Rédigé par Philippe Maxence
Qu’est-ce que le
conservatisme ? C’est à cette question que tente de répondre
Jean-Philippe Vincent, ancien élève de l’Ena et économiste. Dans
cette synthèse, à la fois doctrinale et prospective, Edmund Burke
occupe une place centrale et revient comme la référence première au
conservatisme même si celui-ci a pu évoluer depuis le XVIIIe siècle.
Dégageant le conservatisme de la seule acception d’une attitude psychologique (le statu quo),
Jean-Philippe Vincent tente de montrer qu’il est, au contraire, une
véritable doctrine politique s’appuyant sur l’autorité et le désir du
bien commun, soucieux de la tradition, de la propriété et du respect de
la religion tout en privilégiant un régime de liberté sur celui de
l’égalité. Non sans intérêt, il présente quelques figures de ce courant
et prévoit un renouveau du conservatisme, politique des temps de crise.
On
hésite parfois devant les propos de l’auteur, en ne distinguant pas
bien le conservatisme d’un libéralisme tempéré ou d’un catholicisme
social débarrassé de ses tentations révolutionnaires. Baptiser les
Anciens (Aristote, Cicéron, par exemple) de conservateurs pose quelques
problèmes de captation rétrospective, de même que de voir G.K.
Chesterton, fer de lance du distributisme, engagé sous cette bannière,
lui qui fut un critique impitoyable des conservateurs de son temps. À
force de voir large, Jean-Philippe Vincent embrouille parfois son sujet
là où il voulait l’éclairer. Indirectement, pourtant, il montre bien le
défaut majeur du conservatisme : son acception, sous couvert
d’évolution, de l’anthropologie des Lumières. Le conservatisme serait-il
un progressisme qui ne dit pas son nom ?
Jean-Philippe Vincent, Qu’est-ce que le conservatisme ? Histoire intellectuelle d’une idée politique, Les Belles Lettres, 272 p., 24,90 €.
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