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jeudi 9 janvier 2014

CE QUE NOUS PRÉPARE LA SCIENCE - Resterons-nous encore des humains?



 

Il est d'usage de dire et d'écrire que la science, à terme, a vocation pour tout expliquer et que rien n'arrête le progrès catalysé justement par une science conquérante dont on dit qu'elle s'oppose à la religion en ce sens que les miracles sortent de plus en plus des laboratoires, poussant ainsi les religions dans leurs derniers retranchements surtout quand elles font preuve de concordisme qui est la grande erreur à ne pas faire. Souvenons de Galilée – convoqué par l’Eglise, pour avoir  affirmé simplement que la terre était ronde et tournait autour du soleil-. Son avocat dans sa plaidoirie eut cette phrase lumineuse : «Galilée ne vous dit comment aller au ciel, mais comment est le ciel »

Voitures autonomes, ordinateurs... ce qu'Asimov avait prédit pour 2014 

De tous temps, les hommes ont tenté par l’imagination de sortir du présent et de s’évader dans le monde du futur ; Il en fut ainsi de Aldous Huxley avec « Le meilleur des Mondes » et de tant d’autres  comme Georges Orwell.  Dans les années 70, on parlait de l’an 2000 comme d’un horizon indépassable ; Le film « Odyssée de l’Espace » de Arthur Clarke en a rendu compte dans un film culte.

Dans le domaine de la technologie , on ne peut pas ignorer le gourou de cette discipline, en l’occurrence  Isaac Asimov dans le domaine technologique. En 1964, le grand auteur de science-fiction Isaac Asimov publie dans la foulée un essai dans les colonnes du New York Times en essayant de s'imaginer à quoi pourrait ressembler, un demi-siècle plus tard, l'Exposition universelle de 2014.(...) Asimov entrevoit l'ère des objets robotiques et connectés en évoquant des cuisines conçues pour «préparer des auto-repas, chauffant l'eau et la transformant en café; grillant le pain et le bacon; cuisant, pochant ou brouillant des oeufs, etc.» Les robots «ne seront ni courants ni très élaborés mais ils existeront». En revanche, les machines et ordinateurs règneront en maîtres, «beaucoup plus miniaturisés» et s'apparentant à des «cerveaux» intelligents. Asimov prévoit également l'avènement des voitures autonomes (les fameuses Google Cars?), la fabrication d'organes artificiels, l'augmentation de l'espérance de vie et de la population mondiale (avec les problèmes qui l'accompagnent)... Une de ses prédictions sonne comme une esquisse de l'Internet: «Les communications se feront par visioconférence et vous pourrez à la fois voir et entendre votre interlocuteur. L'écran, en plus de vous permettre de voir les gens que vous appelez, vous permettra également d'accéder à des documents, de voir des photographies ou de lire des passages de livres.»

Les inventions actuelles: rien n'arrête l'imagination

Asimov a fait des émules et les projets ne mettent pas longtemps à devenir des réalités. Ainsi, on veutcombattre le changement climatique. Envoyant du soufre dans la stratosphère ou fertilisant les océans avec du fer, des scientifiques tentent de refroidir la planète par tous les moyens. Devant l'incapacité des nations à oeuvrer ensemble dans la lutte contre le réchauffement climatique, des scientifiques ont commencé à explorer une alternative audacieuse: refroidir la planète. Substitutif ou palliatif, la géo-ingénierie regroupe les techniques qui permettraient, non pas de réduire nos émissions, mais de freiner, voire inverser le dérèglement climatique.»

Une autre initiative menée au large du Canada a en revanche bel et bien abouti. Le Guardian révélait en octobre dernier [2013 ndR] qu'une société américaine avait déversé 100 tonnes de sulfate de fer dans l'océan Pacifique, menant ainsi la plus grande expérience - et la plus controversée - jamais enregistrée en la matière. L'objectif: fertiliser l'océan, ou plutôt stimuler le plancton grâce aux particules de fer, avec la promesse (outre de capturer du carbone absorbé par le plancton) de ramener les saumons dans cette zone géographique. Un succès apparemment, mais dont les conséquences environnementales sont encore douteuses.

Nanotechnologie: les incroyables applications 

Nano-aliments dont le goût change à volonté, matériaux de construction qui s'auto-réparent, objets qui se constituent à partir de l'air ambiant, microprocesseurs à l'échelle d'un millième de millimètre, membres du corps qui repoussent... La nanotechnologie ne se contente pas de créer à partir de l'atome, elle nous fait miroiter des applications à faire pâlir la science-fiction.

La nanotechnologie a généré 147 milliards de dollars sur l'année 2008. Les prévisions sur le milieu de la décennie tablent sur 3000 milliards de dollars. Le premier secteur appelé à connaître une révolution en profondeur est celui des aliments. (...) Autre application qui défie l'imagination: la médecine «régénérative». Le professeur Alan Russel de l'Université de Pittsburgh travaille sur la régénération de membres du corps avec le soutien des militaires. «Si un triton peut le faire, pourquoi pas nous?» explique Russell! (...) Les chercheurs évoquent la possibilité de créer des muscles artificiels avec une force 50 fois plus importante que celle d'un muscle humain.

Le transhumanisme et l'immortalité 

La proximité des dirigeants de Google avec les gourous du transhumanisme peut laisser penser qu'ils envisagent  de réaliser les rêves d'Isaac Asimov. Peter Diamandis expose l'une de ses thèses maîtresses, à savoir que les technologies de l'information sont en train de révolutionner les solutions aux problèmes de l'humanité.

« Diamandis, Kurzweil et Itzkov pensent que d'ici 2045, les progrès exponentiels de la technologie des ordinateurs et des robots vont révolutionner l'histoire humaine via la création d'ordinateurs intelligents et conscients, surpassant de très loin le cerveau d'Homo sapiens. Ils repousseraient les limites biologiques et cognitives de l'Homme, mais ils permettraient aussi aux individus de devenir immortels en téléchargeant leur conscience dans une enveloppe robotique humanoïde débarrassée des faiblesses humaines. De la conscience artificielle: cela pourrait bien nécessiter des ordinateurs quantiques et justement, Google a fait grand bruit il y a quelque temps en achetant un calculateur quantique à la société D-Wave. Le transhumanisme et l'idée dutéléchargement de la conscience sont dans l'air du temps. (...) Google veut-il s'afficher comme un acteur majeur des idées des transhumanistes, qui, pour mémoire, se proposent d'utiliser la technologie et la science pour résoudre tous les problèmes de l'humanité, comme le vieillissement et la mort? On peut se poser la question, d'autant que le 18 septembre 2013, Google a annoncé le lancement de Calico une entreprise s'attaquant au défi «de l'âge et des maladies associées». Le Time n'a d'ailleurs pas hésité à cette occasion à titrer: Google peut-il résoudre le problème de la mort?» (Laurent Sacco: Google et le rêve d'Isaac Asimov Futura-Sciences 19 12 2013).

IBM comme Google, envisage la création d'un ange gardien numérique capable de veiller sur une personne. Nous rejoignons de ce fait le Big Brother prévu par Orwell et mis ne œuvre par Google. On «s'occupera» de vous pour peu que vous mettiez le pied à l'étrier de la Toile... Vous êtes alors «fichés» voire fichus, car tout ce que vous faites est vu et su au grand jour. Nous sommes dans le monde d'Orwell, voire dans le meilleur des mondes dont parlait un autre géant de la littérature fiction en l'occurrence Aldous Huxley. Google, à force de nous conditionner, arrivera dans les faits à confirmer ces prophéties auto-réalisatrices. Le mythe prométhéen de Descartes: «L'homme maître et possesseur de la nature» est dangereux. Si la science, même si elle aspire à nous sauver, a plus que jamais d'éthique pour garder à l'homme sa personnalité,  son libre arbitre voire son humanité ou ce qu'il en restera. A ce titre l’Inde vient de déclarer que les dauphins sont des personnes non humaines et qu’à ce titre, elles ne doivent pas être maltraitées… On voit les frontières entre espèces que l’on croyait gravées dans le marbre , se brouillent

Assurément la boutade de Jean Rostand revêt toute sa signification , la science nous promet de devenir des Dieux , mais sommes-nous des hommes  au sens de la dignité humaine ?  Que restera t-il de l’homme  et de sa dignité dans cinquante ans ? La question est posée car Asimov, Huxley, Orwell d’une façon ou d’une autre prévoient l’avènement d’une société oligo-humaine qui tient le pouvoir et d’une armée d’esclaves –scorie d’une paléo-humanité- qui , on l’aura compris, seront en compétition avec des robots humanoïdes autrement plus performants..