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mercredi 25 décembre 2013

Ce sont les entreprises les plus jeunes qui embauchent

Fabien Piliu 

Une étude de l’OCDE indique que la majorité des emplois détruits l’ont été à cause de la réduction des effectifs des entreprises âgées de plus de cinq ans. En revanche, les créations nettes d’emplois ont été le fait des plus jeunes.
Voici une étude que pourrait potasser le gouvernement pendant la trêve des confiseurs, et en particulier Michel Sapin, le ministre du Travail. Publié par l'OCDE tous les deux ans, le Tableau de bord de l'OCDE 2013 Science, technologie et industrie : l'innovation pour la croissance indique que la majorité des emplois détruits entre 2001 et 2011 en France ont été supprimés par des entreprises âgées de plus de cinq ans. En revanche, les créations nettes d'emplois ont été le fait des jeunes et de très jeunes entreprises fondées après 2008.

La France n'est pas un cas isolé

La France n'est absolument pas un cas à part. En effet, les conclusions de cette étude valent pour les dix-huit pays étudiés, à savoir l'Autriche, la Belgique, le Brésil, le Canada, l'Espagne, les Etats-Unis, la Finlande, la Hongrie, l'Italie, le Japon, le Luxembourg, la Nouvelle Zélande, la Norvège, les Pays Bas, le Portugal, le Royaume Uni et la Suède.
Aujourd'hui, dans toute l'OCDE, les jeunes entreprises de moins de 50 salariés représentent 11% de l'emploi mais elles comptent pour 33% des emplois créés sur la décennie et 17% des emplois supprimés.
Le secteur d'appartenance importe assez peu. Selon l'OCDE, les grandes entreprises anciennes de l'industrie et les petites entreprises anciennes des services ont énormément détruit d'emplois. En revanche les créations d'emplois les plus importantes viennent des petites entreprises nouvellement créées dans le secteur des services. 

Un phénomène déjà observé

Les observations de l'OCDE confirment les résultats des travaux de économiste américain Tim Kane réalisés pour la Fondation Kauffman qui finance notamment des programmes de recherche sur l'entrepreneuriat. Dans une étude publiée en septembre 2010 intitulée « The importance of startups in job creation and job destruction », il avait mis en évidence ce phénomène aux Etats-Unis au cours des récentes décennies. Ainsi, entre 1977 et 2005, les start-ups américaines ont en effet créé un peu plus de 3 millions d'emplois alors que les firmes anciennes en ont détruit cinq millions. Tim Kane avait également démontré que les start-ups créaient la quasi-totalité de ces emplois la première année de leur existence et que très rapidement, souvent dans la deuxième année, créations et destructions s'équilibraient dans les starts-ups.

Un défi : financer le développement à risques des très jeunes entreprises

Si ce phénomène devait se vérifier dans les faits, on pourrait donc en déduire que les emplois créés en 2014 le seront par des entreprises qui n'existaient pas l'année dernière. Et qu'il y a donc urgence à soutenir les jeunes entreprises si le gouvernement, et ceux des autres pays étudiés, veut durablement réduire le nombre de demandeurs d'emplois. La partie n'est pas gagnée. " Même avant la récente crise financière, les banques se montraient réticentes à prêter aux petites entreprises innovantes, jugées risquées et dépourvues de garanties. La crise financière a creusé l'écart qui existait au stade initial et à la première phase de développement, dans la mesure où les banques qui prêtaient aux jeunes pousses se sont effondrées et que les sociétés de capital-risque se sont concentrées sur la phase moins risquée de la consolidation ", explique l'OCDE.