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vendredi 31 janvier 2014

Un rachat de SFR par Numericable ? Probabilité de 80% selon des analystes !

La Tribune


« La scission est sur les rails, si on doit choisir une autre voie, il faudra se décider avant la fin mars, après ce sera trop tard … » indique un dirigeant de SFR.
« La scission est sur les rails, si on doit choisir une autre voie, il faudra se décider avant la fin mars, après ce sera trop tard … » indique un dirigeant de SFR.
Delphine Cuny 

Une acquisition de Bouygues Telecom par Free est l’autre scénario jugé envisageable par Oddo Securities dans un contexte plus favorable. Un rachat de Virgin par Orange fait aussi partie des pistes. Et un mariage SFR-Free pas totalement exclu !
« L'impensable devient inéluctable. » C'est le titre d'une étude approfondie des analystes financiers spécialistes des télécoms chez le courtier Oddo Securities parue ce jeudi sur la concentration du secteur en France. Constatant que « les barrières psychologiques s'estompent », notamment au gouvernement et à Bruxelles, ils estiment que « les opérateurs semblent mûrs pour une consolidation après un nouveau pic de tension entre les acteurs en fin d'année », avec un feu d'artifice d'annonces sur la 4G et de déclarations acrimonieuses entre « millionnaires. » Alors que Bouygues Telecom et SFR doivent annoncer ce vendredi leur accord de mutualisation des réseaux mobiles, les experts tablent sur d'autres scénarios. Ainsi un rachat de SFR par Numericable leur semble « probable à 80% », celui de Bouygues Telecom par Free à 40%, avec des synergies de 4,4 milliards d'euros, enfin celui de Virgin Mobile par Orange, de moindre ampleur, plausible à 30%. Le marché semble prêt à y croire : l'action Vivendi, maison-mère de SFR, a bondi de 3,5% ce jeudi.

Bouygues Telecom valorisé 6 milliards d'euros

Le rapprochement de SFR et Numericable, dont la rumeur circule depuis l'automne 2012 au moins, devient plus probable du fait de la forte motivation de Patrick Drahi, le premier actionnaire du câblo-opérateur, qui s'apprête à introduire en Bourse son fonds d'investissement Altice ce vendredi à Amsterdam, ce qui lui permettra de lever de l'argent frais et d'avoir une monnaie d'échange. Un rachat de SFR par LBO pourrait se faire sur une valorisation de 16 milliards d'euros et générer 3,5 milliards d'euros de synergies. Cette opération, si elle avait lieu, pourrait en entrainer d'autres. Notamment un rachat de Bouygues Telecom par Free, car la filiale de Bouygues pourrait se sentir marginalisée sur le fixe.

Les experts d'Oddo, qui rappellent le « pragmatisme » de Martin Bouygues qui avait cédé TPS à Canal Plus, croient en « une probabilité de 40% qu'une offre de 6 milliards d'euros soit formulée et acceptée. » Une grosse opération pour Free qui pourrait se passer de l'accord d'itinérance avec Orange (près de 720 millions d'euros en 2013 selon nos informations) et de terminer de déployer son réseau, tandis que Bouygues obtiendrait une bonne valorisation d'un actif dont la génération de cash-flow est au mieux proche de zéro contre 400 millions d'euros avant l'arrivée de Free Mobile.

Bouygues et SFR, une mutualisation très, très poussée ?

L'une des rares possibilités pour Orange, trop gros pour prendre part à la consolidation, serait de réagir en rachetant l'opérateur virtuel Virgin Mobile, ce qui lui permettrait de récupérer une partie des revenus perdus par l'itinérance de Free. Virgin est valorisé 250 millions d'euros par Oddo, l'équivalent de 147 euros par client. Une fusion SFR-Bouygues n'est pas écartée mais considérée comme « probable à 15% » seulement. L'Autorité de la concurrence avait laissé entendre que ce ne serait pas possible, préférant un partage de réseaux. Or l'accord de SFR et Bouygues devrait être une mutualisation très poussée, portant sur près de 60% de la population. En outre, « il y a plusieurs degrés de mutualisation avant la fusion, plusieurs étapes possibles » confie un dirigeant d'un des deux opérateurs qui explique : « on peut imaginer une mise en commun des sites, des réseaux de boutiques, des services généraux, etc. On a tout en double » relève-t-il. Des doublons qui risqueraient de poser des problèmes de casse sociale, qui nécessiteraient des engagements vis-à-vis des autorités.

Le mariage Free et SFR, impossible vraiment ?

Quant à un rachat de SFR par Free, il n'est lui aussi probable qu'à 15%, du fait du risque de marginalisation du troisième opérateur, Bouygues, et de la création d'un duopole. Le président de l'Autorité de la Concurrence s'y était formellement opposé, Mais pour les experts le scénario n'est pas à écarter, d'autant qu'il créerait le plus de synergies : 6,4 milliards d'euros. Mais il faudrait prévoir des concessions (accord de gros), des cessions d'actifs et de part de marché pour garantir un espace économique à Bouygues Telecom. Free et SFR étaient allés très loin dans les discussions, comme le raconte Le Point. La perspective de la mise en Bourse de SFR du fait de la scission de Vivendi pourrait conduire les acteurs à reprendre langue. Un dirigeant de SFR indique que « la scission est sur les rails, si on doit choisir une autre voie, il faudra se décider avant la fin mars, après ce sera trop tard … »

L'auteur
Delphine Cuny
Delphine Cuny