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vendredi 31 janvier 2014

Entrevue du CNC #8 : Pierre-Antoine, responsable du cercle Les Non-Alignés - Première partie

Cercle non conforme


Première partie

1) Pouvez-vous présenter dans les grandes lignes votre parcours militant ?

Après une courte période d’engagement politique dans l’extrême gauche vers 19 ans, j’ai repris un véritable intérêt pour politique vers 27, 28 ans. J’ai réellement commencé mon trajet militant en me rendant à l’université d’été qu’organisait Casapound en 2004 près de Rome. Je faisais alors partie des premiers français à s’intéresser de près à cette passionnante réalité alternative.  A cette époque je commençais aussi à militer, en France, auprès des « identitaires » qui n’avaient pas encore totalement pris ce virage plus néoconservateur qu’ils emprunteraient par la suite. J’ai d’ailleurs connu Casapound et Gabriele Adinolfi par le biais des identitaires à l’époque.

C’est au sein des identitaires que j’en appris le plus au niveau du militantisme de terrain. J’y eu effectivement beaucoup d’activités différentes et mon enthousiasme des débuts me poussa  à participer à beaucoup de leurs actions. Je fus ainsi l’un des animateurs de leur soupe populaire à Nice, plus connu médiatiquement sous le nom de « soupe au cochon »… Soupe que nous avons toujours animé dans un esprit solidariste et communautaire avec l’équipe niçoise de « Soulidarietà » et ceci pendant quatre ans (deux et demi pour moi). Ce fut pour moi une expérience fondatrice, déjà par la tempête médiatique déchainée d’un coup (c’était bien le but …) et ses conséquences dans nos vies personnelles comme tout engagement réel.

Ce fût aussi un engagement fondateur par l’apprentissage du militantisme radical de rue, le contact avec les pauvres et la solidarité populaire : la solidarité des Français. J’appris aussi très vite la nécessité de savoir allier théorie et pratique dans nos comptes-rendus et textes réguliers d’alors. Sur la nécessité d’avoir une solide vision du monde afin de savoir affronter, journalistes et autres adversaires politiques.

Dès le départ, j’ai toujours voulu donner un contenu social mais aussi théorique et conceptuel à mon engagement identitaire, je définissais ainsi notre action dans nos textes et manifestes comme du « socialisme identitaire », comme vous ! Croisant aussi le fer théorique avec certains « N-R » de salon qui ne comprenaient pas que l’on puisse vouloir ainsi tenir la rue. A leur décharge, je dois admettre que certains avaient bien vu venir le risque qu’il y avait de se faire un jour aspirer dans des alliances malsaines à constamment brandir la menace islamique. Ce qui revient en fait à brandir soi-même l’étendard islamique … Piège où j’ai toujours fait en sorte de ne jamais tomber, essayant - en vain – de freiner certains de mes camarades d’alors. Je m’épuisais en fait à essayer d’incliner vers une direction différente une ligne qui n’était pas la mienne sur bien des aspects.  J’y appris ainsi deux choses fondamentales : on ne convînt jamais personne directement et les personnes capables de vraiment changer sont en fait très rares dans la vie. Deux leçons que j’essaye de ne pas oublier aujourd’hui.
Pour le reste, je me suis toujours retrouvé dans l’articulation « nation-région-civilisation » que nous défendions aux identitaires. J’y rajoutais pour ma part la religion. « Cité – Nation – Civilisation - Religion », constituant pour moi la quadrature de l’identité, le carré d’or identitaire qui s’articule parfaitement :
du particulier à l’universel et de l’universel au particulier.

Cela dans une « pluralité d’allégeance » néo-féodale et néo-impériale pour paraphraser Denis de Rougemont.

J’ai par la suite été candidat pour le mouvement identitaire « Nissa Rebela » aux élections législatives et cantonales en 2007 à Nice et dans le haut pays niçois.
J’y récoltais alors un des meilleurs résultats du mouvement à cette époque.

Mais ce dont je suis le plus fier, ce fût d’avoir animé le partenariat entre le Bloc-Identitaire et le Cameroun, avec l’« association de lutte contre l’émigration clandestine » basée à Yaoundé. J’accompagnais alors son président au parlement Flamand reçu par le Vlamms Belang, puis à Lille et Paris pour des émissions de radio, interviews et conférences. Là encore ce fut une expérience incroyable. Nous avions même prévu un voyage en Afrique, malheureusement annulé pour nous mais pas pour le Vlams Belang. V-B qui se rendit au Cameroun au grand damne des bobos et gauchos flamands et wallons !

V-B qui se rendra plus tard aussi en Israël mais ça c’est une autre histoire … Parait-il que certains le regrettent aujourd’hui … Ah ! Cette propension à toujours agir au quart de tour dans l’extrême droite sans jamais réfléchir aux conséquences les plus profondes de ses actes … Ah ! Cette capacité toujours renouvelée à chaque génération de se croire plus malin que tout le monde et de penser que l’on peut battre Patrick Bruel au poker et le vieux singe à la grimace …

Je participais aussi à l’époque aux travaux du groupe S.P.A.R.T.E : éphémère mais intéressante tentative de think-tank identitaire - qui avortera dans les orientations atlantistes de son fondateur – ainsi qu’au conseil fédéral identitaire, intéressante tentative (là aussi) de concevoir un outil politique participatif quasi démocratique, une première dans nos milieux ! Conseil fédéral pour lequel je proposais et théorisais la structuration de la mouvance identitaire en pôles de compétences et d’intérêts, véritable « spontanéisme identitaire » ! Structuration qui me semble toujours la bonne et que je reprends pour mon compte aujourd’hui.   

Au travers de cette arborescence d’engagements tous azimuts, j’essayais en fait de développer au sein des identitaires une tendance alter-européenne, sociale et anti-impérialiste.  « Indigéniste et anti-impérialiste » pour citer Laurent Ozon citant Hugo Chavez …

Je me permets de souligner ici un point important selon moi. J’avais alors conceptualisé et résumé le combat identitaire en théorisant que nous combattions pour le « droit des peuples à rester eux-mêmes ». Je pensais que nous devions désormais porter cette notion essentielle au niveau international avec des partenariats internationaux comme celui avec le Cameroun.  Ce « Droit des peuples à rester eux-mêmes », en parallèle avec le fameux « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », nous permettait ainsi de lier de manière fondamentale et substantielle : l’identité et la souveraineté. Contrairement aux souverainistes assimilationnistes républicains par exemple. C’est bien cette notion couplée avec celle de « démondialisation », que je comptais aller porter en Afrique avec mes amis camerounais. A l’époque le livre éponyme de Jacques Sapir n’était d’ailleurs même pas encore sorti … Nous avions là, en puissance, une ligne politique, une théorie et une pratique identitaire des relations internationales qui nous auraient largement démarqué de l’extrême-droite. Enfourchant ces deux idées politiques et les développant plus à fond, la mouvance identitaire eut alors pu prendre une toute autre direction. C’est dans ce discours et avec ce type d’actions qu’aurait pu se forger une vraie ligne politique identitaire à la hauteur des enjeux de notre époque.

Malheureusement, la ligne choisie fût toujours plus celle de la concurrence victimaire avec les autres communautés – le discours sur le racisme anti-blanc est un outil important mais ne peut en aucun cas constituer une ligne politique – et celle de la confrontation frontale avec l’Islam de parade. Le tropisme islamique devant finir par  l’emporter, avec son cortège de médiatisations éphémères, de désillusions amères et d’alliances contre-natures, laissant ainsi l’anti-impérialisme radical aux assimilationnistes (bravo, bien joué !) et l’identité à la droite néo-con et néo-réac, façon Ring, Finky etc.

Je fus aussi un court temps responsable départemental du Front National de la Jeunesse. Là encore expérience humaine très enrichissante et décevante tout à la fois, le Front National étant un condensé de tous les paradoxes identitaires (pour le coup !) de la France contemporaine. Mais le FN et ses paradoxes, vous les connaissez autant ou mieux que moi j’imagine …

Je suis aujourd’hui assez proche de la mouvance dite « dissidente » en France. Sorte de front antimondialiste hétérogène dont l’association d’Alain Soral, « Égalité et Réconciliation », est l’un des pôles principaux. Mouvance large et fluide, bien adaptée par son discours et son ouverture à notre époque. Une époque marquée par la « liquidité » sociale et politique. Ainsi dans une ville comme Nice, la conférence que nous avons organisée avec Alain Soral et Gabriele Adinolfi a rassemblé trois cents personnes et cent cinquante la veille pour les dédicaces. Et je ne parle même pas du phénomène Dieudonné qui fait exploser les compteurs des salles de spectacle partout où il passe.

Malgré cela je reste bien conscient des limites réelles et très palpables de cette mouvance au sens large, malgré le très bon impact publique des idées qui y sont véhiculées. Etant pour ma part définitivement ethno-différentialiste - mais ouvert au dialogue et à la collaboration avec toute personne de valeur et d’intelligence - je ne crois pas à une chimérique et non souhaitable assimilation d’une grande partie des populations allogènes présentes en France et en Europe. Pour autant, je ne crois pas non plus à l’hystérie islamophobe façon Christine Tasin et autre… Ni « phile », ni « phobe », je rejette les extrêmes et cherche à être dans le juste, dans le milieu entre l’idéal et le réalisable. « In medio stat virtus » disaient les anciens !

Ce qui m’a toujours guidé dans mes choix politiques et existentiels, malgré les changements de mouvements ou d’approches, ce sont : l’alliance de la tradition et de la contemporanéité ainsi que celle de l’ordre et de la justice sociale ; enfin et surtout celle de la contemplation et de l’action.

Je prépare aussi actuellement un essai sur l’identité européenne tirée de notes prises depuis quelques années en marge de mes activités politiques. J’espère trouver le temps de le mettre en forme avant la troisième guerre mondiale et au milieu des mes nombreuses activités métapolitiques.

Voilà pour mon parcours politique à grands traits …

2) Quel est l’objectif du cercle Les Non-Alignés ? Pourquoi avoir choisi ce nom ?

Dans cet esprit j’anime maintenant depuis trois ans le site : « les-non-alignes.fr » qui se veut un réseau de réinformation, d’orientation et de réorganisation dans cette aire politique que les italiens appellent « non-conforme ». Mon principal travail étant actuellement l’alter-journalisme et l’organisation d’évènements avec les principaux animateurs du courant antimondialiste. Quelque part entre « think-tank » et réseau non-conformiste. Le but au travers du site « LNA », étant la constitution « in vivo » d’une synthèse active sur le mondialisme et ses opposants.

Le modèle des non-alignés pourrait être cette mouvance que l’on a qualifié de « non-conformistes des années trente » et qui rassemblait en son sein des gens issus de tous horizons avec le souci commun de rectifier la pente mortelle qu’avait pris la civilisation européenne et la France. Pente qui est toujours la sienne aujourd’hui à soixante-dix ans de distance de la guerre civile européenne.

Notre nom s’inspire du mouvement des non-alignés – les pays qui refusaient alors la bipartition Monde libre / Communisme durant la guerre froide - mais donc aussi de cette mouvance dite des « non-conformistes des années trente » et bien-sûr de toute l’aire actuelle définit comme « non-conforme » en Italie. C’est donc l’idée de non-alignement à tous les niveaux : géopolitique, politique et métaphysique aussi. Idée basée sur la liberté et l’autonomie en somme. 

Au départ les Non-Alignés étaient juste un site de la « réinfosphère » que j’ai monté pour faire le lien entre des personnes de différentes associations, aidé en cela au départ par mon camarade Tristan d’E&R(http://www.egaliteetreconciliation.fr/Hommage-a-notre-camarade-Tristan-13284.html) et mon premier associé et cameraman dans cette entreprise, Alex. Nous sommes rejoints en ce moment par de nouvelles personnes et nous travaillons beaucoup à nous structurer à différents niveaux. Il est possible qu’à terme, LNA devienne une association déposée, voire une espèce de centrale d'associations convergentes organisées en pôle de compétences et d’intérêts spécifiques si nous arrivons à coordonner toutes nos bonnes volontés.
Dans l’idéal (et pour l’instant que là …), je pense que partout où il y a un groupe de dissidents actifs, il faudrait qu’il y ait avec : un local associatif, un annuaire communautaire, un agenda local qui liste les évènements importants dans la région. Il est effectivement fondamental d’aller aux réunions des uns et des autres, de savoir qui de proche ou de nuisible vient nous rendre visite dans la région.

Et pourquoi pas aussi : une émission de radio locale reliée à RBN par exemple, un groupe rando-nature, des jardins partagés et AMAP, une asso d’aide communautaire type soupe populaire ou soutien scolaire. Un pôle alter-médiatique avec son équipe d’alter-journalistes prêts à intervenir sur tous les évènements qui se présenteraient, un pôle artistique etc etc. Et à la fin, pourquoi pas, notre éco-village alter-identitaire ?

Bref c’est sur ce modèle là que nous allons essayer d’organiser Les Non-Alignés si la providence nous y aide ! Mais surtout si les personnes conscientes de la gravité de la situation s’investissent d’avantage pour élaborer concrètement des alternatives de vie communautaires et les moyens d’acquérir de l’autonomie à tous les niveaux possibles. Aussi, évidemment, au niveau le plus difficile : l’économique.

Il faut redonner à l’économique sa dimension première et étymologique (« oikos » / « nomos ») : celle de règle du foyer. Donc pour les grecs, celle des moyens de faire exister au quotidien son foyer dans la cité.  Ni plus ni moins. Comment faire cela dans une société de consommation en récession mais toujours structurée par des schèmes et représentations hédonistes-nihilistes-individualistes ? La question est posée … Nous nous heurtons principalement actuellement aux manques de moyens financiers et au manque d’engagement sur la durée de trop de personnes pourtant éveillées politiquement.

Je suis aussi en relation avec beaucoup de personnes de structures différentes, mon idée étant que nous devons arriver à constituer à terme une sorte de réseau de réseaux. Pas forcément unifié sous une bannière commune d’ailleurs, mais plutôt comme une grande articulation réticulaire de réalités métapolitiques différentes mais convergentes et connectées. Chacune gardant sa spécificité et son identité propre mais toutes ayant des buts communs. L’avenir dira si c’est possible ou pas.

Je suis totalement sur la ligne de J-Y Le Gallou quand il appelle tous les dissidents à s’unir pour résister. C’est fondamental et c’est quelque chose qu’à mon niveau j’ai déjà commencé à faire, fidèle en cela au « Zeitgeist » de l’époque.

Partout où il y a des dissidents actifs, ils doivent faire l’effort de contacter dans leur département ou région, les autres groupes proches et partis, surtout s’ils en connaissent les responsables. Ça n’est pas une option : c’est fondamental.  Il en va de notre survie.

Mais au-delà du simple travail de réseau, j'ai un projet qui me tient à cœur et que je vous livre ici en exclusivité, c’est le projet Métapolis.

Qu’est-ce que Métapolis ?

Métapolis est un projet d'université libre et de formation métapolitique. Nous allons développer un cursus de formation générale autour des fondamentaux de notre civilisation européenne que nous délivrerons à qui est intéressé. Ceci dans la perspective de former les cadres potentiels d’une nouvelle synthèse politique européenne. Nous arrivons bientôt à un tournant à tous les niveaux, à un nœud historique qui va se dénouer brusquement. Il s’agira alors pour une élite d’hommes et de femmes d’être prêt à saisir le « Kairos » quand il se présentera tout en arrivant à vivre normalement d’ici là autant que possible.

Il faudra bientôt qu’émergent des personnes qui ne ménagent pas leur peine et qui savent ce que résister veut dire. Qui savent ce qu’Etre veut dire. Des personnes qui veulent Etre et non paraître ou jouer à des simulacres de résistances sur les réseaux sociaux ou les sites de la « dissidence ».

Métapolis est en fait un projet d’humanités contemporaines pour une nouvelle académie. Une nouvelle académie pour un homme restauré. Une nouvelle académie dans le naufrage du monde contemporain.

Le but de Métapolis sera de faire émerger une nouvelle élite métapolitique pour la cité de demain. Un nouveau classicisme pour un homme restauré. L’homme nouveau contre le « nouvel-âge », l’homme nouveau qui est toujours le même, ni d’hier ni de demain, mais celui d’une éternelle actualité.
Celui qui voit, au-delà du flux et du reflux des formes de l’histoire, le monde immuable et numineux des archétypes déployés et qui les fait être dans l’histoire.

Le but de ce projet sera de produire des porteurs de civilisation dans un monde en transition. Des hommes et des femmes aptes à dépasser et transcender les conditions de la « krisis » actuelle.

Le but de Métapolis sera de produire un projet de synthèse de civilisation.

Rien que ça me direz-vous ? Oui, rien que ça et rien en dessous ! Cela prendra le temps qu’il faudra mais c’est vers là qu’il nous faut aller. Le temps de la petite politique est révolu, c’est le retour de la grande politique, de l’autre politique, de la métapolitique. Nous sommes des militants métapolitiques, nous n’avons que faire des intrigues de basse-cour du dernier homme des partis !

Pour moi il faut faire deux choses actuellement (et c'est ce que j'essaye de faire de mon côté depuis des années) : créer les conditions de nouvelles formes d'actions politiques de terrain et de sélectionner les meilleurs militants pour leur donner une formation théorique ainsi que les moyens de savoir former à leur tour d'autres personnes dans un processus d’auto et de co-éducation.

Nous vivons un effondrement civilisationnel global. Jusqu’ici cet effondrement c’est produit de manière souterraine en occident, peu visible pour ceux qui ne voulaient pas le voir. Aujourd’hui les lézardes de la maison commencent à être vraiment visibles, même si tous n’en comprennent pas encore les raisons profondes et n’en mesurent pas forcément la gravité. Des ruptures brutales ne manqueront pas de se produire bientôt dans la « dissociété » dans laquelle les oligarchies nous font vivre. Ruptures qui déboucheront peut-être sur une nouvelle guerre de trente ans. A moins que les projets de contrôle social et anthropologique à venir ne s’avèrent encore beaucoup plus profonds que ceux que nous subissons actuellement. Débouchant alors sur une réelle mutation transhumaniste post-humaine et sur la dictature ouverte et acceptée.

Cette académie métapolitique aura justement pour vocation première de délivrer une formation théorique et physique à destination du type humain qui aura à affronter ses ruptures brutales. Encore une fois, le but de Métapolis sera de produire un projet de synthèse de civilisation et un homme assez redressé afin d’affronter cette tempête. 

Je crois au destin des européens !

Je crois aussi à la possibilité de l’imprévu dans l'histoire. Cette imprévu qu’a enseigné et incarné Dominique Venner, un imprévu qui viendrait redistribuer les cartes brusquement. Je crois assez à cette idée de "cygne noir" que m'a suggéré un ami : http://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_du_cygne_noir
« Cygne noir » qui peut toujours poindre à l’improviste et faire voler en éclat toutes les prédictions et fatalités des paresseux de la vie et des fatalistes qui ne jurent que par l’inéluctabilité cyclique … Cycles qui existent bien entendu mais nous commandent d’agir, pas juste d’attendre que d’autres le fassent à notre place. C’est justement une perception cyclique qui peut nous faire penser que s’ouvrira bientôt un temps pour agir. Mais si rien n’est préparé par avance, d’autres le feront à notre place, nous laissant spectateur muet de notre fin. Mais rien n'est encore joué et je suis persuadé que de nombreux européens se révéleront dans l'épreuve. A nous d'avoir préparé l'avant-garde pour les accueillir et les former.

Il nous faut créer les conditions d’une nouvelle volonté de puissance et de vie européenne. C’est ce que proposera Métapolis le temps venu.

Evidemment pour un projet d’une telle ampleur je ne suis pas seul et je travaille actuellement à réunir les personnes nécessaires à son élaboration.

Ces personnes seront sélectionnées sur quelques principes simples mais fondamentaux : 

- la qualité reconnue de leurs travaux ou de leurs actions.
- leur implication personnelle et leur engagement réel dans la cité et pas seulement sur la "toile".
- leur volonté de se tenir loin des logiques de manipulation et d'auto-manipulation (involontaires parfois) que l'on rencontre trop souvent dans les groupes dissidents.
- la volonté et l'envie de bâtir quelque chose de civique en dehors de la politique politicienne.
- la reconnaissance des hiérarchies naturelles et surnaturelles et la volonté de les promouvoir face au matérialisme et au nihilisme.

En fait l’efficacité dans leur domaine, leur implication dans la cité et surtout leur qualité humaine et l’importance accordée par elles à l’altruisme et à la communauté. L’honnêteté et la franchise dans nos rapports entre nous.

J’insisterai vraiment sur la nécessité de construire des rapports de groupes non instrumentaux où les militants soient considérés comme des personnes et des sujets et plus comme des objets : corvéables, manipulables et enfin jetables comme trop souvent. La véritable pathologie des "leaders" en tout genre étant bien souvent : la perversion narcissique, l'auto-intoxication idéologique et la libido de pouvoir.

J’insisterai encore sur la nécessité d'être dans l'être et plus dans le "vouloir-être" quelque chose ou quelqu’un. L’apprentissage délivré pointera en permanence dans cette direction, comme une flèche spirituelle vers le cœur.

3) Quels sont vos rapports avec l’Italie et en particulier avec Casapound ?

A un niveau personnel l'Italie est une part de moi-même, j'ai du sang italien et j'en parle la langue. Ma famille est pour moitié italienne et m’a transmit ses valeurs. Même si l’Italie actuelle est en train d’étouffer et de muter atrocement comme toutes les autres nations européennes, on y trouve encore une bonne humeur, une naïveté et une virilité bien rares en France. Même si j’ai l’impression, comme beaucoup, que les choses sont en train de changer rapidement chez nous, et que des français vont peut-être bientôt surprendre l’univers.

J’ai connu Casapound à leur université d’été de 2004, près de Rome. Je faisais alors partie des premiers français à s’intéresser de près à cette passionnante réalité politique alternative. J’y ai rencontré Gabriele Adinolfi. J’ai aussi participé à la réalisation d’un documentaire semi-pro sur cette mouvance en 2006. Documentaire qui n’a malheureusement jamais vu le jour. J’y retourne régulièrement pour leurs rendez-vous principaux et participent à mon niveau à certaines de leurs activités autant qu’il m’est possible de le faire, comme récemment où je me suis rendu à leur université d’été à nouveau. J’y ai d’ailleurs commencé un documentaire sur le militantisme radical et filmé des entretiens de fond qui commenceront à sortir bientôt.

Sur Casapound et ce qui m’inspire chez eux, je peux redire ici ce que j’ai déjà dit sur eux dans un article de LNA et qui résume ce que je pense de leur force et de leur travail.

« Beaucoup s’interrogent sur les raisons du succès de Casapound. Il y a bien sûr au départ la lutte pour le droit au logement et la réappropriation par le mouvement de bâtiments abandonnés pour y reloger familles et démunis italiens, lutte qui a aboutit dans la région du Latium à l’établissement d’une loi dite du « Crédit Social », mais pas seulement. La force de Casapound réside dans cette capacité que peut avoir un mouvement collectif de s’emparer de tout ce qui est à sa portée en matière d’aide sociale, de culture, de sport et d’activités de toutes sortes, comme du bois que l’on jette en permanence en une flamme qui ne s’éteint jamais : la flamme de l’esprit de communauté. Selon cette logique, des militants passionnés en tous domaines ont pu développer en quelques années des activités qui vont du saut en parachute aux équipes de water-polo ou de rando-escalade estampillées « Casapound » et ainsi faire connaître et respecter Casapound chacun dans son domaine et finir par se faire accepter dans certaines de ces activités bien en dehors de leur sphère politique d’origine.»

Lors des derniers tremblements de terre en Emilie – comme il y a quatre ans à l’Aquila – c’est l’équipe de secourisme de Casapound , « la Salamandre », qui a ainsi pu montrer concrètement ce que signifie être proche de son peuple quand il est dans l’épreuve. Cela en dehors de tout verbiage populiste-électoraliste, dans le simple don de soi communautaire et solidaire.

L’idée est simple mais son application quotidienne concrète des plus ardues et ardentes : que chacun développe au sein du mouvement une activité ou une thématique communautaire qui lui est chère et qu’il y consacre les meilleures de ses forces. Cela plutôt que de vivre des loisirs individualistes en égoïste qui nous retranchent les uns des autres et nous isolent dans la petite et mesquine sphère privée dans laquelle le libéralisme veut nous enfermer. Sphère privée qui, quand elle n’est plus réellement la sphère sacrée de la famille et des ancêtres, n’est plus qu’un amalgame d’égoïsmes qui se tolèrent plus ou moins mal et qui érigent la banalité quotidienne et l’hystérie du moi en horizon indépassable de la vie personnelle et collective.

Que chacun donne à la communauté ce qu’il a de meilleur en pure gratuité militante selon la devise D’Annunzienne : « J’ai ce que j’ai donné ». »

(Fin de la première partie)