Les ennemis héréditaires qu'étaient l'Iran et les Etats-Unis ont conclu un accord historique dont les répercussions pour la région et pour le monde entier sont importantes. Marc Vandepitte a étudié la portée de l'accord et les intérêts qu'il dissimule.

Des ennemis jurés devenus des alliés
Le 24 novembre
dernier, les Etats-Unis et l'Iran concluaient un accord historique. En
échange d'une réduction des sanctions, l'Iran va restreindre et laisser
contrôler son programme nucléaire. Le simple fait que les ministres des
Affaires étrangères des deux pays ont voulu se rencontrer ouvertement
était encore impensable il y a quelques mois, et certainement pas au
début de la république islamique.
Ces soixante
dernières années, les relations entre les deux pays ont été
particulièrement tumultueuses. En 1953, voulant prendre le contrôle des
richesses pétrolières iraniennes, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne
aidèrent à renverser le gouvernement élu de Mossadegh. Le shah régna
d'une main d'acier avec l'appui des Etats-Unis. Il dut finalement
abandonner le pouvoir à la révolution islamique en 1979 . Peu après
cette révolution, les Etats-Unis subirent l'assaut de leur ambassade et
la prise en otage de son personnel.
Depuis, l'Iran
et les Etats-Unis sont ennemis jurés. Au début des années '80, quand
l'Irak assaillit au gaz toxique des centaines de milliers d'Iraniens,
notamment originaires des Etats-Unis, la Maison Blanche fit mine de
regarder ailleurs. En 1983 l'armée des Etats-Unis fut chassée du Liban
par un attentat à la bombe meurtrier qui tua 241 marines. Derrière
l'attentat il y avait le Hezbollah, le plus proche allié de l'Iran au
Liban. En 1986 le président Reagan perdit la face à cause du scandale de
l'Irangate. Après le 11 septembre, l'Iran se retrouva sur la liste de
« l'Axe du Mal » (1).
En 2003
l'invasion de l'Irak redistribua les cartes dans la région. Saddam
Hussein, principal adversaire de l'Iran, fut éliminé, et les chiites
parvinrent au pouvoir. L'Irak n'était plus un ennemi héréditaire, mais
un allié. A ce moment, l'Iran avait déjà pas mal d'influence en Syrie,
au Liban ( Hezbollah) et en Palestine (Hamas). A l'inverse, les
Etats-Unis perdirent graduellement leur emprise sur l'Irak. L'hégémonie
régionale pencha en direction de Téhéran.
Ce n'est pas un
hasard si la controverse à propos du programme nucléaire de l'Iran a
commencé à cette période. La question nucléaire était par excellence le
levier de Washington pour restreindre l'influence croissante de l'Iran
et mettre le pays à genoux.
L'Iran n'a
jamais eu - et n'a toujours pas - l'intention de développer une bombe
atomique à court terme (2). Acquérir une arme nucléaire n'est pas un
objectif essentiel pour les dirigeants iraniens. En outre, le pays n'est
pas en état d'y parvenir rapidement. Il ne dispose pas de suffisamment
d'uranium appauvri et n'a pas non plus de missile fiables d'une portée
suffisante, pas plus qu'une force aérienne assez équipée pour pouvoir
atteindre Israël. Si c'était le cas, Israël aurait bombardé les
installations nucléaires depuis longtemps (3).
Le première
résolution des Nations Unies concernant le programme nucléaire de l'Iran
date de juillet 2006. Depuis, Washington a tout fait pour isoler le
pays et le ruiner. En 2003 puis encore en 2009, l'Iran avait présenté
des propositions pour parvenir à un accord avec les Etats-Unis, mais
Washington avait refusé dans les deux cas (4). Finalement ils y sont
tout de même arrivés ...
Ce n'est pas la
première fois que Washington conclut un pacte avec « le diable ».
Roosevelt a collaboré (temporairement) avec Staline pour abattre
l'Allemagne nazie et Nixon, après la défaite au Vietnam, a conclu un
accord avec Mao pour affaiblir l'Union Soviétique.
En
géopolitique, les principes ou l'idéologie ne jouent pas un rôle
important, il s'agit des intérêts purs et durs. C'est le cas ici, une
fois encore. Jetons un œil sur ces intérêts et sur la question de savoir
pourquoi les deux partenaires ont pris un tel virage et pourquoi
maintenant. Nous verrons aussi quels avantages les deux pays tentent de
tirer de cet accord.
Mobiles des Etats-Unis
Commençons par
les Etats-Unis. Cinq facteurs au moins expliquent pourquoi Washington
essayait d'avoir un accord et une collaboration avec Téhéran.
Surexploitation
Le premier
gouvernement Bush était un vrai cabinet de guerre (5). Il voulait faire
plier des pays indisciplinés du Moyen-Orient et d'Afrique. Après le 11
septembre l'objectif des cinq années à venir était, après la conquête de
l'Afghanistan, « de détruire » sept autres gouvernements : l'Irak, la
Syrie, le Liban, la Libye, la Somalie, le Soudan en l'Iran. Mais
l'Afghanistan et l'Irak débouchèrent sur un fiasco militaire. En outre
ils furent une vraie catastrophe économique. A eux deux ils ont coûté
plus du double de la guerre contre le Vietnam (6).
La guerre
contre le terrorisme, ce fut manifestement un pont trop loin pour les
Etats-Unis. La désillusion fut immense et Obama fut élu avec la promesse
de se retirer d'Irak et d'Afghanistan. Dans le même contexte, une
attaque militaire contre la Syrie fut finalement annulée (7).
Moins d'intérêt pour le Moyen-Orient
Jusqu'à très
récemment le Moyen-Orient avait une importance vitale pour
l'approvisionnement pétrolier des Etats-Unis. Mais c'est de moins en
moins le cas, grâce au développement propre du gaz de schiste et des
sables bitumineux, ainsi qu'à l'exploitation des grandes réserves de
pétrole au Canada. Les Etats-Unis sont actuellement le producteur de
pétrole et de gaz ayant la plus forte croissance au monde. L'importation
de pétrole moyen-oriental va diminuer de près de 40 % entre 2011 et
2017. Vers 2020, ils seront exportateurs nets de gaz naturel (8).
Focus sur la Chine
En 1992, un an
après la chute de l'Union Soviétique, le Pentagone déclarait : « Notre
premier objectif est d'empêcher qu'un nouveau rival n'apparaisse sur la
scène mondiale. Nous devons détourner les concurrents potentiels même de
simplement chercher à jouer un rôle plus important au niveau
régional ou mondial ». C'est la doctrine qui a été maintenue, quel que
soit le président (9).
Aujourd'hui,
cela fait penser en premier lieu à la Chine. Pour Hillary Clinton,
l'attention stratégique des USA devait se déplacer vers l'Océan
Pacifique : “L'avenir de la politique se décidera en Asie, pas en
Afghanistan ou en Irak. Et les Etats-Unis se trouveront exactement au
centre de l'action”. Dans un débat télévisé avec Romney, Obama était
déjà plus explicite, il qualifiait la Chine d'adversaire (10).
Ce ne sont pas
simplement des mots. Tout autour de la Chine, les USA ont des troupes,
des bases militaires, des points d'appui ou des centres d'entraînement
dans 17 pays ou territoires maritimes : Tadjikistan, Kirghizie,
Afghanistan, Pakistan, Mer d'Arabie, Océan Indien, Détroit de Malacca,
Australie, Philippines, Océan Pacifique, Taïwan, Corée du Sud, Inde,
Bangladesh, Sri Lanka, Népal et Malaisie. De nouvelles bases sont
prévues en Thaïlande, au Vietnam et aux Philippines. Il existe une
collaboration militaire avec la Mongolie, l'Ouzbékistan, l'Indonésie et
récemment aussi avec la Birmanie. D'ici 2020, 60% de la flotte sera
stationnée dans la région. Si l'on examine une carte il n'est pas
exagéré de poser que la Chine est militairement encerclée (11).
Carte
Une radicalisation menaçante
Un quatrième
facteur est la radicalisation des djihadistes sunnites dans la région.
En Syrie, des milices extrémistes ont pris la main et les Etats-Unis ont
très peu de prise sur elles (12). En Irak, 5.000 personnes ont déjà été
assassinées par Al-Qaida rien que les 6 premiers mois de l'année. Au
Liban aussi, la situation risque de devenir incontrôlable(13).
Dans le passé,
le Pentagone a déjà souvent collaboré étroitement avec des groupes
islamiques extrémistes. Ce fut le cas en Afghanistan dans les années
'80, en Bosnie dans les années '90, un peu plus tard au Kossovo et
récemment en Libye et en Syrie. Mais cela à condition que les Etats-Unis
gardent l'avantage. Washington veut bien aider à faire tomber le
gouvernement pro-iranien au Liban et en Syrie, mais pas pour renforcer
les djihadistes transnationaux, encore moins pour se faire taper sur les
doigt par les émirats fondamentalistes. La Jordanie devrait suivre
rapidement, et dans ce cas Israël serait entouré de régimes extrémistes.
C'est un scénario de cauchemar (14). Aux yeux de Washington, les
extrémistes sunnites sont devenus un facteur trop peu contrôlé et donc
risqué dans la région.
Des alliés régionaux
Un cinquième
facteur concerne les alliés régionaux des Etats-Unis. Après le
« printemps arabe », un certain nombre de régimes autocratiques de la
région sont devenus des partenaires douteux ou affaiblis. C'est le cas
en premier lieu de l'Egypte, mais aussi du Yémen, de la Jordanie, de
Bahrein et de la Tunisie. Cela vaut également pour l'Arabie Saoudite,
qui en outre se trouve devant un délicat passage de générations (15).
Washington
avait espéré que le Pakistan serait un appui important pour contrôler la
situation en Afghanistan après le départ de la majorité des troupes.
Mais la guerre a fortement affaibli le Pakistan et le pays doit aussi
encaisser une forte déstabilisation intérieure à cause des djihadistes
(16).
Ensuite il y a
l'Afghanistan et l'Irak. Dans ces deux pays, des régimes partisans des
USA ont été mis en selle. Mais il apparaît qu'ils ne sont pas aussi
dociles qu'espéré. Ils suivent de plus en plus leur propre cap,
indépendamment de la Maison Blanche et parfois carrément contre elle.
C'est ainsi que l'Irak a refusé d'ouvrir son espace aérien aux
Etats-Unis pour bombarder l a Syrie tandis que les Iraniens peuvent s'en
servir tranquillement pour assister l'armée syrienne (17).
Avantages pour les Etats-Unis
C'est la
conjonction de ces cinq facteurs qui explique pourquoi les USA ont
cherché un rapprochement avec l'Iran. Ils ne sont plus en mesure de
dominer unilatéralement le monde entier ni de choisir et de contrôler
leurs alliés à la carte. Doser et équilibrer, voilà le message. Zbigniew
Brzezinski, super-conseiller de différents présidents des Etats-Unis et
chef d'orchestre de la politique étrangère de Washington en ce moment,
l'exprime en ces termes : « La nouvelle réalité c'est qu'aucune grande
puissance n'est en mesure de « dominer » l'Eurasie et donc de
« commander » le monde. Le rôle de l'Amérique, en particulier après
avoir perdu vingt années, doit maintenant être plus subtil et jouer
davantage sur les nouveaux rapports de force en Eurasie » (18).
Grâce à
l'accord conclu avec l'Iran, Washington obtient davantage d'espace
(militaire) pour se concentrer sur d'autres régions, en particulier sur
la région de l'Océan Pacifique (19). Ce n'est pas que les USA veuillent
se retirer de la région, mais ils ne veulent pas conserver une trop
forte empreinte militaire, qui serait inutile et les empêcherait
d'atteindre d'autres objectifs prioritaires (20).
Une
collaboration avec l'Iran leur permettra mieux de maîtriser la situation
en Syrie, en particulier la menace djihadiste. Cela vaut également pour
la situation en Afghanistan après le retrait d'une grande partie des
soldats US en 2014 (21). Le soutien de Téhéran est également
indispensable pour améliorer la situation en Irak, au Liban t en
Palestine (22). Enfin la collaboration avec l'Iran fera diminuer
l'influence de la Russie dans la région après le 11 septembre. C'est
toujours ça de gagné pour Washington (23).
Ce ne serait
pas la première fois que Téhéran et Washington collaborent pour contrer
des djihadistes extrémistes. C'est déjà arrivé en Irak et en
Afghanistan, respectivement contre Al Qaïda et les Talibans. Mais il
s'agissait à chaque fois d'une collaboration tactique qui ne changeait
rien à l'attitude globalement hostile entre eux et n'avait pas d'impact
sur les alliances des Etats-Unis dans la région. Cette fois-ci nous
avons à faire avec une collaboration stratégique qui redistribue les cartes au Moyen-Orient (24).
Par cette
approche les Etats-Unis cherchent un équilibre stratégique entre Chiites
et Sunnites. Aucun des deux camps ne peut devenir assez puissant que
pour avoir le dessus. Un islam divisé dont les pôles assurent
l'équilibre et se neutralisent jouent parfaitement le jeu d'Israël et
des Etats-Unis. C'est la stratégie « diviser pour régner », qui a si
bien fait ses preuves (25).
Avantages pour l'Iran
L'invasion de
l'Irak n'a pas seulement été une défaite pour les Etats-Unis, elle a
fait basculer les rapports de force régionaux au profit de Téhéran.
L'Irak, principal pays chiite après l'Iran, est tombé dans la sphère
d'influence de Téhéran. La Syrie et le Liban se trouvaient déjà dans
cette sphère, et à Gaza aussi Téhéran faisait valoir son influence via
le Hamas. Le pays s'est développé en grande puissance régionale. Le
Président Ahmadinejad (2005-2013) a mené une politique étrangère
radicale et assurée (26).
Trois facteurs sapent cette position renforcée : la guerre en Syrie, la situation en Irak et les sanctions économiques.
La guerre en Syrie
La Syrie est la
ligne de front de la lutte sunno-chiite au sein de l'islam, avec en
gros d'un côté l'Iran perse et de l'autre les sunnites des pays arabes
et de Turquie. A cet égard il est évident que l'Iran fait tout pour
maintenir en place le règne d'Assad. Mais cette guerre coûte cher à ce
pays qui ploie sous l'embargo économique, un montant qu'on évalue à
environ 9 milliards de dollars par an (27).
En outre, la
guerre civile en Syrie évolue dans une direction fâcheuse. Tolérés ou
soutenus par les états du Golfe et la Turquie, les djihadistes radicaux
ont rapidement pris l'avantage au sein des milices. La Syrie est devenue
un vivier de combattants islamiques sunnites ultra-radicaux bien
entraînés et bien organisés. Ceci est extrêmement alarmant pour Téhéran,
d'autant plus que ce foyer extrémiste menace de s'étendre vers le Liban
(28).
Le chaos en Irak
En Irak, la
situation évolue défavorablement pour Téhéran. Lentement mais sûrement,
le pays tombe en morceaux, et le premier Ministre chiite Maliki n'a plus
guère de contrôle sur son pays. Au nord, le Kurdistan est
semi-indépendant. Dans beaucoup de villes au centre du pays l'armée
s'est retirée et les sunnites radicaux font la loi. Dans son combat
contre al Qaïda, Maliki a conclu une alliance avec les chefs de clans
les plus sunnites, mais ceux-ci viennent de renoncer à cette alliance.
Le gouvernement central n'a plus la maîtrise totale que dans le sud
chiite (29).
La forte sphère
d'influence sur laquelle avait tablé Téhéran n'est finalement pas
arrivée. Avec la guerre en Syrie et la montée de djihadistes radicaux en
Irak, au contraire l'Iran est sur la défensive. Depuis 2003 le pays est
encerclé par des troupes US ou des djihadistes radicaux.
Carte (30)
Les sanctions économiques
Depuis 2006 les
Etats-Unis et l'Union Européenne ont resserré peu à peu l'embargo
contre l'Iran. Cet embargo ne concerne pas seulement le commerce mais
aussi les investissements étrangers et les tentatives des Etats-Unis
pour exclure l'Iran du système bancaire international (31).
Les
répercussions sont catastrophiques. Les sanctions sont
devenues douloureuses surtout ces deux dernières années. L'inflation est
de 40 % sur une base annuelle et le chômage des jeunes s'élève à 28 %.
Depuis 2005 la pauvreté est passée de 22 à 40 %. En ce moment les
revenus pétroliers sont inférieurs de 60 % à ce qu'ils étaient en 2005.
La valeur du rial a diminué de 70 % et rien qu'en 2012les réserves
extérieures passaient de 110 à 70 milliards de dollars. En 2012 le pnb a
baissé de 5,4 % (32).
A terme cela
n'est pas tenable économiquement, mais en plus cela sape la stabilité
politique. L'insatisfaction de la population augmente. Selon un sondage
de fin 2012, 48 % des personnes indiquaient que les sanctions touchaient
sérieusement leur vie personnelle et pour 35 autres % c'était moins le
cas (33).
Ce sont surtout
les revenus moyens (34), soit environ la moitié de la population, qui
en ont assez de la faiblesse de l'économie et du monopole de pouvoir de
la cléricature conservatrice. En Egypte, en Turquie et au Brésil, c'est
la révolte des revenus moyens qui a fait trembler sur ses bases
l'establishment politique. Cela n'aura pas échappé aux autorités
iraniennes (35).
Après les
élections de 2009 il y a eu des vagues de protestations. C'est ce qu'on a
voulu éviter lors des dernières élections de juin. Le fait que 51 % de
la population a voté pour l'actuel président Rouhani, alors qu'il
n'était pas le candidat préférentiel de l'Ayatollah Khamenei, le plus
haut dirigeant religieux, est très significatif. La direction du pays a
compris ce signal et a donné le feu vert aux pourparlers avec les
Etats-Unis (36).
Sauver les meubles
Reprenons point
par point les éléments iraniens. Après l'invasion en Irak les rapports
de force régionaux étaient assez favorables pour le pays. Mais la
combinaison de la guerre en Syrie, la situation instable en Irak et les
sanctions économiques aggravées, les mirent en péril. Téhéran se rendit
compte qu'il n'était pas assez fort, dans les circonstances du moment,
pour endosser le rôle de grande puissance régionale. Il était donc temps
d'abandonner la politique étrangère radicale et de s'asseoir à la table
des négociations, d'autant plus que les Etats-Unis également voulaient
réduire leur empreinte militaire dans la région (37).
Début septembre
Obama voulait bombarder la Syrie. Son intention n'était pas d'éliminer
le président Assad mais bien de l'affaiblir et de freiner l'offensive de
l'armée syrienne. En concluant un accord avec les Etats-Unis, Téhéran a
pu éviter ce scénario désavantageux (38).
Grâce à
l'accord Téhéran peut aussi consolider sa position en Irak, et la
position de son allié syrien s'en trouve renforcée. L'Iran est reconnu
de fait comme la grande puissance régionale légitime et il renforce sa
position vis-à-vis de la Russie et de la Turquie (39).
L'amélioration
des relations avec l'Occident va revivifier l'économie. De nouveaux
investissements étrangers étaient urgents pour moderniser l'appareil de
production, et ils vont sans doute arriver rapidement. La diminution des
sanctions sera aussi rapidement sensible pour les budgets des Iraniens,
ce qui donnera plus de légitimité au gouvernement (40).
Conclusion
L'accord que
concluent les deux pays est provisoire et il a une portée limitée. Mais
si les deux partenaires en respectent les clauses, cet accord débouchera
dans les six mois sur un grand accord de coopération. Et cela pourrait
certainement avoir pour effet un séisme dans tout le Moyen-Orient.
Traduit depuis le néerlandais par Anne Meert pour Investig’Action
Notes
2 C'est la conclusion des différents services de renseignement des USA en 2012.
http://articles.latimes.com/2012/feb/23/world/la-fg-iran-intel-20120224
. Des officiers supérieurs de tous les grands services de renseignement
étatsuniens ont déclaré qu'il n'y a pas de preuve formelle que depuis
2003 l'Iran a fait des essais pour produire des armes nucléaires.
3 Pas l'intention : [1]http://www.stratfor.com/weekly/israelis-saudis-and-iranian-agreement
4 [1]http://www.ft.com/intl/cms/s/0/a5612aca-1f91-11e3-aa36-00144feab7de.html?siteedition=intl#axzz2kKktrQIj http://www.stratfor.com/analysis/us-iran-why-they-will-now-likely-negotiate.
5 Le
vice-président Dick Cheney, en tant que ministre de la Défense, fut
politiquement responsable de l'invasion du Panama (1989) et de
l'opération ‘Desert Storm’ en Irak (1991).
Le ministre des Affaires Etrangères Colin Powell : ancien chef d'état major de l'armée e.a. pendant l'opération ‘Desert Storm’.
Le ministre de
la Défense Donald Rumsfeld : ancien pilote, était auparavant déjà
ministre de la Défense et ambassadeur auprès de l'OTAN ; sous Reagan il
supprima le mot « détente » (entre les USA et l'URSS) du vocabulaire
officiel.
Le secrétaire
adjoint à la Défense Paul Wolfowitz : travailla comme conseiller au
Pentagone et aida à créer le « Central Command », épine dorsale des
forces armées pendant la Guerre du Golfe ; il a lancé la théorie des
faucons de l'unipolarité, càd qu'après la chute de l'URSS les USA
doivent dominer le monde ; il enseigna au National War College.
Richard
Armitage, assistant du secrétaire d'État : a fait carrière au Pentagone
et fut négociateur pendant la Guerre du Golfe et en rapport avec une
base militaire aux Philipinnes.
James Kelly, Secrétaire d'Etat adjoint, a servi à la Navy et travaillé au Pentagone.
I. Lewis
Libby : assistant du vice-président Cheney pour les affaires de
sécurité, il travaillait déjà pour le ministère de la Défense, il fut
décoré par la Navy et lança avec Wolfowitz la doctrine de l'unipolarité.
John
Negroponte : ambassadeur auprès des Nations Unies, une des figures-clés
de la guerre sale et secrète contre les Sandinistes au Nicaragua (des
dizaines de milliers de morts, surtout civils).
Richard Perle :
conseiller du ministre de la Défense, membre influent de l'American
Free Entreprise Institute, un Think Tank ultra-conservateur ; membre
d'un groupe de travail étudiant comment les technologies de pointe
peuvent améliorer la productivité de l'armée ; auteur de « Hard Line ».
Source : Vandepitte M., ‘Irak : Startschot voor de Derde Wereldoorlog’, Brussel 2003, p.71-2.
8 Moyen-Orient : http://www.stratfor.com/weekly/saudi-nightmares
la plus forte croissance : http://www.ft.com/intl/cms/s/0/3fa97bf8-1dce-11e2-8e1d-00144feabdc0.html
exportateurs nets : http://www.stratfor.com/geopolitical-diary/looking-signs-us-energy-revolution
Adversaire : http://thecable.foreignpolicy.com/posts/2012/10/22/obama_contradicts_clinton_calls_china_an_adversary
11 Inde : http://www.bbc.co.uk/news/world-asia-india-17229395 ; http://www.washingtonpost.com/world/national-security/a-new-us-military-strategy-old-bases-near-the-south-china-sea/2012/06/22/gJQAZwf5vV_graphic.html ; http://www.economist.com/node/5165669?story_id=E1_VTGVGG .
Indonésie : http://www.thejakartapost.com/news/2013/06/05/ri-us-hold-joint-exercises-involving-1800-personnel.html
60% de la flotte : http://www.globalpost.com/dispatch/news/regions/asia-pacific/120602/leon-panetta-us-navy-asia-2020
12 Au
sein des groupes rebelles, les djihadistes sont devenus majoritaires.
L'armée Syrienne Libre, qui est laïque, compte 50.000 combattants. Les
djihadistes ont 54.000 à 69.000 combattants, largement étrangers au
pays. La milice la plus « efficace » est celle signée Al Qaïda, avec
Jabhat al-Nusra et ses 7.000 combattants. Chez les djihadistes la
répartition est la suivante : le Front Syrien de Libération compte
37.000 combattants, le Front syrien Islamique 10 à 25.000 et Jabhat
al-Nusra 7.000.
http://www.policymic.com/articles/42317/who-are-the-syrian-rebels-a-basic-intelligence-briefing-on-the-assad-resistance ; http://www.bbc.co.uk/news/world-middle-east-15798218 ; http://www.economist.com/news/middle-east-and-africa/21582037-one-islamist-rebel-group-seems-have-overtaken-all-others-competition-among ; http://www.ft.com/intl/cms/s/0/ce19f802-6c5e-11e2-b774-00144feab49a.html?siteedition=intl#axzz2KIkH3LkW ; http://www.economist.com/news/middle-east-and-africa/21578057-more-decent-rebel-groups-are-being-squeezed-between-regimes-forces-and .
13 Liban : idem lien
15 : partenaires douteux : http://www.stratfor.com/analysis/next-steps-us-iran-deal
Arabie Saoudite : http://www.stratfor.com/analysis/saudi-arabias-new-strategic-paradigm
les Iraniens : http://www.reuters.com/article/2012/09/19/us-syria-crisis-iran-iraq-idUSBRE88I17B20120919
18 Brzezinski Z., ‘Strategic Vision. America and the Crisis of Global Power’, New York 2012, p. 131.
choisir leurs alliés : http://www.economist.com/news/briefing/21590958-deal-between-america-and-iran-would-have-big-repercussions-shifting-sands
19 espace militaire : http://www.stratfor.com/analysis/russia-warily-eyes-us-iran-deal
Dans les autres
continents aussi les activités militaires sont accrues. Les USA
auraient plus de 700 bases militaires ou installations à l'étranger. En
Amérique du Sud, après 60 ans, ils rendaient à nouveau opérationnelle la
Quatrième Flotte. La CIA fut directement ou indirectement partie
prenante des coups d'état au Vénézuéla (2002) et au Honduras (2009). En
2009 le Pentagone créait Africom, un nouveau commando militaire
coordonnant toutes les opérations sur le continent africain. Africom est
maintenant actif dans 49 des 54 pays africains et les USA ont des bases
militaires ou des installations permanentes dans au moins 10 pays. La
militarisation des USA sur ce continent augmente durablement.
http://www.globalsecurity.org/org/news/2004/041101-iraq-basing.htm ; http://www.rense.com/general88/usnato.htm ; http://globalresearch.ca/index.php?context=va& ;aid=27607 ; http://www.alternet.org/print/world/huge-growth-us-military-ops-africa .
20 empreinte militaire : http://www.stratfor.com/video/conversation-state-negotiations-iran
21 Le reste des troupes US y resteront au moins jusque 2024 : http://www.stratfor.com/geopolitical-diary/irans-geopolitical-priorities-south-asia
22 http://web2.thenation.fayze2.com/article/176476/time-detente-iran# http://www.ft.com/intl/cms/s/0/a5612aca-1f91-11e3-aa36-00144feab7de.html?siteedition=intl#axzz2kKktrQIj
25 http://www.stratfor.com/weekly/israelis-saudis-and-iranian-agreement http://www.stratfor.com/weekly/saudi-nightmares
31 système bancaire : http://www.ft.com/intl/cms/s/0/60bc96c2-56a3-11e3-8cca-00144feabdc0.html
32 2012 : répercussions catastrophiques : http://www.ft.com/intl/cms/s/0/3f6cfe9c-5696-11e3-ab12-00144feabdc0.html#axzz2lrGDffqR
revenus pétroliers : http://en.wikipedia.org/wiki/Petrol...;; http://www.businessweek.com/articles/2013-11-25/how-much-more-oil-does-iran-get-to-sell
Pour un revenu moyen on prend généralement un revenu d'au moins 12 dollar par jour : http://www.pewglobal.org/2009/02/12/the-global-middle-class/.
35 moitié de la population : http://articles.washingtonpost.com/2013-02-24/world/37276031_1_middle-class-nuclear-program-oil-sector .
révolte des revenus moyens : http://www.economist.com/news/leaders/21580143-wave-anger-sweeping-cities-world-politicians-beware-march-protest
36 candidat préférentiel : http://www.uitpers.be/index.php/midden-oosten/423-schaken-met-iran
37 pas assez fort : http://www.stratfor.com/analysis/chronology-geopolitics-nuclear-deal-iran
il était donc temps : http://www.stratfor.com/analysis/next-steps-us-iran-deal
38 [1] http ://www.dewereldmorgen.be/artikels/2013/09/09/acht-goede-redenen-om-syrie-niet-te-bombarderen
39 puissance régionale légitime : http://www.ft.com/intl/cms/s/0/9830b1da-5368-11e3-9250-00144feabdc0.html?siteedition=intl#axzz2lr9wsIZg
Russie et Turquie : http://www.stratfor.com/weekly/israels-new-strategic-position
40 investissements étrangers : http://www.stratfor.com/video/conversation-state-negotiations-iran