Les
tchadiens de guerres en guerres sont devenus les prussiens de
l’Afrique noire. Les alliés préférés de Paris ont fait merveille au
Mali. Ils pratiquent une guerre sans complexe mais non sans cruauté. Au
Mali, ils n’ont pas hésité à affronter des musulmans comme eux, menaçant
leur vision de l’islam et l’unité de leur pays indirectement.
En
Centrafrique, c’est très différent et Paris a commis une très grave
erreur. Se servir de soldats musulmans pour désarmer des milices
musulmanes, c’est les mettre à la merci de la vengeance des populations
chrétiennes ultra majoritaires. Idriss Déby, le président tchadien est
plus important dans la région que François Hollande. Le Tchad, menacé
sur toutes ses frontières (Libye, Soudan, Nigeria et Cameroun) avec Boko
Haram , redoute la poursuite de l'instabilité chez son voisin
méridional, un glacis sur lequel il estime avoir un droit de regard. À
la tête d'un pays qui s'affirme comme la puissance régionale émergente,
le président du Tchad tire depuis longtemps les ficelles
centrafricaines.
Le
Tchad est présent, avec des conseillers, dans les hautes sphères du
pouvoir mais aussi avec 7000 à 15 000 ressortissants à Bangui. De
nombreux centrafricains originaires du nord du pays sont également
désignés comme «Tchadiens». Ces «arabes» sont souvent des commerçants
qui tiennent un large pan de l'économie centrafricaine, ou ce qu'il en
reste. Un tiers des membres des ex-Séléka seraient des Tchadiens. Idriss
Déby affirme en détenir la liste, par groupes et par régions.
Parallèlement, les soldats tchadiens constituent le premier contingent
de la Fomac, avec 650 hommes. «Seul contingent musulman de la force
africaine, le rôle des Tchadiens est important pour garantir la
protection des populations musulmanes», assure une source
officielle française. Accusés de protéger les ex-Séléka, les soldats
tchadiens sont haïs par nombre de centrafricains, majoritairement
chrétiens. Notre stratégie est donc suicidaire et devrait rapidement
retourner la population contre la France.
« Il faut que tous les Tchadiens partent ! On ne veut plus d’eux dans le pays ! Dehors les Tchadiens, traîtres, lâches, chiens
». Dans les rues de Bangui, la capitale centrafricaine, les habitants
ne cachent pas leur hostilité au passage des soldats tchadiens de la
force africaine. Ces soldats sont pourtant membres de la Misca, la
Mission internationale de soutien à la Centrafrique, qui, appuyée par
l’armée française déployée depuis le 7 décembre, a pour but de ramener
l’ordre dans le pays, où les tensions inter religieuses s’accroissent.
Mais les Tchadiens, qui viennent d'un pays majoritairement musulman, ne
sont pas les bienvenus en République centrafricaine. On les accuse
d’exactions et de massacres de chrétiens. On les accuse d'être proches
des Seleka. La France aurait donc mis un loup dans le poulailler pour
désarmer le renard. Pas de quoi rassurer les poules même avec la
présence d’un coq français.
Enfin
tout ça n’inquiète pas trop nos médias tétanisés hier par la découverte
sur facebook d’une devise SS sur un insigne. « Notre honneur s’appelle
fidélité » est une bien belle devise sauf qu’elle a été utilisée par
l’armée d’élite des nazis. En conséquence, on assiste à la mobilisation
de la sphère de la délation, répercutée par les journalistes presque
aussi indignés par cet insigne que par les derniers propos volés de
Dieudonné. La démocratie de la délation des déviants n’a pas la vie
facile et les dénonciateurs bien pensants ne manquent pas de chair
impure à livrer aux inquisiteurs de presse pour allumer les autodafés et
les buchers audiovisuels.
L'état-major
des armées a retiré immédiatement de son site la photo d'un soldat
français déployé en Centrafrique qui arborait cet insigne qualifiant
cette attitude d'"inadmissible" et ne reflétant "en rien la réalité dans
les armées". Le militaire sera "immédiatement suspendu", dès qu'il aura
été identifié, a déclaré à l'AFP le colonel Gilles Jaron, porte-parole
de l'état-major.
On respire en Centrafrique la situation reste sous contrôle…. En tout cas pour l’essentiel.