par Serge Halimi, février 2014
Aperçu
La liberté d’expression n’existe que quand on l’applique aux
propos qu’on réprouve. Les atteintes à son principe survivent d’ailleurs
très longtemps aux motifs qui les ont justifiées et aux gouvernants qui
s’en sont emparés pour sévir. Le 25 octobre 2001, dans le climat de
quasi-panique consécutif aux attentats meurtriers du 11 septembre, un
seul sénateur américain, M. Russell Feingold, vota contre le Patriot
Act, arsenal de dispositions liberticides que le prétexte du combat
contre le terrorisme permit de faire adopter en bloc par les élus du
Congrès. Treize ans et un président plus tard, ces mesures d’exception
demeurent la loi des Etats-Unis.
On sait que les ministres de l’intérieur se soucient davantage
d’ordre et de sécurité que de libertés. Chaque menace les encourage à
exiger un nouvel attirail répressif qui rassemblera autour d’eux une
population inquiète ou scandalisée. En janvier, la France a ainsi
interdit à titre préventif plusieurs réunions et spectacles jugés
contraires au « respect dû à la dignité de la personne humaine ». S’élevant contre les tirades antisémites de Dieudonné, qui « n’est plus un comique » et dont la démarche « ne relève plus de la création », M. Manuel Valls a (...)
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