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La partie de "poker menteur" du général de Gaulle
"Quoi que l'on pense du bien-fondé de l'indépendance unilatérale de l'Algérie, personne ne pourra jamais justifier la comédie tragique des mois précédents le putsch, sur le plan de l'éthique élémentaire et de la responsabilité humaine. Pendant plusieurs mois, nous avons été les victimes d'un mensonge organisé, martelé et à mon sens, monstrueux. Les hommes d'appareils se plaisent bien sûr a répéter que les promesses n'engagent que ceux qui les croient. cependant, le double langage en Algérie atteignit à l'époque des sommets que l'on a du mal à restituer aujourd'hui. en 1960, le général De Gaulle, lui même nous a ainsi juré: "Moi vivant, jamais le drapeau vert et blanc du FLN ne flottera sur Alger !" alors qu'il avait déjà décidé d'engager des pourparlers avec le GPRA !" (Gouvernement provisoire de la République algérienne)
Hélie Denoix de Saint Marc
"Mémoires, les champs de braise" Perrin 1995
LA BATAILLE D'ALGER
L'Algérie vit
une mutation depuis plusieurs années sur fond de lutte armée menée par
les indépendantistes qui se replient dans les villes et les attentats
terroristes aveugles à partir de 1956. Pour
pacifier Alger, victime de vagues d'attentats de plus en plus
meurtrières, le 4 janvier 1957, le président du Conseil Guy Mollet
décide de confier au général Massu les pleins pouvoirs civils et
militaires.
C'est "la
bataille d'Alger" où l'armée va combattre les poseurs de bombes jusqu'à
user de méthodes certes que la morale réprouve mais qui s'avèrent
rapides et efficaces. L'organisation algéroise du
FLN, qui commet au printemps 1957 une moyenne de 800 attentats par mois
est progressivement démantelée jusqu'à la mort de son dernier chef "Ali
la pointe" en octobre 1957. L'Etat français reprend la main dans la
question algérienne...
LE COUP D'ÉTAT DU 13 MAI 1958
Le gouvernement en France fragilisé par les opérations de Suez en Egypte et Sakiet
Sidi Youssef en Tunisie traverse une grave crise et décide d'opter vers
des négociations avec le FLN en nommant Pierre Pflimlin comme président
du Conseil.
Le 13 mai 1958,
un coup d'Etat est mené à Alger par le "groupe des sept" mené par le
député Pierre Lagaillarde et soutenu par la division du général Massu.
Un Comité de Salut public constitué d'européens et d'algériens est
composé, la référence à De Gaulle réunit les différents protagonistes.
Puis un deuxième Comité de salut public est formé en Corse, et la menace
d'une opération militaire sur Paris incite le président René Coty a faire appel à De Gaulle à qui il transmet le pouvoir exécutif le 1er juin 1958, mettant ainsi fin à la IV° République.
Le 4 juin 1958,
De Gaulle en visite à Alger, promet le maintien de l'Algérie française
(le fameux "je vous ai compris !") mais le 16 septembre 1959, il évoque
le « droit des Algériens à l'autodétermination »...
L'AFFAIRE MASSU
Une grande de
la population algérienne, européenne et musulmane, ainsi qu'une grande
partie de l'armée française engagée depuis 5 ans dans la lutte contre
les terroristes du FLN se sentent trahis par le pouvoir. Le
18 janvier 1960, le Général Massu, rompt son devoir de réserve dans une
interview officielle, en mettant en doute l'efficacité de la politique
du gouvernement en Algérie : « De Gaulle était le seul homme à notre
disposition. Peut-être l'armée a-t-elle fait une erreur » Il est relevé
de son commandement rappelé immédiatement à Paris.
Pierre Lagaillarde, député et officier parachutiste de réserve, dirige l'insurrection du 24 janvier au 1er février 1960
LES BARRICADES
Sur place, où
Massu est considéré comme le héros de la bataille d'Alger et du coup
d'Etat de 1958, son limogeage provoque une insurrection.
Le 24 janvier,
la manifestation mène les insurgés dans le centre d'Alger où ils
dressent des barricades autour de l'Université tenues par Pierre
Lagaillarde et de la Compagnie algérienne où Joseph Ortiz annonce que «
L'Algérie doit choisir, être française ou mourir ».
Vers 18h00 une
fusillade éclate rue Pasteur causant la mort de 14 gendarmes et 8
manifestants... L'arrivée du 1er REP met fin à la fusillade.
Paul
Delouvrier, délégué général et le général Challe, chef des Armées en
Algérie cherchent une sortie de crise pacifique, évitant d'engager une
armée qui marque une sympathie pour la cause des insurgés. Ils se
replient sur la base aérienne de Reghaïa à l'Est d'Alger.
Le 29 janvier,
le général De Gaulle intervient à la télévision exhortant l'armée à ne
pas rejoindre l'insurrection. Les Unités territoriales quittent
progressivement les barricades, l'épreuve de force laisse la place aux
négociations.
Le 1er février
les derniers insurgés se rendent aux légionnaires parachutistes du 1er
REP qui leur rendent les honneurs. Le procès des meneurs se tient à
Paris au mois de novembre 1960 mais les accusés Pierre Lagaillarde et
Joseph Ortiz s'enfuient à Madrid en Espagne où, en décembre, ils
fondent l'Organisation Armée Secrète (OAS)
L'ESCALADE
Cette semaine
des barricades est décisive, pierre d'achoppement entre le coup d'Etat
de 1958 et le Putsch de 1961, elle ouvre le dernier acte de la guerre
d'Algérie et jette un désarroi au sein de la population algérienne et
jusque dans les rangs de l'armée française qui se sentent légitimement
abandonnées.
"Quelque chose de vital et de définitif s'est alors cassé en nous, qui ne revivra plus jamais. On peut discuter sans fin de l'indépendance. En soi elle ne me choquait pas, à condition de respecter les droits de chacun. Mais cette indépendance là fut plus douloureuse qu'une amputation. La France a laissé dans l'affaire une part de son âme et de son génie propre. Elle s'est abaissé à des actes monstrueux : non assistance à des hommes en danger de mort, livraison d'innocents, mensonges d'Etat. Elle a cru donner la liberté à un peuple en la donnant à un clan. elle a condamné l'Algérie aux convulsions des nations bâties sur un malentendu"
Hélie Denoix de Saint Marc
"Quelque chose de vital et de définitif s'est alors cassé en nous, qui ne revivra plus jamais. On peut discuter sans fin de l'indépendance. En soi elle ne me choquait pas, à condition de respecter les droits de chacun. Mais cette indépendance là fut plus douloureuse qu'une amputation. La France a laissé dans l'affaire une part de son âme et de son génie propre. Elle s'est abaissé à des actes monstrueux : non assistance à des hommes en danger de mort, livraison d'innocents, mensonges d'Etat. Elle a cru donner la liberté à un peuple en la donnant à un clan. elle a condamné l'Algérie aux convulsions des nations bâties sur un malentendu"
Hélie Denoix de Saint Marc
"Mémoires, les champs de braise" Perrin 1995
La fracture entre l'Algérie et la métropole est consommée, et la population d'Algérie déchirée s'apprête a son sacrifice ...
Et aujourd'hui, sous le sel de la trahison, certaines blessures saignent toujours...
Et aujourd'hui, sous le sel de la trahison, certaines blessures saignent toujours...
Erwan Castel, Cayenne le 24 janvier 2014
"Alger s'est levée contre l'abandon"