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mardi 31 juillet 2018

Souvenons-nous des admirables batailles de 1918

Quels que soient les remous de l’actualité, il est fort regrettable que personne n’ait pensé à célébrer comme il le convenait le centenaire des batailles de l’été 1918 qui virent l’armée française prendre définitivement le dessus sur l’armée allemande en Picardie et en Champagne.

Pendant tout le printemps, le commandant en chef allemand, le général Ludendorff, tente de manière forcenée de percer le front français après avoir reçu le renfort des soldats du front de l’Est libérés par la défection russe et avant l’entrée en guerre des Américains, sans y parvenir : couronnée de succès à ses débuts au point d’approcher à 70 km de Paris, sous les bombes de la Grosse Bertha depuis le 23 mars, l’offensive se heurta à la solidité de l’armée française. Devant cette situation critique, Clemenceau promut Foch.

L’offensive allemande bloquée, c’est l’armée française qui, à partir de juillet 1918, prit l’offensive au travers des admirables batailles de juillet et août. Le 28 septembre, Foch déclenchait l’offensive générale.

Des faits d’armes spectaculaires marquent cette contre-offensive, appelée aussi seconde bataille de la Marne. Le 18 juillet, à Villers-Cotterêts, le général Mangin déboula d’une forêt au petit matin sans prévenir avec 320 chars et une nuée d’avions, mettant en déroute les armées allemandes qui avaient fait une percée vers Épernay. Qui ne reconnaît, dans ce scénario, ce qui advint dans les Ardennes, le 10 mai 1940 ? Mais, cette fois-ci, ce sont les Allemands qui appliquèrent cette méthode et les Français qui, entre-temps, l’avaient oubliée !
Contrairement à ce que beaucoup ont appris à l’école, ce n’est pas l’armée américaine qui a gagné la bataille de 1918. Très peu de ses éléments eurent le temps de monter au front : malgré des faits d’armes courageux (Saint-Mihiel), les troupes américaines, habillées, armées et formées par les Français, pâtirent de leur inexpérience. Leur principale contribution fut de doper le moral des Français, qui savaient qu’ils allaient finir par arriver. Les Anglais étaient, quant à eux, épuisés.
Ce fut donc essentiellement une bataille entre Français et Allemands ; l’armée allemande, n’ayant plus qu’un seul front, était la plus puissante que nous ayons eu à affronter. L’armée française de 1918, forte de l’expérience de quatre ans de guerre, équipée de plus de 2.000 chars Renault FT-17 (contre une cinquantaine chez les Allemands, qui ne croyaient pas à cette arme), fut la plus efficace que nous ayons eue depuis 1815.
Une armée galvanisée par Clemenceau, président du Conseil depuis le 16 novembre 1916, admirablement commandée par Foch, fait « général en chef des armées alliées en France » le 14 avril et maréchal le 7 août.
Cette victoire résulte de la combinaison heureuse d’une défense méthodique organisée par Pétain, qui démultiplie en profondeur les lignes de repli, et de l’esprit offensif de Foch et de ses hommes : Castelnau, Mangin, etc.
Aussi longtemps que Foch vécut, les deux écoles continuèrent à se compléter au sein des armées.

À partir de sa mort en 1929, Pétain, dernier maréchal encore en vie, devint la seule référence. Prévalut alors l’esprit défensif incarné par la ligne Maginot. Les leçons de 1918 oubliées, les partisans d’une offensive (tel le colonel de Gaulle) marginalisés, on sait ce qu’il advint.


Une célébration de ces événements, parmi les plus glorieux de notre histoire, aurait permis de dégonfler, au moins auprès des plus jeunes, certains mythes, en rappelant que les Américains ne jouèrent qu’un rôle d’appoint et que les Français l’emportèrent en partie par leur avance mécanique !

Que la France de Macron refuse de célébrer de tels événements, qui s’en étonnera ? Mais il n’est pas interdit aux Français de s’en souvenir.

Roland Hureaux

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