Il y a plus de trois décennies
ans, le 3 octobre 1980, à 18 h 38, une bombe d'une forte puissance
explosa devant la synagogue de la rue Copernic, à Paris, provoquant la
mort de quatre passants. Le lendemain, Jean Pierre Bloch, le président
de la LICRA déclara au journal de 13 heures de TF1 :
«Les assassins, ce sont aussi ceux qui ont créé le climat. (…) Je dis que cet article prête à l'attentat et crée l'antisémitisme. Malgré ce que dira M. Pauwels — il versera sans doute comme beaucoup d'autres de larmes de crocodiles sur les victimes — , je dis que le responsable de l'assassinat, c'est cette presse ».
Trois jours plus tard, lundi 6 octobre 1980, Bernard-Henri Lévy écrit dans Le Quotidien de Paris :
«C’est toujours délicat d’établir des liens de cause à effet entre les discours et les actes. Mais il ne me paraît pas absurde de dire que tout le ramdam qu’on a fait récemment autour des thèses élitaires, indo-européennes, parfois eugénistes, des sous-développés de la nouvelle droite, par exemple, a préparé le terrain à la situation d’aujourd’hui. »
«Les assassins, ce sont aussi ceux qui ont créé le climat. (…) Je dis que cet article prête à l'attentat et crée l'antisémitisme. Malgré ce que dira M. Pauwels — il versera sans doute comme beaucoup d'autres de larmes de crocodiles sur les victimes — , je dis que le responsable de l'assassinat, c'est cette presse ».
Trois jours plus tard, lundi 6 octobre 1980, Bernard-Henri Lévy écrit dans Le Quotidien de Paris :
«C’est toujours délicat d’établir des liens de cause à effet entre les discours et les actes. Mais il ne me paraît pas absurde de dire que tout le ramdam qu’on a fait récemment autour des thèses élitaires, indo-européennes, parfois eugénistes, des sous-développés de la nouvelle droite, par exemple, a préparé le terrain à la situation d’aujourd’hui. »
Dans son viseur : Jean-Claude Valla, le jeune rédacteur en chef du Figaro Magazine,
l'un des journalistes les plus brillants de sa génération, et l'une des
figures les plus importantes et attachantes de la Nouvelle Droite. Ce
dernier dut démissionner. La thèse du «climat » venait de faire sa
première victime. Dans ses Mémoires — hélas inachevés —, que vient de
faire paraître la vaillante maison d'édition Alexipharmaque, Jean-Claude Valla rappelle à toutes fins utiles :
«On sait aujourd’hui qu’il
s’agissait de Palestiniens appartenant à un petit groupe dissident du
FPLP de Georges Habache, le «Palestinian Liberation Front Special
Command » dont le chef s’appelait Salim Abou, et que l’explosif avait
été acheminé par une valise diplomatique libanaise. »
Dans une belle et émouvante préface qu'il consacre à son ami, Michel Marmin explique : « Meneur
d'hommes qui savait allier la délicatesse à la fermeté, Jean-Claude
Valla était un grand journaliste, doublé d'un historien non conformiste
et scrupuleux. Ses mémoires, dont sa disparition prématurée interrompit
malheureusement la rédaction, restituent pleinement sa personnalité
lumineuse. Pour être incomplets, ils n'en constituent pas moins une
magnifique leçon de conviction et de courage, deux vertus que les jeunes
Européens ne sauraient trop aujourd'hui cultiver. »
Trente ans ont passé, Jean-Claude Valla
est mort à Pau le 25 février 2010, Bernard-Henri Lévy est toujours
vivant. À ce jour, le faussaire n'a formulé aucun remords ni présenté
aucune excuse. Trente ans ont passé, la thèse du «climat » a fait école,
gangrenant le journalisme français, désormais en danger de mort.
La thèse du «climat », l'effroyable plaie du journalisme français
Pas une semaine ne s'écoule sans que cette détestable méthode inventée par Bernard-Henri Lévy ne soit reprise par un arriviste pour éliminer un concurrent. Il est vrai que depuis trente ans, la méthode béhachélienne d'intimidation comme moyen de promotion a fait ses preuves. La cible du moment s'appelle Frédéric Taddeï, le présentateur de l'émission «Ce soir ou jamais » (France 2).
La thèse du «climat », l'effroyable plaie du journalisme français
Pas une semaine ne s'écoule sans que cette détestable méthode inventée par Bernard-Henri Lévy ne soit reprise par un arriviste pour éliminer un concurrent. Il est vrai que depuis trente ans, la méthode béhachélienne d'intimidation comme moyen de promotion a fait ses preuves. La cible du moment s'appelle Frédéric Taddeï, le présentateur de l'émission «Ce soir ou jamais » (France 2).
Adepte de la prétérition lourde et répétitive, de la double négation qui en dit long sur l'état d'esprit de son auteur, le journaliste de télévision Bruno Roger-Petit a remis au goût du jour la méthode behachelienne. Il ne s'agit pas ici de dénoncer la responsabilité dans un attentat, mais celle du succès surprise de la manifestation «Jour de Colère ». Les procédés stylistiques sont exactement les mêmes. L'absence totale d'honnêteté intellectuelle aussi.
Dans son billet, Bruno Roger-Petit écrit : «Il n'est pas question ici de pratiquer le jeu de l’œuf et de la poule. Il n'est pas question d'accuser Taddeï (et d'autres) d'avoir
engendré la manifestation «Jour de colère » et ceux de ses participants
qui font un usage repoussant de ce qu'ils considèrent relever de la
liberté d'expression. En revanche, on ne peut pas ne pas s'interroger sur le point de savoir si, à force d'avoir tendu le micro à divers vecteurs de divisions et d'oppositions entre Français, ils n'ont pas contribué,
et Taddeï le premier, au dévoiement de la liberté d'expression
transformée en arme contre la République et les droits qu'elle offre à
chacun d'entre nous. »
De là ou il est, Jean-Claude Valla me
pardonnera d'avoir pensé à lui, en lisant ce passage d'un journaliste si
médiocre. Il est pourtant emblématique de la tournure d'esprit d'une
certaine école journalistique qui tient le haut du pavé en France
(Renaud Dely, Joseph Macé-Scaron, Caroline Fourest, Nicolas Demorand,
etc.). Cette génération perdue pour le journalisme a fait de la théorie
du «climat » une religion. Le «climat» avant les faits. Le «climat»
comme explication totalitaire du monde. Le «climat» pour mieux éliminer
un adversaire idéologique. C'est Caroline Fourest qui explique à propos
de l'affaire «Abdelhakim Dekhar », et avant même de connaitre l'identité
du tueur, que ce n'est un «simple fait divers», mais bien un «climat
particulier» qui est en cause. Fervente militante de la méthode
behachélienne d'intimidation, Caroline Fourest lâche ses coups :
« La plus grande responsabilité, aujourd'hui, est à droite, où l'absence de complexe et la surenchère ont libéré une parole mortifère. On entend décidément trop peu la droite républicaine. Où est-elle? Quand des gens de son propre camp dérapent et tiennent des propos à droite de l'actuel Front national».
La méthode béhachélienne d'intimidation peut connaitre des ratés. Journaliste aux Inrockuptibles,
David Doucet a démonté avec beaucoup de rigueur et d'à-propos les
mensonges de Caroline Fourest sur Frédéric Taddeï. L'agenda de carrière
ou de promotion leur tenant lieu de pensée, il est assez facile de
suivre les adeptes de la méthode BHL à la trace. Contrairement à ce
qu'on pourrait croire, les victimes ne sont pas toutes de droite, loin
s'en faut. Les petits meurtres se pratiquent également entre amis.
Longtemps au service de la coterie strauskhanienne, Bruno Roger-Petit a
utilisé la méthode béhachelienne contre Manuel Valls, quand en 2009 ce
dernier cherchait à prendre ses distances avec son mentor, ou contre
Benoît Hamon, le remuant représentant l'aile gauche du parti socialiste
(quand il était dans l'opposition).
Biberonné au lait de l'Idéologie française, le journaliste de connivence aboie quand des journalistes nuisent à leur client ou ne correspondent pas à leur plan de carrière. Toujours prêt, le journaliste de connivence pratique le contre-feu médiatique. À coup de point d'interrogation et de basses insinuations. D'injures aussi. Il faut sauver le client. À tout prix.
Mais, c'est certainement dans l'art de l'insinuation que le journaliste de connivence peut le mieux déployer son art. Son domaine : la généralisation vague, la dénonciation globalisante de la droite, le retournement de veste, le commentaire venimeux. Ecrire tout est son contraire, mais toujours dénoncer. Faire son miel des ragots sur la vie privée sous un président de droite, et si possible en inventer, mais pour mieux dénoncer les atteintes à la vie privée sous un président de gauche. Tartuffe à l'heure d'internet. Bruno Roger-Petit y excelle.
Pascal Eysseric