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mardi 31 juillet 2018

Benalla : « Ce que j’ai fait pour Macron »… et qu’il continue à faire !

En voyant la une du JDD, j’ai d’abord cru à un gag, un détournement parodique comme il en fleurit des milliers sur les réseaux sociaux depuis le début de cette affaire. Était-ce encore un coup du Gorafi ou de Nordpresse ?

« Ce que j’ai fait pour Macron »

Eh bien, non, il s’agissait bien du vrai JDD, du vrai Benalla et d’une vraie confession-justification (la troisième en trois jours !) listant ses mérites, minimisant gentiment ses dérapages et montrant du doigt tous les méchants qui en voudraient au « jeune rebeu » qu’il est et, bien sûr, au Président. Car, derrière cette affaire, évidemment, il y a un complot contre eux…

Si nous voulions prolonger la pensée de M. Benalla, nous serions tentés de titrer : « Ce que j’ai fait et que je continue à faire à merveille ! » Car que nous dit-il d’Emmanuel Macron et de lui, après son interview au Monde et son 20 heures de samedi soir ? Que Macron est « un homme qui donne envie d’y aller pour lui », de se défoncer, quoi. Que lui-même est quelqu’un de policé, façon « gendre idéal », comme on l’a souvent dit sur les réseaux sociaux, et absolument pas l’homme brutal dans certaines situations et arrogant dans d’autres. Simplement « impulsif, mais pas violent ».
Alexandre Benalla est extraordinaire : il a réussi l’exploit, après s’être hissé au plus près du Président, et avoir lourdement dérapé, le plongeant dans une tempête qu’il n’avait pas prévue, à se rendre de nouveau utile, voire indispensable dans le verre d’eau. Car, en fait, ce gentil garçon fasciné par Macron et qui s’est dévoué pour lui sans compter reprend, devant la France entière, le rôle qu’il jouait avant. Il ne fait rien d’autre que continuer son service. Est-il bien au courant qu’il a été licencié ? Ou a-t-il été déplacé à un autre poste à l’Élysée – je ne sais pas, au service communication ? On n’a pas très bien compris.
Un analyste de la prestation de M. Benalla sur TF1, Arnaud Benedetti, indiquait que le pouvoir cherchait à accréditer un « récit des faits alternatif » : Macron est formidable, Benalla est un gentil garçon et des méchants leur en veulent à tous deux. Et ledit pouvoir n’a pas trouvé mieux, pour dérouler ce nouveau storytelling, qu’Alexandre Benalla lui-même. Stupéfiant : il fallait oser. Ils ont osé ! Reconnaissons qu’Alexandre Benalla est quand même nettement meilleur que Gérard Collomb ou Christophe Castaner, ou même Yaël Braun-Pivet, qui refusait de le convoquer devant la commission d’enquête de l’Assemblée. Car figurez-vous qu’Alexandre Benalla, lui, souhaite être auditionné !
« Je dois me reposer, réfléchir. Mais oui, j’ai plutôt envie d’y aller. Ils veulent des explications, j’ai de quoi leur en donner. »
On attend avec impatience la prestation de serment. LCP va exploser ses audiences ! Bon, il a quand même précisé qu’il devait en parler avec son avocat avant. Peut-être que les auteurs du nouveau récit vont aussi freiner ses ardeurs. Il ne faudrait quand même pas qu’oubliant qu’il n’a plus droit au badge, il fasse un nouveau dérapage, entre la buvette, la salle des quatre colonnes, la salle d’audition, l’hémicycle et la salle de gym – son « caprice »…
Marlène Schiappa souhaitait « passer rapidement à autre chose » que cette affaire Benalla. Mais il paraît que, pendant ses différentes prestations médiatiques, le portable de l’intéressé se remplissait de textos émanant de ministres qui le félicitaient pour son talent ! Comme un collègue. Le même JDD nous apprend que Jamel Debbouze a refusé un poste de secrétaire d’État. Quelque chose me dit qu’Alexandre Benalla, lui, ne refuserait pas : quand on l’appelle, pour une petite virée pour le 1er mai, ou pour lui proposer une vidéo, ou pour tout autre service, il répond toujours présent. Il est comme ça, Alexandre, un garçon vraiment « serviable ». Et quand c’est Emmanuel Macron qui demande … Alors, on le continue, ce storytelling ? Je suis certain que M. Benalla a encore plein de ressources.

Décidément, ce M. Benalla est formidable : il continue de servir son maître mais, cette fois-ci, gratuitement et, bien sûr, sans que personne ne lui ait rien demandé ! Emmanuel Macron peut être fier de lui : un tel dévouement après un tel pataquès, c’est du jamais-vu.

 Dominique Monthus

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