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mardi 31 juillet 2018

L'équation se complique

Petite hausse du nombre de demandeurs d'emploi, croissance molle : la situation économique est décevante et n'est pas -pour l'instant- à la hauteur des promesses faites par Emmanuel Macron sur l'efficacité de sa politique. La lisibilité fiscale est une condition sine qua non pour que ça aille mieux.

Emmanuel Macron aurait sans doute aimé qu'une pluie de bonnes nouvelles économiques vienne éteindre le départ de feu de l'affaire Benalla. Cela n'a pas été le cas la semaine dernière. Mercredi, les chiffres trimestriels du nombre de demandeurs d'emploi inscrits à Pôle Emploi sont repartis légèrement à la hausse, ce qui s'est révélé décevant - même si le taux de chômage est l'indicateur le plus pertinent, que l'on connaîtra le 14 août.  Vendredi, l'Insee a annoncé une croissance modeste au second trimestre, de 0,2% seulement , bien loin des résultats de la fin 2017. Si les deux courbes sont par définition liées et si des raisons objectives peuvent être apportées (la grève de la SNCF, le climat etc.), ce ne sont pas les seules.

 Pouvoir d'achat

La médiocrité de l'évolution de la consommation des ménages est la conséquence directe de celle du pouvoir d'achat. Il ne fait guère de doute que la hausse de la CSG des retraités et celle des taxes sur les carburants ont pesé. Le gouvernement paie ainsi cash sa stratégie quelque peu illisible sur le calendrier des mesures fiscales. L'opération de bascule des cotisations sociales ne concernait pas tout le monde au début de l'année et il faudra attendre le dernier trimestre -avec la taxe d'habitation- pour que les perdants du premier commencent à récupérer leur mise. Et encore une partie des retraités seront perdants y compris sur trois ans !

Attente de résultats

Une bonne partie des économistes s'attendent à ce que l'économie réaccélère à partir de cet été. Mais avec ce trou d'air, le gouvernement perd davantage que la possibilité de tenir la promesse d'une croissance à 2% en 2018. Il doit remettre l'ouvrage sur le métier et réinvestir sur le créneau de l'efficacité de sa politique. Il y a un an, en choisissant Emmanuel Macron, les électeurs ont mis tout en haut de la pile le critère de l'efficacité, et ont accepté en contrepartie des mesures taboues depuis des dizaines d'années comme la demi-suppression de l'imposition de la fortune. Un choix nécessaire, mais il est logique qu'ils attendent des résultats au-delà du changement (réel) de l'image de la France et du moral retrouvé des milieux économiques.

Infusion des réformes

Chacun pouvait deviner que l'« infusion » des réformes mises en route jusqu'à maintenant prendrait plus que quelques mois et que les péripéties italiennes, les tensions commerciales et la hausse du prix du pétrole auraient des effets négatifs. Mais l'avertissement sur la croissance contraint aujourd'hui le chef de l'Etat à sortir de l'ambiguïté sur plusieurs sujets. Le financement de ses mesures fiscales en est un. La façon dont il compte respecter ses engagements de baisse des déficits publics en est un autre. S'il comptait sur une « cagnotte » pour faire rentrer l'édredon dans la valise sans faire d'économies dans les dépenses, c'est raté ! Le budget 2019 devra être celui de la clarification.

Dominique Seux
 
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