Jean-François Touzé
Membre du Bureau politique du Parti de la France
Contrairement
à ce qu’il est de bon ton d'affirmer, l'affaire Macron/Benalla sur les
péripéties quotidiennes de laquelle il n'est pas utile de revenir ici,
ne constitue pas, factuellement et par elle-même, une affaire de
première importance. Elle est, en revanche et à coup sûr, sinon une
affaire d'État (pour cela il faudrait qu'il y en ait un), une affaire de
régime. Une de plus.
Au-delà
de l’étrange personnalité du principal protagoniste, de sa proximité
avec Emmanuel Macron et de la protection qui en découlait, cette affaire
resterait subalterne si elle ne confirmait pas ce que nous savions de
la Cinquième République, ce que nous pressentions de celui qui en est
aujourd'hui le Président, et ce que nous ne cessons d'affirmer de la
piteuse condition de la classe politique française.
Conçue
dans l'imposture et le mensonge, entrée en pratique dans la trahison et
l'illusion, pérennisée dans l'aveuglement, la lâcheté, la
procrastination et les scandales, cette Cinquième République a, depuis
soixante ans, opéré une triple confiscation. Confiscation de la
souveraineté populaire par une caste tentaculaire. Confiscation de
L’État par une oligarchie consanguine. Confiscation de nos libertés par
des institutions bancales mais totalitaires.
Élu
par défaut sur la base de promesses de renouveau n'engageant que ceux
qui voulaient les entendre, Emmanuel Macron qui prétendait à la fois
incarner l’autorité gaullienne de la fonction et la proximité
« moderne » avec les Français ne pouvait que s’épuiser rapidement dans
cette recherche de l'impossible, à la manière d’un caméléon parcourant
en tous sens un tissu écossais. Instabilité personnelle et fragilité
sont depuis le début de ce quinquennat la marque d'une présidence
hasardeuse, brouillonne et incertaine. Une grille de lecture qui met en
lumière la faiblesse clinique et la puérilité politique d’un Président
immature et paranoïaque que le besoin d’être rassuré conduit à jeter les
bases d'une police parallèle et à resserrer toujours au plus près son
réseau de fidèles dont faisait partie Alexandre Benalla, Rastignacaille
ébroïcienne issue de la « diversité », éblouie par les lumières du
Palais et enivrée de sa trop rapide ascension assurée par la grâce du
Prince, apparemment friand de petites frappes.
Spectacle
pathétique, enfin, que celui donné une fois de plus par la classe
politique, majorité comme opposition, dans l’agitation et l’emballement
de la chaleur estivale. De commission d’enquête pittoresque à
l’Assemblée nationale, en dépôts de deux motions de censure
folkloriques, en passant par la respectueuse frilosité des questions
posées à la hiérarchie élyséenne et ministérielle contrairement à
celles, bien plus inquisitrices, posées aux responsables policiers, la
nomenklatura, par sa prudence et sa servilité d'une part, son agitation
artificielle et stérile de l'autre, consolide ainsi l’opinion de nos
compatriotes sur sa déconnexion d’avec la réalité des factions
partisanes.
Il
faut en finir avec cette Ve République, ses pratiques, ses méthodes,
ses mystifications. Et d'abord en refusant de composer avec elle.
Pour
le Parti de la France dont l'honneur est la constance de son combat, la
fierté, son refus du Système et la force, sa cohérence politique, seule
la fin de ce régime dépravé permettra à la France de se relever, dans
ses forces reconstituées, ses libertés retrouvées et son identité
reconquise.
Objectif : l’État national.