Le Figaro
L'Organisation
de coopération et de développement économiques recommande de raccourcir
la période d'indemnisation des chômeurs âgés et de mieux cibler les
contrats de génération.
Les derniers chiffres publiés lundi l'ont
montré: le chômage des seniors n'en finit plus de grimper. Un mal
français. Entre 2008 et 2011, 45% des seniors ont dû passer par la case
chômage entre leur dernier emploi et leur retraite, souligne
l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans un rapport publié ce jeudi sur l'emploi des seniors en France. Elle préconise des réformes draconiennes.
«Même
s'il a remonté ces dernières années, le taux d'emploi des seniors en
France reste parmi les plus faibles de la zone OCDE», attaque
l'organisation dans son étude. Le constat se fait en deux temps. Alors
que les 55-60 ans français sont moins au chômage que dans les pays
étrangers, les 60-64 ans le sont beaucoup plus. Seuls un sur cinq en
France a un emploi, contre un sur trois en Europe. Deux raisons à cela:
ils partent plus tôt à la retraite et ne sont pas incités à retrouver un
travail quand ils sont au chômage.
Raccourcir les droits au chômage des seniors
Les
règles existantes incitent en effet, selon l'OCDE, les chômeurs âgés à
attendre la retraite, ou ceux qui travaillent à quitter leur poste plus
tôt et à attendre au chômage que sonne pour eux l'heure de la retraite.
Dans la ligne de mire de l'Organisation, la rupture conventionnelle,
qu'il faut «rendre moins attractive en fin de carrière pour les salariés
et les entreprises». En effet, cette cessation de contrat de travail à
l'amiable est particulièrement attractive pour les seniors les mieux
rémunérés qui n'on aucun intérêt, ensuite, à rechercher un emploi.
Deuxième
dispositif contre-productif: les durées d'indemnisation chômage plus
longues accordées aux 50 ans et plus. Les partenaires sociaux, qui négocient actuellement une refonte de l'assurance-chômage,
devraient «s'engager à supprimer progressivement la filière spécifique
d'indemnisation pour les seniors». Une proposition esquissée par le
patronat mais dont ne veulent pas entendre parler les syndicats. Il
faudrait «au minimum» continue l'OCDE, «relever l'âge de l'accès à une
indemnisation plus longue, par exemple à 62 ans». Les sommes utilisées
pour indemniser les chômeurs âgés seraient ainsi mieux utilisées,
explique l'organisation, pour financer leurs aides au retour à l'emploi.
Mieux cibler les contrats de génération
Le contrat de génération
devrait, lui, cibler «les embauches de seniors de 55 ans ou plus peu
qualifiés». En effet, «plus que le maintien dans l'emploi» que garantit
actuellement le dispositif phare de François Hollande contre
le chômage, c'est la «quasi absence de retour à l'emploi» qui est le
«point faible» du marché du travail des seniors et sur lequel il
faudrait donc agir.
L'OCDE porte enfin un jugement nuancé sur la
réforme Ayrault des retraites et «émet des réserves sur l'ampleur des
changements qui vont en résulter». Le rapport salue la création du
compte pénibilité mais regrette que sa mise en œuvre «s'avère complexe».
Il ne faut pas non plus que ce dispositif, qui permet de cumuler des
points au titre des périodes de travail pénible (de nuit, sous
températures extrêmes, etc.) généralise les départs anticipés au cours
des prochaines décennies. Au contraire, le départ anticipé doit être
l'option utilisée par les seniors «proches de la retraite en 2015» donc
lorsque le compte entrera en vigueur, «et ne devienne pas la norme pour
les salariés plus jeunes».