Petite hausse du nombre de demandeurs d'emploi, croissance molle : la situation économique est décevante et n'est pas -pour l'instant- à la hauteur des promesses faites par Emmanuel Macron sur l'efficacité de sa politique. La lisibilité fiscale est une condition sine qua non pour que ça aille mieux.
Emmanuel Macron aurait sans doute aimé qu'une pluie de bonnes nouvelles économiques vienne éteindre le départ de feu de l'affaire Benalla. Cela n'a pas été le cas la semaine dernière. Mercredi, les chiffres trimestriels du nombre de demandeurs d'emploi inscrits à Pôle Emploi sont repartis légèrement à la hausse, ce qui s'est révélé décevant - même si le taux de chômage est l'indicateur le plus pertinent, que l'on connaîtra le 14 août. Vendredi, l'Insee a annoncé une croissance modeste au second trimestre, de 0,2% seulement , bien loin des résultats de la fin 2017. Si les deux courbes sont par définition liées et si des raisons objectives peuvent être apportées (la grève de la SNCF, le climat etc.), ce ne sont pas les seules.Pouvoir d'achat
La médiocrité de l'évolution de la consommation des ménages est la conséquence directe de celle du pouvoir d'achat. Il ne fait guère de doute que la hausse de la CSG des retraités et celle des taxes sur les carburants ont pesé. Le gouvernement paie ainsi cash sa stratégie quelque peu illisible sur le calendrier des mesures fiscales. L'opération de bascule des cotisations sociales ne concernait pas tout le monde au début de l'année et il faudra attendre le dernier trimestre -avec la taxe d'habitation- pour que les perdants du premier commencent à récupérer leur mise. Et encore une partie des retraités seront perdants y compris sur trois ans !
Attente de résultats
Une
bonne partie des économistes s'attendent à ce que l'économie réaccélère
à partir de cet été. Mais avec ce trou d'air, le gouvernement perd
davantage que la possibilité de tenir la promesse d'une croissance à 2%
en 2018. Il doit remettre l'ouvrage sur le métier et réinvestir sur le
créneau de l'efficacité de sa politique. Il y a un an, en choisissant
Emmanuel Macron, les électeurs ont mis tout en haut de la pile le
critère de l'efficacité, et ont accepté en contrepartie des mesures
taboues depuis des dizaines d'années comme la demi-suppression de
l'imposition de la fortune. Un choix nécessaire, mais il est logique
qu'ils attendent des résultats au-delà du changement (réel) de l'image
de la France et du moral retrouvé des milieux économiques.
Infusion des réformes
Chacun
pouvait deviner que l'« infusion » des réformes mises en route jusqu'à
maintenant prendrait plus que quelques mois et que les péripéties
italiennes, les tensions commerciales et la hausse du prix du pétrole
auraient des effets négatifs. Mais l'avertissement sur la croissance
contraint aujourd'hui le chef de l'Etat à sortir de l'ambiguïté sur
plusieurs sujets. Le financement de ses mesures fiscales en est un. La
façon dont il compte respecter ses engagements de baisse des déficits
publics en est un autre. S'il comptait sur une « cagnotte » pour faire
rentrer l'édredon dans la valise sans faire d'économies dans les
dépenses, c'est raté ! Le budget 2019 devra être celui de la
clarification.
Dominique Seux