Il est grand temps que le projet de loi sur les « fake news »
retourne à l’Assemblée nationale pour être voté à une majorité
écrasante, le Sénat l’ayant rejeté massivement la semaine dernière. Un
projet de loi, d’ailleurs, qui, à l’évidence, manque sacrément
d’ambition puisqu’il ne vise que les périodes préélectorales et
électorales. Franchement, il aurait fallu aller plus loin, bien plus
loin. Mais peut-être s’agit-il d’une première étape selon cette
stratégie de la pédagogie si chère à Emmanuel Macron, qui prend les
Français pour des benêts.
Et pourquoi aller plus loin, ça va pas, la tête ? Le soleil ou le rosé de Provence a cogné trop fort par chez vous ? Non, mais c’est la lecture du Journal du dimanche de ce jour qui m’a conduit à cette radicalisation subite. Le JDD ? Un journal sérieux, pourtant. Pas le genre « fake news ». Qu’ont-ils donc révélé : Marlène Schiappa rentre chez les trappistines, Christophe Castaner renonce à sa carrière de comique international ? Pas du tout. On aurait proposé un secrétariat d’État à Jamel Debbouze. Mais vous n’y êtes pas du tout, mon bon monsieur, ce n’est pas une « fake news », c’est pour de vrai. Ah bon ! Au temps pour moi. Alors, je retire tout ce que j’ai dit sur la loi anti-« fake news ». Le comédien a en effet confié qu’il avait « récemment décliné un poste de secrétaire d’État ». Donc, s’il a décliné, c’est qu’on le lui a proposé. Logique. Alors, qui lui a offert un maroquin : le roi du Maroc – notre comique est franco-marocain, ce qui est bien pratique – ou Emmanuel Macron, qui n’en peut plus des mâles blancs ? « Récemment » ? Une récidive, donc, car ce n’est pas la première fois qu’on lui aurait proposé un portefeuille. À l’automne 2017, déjà, la presse en avait parlé. Ça confinerait donc au harcèlement, à l’obsession. L’artiste ne veut pas en dire plus : « Si je vous en dis plus, on ne retiendra que ça. » Donc, mystère et boule de gomme. On ne saura pas pour quel poste : la Culture nous vient immédiatement à l’esprit. Mais pourquoi pas du côté de la Défense, histoire de faire un clin d’œil au film Indigènes ? Pour alimenter le buzz de l’été, quoi de mieux qu’un feuilleton : regardez l’affaire Benalla. C’est quand même autre chose que les éternels marronniers : les francs-maçons, le secret des pyramides ou l’endroit où l’on vit et meurt le mieux en France.
Au fond, Jamel Debbouze, c’est Numérobis, l’architecte des baraques bancales. Rien à voir avec Abraracourcix, ce frimeur et fanfaron de Gaulois qui fait partout courir le bruit dans le village que César aurait pu le nommer sénateur. « Moi, tu me connais, Mimine, je ne cours pas après les honneurs… » Jamel court plutôt après les cachets et, après tout, il a peut-être raison, ça lui réussit pas trop mal, notamment si l’on considère le rapport qualité-prix. Chacun son boulot, donc. Les comiques, c’est fait pour « comiquer », les politiques pour « politiquer ». Lorsque les politiques commencent à « comiquer », c’est là que ça commence à se gâter sérieux. Regardez Castaner : il s’y essaye et c’est une catastrophe. À la réflexion, on se demande si le contraire n’est pas moins grave.
Georges Michel
Source
Et pourquoi aller plus loin, ça va pas, la tête ? Le soleil ou le rosé de Provence a cogné trop fort par chez vous ? Non, mais c’est la lecture du Journal du dimanche de ce jour qui m’a conduit à cette radicalisation subite. Le JDD ? Un journal sérieux, pourtant. Pas le genre « fake news ». Qu’ont-ils donc révélé : Marlène Schiappa rentre chez les trappistines, Christophe Castaner renonce à sa carrière de comique international ? Pas du tout. On aurait proposé un secrétariat d’État à Jamel Debbouze. Mais vous n’y êtes pas du tout, mon bon monsieur, ce n’est pas une « fake news », c’est pour de vrai. Ah bon ! Au temps pour moi. Alors, je retire tout ce que j’ai dit sur la loi anti-« fake news ». Le comédien a en effet confié qu’il avait « récemment décliné un poste de secrétaire d’État ». Donc, s’il a décliné, c’est qu’on le lui a proposé. Logique. Alors, qui lui a offert un maroquin : le roi du Maroc – notre comique est franco-marocain, ce qui est bien pratique – ou Emmanuel Macron, qui n’en peut plus des mâles blancs ? « Récemment » ? Une récidive, donc, car ce n’est pas la première fois qu’on lui aurait proposé un portefeuille. À l’automne 2017, déjà, la presse en avait parlé. Ça confinerait donc au harcèlement, à l’obsession. L’artiste ne veut pas en dire plus : « Si je vous en dis plus, on ne retiendra que ça. » Donc, mystère et boule de gomme. On ne saura pas pour quel poste : la Culture nous vient immédiatement à l’esprit. Mais pourquoi pas du côté de la Défense, histoire de faire un clin d’œil au film Indigènes ? Pour alimenter le buzz de l’été, quoi de mieux qu’un feuilleton : regardez l’affaire Benalla. C’est quand même autre chose que les éternels marronniers : les francs-maçons, le secret des pyramides ou l’endroit où l’on vit et meurt le mieux en France.
Au fond, Jamel Debbouze, c’est Numérobis, l’architecte des baraques bancales. Rien à voir avec Abraracourcix, ce frimeur et fanfaron de Gaulois qui fait partout courir le bruit dans le village que César aurait pu le nommer sénateur. « Moi, tu me connais, Mimine, je ne cours pas après les honneurs… » Jamel court plutôt après les cachets et, après tout, il a peut-être raison, ça lui réussit pas trop mal, notamment si l’on considère le rapport qualité-prix. Chacun son boulot, donc. Les comiques, c’est fait pour « comiquer », les politiques pour « politiquer ». Lorsque les politiques commencent à « comiquer », c’est là que ça commence à se gâter sérieux. Regardez Castaner : il s’y essaye et c’est une catastrophe. À la réflexion, on se demande si le contraire n’est pas moins grave.
Georges Michel
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