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lundi 15 janvier 2018

Et si Viktor Orbán nous donnait des leçons de démocratie ?

On sait que Viktor Orbán, le Premier ministre hongrois, s’oppose à la politique européenne en faveur des migrants, imposée par Bruxelles. Dans un entretien au quotidien allemand Bild, il réitère son opposition : ses arguments devraient faire réfléchir tous les pays de l’Union européenne, notamment la France. 

Tout d’abord, il souligne qu’il est le porte-parole du peuple hongrois : « Je ne peux parler que pour le peuple hongrois et il ne veut aucune immigration. » Sur une question si fondamentale, il lui paraît impossible de ne pas se conformer à l’opinion majoritaire du peuple. On en est presque étonné, tant les entorses à la démocratie sont devenues chez nous monnaie courante.

En France, Emmanuel Macron et son gouvernement ne se réfèrent au peuple que pour cautionner leur politique, dont les grandes orientations auraient été majoritairement approuvées – omettant de reconnaître que cette prétendue majorité est une réelle minorité. Ils se gardent bien de remettre en question le système électoral, bien qu’il soit profondément inéquitable. Quand la République se moque de la démocratie, il y a un problème institutionnel qu’on ne peut éluder.

D’aucuns objecteront que Viktor Orbán est conservateur, nationaliste, populiste… De quoi le discréditer, pensent-ils. Mais qui est le plus démocrate : celui qui tient compte des aspirations du peuple ou celui qui s’en joue, estimant que le peuple est stupide chaque fois qu’il ne va pas dans le sens voulu ? 

Ensuite, le Premier ministre hongrois estime que les sociétés chrétienne et musulmane ne s’uniront jamais : « Un grand nombre de musulmans conduit inévitablement à des sociétés parallèles. » Discours qui fait scandale. Mais sa position n’est-elle pas plus modérée que celle de François Hollande qui, d’après l’ouvrage Un président ne devrait pas dire ça, aurait confié à des journalistes que « la partition […] est en train de se produire » ?

Considérant les migrants comme des « envahisseurs musulmans », Viktor Orbán tient ce propos : « Si quelqu’un veut venir dans votre maison, il frappe à votre porte et demande : pouvons-nous entrer, pouvons-nous rester ? [Les demandeurs d’asile] ne font pas cela, ils ont franchi la frontière illégalement. » Prononcés en France, ces propos seraient aussitôt condamnés, voire poursuivis pour incitation à la haine. Et pourtant, ne fleurent-ils pas le bon sens ? Un chef d’État ne doit-il pas tenir compte des conséquences politiques, économiques et sociales de l’immigration ?

De même, quand il estime que « le multiculturalisme n’est qu’une illusion » et que l’immigration menace l’identité de son pays, a-t-il nécessairement tort ? On rétorque que, dans le passé, la France a bien accueilli des centaines de milliers d’Européens (Italiens, Polonais, Espagnols…). Certes ! Mais s’ils ont gardé certaines de leurs traditions, ils se sont facilement intégrés car ils avaient en commun une même culture.

Les propos de Viktor Orbán devraient au moins inciter nos dirigeants à s’interroger. Sur leur conception de la démocratie qui la pervertit, sur les défaillances du système électoral. Sur les problèmes posés par le multiculturalisme, sur la nécessité pour un peuple de ne pas se couper de ses racines pour garder sa cohésion.
Ils devraient chercher des solutions pour une meilleure représentation nationale, pour favoriser l’intégration, pour permettre à la France de sauvegarder sa souveraineté, pour modifier le fonctionnement de l’Europe, pour contribuer effectivement au développement des pays qui en ont besoin…

Quoi de plus révoltant que ces prétendues élites qui croient tout savoir mieux que le peuple, qu’ils méprisent ?

 Philippe Kerlouan

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