Depuis plusieurs années, la carence de médecins agite les cerveaux
des responsables de tous niveaux, entraînant des solutions disparates
dont les effets commencent à être analysés. Mais faute de reconnaître
les causes réelles de cette pénurie (excès de normes, contrôles et
règlements chronophages, médecins trop mal payés à cause d’un assureur
d’État accroché à son monopole), les divers expédients censés la pallier
s’avèrent inutiles mais coûteux !
Le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur l’égalité de l’accès aux soins, rendu par le député UDI Philippe Vigier (lui-même fervent adepte de la coercition), est éclairant : « État, agences régionales de santé, collectivités territoriales, assurance maladie ont en effet lancé en ordre dispersé, sans véritable stratégie d’ensemble, des initiatives dont l’articulation est imparfaite et [qui] se sont superposées sans évaluation intermédiaire. » En français vernaculaire : chacun a fait sa tambouille dans son coin… Auditionné fin juin, le ministre de la Santé Agnès Buzyn n’a pas pu dissimuler le simple effet d’aubaine des diverses « primes » à l’installation en zones sous-denses : « C’était un mauvais calcul. Non pas que ce ne soit pas utile, dans certains cas du moins (on aimerait savoir où) mais cela a également créé beaucoup d’aubaine, en attirant notamment des médecins étrangers qui venaient s’installer pour un ou deux ans dans un territoire puis repartaient, empêchant toute fidélisation des patients. » En anglais, cette fois : c’est « take the money and run » !
Il y a aussi les maisons de santé « pluriprofessionnelles » (MSP), ex-pluridisciplinaires au temps où elles excluaient encore les patamédecines des naturopathes, aromatothérapeutes et autres craqueurs d’articulations. Mais, rentabilité oblige, les collectivités qui les ont bâties ont fini par y accueillir n’importe quel « associé », promiscuité qui a découragé beaucoup de candidats médecins. Et ce, même si, dans 12 % des communes considérées en manque, ils auraient eu droit, dans ces MSP, à une majoration d’honoraires (aux frais de la Sécu), contrairement à leurs confrères installés seuls. Discrimination qui n’a apparemment gêné personne, mais montre combien la médecine socialisée est l’obsession des gouvernants.
Et, bien sûr, ces usines à gaz à impact quasi nul « coûtent chaque année près de 225 millions d’euros à la collectivité, alors que la part des installations en zone fragile n’a progressé que de 0,5 point entre 2010 et 2016 », selon le député Vigier. Lequel a, évidemment, la bonne solution : « Je pense qu’il faudrait demander à tout jeune médecin, une fois son diplôme obtenu, de rester exercer trois ans en zone sous-dotée dans la région où il a été formé » (La Croix, 1er septembre 2016). Alors là, c’est sûr, ça coûtera moins cher… mais les dix petits pourcents de carabins qui étaient encore tentés par l’exercice libéral le fuiront à toutes jambes !
Outre l’indispensable desserrement du numerus clausus, le professeur d’économie Jacques Garello fournit la solution qui serait mise en œuvre dans un système non socialiste : « Si l’on était sur un marché libre, à prix libres, dans les secteurs où l’offre dépasserait la demande, les prix baisseraient, décourageant l’installation des jeunes médecins ; et dans les secteurs comme à la campagne, où la demande dépasserait l’offre, les prix monteraient, attirant de nouveaux médecins, en particulier pour une première installation : aucun surnombre ni aucune pénurie de médecins. Mais le système actuel ignore le marché, et il n’y a aucune incitation à aller s’installer dans les campagnes, alors qu’en ville on est payé au même tarif et l’on a plus d’avantages : les gardes sont plus faciles, les déplacements sont moins nombreux et moins longs qu’à la campagne. Il est donc normal que, sans régulateur par les prix, un marché ne fonctionne pas, puisque alors il n’y a plus de marché. » Mais nous sommes en France, alors il conclut : « Pourquoi faire simple et vrai quand on a l’habitude de faire compliqué et bureaucratique ? »
Richard Hanlet
Source
Le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur l’égalité de l’accès aux soins, rendu par le député UDI Philippe Vigier (lui-même fervent adepte de la coercition), est éclairant : « État, agences régionales de santé, collectivités territoriales, assurance maladie ont en effet lancé en ordre dispersé, sans véritable stratégie d’ensemble, des initiatives dont l’articulation est imparfaite et [qui] se sont superposées sans évaluation intermédiaire. » En français vernaculaire : chacun a fait sa tambouille dans son coin… Auditionné fin juin, le ministre de la Santé Agnès Buzyn n’a pas pu dissimuler le simple effet d’aubaine des diverses « primes » à l’installation en zones sous-denses : « C’était un mauvais calcul. Non pas que ce ne soit pas utile, dans certains cas du moins (on aimerait savoir où) mais cela a également créé beaucoup d’aubaine, en attirant notamment des médecins étrangers qui venaient s’installer pour un ou deux ans dans un territoire puis repartaient, empêchant toute fidélisation des patients. » En anglais, cette fois : c’est « take the money and run » !
Il y a aussi les maisons de santé « pluriprofessionnelles » (MSP), ex-pluridisciplinaires au temps où elles excluaient encore les patamédecines des naturopathes, aromatothérapeutes et autres craqueurs d’articulations. Mais, rentabilité oblige, les collectivités qui les ont bâties ont fini par y accueillir n’importe quel « associé », promiscuité qui a découragé beaucoup de candidats médecins. Et ce, même si, dans 12 % des communes considérées en manque, ils auraient eu droit, dans ces MSP, à une majoration d’honoraires (aux frais de la Sécu), contrairement à leurs confrères installés seuls. Discrimination qui n’a apparemment gêné personne, mais montre combien la médecine socialisée est l’obsession des gouvernants.
Et, bien sûr, ces usines à gaz à impact quasi nul « coûtent chaque année près de 225 millions d’euros à la collectivité, alors que la part des installations en zone fragile n’a progressé que de 0,5 point entre 2010 et 2016 », selon le député Vigier. Lequel a, évidemment, la bonne solution : « Je pense qu’il faudrait demander à tout jeune médecin, une fois son diplôme obtenu, de rester exercer trois ans en zone sous-dotée dans la région où il a été formé » (La Croix, 1er septembre 2016). Alors là, c’est sûr, ça coûtera moins cher… mais les dix petits pourcents de carabins qui étaient encore tentés par l’exercice libéral le fuiront à toutes jambes !
Outre l’indispensable desserrement du numerus clausus, le professeur d’économie Jacques Garello fournit la solution qui serait mise en œuvre dans un système non socialiste : « Si l’on était sur un marché libre, à prix libres, dans les secteurs où l’offre dépasserait la demande, les prix baisseraient, décourageant l’installation des jeunes médecins ; et dans les secteurs comme à la campagne, où la demande dépasserait l’offre, les prix monteraient, attirant de nouveaux médecins, en particulier pour une première installation : aucun surnombre ni aucune pénurie de médecins. Mais le système actuel ignore le marché, et il n’y a aucune incitation à aller s’installer dans les campagnes, alors qu’en ville on est payé au même tarif et l’on a plus d’avantages : les gardes sont plus faciles, les déplacements sont moins nombreux et moins longs qu’à la campagne. Il est donc normal que, sans régulateur par les prix, un marché ne fonctionne pas, puisque alors il n’y a plus de marché. » Mais nous sommes en France, alors il conclut : « Pourquoi faire simple et vrai quand on a l’habitude de faire compliqué et bureaucratique ? »
Richard Hanlet
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