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mardi 31 juillet 2018

Le vin, c’est vilain, pour Agnès Buzyn. Bien. Mais il faut aller plus loin

Madame le Ministre,

Vous êtes pleinement dans votre rôle de ministre de la Santé en faisant preuve d’un hygiénisme militant qui stigmatise la consommation de vin. Vous avez banni la consommation de vin à la table du ministère qui est le vôtre et vous avez ainsi agi avec un courage exemplaire.

Vous prônez la prévention en rendant plus visible, en taille et en couleur, le logo « déconseillé aux femmes enceintes » présent sur les bouteilles d’alcool de plus de 1,2 degré. Vous êtes aussi favorable à la mise en place d’un pictogramme déconseillant la consommation d’alcool aux mineurs.

Mais, dites-moi, c’est bien timide tout ça !

Comme pour le tabac, il faut aussi exiger des photos obscènes avec, par exemple, des foies cirrhotiques sur chaque bouteille.
Il faut également rendre obligatoires les étiquettes blanches pour éviter aux assassins de l’industrie du vin de faire leur marketing indécent. La bouteille de romanée-conti ne doit pas pouvoir être différenciée du jaja à 9,5 degrés. Elle est tout aussi toxique !
Et puis taxez, que diable ! Il n’y a aucune raison que le vin ne soit pas assujetti à la « vignette Sécu » comme les autres alcools. Comme vous le dites, l’alcool dans le vin est le même que dans la bière ou le whisky.

Vous savez que les Français sont tous des imbéciles et des alcooliques. Vous seule détenez la vérité, alors ayez du courage jusqu’au bout !

Ne vous laissez pas intimider par les lobbies de tout poil, et allez jusqu’au bout de votre engagement.

Certains esprits chagrins iront user d’arguments fallacieux pour entraver votre juste combat.

J’entends déjà parler du montant des exportations de vins et spiritueux atteignant presque treize milliards d’euros par an.

Treize milliards ! C’est si peu, finalement, par rapport à un déficit total du commerce extérieur de 63 milliards. Et le pays des droits de l’homme peut-il continuer à intoxiquer effrontément la planète entière ? Déjà qu’il est un des plus grands marchands d’armes !

D’autres iront pleurnicher sur le sort des vignerons français qui pratiquent leur art depuis des millénaires et seraient amenés à disparaître. Et alors ? C’est pourtant simple : ces empoisonneurs n’auront qu’à arracher leurs satanées vignes pour reconvertir leurs terres en plantation de cannabis dont, heureusement, la légalisation ne saurait tarder.

Enfin, lutter contre la consommation de vin présente un avantage induit non négligeable. En effet, il donne des gages à une certaine communauté dont la religion interdit la consommation de boissons alcooliques. Ceci apporte une sérieuse contribution sur l’autel du vivre ensemble…

Et puis, le vin n’est qu’un début.

Vous n’êtes pas sans connaître les études épidémiologiques qui prouvent que la consommation de graisses animales riches en acides gras saturés est particulièrement néfaste pour la santé. C’est un facteur déterminant dans l’apparition des maladies cardiovasculaires, du diabète de type 2 et de nombreux cancers.

Et le sel ? Toutes les études prouvent son rôle majeur dans l’hypertension.

Qu’attendez-vous pour mettre aussi des pictogrammes sur ces aliments maudits. Taxez-les aussi ! Voilà une façon élégante de réduire notre fameux déficit de la Sécu et de renflouer, incidemment, le budget de la nation.

Le beurre salé (n’en déplaise à nos amis bretons) devrait être interdit ou, à tout le moins, doublement taxé en raison de la présence simultanée d’acides gras saturés et de sel.

L’homme parfait, c’était le rêve des eugénistes de la fin du XIXe siècle. Finalement, ils avaient eu raison avant l’heure. Tant que les Français ne mangeront pas que des graines et des légumes, vous avez encore bien du pain sur la planche. Ne mollissez pas, Madame Buzyn !

 Jean-Marc Perrin

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