de sa vie le fait d’avoir défendu le droit des Iraniens à se doter d’une Constitution.
Les ambitions du chah
Baskerville, qui avait pris la tête d’un groupe de combattants étudiants volontaires pour défendre la démocratie constitutionnelle naissante en Perse (ancien nom de l’Iran) contre les forces militaires de la dynastie Qadjar (2) au pouvoir, fut tué à Tabriz le 19 avril 1909 par un tireur embusqué. Il est enterré dans le cimetière chrétien arménien de cette ville située dans le nord-ouest de l’Iran. Aujourd’hui encore, beaucoup d’Iraniens révèrent sa mémoire. De nombreuses écoles et rues portent son nom.
L’autre Américain fut William Morgan Shuster. Nommé trésorier général par le Parlement persan, il fut chargé de gérer la situation financière du pays pendant les années tumultueuses de la révolution constitutionnelle (1905-1911). Il devint vite un défenseur passionné d’une Perse que les Britanniques et les Russes cherchaient à faire sombrer financièrement. Soumis par ceux-ci à une pression considérable, Shuster fut finalement contraint de démissionner. De retour aux Etats-Unis, il raconta son expérience dans The Strangling of Persia (« L’étranglement de la Perse »). Sa condamnation des ingérences russes et britanniques était cinglante. Il dédia ce livre au « peuple de Perse ».
La politique anticoloniale de Washington ainsi que le sacrifice de Baskerville et l’engagement de Shuster valurent aux Etats-Unis d’être tenus en haute estime par de nombreux Iraniens. Tout cela allait cependant changer en 1953, lorsque la Central Intelligence Agency (CIA), de concert avec les services de renseignement britanniques, chassa du pouvoir le premier ministre démocratiquement élu, Mohammad Mossadegh, qui avait décidé de nationaliser l’industrie pétrolière. Le coup d’Etat du 19 août 1953 rétablit le chah Mohammad Reza Pahlavi sur le trône et étouffa la démocratie dans l’œuf (3). Ayant retrouvé le pouvoir, celui-ci intensifia la répression d’Etat afin d’éliminer toute menace potentielle contre son régime.
Pour beaucoup d’Iraniens, ce moment fut celui où les Etats-Unis perdirent leur innocence. Après avoir, dans un premier temps, endigué les efforts des Britanniques pour contrôler l’Iran et ses ressources, Washington s’alliait maintenant à cette même puissance coloniale pour priver le pays de son droit à l’autodétermination.
L’opposition grandissante au régime s’accompagna du sentiment tout aussi grandissant que la monarchie ne se maintenait au pouvoir que grâce au soutien des Etats-Unis et que ces derniers exerçaient une influence excessive dans les affaires intérieures du pays. On reprocha au chah, à tort ou à raison, d’avoir vendu l’indépendance de l’Iran ; et cette accusation devint un cri de ralliement très mobilisateur parmi les opposants à son pouvoir. Elle trouva un écho particulièrement fort après que le souverain iranien eut signé le Status of Forces Agreement (SOFA, « accord sur le statut des forces ») avec les Etats-Unis en 1964, qui accordait l’immunité diplomatique au personnel militaire américain en Iran. Le critique le plus dur du chah, l’ayatollah Rouhollah Khomeiny, qui devait quinze ans plus tard mener la révolution contre le souverain, qualifia sans détour le SOFA de loi de capitulation.
Mohammad Reza Pahlavi était un homme ambitieux, qui voulait faire de son pays une superpuissance régionale. Mais, pour atteindre cet objectif, il ne fallait pas seulement que l’Iran s’appuie sur une armée et une économie fortes ; il était aussi nécessaire que les grandes puissances se tiennent à l’écart du Proche-Orient. En 1971, le Royaume-Uni décida de retirer toutes ses forces militaires stationnées à l’est de Suez. Tant que les Etats-Unis et la Russie ne cédaient pas à la tentation d’occuper le vide laissé par les Britanniques, l’Iran pouvait espérer devenir la superpuissance incontestée de l’Asie occidentale.
Alors que les Américains étaient focalisés sur leur intervention au Vietnam, le chah saisit une occasion en or. Un accord conclu avec l’administration du président Richard Nixon faisait de l’Iran et de l’Arabie saoudite les responsables de la sécurité dans le golfe Arabo-Persique, en permettant aux Etats-Unis de demeurer à l’écart. Cette politique dite des « deux piliers » fut en réalité la politique d’un seul pilier, l’Iran.
Ayant atteint ce but essentiel, Mohammad Reza Pahlavi eut pour prochain objectif de s’assurer que ni l’Union soviétique ni les Etats-Unis ne trouvent prétexte à stationner de nouveau des troupes dans le Golfe. Il considéra dès lors les Etats-Unis, et non la seule Union soviétique, comme un rival et un concurrent potentiel.
Une confrontation grandissante
En privé, des responsables américains déploraient au milieu des années 1970 que les ambitions du souverain iranien échappent désormais à tout contrôle. Mais, tant que l’Iran restait un allié solide contre le communisme, la mégalomanie du chah, bien que problématique, était éclipsée par la menace plus sérieuse que représentaient les Soviétiques.
Lorsque la révolution éclata en 1978, la réserve de bonne volonté dont Washington avait bénéficié en Iran avait complètement fondu. Pour beaucoup d’Américains, la révolution était dirigée autant contre le chah que contre les Etats-Unis. Lorsque le président James Carter autorisa le chah à se réfugier sur le territoire américain pour y être hospitalisé, des étudiants de gauche iraniens s’attaquèrent à l’ambassade des Etats-Unis, le 4 novembre 1979. Ils prirent cinquante-deux diplomates et civils américains en otage, en exigeant de M. Carter qu’il renvoie le chah en Iran afin d’y être jugé.
Ce qui pour ces étudiants ne devait probablement être que l’affaire de quelques jours se transforma en une crise de quatre cent quarante-quatre jours. Venant compliquer les choses, une opération militaire menée en avril 1980 pour sauver les otages se termina par un fiasco. Sur les huit hélicoptères envoyés, trois tombèrent en panne, et la mission fut annulée. Mais, alors que les avions de transport évacuaient la zone, l’un d’entre eux entra en collision avec l’un des hélicoptères, causant la mort de huit soldats américains dans le désert iranien.
Tous les jours, par les nouvelles du soir, les Américains suivaient le sort de leurs diplomates. Cette crise des otages prit rapidement la dimension d’un traumatisme national qui facilita la victoire de Ronald Reagan sur M. Carter à l’élection présidentielle de novembre 1980. Qu’un pays en développement du Proche-Orient inflige aux Etats-Unis une telle humiliation était chose rare. Une indignation réciproque monta alors. Le conflit géopolitique, qui s’annonçait déjà pendant les dernières années du règne du chah, acquit une forte dimension émotionnelle.
Après la révolution, l’Iran s’opposa ouvertement aux Etats-Unis sans pour autant rejoindre le camp soviétique. Le régime de Khomeiny partageait l’ambition du chah de faire du pays un leader régional. Mais il voulait parvenir à cet objectif en se servant de l’islam politique pour s’assurer un soutien populaire dans le monde musulman. S’opposant à une alliance avec les Etats-Unis ou Israël, Téhéran se plaçait sur une trajectoire directe de collision avec Washington.
Le gouvernement Reagan chercha à vaincre et à punir les révolutionnaires iraniens. Lorsque Saddam Hussein envahit l’Iran en septembre 1980, aucune larme ne fut versée à Washington. Aujourd’hui encore, de nombreux dirigeants iraniens pensent que le président irakien a attaqué l’Iran sur ordre de la Maison Blanche. Sans aller jusque-là, c’est un fait que Washington a soutenu Hussein, qui s’approvisionnait en armes auprès de la Russie et de la France. Cet appui s’est intensifié au fil des années. En 1986, non seulement les Etats-Unis fournissaient aux Irakiens des renseignements de première importance, mais des documents de la CIA récemment divulgués prouvent que Washington savait pertinemment que Hussein utilisait des armes chimiques. Pour de nombreux Iraniens, la faute commise par les Américains en soutenant la campagne militaire irakienne est plus lourde encore que le coup d’Etat de 1953, ne serait-ce que parce que ce conflit a coûté environ un million de morts à leur pays (contre trois cent mille pour l’Irak). Les tensions entre Washington et Téhéran sont vite devenues un facteur d’instabilité, même si l’Irangate montra que ces relations étaient plus ambiguës qu’il n’y paraissait (lire « Le scandale de l’Irangate »). La région tout entière, du Liban au Golfe, devint l’échiquier sur lequel se jouait leur rivalité.
Il y eut aussi des moments où les relations entre les deux pays auraient pu emprunter une autre trajectoire. Après la fin de la guerre Irak-Iran, en 1988, et la mort de l’ayatollah Khomeiny l’année suivante, Téhéran s’est retrouvé affaibli, isolé et plus éloigné encore de son objectif de leadership régional qu’au début de la révolution. Dévasté par huit ans de guerre, il n’avait plus d’allié, plus d’argent, et les investissements étrangers lui faisaient cruellement défaut.
Le président d’alors, le hodjatoleslam Hachémi Rafsandjani, voulait améliorer les relations avec Washington. Il estimait que la création d’une zone d’intérêt économique commun faciliterait une entente politique. De ce fait, en 1994, le premier contrat portant sur le pétrole iranien accordé à une compagnie étrangère depuis la révolution fut pour Conoco, géant américain du pétrole. Le symbole ne pouvait pas être plus fort.
Rancunes tenaces
Mais les choses ne se passèrent pas comme prévu. Alors que dans les années 1980 Israël faisait pression sur les Etats-Unis pour qu’ils rétablissent des liens avec Téhéran, Tel-Aviv avait maintenant effectué un virage à cent quatre-vingts degrés ; il les poussait à sanctionner et à isoler l’Iran. Le projet d’accord avec Conoco fut la première victime de ce revirement. Soumis à une forte pression de la part du Congrès américain, le président William Clinton émit deux ordres exécutifs (le 15 mars et le 6 mai 1995), interdisant non seulement le contrat pétrolier avec Conoco, mais aussi tous les échanges commerciaux avec l’Iran, accusé de soutenir le terrorisme.
Le gouvernement Rafsandjani fut abasourdi. Washington avait rejeté la main tendue. Les relations entre les deux pays allaient encore se dégrader. L’année suivante, le Congrès américain vota de nouvelles sanctions contre Téhéran, visant des pays tiers qui investissaient dans le secteur de l’énergie iranien. En dépit de quelques brèves éclaircies à la fin du second mandat de M. Clinton, la méfiance réciproque ne fit que grandir.
Plus tard, lorsque l’administration de M. George W. Bush décida de s’en prendre aux talibans en Afghanistan — régime honni par l’Iran —, Téhéran et Washington engagèrent une vaste concertation politique, militaire et en matière de renseignement. Selon M. James Dobbins, qui fut l’envoyé du président Bush en Afghanistan durant les mois qui suivirent les attaques du 11-Septembre, l’Iran joua un rôle décisif en assurant l’adoption de la nouvelle Constitution après la chute des talibans. A de nombreux égards, Téhéran aida Washington à gagner la paix dans ce pays, espérant que cette aide contribuerait à ouvrir un nouveau chapitre des relations américano-iraniennes.
Mais, alors que la collaboration américano-iranienne avait abouti le 5 décembre 2001 à la signature des accords de Bonn établissant la réunion d’une Assemblée constituante en Afghanistan, le président Bush, six semaines après la signature des accords interafghans, inscrivit l’Iran sur la liste des pays de l’« axe du Mal », aux côtés de l’Irak et de la Corée du Nord, accusés de soutenir le terrorisme et de développer des armes de destruction massive. Cela représentait une trahison aux yeux de Téhéran, et eut pour conséquence d’affaiblir considérablement les partisans de la main tendue aux Etats-Unis. Ceux qui avaient choisi de faire confiance aux Américains le payaient cher.
Pourtant, avant que le président iranien réformiste Mohammad Khatami (1997-2005) quitte ses fonctions, l’Iran accomplit un geste de conciliation sans précédent vis-à-vis de l’administration Bush. En 2003, un an après le discours du président américain sur l’« axe du Mal », Téhéran soumit à Washington un projet de négociation globale par l’intermédiaire de l’ambassadeur de Suisse en Iran. Il proposait de faire la transparence sur son programme nucléaire, de coopérer en Irak, de désarmer le groupe militant libanais Hezbollah et de reconnaître indirectement Israël — tout cela en échange d’une levée des sanctions et d’une reconnaissance de ses intérêts militaires dans la région.
L’administration Bush ne voyait pas l’intérêt de réduire les tensions avec l’Iran. La proposition fut écartée, ce qui renforça la conviction, à Téhéran, que l’objectif ultime de Washington était de renverser le gouvernement iranien et de faire du pays un Etat client sans réel pouvoir. Comme précédemment, le rejet de ce signe de bonne volonté entraîna une perte de confiance et un regain des désaccords, exacerbés par la récurrence des discours belliqueux du président Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013). Cette fois, l’issue fut plus grave encore.
De crainte que l’Iran ne soit la prochaine cible, Téhéran décida de faire payer au maximum aux Etats-Unis leur occupation de l’Irak et leur présence en Afghanistan. Tant qu’ils seraient enlisés dans ces bourbiers, ils ne seraient pas en mesure de viser l’Iran : tel était le raisonnement des décideurs iraniens.
Washington attribue à Téhéran la responsabilité des engins explosifs improvisés qui ont fait des centaines de morts parmi les soldats américains en Irak et en Afghanistan. Ces engins furent utilisés avec efficacité et par la résistance irakienne à l’occupation, et par les talibans. La colère et le ressentiment sont grands au Pentagone, en particulier parmi les hauts fonctionnaires, pour qui l’Iran est responsable de la mort de leurs camarades. Cette colère n’est pas ancienne, contrairement à la rancœur suscitée par la crise des otages ; dans l’esprit des militaires américains, ces plaies ne sont pas refermées.
C’est sur cette toile de fond compliquée et marquée par la souffrance que les Etats-Unis et l’Iran doivent maintenant assumer de bâtir un avenir commun. Si la méfiance est profonde des deux côtés, c’est probablement du côté de l’Iran qu’elle est la plus grande, et ce pour deux raisons simples. Premièrement, des deux parties, l’Iran est la plus vulnérable. Deuxièmement, à supposer que les décideurs des deux pays tirent les leçons du passé et parviennent à dépasser leurs réticences mutuelles, il reste qu’une personne a vécu chacun des moments évoqués précédemment : le Guide suprême Ali Khamenei. Aucun autre dirigeant, d’un côté ou de l’autre, ne porte sur ses épaules un poids aussi lourd que le plus haut dignitaire du régime. Et aucun dirigeant n’éprouve plus de méfiance que lui envers les Américains.
Vers une trêve profitable
Si ce mur de défiance était abattu et qu’un accord sur le nucléaire était signé, les répercussions sur la région pourraient être aussi positives que l’impact de l’animosité américano-irakienne a été négatif. En raison de leur histoire difficile, les deux parties ne pourraient probablement pas devenir des partenaires ou des alliés officiels du jour au lendemain. Mais, comme l’a déclaré récemment M. Ali Chamkhani, le secrétaire du Conseil national de sécurité, les deux Etats « peuvent se comporter de manière à ne pas dépenser leur énergie l’un contre l’autre (4) ». L’Irak et l’Afghanistan ne se trouveraient pas dans une situation aussi désastreuse aujourd’hui si les Etats-Unis et l’Iran étaient parvenus à cette conclusion beaucoup plus tôt.
Bien entendu, une telle trêve ne déboucherait pas sur la résolution de tous les conflits dans la région. Les rivalités géopolitiques entre l’Iran, l’Arabie saoudite et Israël continueront à avoir un effet déstabilisateur. Mais, alors que les tensions entre Washington et Téhéran exacerbent ces conflits, des relations apaisées et constructives contribueraient à les tempérer. Si les deux Etats cessaient de « dépenser leur énergie l’un contre l’autre », on pourrait aussi concevoir qu’ils parviennent à désamorcer la guerre civile en Syrie. Alors que les djihadistes sunnites, l’Organisation de Etat islamique et d’autres acteurs de la mouvance islamiste radicale représentent la plus grande menace non seulement pour la stabilité régionale mais aussi pour les intérêts iraniens et américains dans la région, des impératifs communs pourraient rapprocher Washington et Téhéran. Cela les aiderait à surmonter leur méfiance mutuelle et les inciterait à aller au-delà d’une simple trêve. L’action de concert en Irak entre les deux parties pour, à la fois, pousser au départ l’ancien Premier ministre Nouri Al-Maliki et faire face militairement à l’Organisation de l’Etat islamique démontre que cela est possible.
Ces perspectives ne pourront être creusées que si les deux parties parviennent d’abord à trouver une résolution acceptable de l’impasse sur le nucléaire iranien. Pour le meilleur ou pour le pire, c’est alors que s’ouvrira le prochain chapitre des relations entre les deux pays.
L’Iran pourrait devenir une « puissance régionale très prospère » s’il parvenait à un accord sur son programme nucléaire avec les pays du groupe dit « G5 + 1 » (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne), affirmait récemment M. Barack Obama (1). Jamais auparavant le président américain n’avait laissé entendre aussi clairement que l’enjeu des négociations sur le nucléaire iranien dépasse de loin la question des centrifugeuses et de l’enrichissement de l’uranium. Un retour de Téhéran sur la scène proche-orientale ne transformerait pas seulement les relations entre les deux pays ; il redessinerait fondamentalement la carte géopolitique de la région.
La route vers un accord sur le programme nucléaire iranien reste semée d’embûches. Les deux parties, dont les positions étaient trop éloignées, ont déjà dû prolonger les pourparlers à deux reprises (lire « Négociations cruciales sur le nucléaire »). Mais la voie qui mènerait à un renouveau des relations entre les Etats-Unis et l’Iran est plus longue et plus sinueuse encore. La souffrance et les humiliations qu’ils se sont mutuellement infligées seront difficiles à surmonter. La liste des fautes commises de part et d’autre serait trop longue à rappeler. Mais quelques exemples suffiront peut-être à donner une idée de l’ampleur de la méfiance et du sentiment de trahison ressentis des deux côtés.
On oublie souvent que les relations commencèrent dans les meilleurs termes qui soient. Les Etats-Unis d’Amérique, qui se sont libérés du joug de Londres à l’issue d’une guerre d’indépendance, ont souvent manifesté de la sympathie envers les pays du tiers-monde qui résistaient à la colonisation. Parfois, les choses allèrent même au-delà. Dans le cas de l’Iran, par exemple, deux Américains se sont résolument engagés en faveur de sa démocratisation et de son indépendance. Le premier, Howard Baskerville, a même payé de sa vie le fait d’avoir défendu le droit des Iraniens à se doter d’une Constitution.
Les ambitions du chah
Baskerville, qui avait pris la tête d’un groupe de combattants étudiants volontaires pour défendre la démocratie constitutionnelle naissante en Perse (ancien nom de l’Iran) contre les forces militaires de la dynastie Qadjar (2) au pouvoir, fut tué à Tabriz le 19 avril 1909 par un tireur embusqué. Il est enterré dans le cimetière chrétien arménien de cette ville située dans le nord-ouest de l’Iran. Aujourd’hui encore, beaucoup d’Iraniens révèrent sa mémoire. De nombreuses écoles et rues portent son nom.
L’autre Américain fut William Morgan Shuster. Nommé trésorier général par le Parlement persan, il fut chargé de gérer la situation financière du pays pendant les années tumultueuses de la révolution constitutionnelle (1905-1911). Il devint vite un défenseur passionné d’une Perse que les Britanniques et les Russes cherchaient à faire sombrer financièrement. Soumis par ceux-ci à une pression considérable, Shuster fut finalement contraint de démissionner. De retour aux Etats-Unis, il raconta son expérience dans The Strangling of Persia (« L’étranglement de la Perse »). Sa condamnation des ingérences russes et britanniques était cinglante. Il dédia ce livre au « peuple de Perse ».
La politique anticoloniale de Washington ainsi que le sacrifice de Baskerville et l’engagement de Shuster valurent aux Etats-Unis d’être tenus en haute estime par de nombreux Iraniens. Tout cela allait cependant changer en 1953, lorsque la Central Intelligence Agency (CIA), de concert avec les services de renseignement britanniques, chassa du pouvoir le premier ministre démocratiquement élu, Mohammad Mossadegh, qui avait décidé de nationaliser l’industrie pétrolière. Le coup d’Etat du 19 août 1953 rétablit le chah Mohammad Reza Pahlavi sur le trône et étouffa la démocratie dans l’œuf (3). Ayant retrouvé le pouvoir, celui-ci intensifia la répression d’Etat afin d’éliminer toute menace potentielle contre son régime.
Pour beaucoup d’Iraniens, ce moment fut celui où les Etats-Unis perdirent leur innocence. Après avoir, dans un premier temps, endigué les efforts des Britanniques pour contrôler l’Iran et ses ressources, Washington s’alliait maintenant à cette même puissance coloniale pour priver le pays de son droit à l’autodétermination.
L’opposition grandissante au régime s’accompagna du sentiment tout aussi grandissant que la monarchie ne se maintenait au pouvoir que grâce au soutien des Etats-Unis et que ces derniers exerçaient une influence excessive dans les affaires intérieures du pays. On reprocha au chah, à tort ou à raison, d’avoir vendu l’indépendance de l’Iran ; et cette accusation devint un cri de ralliement très mobilisateur parmi les opposants à son pouvoir. Elle trouva un écho particulièrement fort après que le souverain iranien eut signé le Status of Forces Agreement (SOFA, « accord sur le statut des forces ») avec les Etats-Unis en 1964, qui accordait l’immunité diplomatique au personnel militaire américain en Iran. Le critique le plus dur du chah, l’ayatollah Rouhollah Khomeiny, qui devait quinze ans plus tard mener la révolution contre le souverain, qualifia sans détour le SOFA de loi de capitulation.
Mohammad Reza Pahlavi était un homme ambitieux, qui voulait faire de son pays une superpuissance régionale. Mais, pour atteindre cet objectif, il ne fallait pas seulement que l’Iran s’appuie sur une armée et une économie fortes ; il était aussi nécessaire que les grandes puissances se tiennent à l’écart du Proche-Orient. En 1971, le Royaume-Uni décida de retirer toutes ses forces militaires stationnées à l’est de Suez. Tant que les Etats-Unis et la Russie ne cédaient pas à la tentation d’occuper le vide laissé par les Britanniques, l’Iran pouvait espérer devenir la superpuissance incontestée de l’Asie occidentale.
Alors que les Américains étaient focalisés sur leur intervention au Vietnam, le chah saisit une occasion en or. Un accord conclu avec l’administration du président Richard Nixon faisait de l’Iran et de l’Arabie saoudite les responsables de la sécurité dans le golfe Arabo-Persique, en permettant aux Etats-Unis de demeurer à l’écart. Cette politique dite des « deux piliers » fut en réalité la politique d’un seul pilier, l’Iran.
Ayant atteint ce but essentiel, Mohammad Reza Pahlavi eut pour prochain objectif de s’assurer que ni l’Union soviétique ni les Etats-Unis ne trouvent prétexte à stationner de nouveau des troupes dans le Golfe. Il considéra dès lors les Etats-Unis, et non la seule Union soviétique, comme un rival et un concurrent potentiel.
Une confrontation grandissante
En privé, des responsables américains déploraient au milieu des années 1970 que les ambitions du souverain iranien échappent désormais à tout contrôle. Mais, tant que l’Iran restait un allié solide contre le communisme, la mégalomanie du chah, bien que problématique, était éclipsée par la menace plus sérieuse que représentaient les Soviétiques.
Lorsque la révolution éclata en 1978, la réserve de bonne volonté dont Washington avait bénéficié en Iran avait complètement fondu. Pour beaucoup d’Américains, la révolution était dirigée autant contre le chah que contre les Etats-Unis. Lorsque le président James Carter autorisa le chah à se réfugier sur le territoire américain pour y être hospitalisé, des étudiants de gauche iraniens s’attaquèrent à l’ambassade des Etats-Unis, le 4 novembre 1979. Ils prirent cinquante-deux diplomates et civils américains en otage, en exigeant de M. Carter qu’il renvoie le chah en Iran afin d’y être jugé.
Ce qui pour ces étudiants ne devait probablement être que l’affaire de quelques jours se transforma en une crise de quatre cent quarante-quatre jours. Venant compliquer les choses, une opération militaire menée en avril 1980 pour sauver les otages se termina par un fiasco. Sur les huit hélicoptères envoyés, trois tombèrent en panne, et la mission fut annulée. Mais, alors que les avions de transport évacuaient la zone, l’un d’entre eux entra en collision avec l’un des hélicoptères, causant la mort de huit soldats américains dans le désert iranien.
Tous les jours, par les nouvelles du soir, les Américains suivaient le sort de leurs diplomates. Cette crise des otages prit rapidement la dimension d’un traumatisme national qui facilita la victoire de Ronald Reagan sur M. Carter à l’élection présidentielle de novembre 1980. Qu’un pays en développement du Proche-Orient inflige aux Etats-Unis une telle humiliation était chose rare. Une indignation réciproque monta alors. Le conflit géopolitique, qui s’annonçait déjà pendant les dernières années du règne du chah, acquit une forte dimension émotionnelle.
Après la révolution, l’Iran s’opposa ouvertement aux Etats-Unis sans pour autant rejoindre le camp soviétique. Le régime de Khomeiny partageait l’ambition du chah de faire du pays un leader régional. Mais il voulait parvenir à cet objectif en se servant de l’islam politique pour s’assurer un soutien populaire dans le monde musulman. S’opposant à une alliance avec les Etats-Unis ou Israël, Téhéran se plaçait sur une trajectoire directe de collision avec Washington.
Le gouvernement Reagan chercha à vaincre et à punir les révolutionnaires iraniens. Lorsque Saddam Hussein envahit l’Iran en septembre 1980, aucune larme ne fut versée à Washington. Aujourd’hui encore, de nombreux dirigeants iraniens pensent que le président irakien a attaqué l’Iran sur ordre de la Maison Blanche. Sans aller jusque-là, c’est un fait que Washington a soutenu Hussein, qui s’approvisionnait en armes auprès de la Russie et de la France. Cet appui s’est intensifié au fil des années. En 1986, non seulement les Etats-Unis fournissaient aux Irakiens des renseignements de première importance, mais des documents de la CIA récemment divulgués prouvent que Washington savait pertinemment que Hussein utilisait des armes chimiques. Pour de nombreux Iraniens, la faute commise par les Américains en soutenant la campagne militaire irakienne est plus lourde encore que le coup d’Etat de 1953, ne serait-ce que parce que ce conflit a coûté environ un million de morts à leur pays (contre trois cent mille pour l’Irak). Les tensions entre Washington et Téhéran sont vite devenues un facteur d’instabilité, même si l’Irangate montra que ces relations étaient plus ambiguës qu’il n’y paraissait (lire « Le scandale de l’Irangate »). La région tout entière, du Liban au Golfe, devint l’échiquier sur lequel se jouait leur rivalité.
Il y eut aussi des moments où les relations entre les deux pays auraient pu emprunter une autre trajectoire. Après la fin de la guerre Irak-Iran, en 1988, et la mort de l’ayatollah Khomeiny l’année suivante, Téhéran s’est retrouvé affaibli, isolé et plus éloigné encore de son objectif de leadership régional qu’au début de la révolution. Dévasté par huit ans de guerre, il n’avait plus d’allié, plus d’argent, et les investissements étrangers lui faisaient cruellement défaut.
Le président d’alors, le hodjatoleslam Hachémi Rafsandjani, voulait améliorer les relations avec Washington. Il estimait que la création d’une zone d’intérêt économique commun faciliterait une entente politique. De ce fait, en 1994, le premier contrat portant sur le pétrole iranien accordé à une compagnie étrangère depuis la révolution fut pour Conoco, géant américain du pétrole. Le symbole ne pouvait pas être plus fort.
Rancunes tenaces
Mais les choses ne se passèrent pas comme prévu. Alors que dans les années 1980 Israël faisait pression sur les Etats-Unis pour qu’ils rétablissent des liens avec Téhéran, Tel-Aviv avait maintenant effectué un virage à cent quatre-vingts degrés ; il les poussait à sanctionner et à isoler l’Iran. Le projet d’accord avec Conoco fut la première victime de ce revirement. Soumis à une forte pression de la part du Congrès américain, le président William Clinton émit deux ordres exécutifs (le 15 mars et le 6 mai 1995), interdisant non seulement le contrat pétrolier avec Conoco, mais aussi tous les échanges commerciaux avec l’Iran, accusé de soutenir le terrorisme.
Le gouvernement Rafsandjani fut abasourdi. Washington avait rejeté la main tendue. Les relations entre les deux pays allaient encore se dégrader. L’année suivante, le Congrès américain vota de nouvelles sanctions contre Téhéran, visant des pays tiers qui investissaient dans le secteur de l’énergie iranien. En dépit de quelques brèves éclaircies à la fin du second mandat de M. Clinton, la méfiance réciproque ne fit que grandir.
Plus tard, lorsque l’administration de M. George W. Bush décida de s’en prendre aux talibans en Afghanistan — régime honni par l’Iran —, Téhéran et Washington engagèrent une vaste concertation politique, militaire et en matière de renseignement. Selon M. James Dobbins, qui fut l’envoyé du président Bush en Afghanistan durant les mois qui suivirent les attaques du 11-Septembre, l’Iran joua un rôle décisif en assurant l’adoption de la nouvelle Constitution après la chute des talibans. A de nombreux égards, Téhéran aida Washington à gagner la paix dans ce pays, espérant que cette aide contribuerait à ouvrir un nouveau chapitre des relations américano-iraniennes.
Mais, alors que la collaboration américano-iranienne avait abouti le 5 décembre 2001 à la signature des accords de Bonn établissant la réunion d’une Assemblée constituante en Afghanistan, le président Bush, six semaines après la signature des accords interafghans, inscrivit l’Iran sur la liste des pays de l’« axe du Mal », aux côtés de l’Irak et de la Corée du Nord, accusés de soutenir le terrorisme et de développer des armes de destruction massive. Cela représentait une trahison aux yeux de Téhéran, et eut pour conséquence d’affaiblir considérablement les partisans de la main tendue aux Etats-Unis. Ceux qui avaient choisi de faire confiance aux Américains le payaient cher.
Pourtant, avant que le président iranien réformiste Mohammad Khatami (1997-2005) quitte ses fonctions, l’Iran accomplit un geste de conciliation sans précédent vis-à-vis de l’administration Bush. En 2003, un an après le discours du président américain sur l’« axe du Mal », Téhéran soumit à Washington un projet de négociation globale par l’intermédiaire de l’ambassadeur de Suisse en Iran. Il proposait de faire la transparence sur son programme nucléaire, de coopérer en Irak, de désarmer le groupe militant libanais Hezbollah et de reconnaître indirectement Israël — tout cela en échange d’une levée des sanctions et d’une reconnaissance de ses intérêts militaires dans la région.
L’administration Bush ne voyait pas l’intérêt de réduire les tensions avec l’Iran. La proposition fut écartée, ce qui renforça la conviction, à Téhéran, que l’objectif ultime de Washington était de renverser le gouvernement iranien et de faire du pays un Etat client sans réel pouvoir. Comme précédemment, le rejet de ce signe de bonne volonté entraîna une perte de confiance et un regain des désaccords, exacerbés par la récurrence des discours belliqueux du président Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013). Cette fois, l’issue fut plus grave encore.
De crainte que l’Iran ne soit la prochaine cible, Téhéran décida de faire payer au maximum aux Etats-Unis leur occupation de l’Irak et leur présence en Afghanistan. Tant qu’ils seraient enlisés dans ces bourbiers, ils ne seraient pas en mesure de viser l’Iran : tel était le raisonnement des décideurs iraniens.
Washington attribue à Téhéran la responsabilité des engins explosifs improvisés qui ont fait des centaines de morts parmi les soldats américains en Irak et en Afghanistan. Ces engins furent utilisés avec efficacité et par la résistance irakienne à l’occupation, et par les talibans. La colère et le ressentiment sont grands au Pentagone, en particulier parmi les hauts fonctionnaires, pour qui l’Iran est responsable de la mort de leurs camarades. Cette colère n’est pas ancienne, contrairement à la rancœur suscitée par la crise des otages ; dans l’esprit des militaires américains, ces plaies ne sont pas refermées.
C’est sur cette toile de fond compliquée et marquée par la souffrance que les Etats-Unis et l’Iran doivent maintenant assumer de bâtir un avenir commun. Si la méfiance est profonde des deux côtés, c’est probablement du côté de l’Iran qu’elle est la plus grande, et ce pour deux raisons simples. Premièrement, des deux parties, l’Iran est la plus vulnérable. Deuxièmement, à supposer que les décideurs des deux pays tirent les leçons du passé et parviennent à dépasser leurs réticences mutuelles, il reste qu’une personne a vécu chacun des moments évoqués précédemment : le Guide suprême Ali Khamenei. Aucun autre dirigeant, d’un côté ou de l’autre, ne porte sur ses épaules un poids aussi lourd que le plus haut dignitaire du régime. Et aucun dirigeant n’éprouve plus de méfiance que lui envers les Américains.
Vers une trêve profitable
Si ce mur de défiance était abattu et qu’un accord sur le nucléaire était signé, les répercussions sur la région pourraient être aussi positives que l’impact de l’animosité américano-irakienne a été négatif. En raison de leur histoire difficile, les deux parties ne pourraient probablement pas devenir des partenaires ou des alliés officiels du jour au lendemain. Mais, comme l’a déclaré récemment M. Ali Chamkhani, le secrétaire du Conseil national de sécurité, les deux Etats « peuvent se comporter de manière à ne pas dépenser leur énergie l’un contre l’autre (4) ». L’Irak et l’Afghanistan ne se trouveraient pas dans une situation aussi désastreuse aujourd’hui si les Etats-Unis et l’Iran étaient parvenus à cette conclusion beaucoup plus tôt.
Bien entendu, une telle trêve ne déboucherait pas sur la résolution de tous les conflits dans la région. Les rivalités géopolitiques entre l’Iran, l’Arabie saoudite et Israël continueront à avoir un effet déstabilisateur. Mais, alors que les tensions entre Washington et Téhéran exacerbent ces conflits, des relations apaisées et constructives contribueraient à les tempérer. Si les deux Etats cessaient de « dépenser leur énergie l’un contre l’autre », on pourrait aussi concevoir qu’ils parviennent à désamorcer la guerre civile en Syrie. Alors que les djihadistes sunnites, l’Organisation de Etat islamique et d’autres acteurs de la mouvance islamiste radicale représentent la plus grande menace non seulement pour la stabilité régionale mais aussi pour les intérêts iraniens et américains dans la région, des impératifs communs pourraient rapprocher Washington et Téhéran. Cela les aiderait à surmonter leur méfiance mutuelle et les inciterait à aller au-delà d’une simple trêve. L’action de concert en Irak entre les deux parties pour, à la fois, pousser au départ l’ancien Premier ministre Nouri Al-Maliki et faire face militairement à l’Organisation de l’Etat islamique démontre que cela est possible.
Ces perspectives ne pourront être creusées que si les deux parties parviennent d’abord à trouver une résolution acceptable de l’impasse sur le nucléaire iranien. Pour le meilleur ou pour le pire, c’est alors que s’ouvrira le prochain chapitre des relations entre les deux pays.
Notes: |
Ndlr : cet article a été rédigé avant l'accord américano-perse (1) Entretien sur les ondes de la National Public Radio, 29 décembre 2014. (2) La dynastie Qadjar régna de 1796 à 1925. (3) Lire Mark Gasiorowski, « Quand la CIA complotait en Iran », Le Monde diplomatique, octobre2000. (4) Financial Times, Londres, 22 décembre 2014. Trita Parsi est Président du Conseil national irano-américain, auteur de l’ouvrage A Single Roll of the Dice : Obama’s Diplomacy with Iran, Yale University Press, New Haven, 2012. |
Source: |
Le Monde diplomatique