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mercredi 29 janvier 2014

Manif pour tous : la police redoute des débordements


 
La Préfecture de police évoque 50.000 à 200.000 manifestants dimanche. Les organisateurs en espèrent beaucoup plus.

Ce ne sera pas un «jour de colère», mais un très pacifique «jour des familles». Après les anti-avortement il y a quinze jours, les hétéroclites anti-Hollande dimanche dernier, deux rassemblements qui ont connu un relatif succès, les sympathisants de la Manif pour tous se retrouveront ce dimanche pour deux «manifestations jumelles», à Paris et à Lyon. «À l'évidence, nous sommes en colère contre tout ce que nous prépare le gouvernement dans son projet de loi famille, lance Ludovine de la ­Rochère, présidente du collectif. Néanmoins, nous sommes dans une tout autre ambiance: nous nous battons sur des sujets très précis et nous ne cessons d'appeler au pacifisme. Ce qui n'empêche pas d'être très déterminés!»
Double défi pour la Manif pour tous: ne pas laisser faiblir la mobilisation contre la loi Taubira et ses conséquences, tout en évitant les débordements. Combien seront-ils, un an après l'immense défilé du 13 janvier 2012 (340.000 selon la police, un million selon les organisateurs)? «La mobilisation est très bonne, aussi bien à Paris qu'à Lyon, qui draine tout le sud du pays, confie un responsable. À Paris, la préfecture a évoqué 50.000 à 200.000 personnes. Nous, on pense que ce sera beaucoup plus! Ce week-end, le nombre d'inscrits aux cars a doublé. Et nous savons que beaucoup se décident au dernier moment!» À Versailles, pour une petite «manifestation régionale» en décembre dernier, les organisateurs avaient eu une bonne surprise: ils avaient compté 30.000 manifestants (6000 selon la police).

Une vingtaine de compagnies de CRS et d'escadrons de gendarmerie mobile 
 
Du côté du ministère de l'Intérieur, on prône la «fermeté absolue» dimanche prochain. Le dispositif, à Paris, comprendra cinq unités des forces mobiles de plus que lors du «Jour de ­colère», soit une vingtaine de compagnies de CRS et d'escadrons de gendarmerie mobile: c'est plus de 1600 hommes, sans compter les policiers de quartiers et les unités en civil chargées des éventuelles arrestations. «Après les dérapages du Trocadéro, la Préfecture de police ne fait plus dans la demi-mesure», commente un commissaire de banlieue. «Comme d'habitude, Valls essaie de faire des amalgames, pour démobiliser!», s'irrite Ludovine de la ­Rochère. «Que craint le pouvoir?, se demande Tugdual Derville, porte-parole du collectif. Aucunement l'insurrection qu'il a voulu provoquer, pas plus que l'intégrisme ou l'extrémisme dont il est si prompt à nous accuser. Il craint notre mesure, nos arguments et notre paisible détermination.»

C'est au moment de la dislocation du cortège que la police s'attend à des incidents. Certes, les rassemblements sont organisés largement en amont avec les cabinets du préfet de police de Paris et du préfet du Rhône. Et la Manif pour tous dispose de son propre service d'encadrement, dont les membres bénévoles se distingueront du flot des manifestants par une tenue colorée bien identifiable. Mais les services de la Sous-Direction de l'information générale (SDIG, ex-RG) et la Direction du renseignement parisien, qui scrutent les forums de discussion sur Internet, ont constaté une singulière agitation d'éléments «non désirés», qui gravitent dans la mouvance du Printemps français ou d'autres groupuscules. «Ce sont des extrémistes qui souhaitent en découdre avec les forces de l'ordre», explique un officier des CRS. À l'entendre, «les autorités ne veulent pas voir se reproduire le scénario de la dernière manifestation des anti-mariage gay, en mai, où il avait fallu arrêter 300 excités et parer à une violence bien supérieure à celle des anti-Hollande dimanche dernier».

Une nasse (dispositif d'encerclement) sera mise en place en fin de manifestation. L'objectif: réaliser un maximum d'interpellations. Mis en difficulté sur ses résultats dans la lutte contre la délinquance, Manuel Valls a à cœur de démontrer qu'il sait maintenir l'ordre lors des mouvements de rue. Beauvau veut briser la dynamique de la contestation.