Ephémérides de
janvier
1 janvier 1922
: Naissance du politologue allemand Rüdiger
Altmann, disciple de Carl Schmitt. Jeune volontaire de guerre en 1939,
Rüdiger Altmann sera grièvement blessé au combat, démobilisé et autorisé à
suivre des cours universitaires à Berlin. Il suivra ceux de Carl Schmitt, avant
de continuer après guerre ses études à Marbourg, en dehors de l’orbite de
Schmitt, pour ensuite devenir l’assistant de Wolfgang Abendroth à
Wilhelmshaven. La spécialité d’Altmann sera de réfléchir sur le rôle croissant
de l’opinion publique dans la modernité, une opinion publique qui prend de plus
en plus le relais des fonctions jadis dévolues à l’Etat. Celui-ci ne cesse de
perdre de l’importance, du moins sous ses formes traditionnelles. Dans un
courrier que lui envoya un jour Carl Schmitt, on trouve cette phrase, en
français: “L’Etat se meurt, ne troublez pas son agonie”. L’ère dictatoriale
hitlérienne en Allemagne, pensaient Altmann, Abendroth et Schmitt, n’avait pas
sauvé l’Etat; elle l’avait définitivement tué, tant et si bien que la dictature
et l’Etat n’étaient plus que des spectres hantant la civilisation occidentale
en voie de dépolitisation totale. Pour maintenir un semblant d’ordre après ce
séisme, il fallait, pensait Altmann, s’efforcer de gérer une “société formée”,
de préférence dirigée par un Chancelier fort (en l’occurrence Adenauer et, après
lui, Ehrard). Cette “société formée”, héritière bon gré mal gré de l’Etat,
n’était plus tant menacée dans ses assises par les conflits sociaux mais par la
croissance luxuriante des structures créées et imposées par les intérêts
“organisés”, sectoriels, syndicaux, professionnels, financiers et autres. Dans
une telle perspective, le conflit, dans sa radicalité de sorélienne mémoire,
est purement et simplement évacué et la société passe à un stade, en principe
non conflictuel, de coopération inter-groupale, dont les accords ponctuels
génèrent une dynamique permanente. Carl Schmitt estimait, pessimiste et
désillusionné, que cette situation conduisait à la domination des “potestates
indirectae”, des “pouvoirs indirects”, non visibles, castrateurs de l’Etat classique
et du politique en soi, dont il avait été le théoricien par excellence. Le type
d’Etat qui se substitue à ce dernier est un “Etat redistributeur”, qui n’est
plus rien d’autre qu’une organisation sans pouvoir réellement politique,
chargée de subventionner les groupes sectoriels organisés, tirant forcément à
hue et à dia, au gré de leurs intérêts du moment. La “Grande Coalition” des
sociaux-démocrates et des démocrates-chrétiens, qui accède au pouvoir en 1966,
incarne ce passage de la société formée (dont il ne reste plus que de
misérables résidus sous les coups du consumérisme émergent) à cette
organisation générale redistributrice, indirecte et invisible. Altmann a aussi
tenté de défendre la représentation parlementaire classique contre la
partitocratie en marche, prête à occuper tous les rouages de l’Etat, pour le
castrer définitivement et pour vider le politique de son sens. Son œuvre peut
nous aider à combattre en Flandre et en Belgique toute résurgence du
“dehaenisme” (avec sa “plomberie politique” et ses rafistolages sans projet) ou
toute réédition de cette pratique pernicieuse de la “potestas indirecta” chez
les démocrates-chrétiens, surtout quand ils sont alliés aux socialistes.
2 janvier 1913
: Naissance à Zellwiller en Alsace de Jean-Jacques
Hatt, archéologue formé à l’Université de Strasbourg. Ses spécialités
seront l’archéologie gauloise et gallo-romaine et les antiquités alsaciennes.
Il a dirigé de nombreuses fouilles en Alsace et en Lorraine, notamment celles
qui ont conduit à la redécouverte des tumuli de Brumathwald. Grâce à ses
initiatives, l’archéologie sauve le Mithraeum de Mackwiller, également en
Alsace, où les légions romaines ont stationné et où elles comptaient sans nul
doute, comme partout le long du Rhin, des soldats et cavaliers sarmates et
iraniens, qui ont apporté le culte de Mithra dans le nord de l’Europe. On lui
doit également une interprétation nouvelle des inscriptions du chaudron
celtique de Gundestrup. Hatt a mis sa vie au service de la plus longue mémoire
de l’Europe, à une époque où les intellectuels traîtres font tout pour
éradiquer de nos esprits nos racines les plus profondes. Jean-Jacques Hatt
meurt le 2 janvier 1997, le jour même de son 84ième anniversaire.
2 janvier 1776 : L’Empereur Joseph II
d’Autriche, despote éclairé, décide d’abolir la torture dans tous ses Etats.
Joseph II entend modeler son système de pouvoir sur les idées nouvelles du
18ème siècle et “se débarrasser des fardeaux inutiles du passé”. Cette volonté
de se débarrasser de toutes les bonnes vieilles habitudes de la tradition lui
jouera des tours, notamment aux Pays-Bas où ses réformes seront mal accueillies
et considérées comme tatillonnes, si bien qu’il récoltera le sobriquet de
« roi sacristain » car il avait demandé de légiférer sur la longueur
et l’épaisseur des bougies et cierges destinés au culte. De même, il vexera
profondément les Hongrois, en ramenant à Vienne la Couronne de Saint-Etienne,
qu’il portait au titre de Roi de Hongrie. Quant au palais royal de Prague, il
le transformera en caserne de cavalerie, fasciné qu’il était par tout ce qui
était « utile ». Joseph II introduit dans ses Etats disparates et
composites un centralisme qui ne sera guère apprécié. Cet Empereur d’ancien régime,
adepte du despotisme éclairé, a néanmoins « humanisé » les pratiques
judiciaires, bien avant le triomphe des idées de 1789, qui, elles, feront un
usage zélé de la guillotine.
3 janvier 1940: Après avoir bloqué
l’offensive soviétique, les Finlandais constatent que l’Armée Rouge s’enterre
le long de la frontière russo-finlandaise et la fortifie, manifestement en vue
d’une future offensive, après les grands froids. Le 3 janvier, l’aviation
finlandaise lance trois millions de tracts sur Leningrad, afin de démoraliser
la population soviétique et de l’informer sur la situation réelle sur le front.
Deux jours plus tard, les troupes du Maréchal finlandais Mannerheim encerclent
la 18ème Division soviétique au nord du Lac Ladoga. Le 8 janvier, la 9ème
Division finlandaise du Général Siilasvuo écrase deux divisions soviétiques,
dont elle avait préalablement coupé les approvisionnements. La tactique des
Finlandais est “de laisser la faim et le froid affaiblir l’ennemi”.
3 janvier 1893
: Naissance à Paris de l’écrivain français de souche normande, Pierre Drieu la Rochelle.
4 janvier 1672
: Naissance à Londres de Hugh Boulter, qui deviendra l'archevêque anglais
d'Armagh en Irlande, ce qui faisait de lui le gouverneur quasi absolu du pays,
au début du 18ième siècle, où l'ascendant des Protestants sur les
Catholiques a connu son apogée. Il exerça également les fonctions de ministre
de la justice en Irlande. Il était convaincu que les intérêts de l'Angleterre
étaient dangereusement menacés en Irlande par la majorité catholique. Il décida
donc de rendre les lois pénales plus sévères pour les Catholiques irlandais
que pour les Protestants irlandais, écossais et anglais qui vivaient dans le
pays. Les Catholiques furent exclus par la suite du droit de vote et de toute
profession de nature juridique. Il a tenté de remplacer systématiquement les
Irlandais de souche par des Anglais dans toutes les fonctions ecclésiastiques
et politiques. Ces mesures sont à la base de toute la tragédie irlandaise
ultérieure et ont encore des répercussions bien réelles en Ulster aujourd'hui.
4 janvier 1813 :
Naissance à Thorngrove en Angleterre de Louis-Lucien Bonaparte, troisième fils
de Lucien Bonaparte, frère de Napoléon. Louis-Lucien Bonaparte n'aura qu'une
très brève et très insignifiante carrière politique entre 1848 et 1851. Son
activité principale fut celle d'un philologue, spécialiste des dialectes
anglais et de la langue basque.
5 janvier 1848
: Naissance à Kalofer en Bulgarie du poète épique et nationaliste bulgare
Khristo Botev, écrivain combattant et éveilleur de son peuple. Envoyé en
Russie pour parfaire sa formation en 1863, il revient en 1867 en Bulgarie en
étant profondément influencé par les idées des nihilistes russes. Avec son ami
Stephan Stamboulov, il organise un mouvement nationaliste et révolutionnaire
pour libérer sa patrie du joug turc. La première phase de son combat est
métapolitique, car il veut une renaissance littéraire bulgare, portée par des
journaux engagés, eux-mêmes flanqués de groupes et d'organisations préparant le
soulèvement national. En mai 1876, le peuple bulgare se soulève contre les
oppresseurs turcs. Botev prend la tête d'une escouade de volontaires rebelles
et meurt les armes à la main, face aux troupes régulières ottomanes, le 20
mai 1876, à proximité du Mont Veslez.
6 janvier 1911
: Allemands et Russes s’entendent sur la construction d’une voie ferrée entre Berlin et Bagdad.
Malgré l’Entente, les intrigues franco-britanniques et la main-mise allemande
sur l’Empire ottoman moribond (ce qui déplait aux Russes), les deux puissances
continentales parviennent quand même, à la veille de la première guerre
mondiale, à se mettre d’accord sur une question géopolitique essentielle, qui,
si elle avait été résolue à l’époque, aurait évité le déclenchement des deux
conflits mondiaux et rendu inutiles les deux récentes expéditions en Irak.
6 janvier 1940 : Louis-Ferdinand Céline
n’a pas été directement mobilisé en raison des nombreuses blessures qu’il avait
reçues pendant la première guerre mondiale. Il a cependant tenu à servir la
France en s’engageant comme médecin dans la marine. Le 6 janvier 1940, le
navire sur lequel il officie, heurte un bâtiment britannique au large de
Gibraltar et fait naufrage. Céline, selon ses propres mots: “a suturé pendant
quatorze heures et piqué dans tous les sens – toute la nuit coupaillé ici et
là!”.
7 janvier 1768
: Naissance de Joseph Bonaparte à Corte en Corse. Frère aîné de Napoléon, il
fera surtout une carrière de diplomate et fut le négociateur principal, côté
français, lors des traités de Mortfontaine (avec les Etats-Unis), de Lunéville
(avec l'Autriche) et d'Amiens (avec l'Angleterre). De conviction républicaine
très sincère, il regarde avec scepticisme le couronnement de son frère en 1804,
ce qui refroidira leurs relations. En 1806, il devient roi de Naples et
"républicanise" ce royaume italien, très marqué par un catholicisme
baroque. Ses mesures de rationalisation laïque le rendront fort impopulaire en
Italie du Sud. En 1808, Napoléon le nomme roi d'Espagne, où il doit faire face
à la révolte populaire. L'analyse de sa carrière diplomatique, de loin la
part la plus importante de sa biographie, mériterait une analyse plus approfondie,
car elle nous mettrait bien en exergue les intérêts des puissances antagonistes
de l'époque, intérêts qui ne cessent de revenir à l'avant-plan aujourd'hui.
8 janvier 1907
: L’économiste, issu de l’«école historique
allemande», Gustav von Schmoller,
préside à Berlin un “Comité d’action
pour une politique coloniale” et déclare vouloir œuvrer pour donner à
l’Allemagne unifiée une politique mondiale et des colonies. Huit jours plus
tôt, le rapporteur du gouvernement anglais sur les questions allemandes avait
déclaré que la politique de Guillaume II visait l’hégémonie en Europe et dans
le monde. Les rapports germano-britanniques commencent à s’envenimer davantage,
suite à la signature de l’«Entente» en
1904, ce qui conduira à la première guerre mondiale.
8 janvier 1792:
Comme les souverains de Prusse et d’Autriche souhaitent mobiliser tous les
efforts militaires de l’Europe pour vider le chancre de la révolution
française, pure fabrication des services secrets de Pitt le Jeune et non
soulèvement populaire et “démocratique” comme le veulent les légendes
colportées depuis lors, les Autrichiens sont contraints d’abandonner toutes les
conquêtes récentes qu’ils venaient de faire dans les Balkans. A cause des
voyous parisiens stipendiés par l’Angleterre, la Russie se retrouve seule face
aux Ottomans de Sélim III qui tentent de profiter de l’aubaine pour réaffirmer
leur présence en Serbie. Le peuple serbe est l’une des premières victimes
collectives du chancre sans-culottes, on l’oublie trop souvent, car les
Autrichiens, pour faire face à une France dévoyée ont dû suspendre leur
protection et ramener une bonne partie de leurs troupes à l’Ouest, où
l’alliance implicite de la France et de l’Autriche, sous Louis XVI et Joseph
II, les avait rendues inutiles. Néanmoins, l’armée de la Tsarine Catherine II
parvient à écraser les troupes ottomanes à Mashin, le 4 avril 1791. Le Sultan
ne peut plus formuler d’exigences. Il devra entériner le Traité de Jassy, signé
le 8 janvier 1792.
Dans les clauses de ce Traité, les
Ottomans acceptent l’annexion de la Crimée à la Russie et la suzerainté russe
sur la Géorgie othodoxe, libérée du joug musulman. Le Dniestr devient la
frontière entre les empires russe et ottoman. Cette extension russe permet aux
Tsars de dominer la Mer Noire, ce qui leur vaudra l’inimitié tenace de
l’Angleterre, une inimitié qui se concrétisera lors de la fameuse Guerre de
Crimée (1853-1856), où la France sera entraînée. Ensuite, la présence russe sur
le Dniestr pèse sur les “Principautés” danubiennes, la Moldavie et la Valachie,
que Vienne entendait dominer afin de contrôler l’ensemble du cours du Danube,
jusqu’à son delta et d’obtenir ainsi une fenêtre sur la Mer Noire. Le Traité de
Jassy jette donc aussi les bases de l’inimitié entre la Russie et l’Autriche,
qui compliquera considérablement la diplomatie du 19ème siècle et constituera
l’un des motifs de la première guerre mondiale.
Si l’on jette un coup d’oeil sur la
situation actuelle dans la région, nous constatons que les Etats-Unis ont
repris en quelque sorte le rôle de la thalassocratie anglaise: ils sont les
protecteurs de la Turquie, en dépit d’une mise en scène où celle-ci fait
semblant de branler dans le manche et d’adopter, avec Davutolgu, une diplomatie
autonome; en tant qu’héritiers de la politique pro-ottomane de l’Angleterre du
19ème siècle, ils veillent aussi à détacher la Crimée de la sphère d’influence
moscovite, en pariant sur le contentieux russo-ukrainien et, aussi, à arracher
la Géorgie orthodoxe à l’influence russe. Les Etats-Unis ont pour objectif de
défaire les acquis du Traité de Jassy de 1792. Nous constatons également que la
frontière sur le Dniestr constitue aujourd’hui aussi un enjeu, avec la
proclamation de la république pro-russe
de Transnistrie, face à une Moldavie qui pourrait se joindre à la Roumanie et,
ainsi, se voir inféodée à l’OTAN et à l’UE.
8 janvier 1784 : Le Sultan ottoman est
contraint de céder la Crimée à la Tsarine Catherine II. Celle-ci avait pour
politique principale d’étendre la Russie vers le Sud, vers la Mer Noire et le
monde grec. Elle avait tourné le dos à la politique russe antérieure, qui était
de prendre la Baltique toute entière et d’affronter, pour y parvenir, le
royaume de Suède et la Pologne. Catherine II tourne donc toutes ses forces vers
le Sud. L’année précédente, elle avait protégé le khan de Crimée contre ses
sujets révoltés, alors que ce khan était vassal de la Sublime Porte. Celle-ci
est trop affaiblie pour réagir, et l’ambassadeur de France, Vergennes, dissuade
le Sultan de riposter. Vergennes participe à une grande politique
continentale : la France n’est plus l’ennemie de l’Autriche, car Louis XVI
a épousé Marie-Antoinette ; et Joseph II, Empereur d’Autriche, qui a
succédé en 1780 à sa mère Marie-Thérèse, souhaite la paix avec la France et
avec la Russie. Implicitement, il existe à l’époque un Axe
Paris/Vienne/Saint-Pétersbourg, donc une sorte de bloc eurasiatique ou eurosibérien
avant la lettre. Quand Catherine II prend la Crimée, en rêvant d’y réaliser une
synthèse russo-germano-grecque, l’Empereur Joseph II gagne pour l’Autriche le
droit de faire circuler ses navires dans les Détroits. Contrairement à ce qui
va se passer à la fin du 19ème siècle, après l’occupation de la
Bosnie par les Autrichiens en 1878, il n’y avait pas, au départ, d’animosité
russo-autrichienne, mais un franc partage des tâches, dans une harmonie
européenne, que la révolution française, invention des services de Pitt le
Jeune, va ruiner.
10 janvier 1895
: Naissance à Linz en Autriche du grand helléniste allemand Fritz Schachermeyr. Formé dans les
universités prestigieuses de Iéna, Heidelberg, Graz et Vienne, il rénovera de
fond en comble les études helléniques, avec d’importants ex cursus sur les
Hittites et les Etrusques, et donnera une consistance réellement vitaliste et
existentiel aux études classiques sur la Grèce antique.
10 janvier 1356: L’Empereur du Saint Empire
Romain de la Nation Germanique, Charles IV,
proclame la “Bulle d’Or”, un édit impérial qui fixe les règles
déterminant l’élection des rois germaniques et les droits des princes électeurs
(Kurfürsten), sans prévoir un quelconque assentiment du Pape. Les électeurs
sont au nombre de huit: les archevêques de Cologne, de Mayence et de Trêves, le
roi de Bohème, le comte palatin du Rhin, le Duc de Saxe-Wittemberg, le margrave
de Brandebourg.
10 janvier 1929 : Sous l’impulsion de l’Abbé
Norbert Wallez, rédacteur en chef du quotidien catholique belge « Le
Vingtième Siècle », qui est flanqué d’un supplément destiné à la jeunesse,
le « Petit Vingtième », Georges Rémy, alias « Hergé », crée
le personnage de Tintin. Celui-ci est un reporter du « Petit
Vingtième » et ses aventures seront relatées sous la forme de bandes
dessinées, notamment, celles qui le mèneront au « pays des Soviets ».
Cet art, que l’on nommera bientôt le « 9ème Art » sort des
revues spécialisées pour les enfants pour entrer dans la grande presse
quotidienne. Au même moment, d’autres héros de BD apparaissent dans la presse
américaine, tels Spud, Popeye (le 1 juillet 1929) et Dickie Dare. Aucune étude
approfondie n’a encore été faite sur les motivations de l’Abbé Wallez, sur les
raisons qui l’ont poussé à adopter cette politique éditoriale. On peut d’ores
et déjà dire ceci : 1) le Primat de Belgique, le Cardinal Mercier, avait
élaboré une philosophie de l’action et du devoir, partiellement inspirée du
philosophe français Blondel ; Tintin est un homme d’action qui obéit à son
devoir et sert de modèle au mouvement scout catholique, très présent dans la
vie sociale belge de l’époque ; 2) au niveau littéraire, le catholicisme de
l’époque est très marqué par l’œuvre de l’Anglais Chesterton, qui exalte
« l’esprit d’enfance », qu’il s’agit de conserver dans un monde
adulte devenu de plus en plus désenchanté, où l’élan héroïque, le sens du
devoir moral ou éthique disparaît ; il faut donc un héros pour les
« jeunes de 7 à 77 ans », c’est-à-dire pour ceux qui, obéissant au
vœu de Chesterton, entendent garder l’élan et les idéaux de la jeunesse, ou le
« cœur pur » de l’enfance (« Cœur Pur », ne l’oublions pas,
est le nom honorifique que donnent à Tintin les moines de la lamaserie
tibétaine, qui l’ont recueilli, avec le Capitaine Haddock, alias
« Tonnerre Grondant » dans le bel album « Tintin au
Tibet »).
11 janvier 1944
: Les anciens dirigeants fascistes De Bono, Gottardi, Ciano, Pareschi et
Marinelli sont fusillés à Vérone, à la suite d’un procès commencé trois jours
plus tôt. Ces hommes s’étaient désolidarisés de Mussolini en juillet 1943, lors
d’une séance houleuse du “Grand Conseil Fasciste”. Les ultras et les partisans
de la fidélité à l’alliance allemande avaient réclamé la tête de ces
“traitres”. L’exécution prend des allures de tragédie grecque dans la mesure où
Ciano est le mari d’Edda Mussolini, la fille préférée et adorée du Duce.
12 janvier 1893
: Naissance à Reval (Tallinn) en Estonie du philosophe Alfred Rosenberg, considéré comme l’exposant majeur de l’idéologie
nationale-socialiste. Il étudiera l’architecture dans sa ville natale et à
Moscou. Il quitte la Russie pour se réfugier à Munich, à la suite de la
révolution bolchevique,et y rencontre Hitler et les premiers militants
nationaux-socialistes. Il finit par diriger l’organe quotidien du parti, le
“Völkischer Beobachter” et conservera cette position jusqu’en 1937. Rosenberg
pose comme ennemis de la nation allemande les Juifs, les francs-maçons et les
églises chrétiennes (sinon le christianisme dans son ensemble). Sa volonté
était de créer une école du parti, où les cadres auraient été formés selon les
critères de son idéologie personnelle. Ce projet ne
s’est jamais réellement concrétiser et le philosophe d’origine balte restera
toujours un marginal au sein de la hiérarchie nationale-socialiste. Pour
comprendre de manière succincte les grandes lignes de sa pensée,
cf. : http://www.shoa.de/p_alfred_rosenberg.html . Accusé d’avoir préparé idéologiquement la
guerre et d’avoir participé à la gestion
des territoires soviétiques occupés, Alfred Rosenberg sera traduit devant le
tribunal de Nuremberg, qui le condamnera à mort. Il est exécuté en octobre
1946. L’acte d’accusation se trouve in
extenso en langue anglaise sur le “net” : http://www.ess.uwe.ac.uk/genocide/Rosenberg.htm .
12 janvier 1907 :
Insurrection à Téhéran,
à la suite de l’échec des pourparlers entre le Shah Mozaffer ed-Din et les
notables de l’Empire perse. Ceux-ci réclament l’institution d’un parlement sur
le modèle européen. Le Shah, conservateur et appuyé par les forces
conservatrices russes, s’oppose à l’occidentalisation, voulue surtout par les
Britanniques, qui agissent en sous-main, pour prendre indirectement le contrôle
du pays, ce qui relierait leurs possessions d’Afrique (dont l’Egypte) à celles
des Indes.
13 janvier 1927 : Le gouvernement des
Etats-Unis d’Amérique mobilise 400.000 marines. Le but de cette importante
mobilisation en temps de paix ? Menacer le Mexique voisin pour qu’il paie
ses dettes aux pétroliers américains qui exploitent les gisements mexicains. La
collusion entre le gouvernement américain et les pétroliers ne date pas d’hier.
En 1927, le Mexique a failli subir le même sort que l’Irak en 1991 et en 2003.
L’idéal à atteindre, c’est de laisser à chaque pays le soin et le droit
d’exploiter ses propres ressources.
14 janvier 1845
: Naissance à Londres de Henry Charles Keith Petty-Fitzmaurice, 5ième
Marquis de Lansdowne. Il deviendra vice-roi du Canada et des Indes. A ce
titre, outre ses nombreuses réformes et projets d'aménagement du territoire,
il parvient à agrandir le "pré carré" indien de l'Empire britannique
en incluant le royaume indépendant du Sikkim dans le dominion britannique des
Indes en 1888. Il établit une frontière avec le Tibet. Les régions de Hunza et
de Nagar, le long de la frontière afghane, sont annexées à leur tour en 1892.
Avec Sir Durand, il négocie avec les Afghans pour fixer une frontière claire
entre les Indes britanniques et leur pays, qui s'appellera le "Ligne
Durand", dont on a reparlé récemment lors de l'invasion de l'Afghanistan
par les troupes américaines, fin 2001. De même, après cet accord anglo-afghan,
une ligne de chemin de fer est installés de Quetta à la Passe de Bolan,
permettant d'organiser de bonnes communications jusqu'à Kandahar, capitale du
mouvement des talibans. Francophile, il laisse carte blanche aux Français au
Maroc en 1901, refusant d'accorder une protection anglaise au Sultan. Le 30
janvier 1902, il signe un traité d'alliance avec le Japon, prélude à une
coalition tacite contre la Russie. Il renouvelle ce traité en pleine guerre
russo-japonaise. Lansdowne est ainsi l'artisan de la dissolution programmée de
la Russie. En 1904, il travaille à aplanir tous les différends coloniaux avec
la France, car celle-ci, affaiblie, n'est plus l'ennemi principal sur le
continent : ce rôle est désormais dévolu à l'Allemagne de Guillaume II,
surtout parce qu'elle cherche à se doter d'un instrument redoutable: une
flotte, telle que la théorise l'Amiral von Tirpitz. Une biographie à relire,
surtout pour comprendre les racines du conflit afghan.
14 janvier 1984
: Mort à San Diego de Raymond Albert
Kroc, né en 1902 à Chicago, l’homme qui établit la première franchise pour
les “restaurants” MacDonald. Kroc imaginait que la restauration devait se baser
sur les mêmes principes simplificateurs que la construction automobile, mise à
la chaîne sous l’impulsion de Henry Ford. Pour ce Monsieur Kroc, manger est une
“activité industrielle comme une autre”, nécessitant une organisation
logistique rigoureuse. Songez-y lorsque vous préparerez votre muesli matinal...
Pour diriger ses “restaurants”, Kroc ne cherchait pas des chefs cuisiniers mais
des vendeurs... Sans rire, ce mangeur industriel en chef a créé une école
d’hamburgerologie, où ces vendeurs non gastronomes devaient subir une formation
pour apprendre à gérer un MacDo. Sur le plan politique, signalons que Kroc a
offert 200.000 dollars pour la campagne électorale de Nixon. Pourquoi? Parce
qu’on lui reprochait d’engager trop de mineurs d’âge. Nixon lui a promis
d’abaisser l’âge légal, ce qui lui permettait de payer ses employés à 80%
seulement du salaire minimal. Kroc aimait se faire photographier en mangeant
des hamburgers à pleines mains, exhibant celles-ci, baguées à tous les doigts.
Bonjour la discrétion et le bon goût... “ J’ai un large ego », disait-il de
lui-même. Un Américain grossier, mais finalement plus hâbleur que le sinistre
Mr. Pump moqué par Hegé dans sa série “Jo, Zette et Jocko”.
15
janvier 1821 : Depuis l’expédition de Bonaparte
en Egypte et ses tentatives de prendre pied en Palestine et en Syrie en
1798-99, l’Angleterre s’est faite la protectrice de l’Empire ottoman; elle
réitérera cette protection contre l’Egypte de Mehmet Ali en 1839 et contre la
Russie, lors de la guerre de Crimée et lors de l’offensive russe vers la
Bulgarie et la Thrace en 1877-78, où les armées orthodoxes ont campé aux portes
de Constantinople. L’Empire ottoman se situait sur la route des Indes, était
bien présent en Méditerranée orientale, d’où la Sainte Ligue n’avait pu le
déloger après la bataille de Lépante (1571) ni libérer Chypre; au 17ème siècle,
les Ottomans, malgré leur ressac, avaient même pu conquérir la Crète, dernier
bastion vénitien. Aucune puissance, aux yeux de l’Angleterre ne peut donc
subjuguer cet Empire ottoman en pleine déliquescence ni acquérir des zones
stratégiques lui appartenant. Si ces zones demeurent ottomanes, elles sont en
quelque sorte neutralisées et ne servent pas de têtes de pont à une puissance
européenne capable de rompre les communications entre la Grande-Bretagne et les
Indes. Seule l’Angleterre, bien entendu, qui donne sa garantie à la Sublime
Porte, mais tente de grignoter les côtes de son empire moribond ou d’occuper
les points stratégiques éloignés de Constantinople, difficilement contrôlables
et gérés par des potentats locaux, dont la fidélité est assez aléatoire. En
1821, avant que ne se consolide le pouvoir de Mehmet Ali en Egypte et avant que
ne se déclenche la révolte grecque que soutiendront finalement, après bien des
hésitations, Anglais, Français et Russes, la Royal Navy bombarde le port de
Mokka au Yémen du 4 au 20 décembre 1820, afin de faire fléchir l’Imam local. Le
15 janvier 1821, celui-ci accepte les “capitulations” qui lui sont imposées: il
doit respecter les “droits du résident anglais” et reconnaître la juridiction
britannique sur tous les sujets de Sa Majesté vivant ou circulant au Yémen. En
outre, il doit limiter les droits d’entrée de toutes les marchandises anglaises
qui arrivent sur son territoire: c’est une application claire et nette des
principes de l’ “impérialisme libre-échangiste”, pratiqué par l’Angleterre au
19ème siècle qui vise à lui assurer des débouchés, à briser les résistances
locales et les barrières douanières et à garder les monopoles qu’elle a acquis
en tant que première puissance industrielle. Quelques mois plus tard, les
Anglais placent sous la protection de leur flotte l’Emir de Bahrein. La
thalassocratie britannique est dorénavant présente à l’entrée de la Mer Rouge
et dans le Golfe; elle en verrouille les accès. Petit à petit, elle se rend
maîtresse de l’Océan Indien, océan du milieu, garant, pour qui le contrôle, de
la maîtrise du globe. La logique de cet impérialisme, et les pratiques
destinées à en assurer la longue durée, seront théorisées tout au début du
20ème siècle par deux géopolitologues: Halford John Mackinder et Homer Lea. Mutatis mutandis, ces règles servent
encore pour étayer la stratégie américaine au Moyen Orient, en Afghanistan et
au Pakistan, cette fois, sans la maîtrise directe de l’Inde, mais avec la
maîtrise d’une île minuscule, celle de Diego Garcia, où se concentre un arsenal
moderne de bombardiers lourds à long rayon d’action et une flotte, épaulée par
des porte-avions, véritables îles mobiles capables de frapper l’intérieur des
terres sans donner prise à un ennemi dépourvu d’armes de ce genre.
17 janvier 1878 : Naissance à Wismar du célèbre germaniste et scandinaviste
allemand Gustav Neckel.
19 janvier 1919 : Lawrence d’Arabie est en
France, à Paris. Radio Lyon l’interroge et il déclare : «Les Arabes se
tournent vers l’Amérique, qu’ils estiment la protectrice la plus puissante de la liberté de l’homme».
Lawrence constate, pour la première fois, que les Etats-Unis vont déployer
toutes leurs énergies dans la péninsule arabique, afin d’y installer leur hégémonie
au détriment des Britanniques et de toutes les autres puissances européennes.
Le 3 janvier 1919, le Roi Faysal signe un accord avec les sionistes de Chaïm
Weizmann. Le 23 janvier , Lawrence présente le souverain arabe au Président
Wilson. Le 29 janvier, les Egyptiens refuse l’ébauche d’un royaume arabe tel
qu’il a été esquissé à Paris. La question arabe de Palestine et toute la
problématique du Proche-Orient viennent de naître.
19 janvier 1940
: Mort à Washington, D. C., de William Edgar Borah, Sénateur républicain de
l'Idaho pendant 33 ans. Opposé systématiquement à la centralisation des
Etats-Unis, Borah était également un isolationniste conséquent en matières de
politique étrangère. Il fut l'un des principaux artisans du refus américain
de rejoindre la SdN, qui était pourtant une idée du Président Wilson. Borah a
milité après 1918 pour un désarmement généralisé, ce qui a conduit au fameux
Traité des Cinq Puissances, signé à Washington le 6 février 1922. Ce Traité,
d'un point de vue européen, est toutefois un désastre, car les flottes
italienne et française ont été réduites à leur plus simple expression par la
volonté des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne. Conservateur et
isolationniste, diplomate de l'école classique, Borah demande toutefois que Washington
reconnaisse l'Union Soviétique. Borah, refusant les interventions américaines
en Europe et en Asie, plaide pour un projet de "Bon voisinage" avec
les pays d'Amérique latine et s'insurge contre les mesures visant à mettre le
pétrole mexicain sous tutelle néo-coloniale en 1926-28. Borah voulait que les
pays latino-américains soient correctement considérés et que Washington ne leur
impose pas de "traités inégaux". Son isolationnisme le conduit à
accepter certaines formes de protectionnisme, par conséquent il soutient bon
nombre de mesures préconisées par le New Deal de Roosevelt. A partir de 1939,
il s'oppose à toute intervention américaine en Europe, rejoignant ainsi les
Républicains hostiles à la politique de Roosevelt.
19 janvier 1940: Il est un plan concocté
par les Franco-Britanniques en 1940 que l’on oublie généralement de mentionner
dans les histoires de la seconde guerre mondiale: celui que Daladier a demandé
à Gamelin de mettre au point pour attaquer l’URSS, alors alliée à l’Allemagne
dans le cadre du pacte germano-soviétique ou pacte Molotov/Ribbentrop, dans le
Caucase, afin de s’emparer des puits de pétrole d’Azerbaïdjan et des oléoducs
qui acheminent le brut dans les républiques soviétiques au Sud de la chaîne
caucasienne. C’est le 19 janvier 1940 que Daladier convie Gamelin à s’atteler à
cette tâche, qui n’aura pas de lendemain mais qui préfigure tout de même toute
l’affaire géorgienne d’août 2008. La France, n’ayant été rien d’autre que la
réserve continentale de chair à canon pour l’empire britannique, a donc été conviée
à lancer une opération destinée à réaliser un vieux voeu de l’impérialisme
anglais, conçu avant la première guerre mondiale, mais mis sous le boisseau car
Londres avait besoin de la chair à canon russe pour éliminer l’Allemagne, non
pas tant celle de Guillaume II, mais celle, plus cohérente, de l’Amiral von
Tirpitz, qui entend épauler le développement industriel et commercial allemand
dans le monde entier et en Amérique latine en particulier, par une flotte
aguerrie, capable de se mesurer aux autres flottes de guerre de la planète.
Avant de donner l’ordre à Gamelin de travailler à un plan d’invasion du Caucase
méridional, le gouvernement français avait décidé le 8 janvier 1940 de créer
une armée d’Orient en Syrie, sous les ordre du Général Weygand, celui-là même
qui avait aidé les Polonais à refouler les Soviétiques au-delà de la Ligne
Curzon, autre démarcation inventée dans les bureaux londoniens pour élargir au
maximum l’espace entre l’Allemagne et la nouvelle URSS, prêtes à s’allier sous
la double impulsion de Rathenau et de Tchitchérine qui s’étaient rencontrés à
Rapallo en 1922. Il est évident qu’une occupation des champs pétrolifères
caucasiens aurait privé également la Wehrmacht allemande de son carburant.
19 janvier 1458: L’Université de Paris octroie
la première chaire de grec à Grégoire, érudit byzantin qui avait réussi à fuir
Constantinople en mai 1453, quand la ville était tombée aux mains du Sultan
ottoman Mehmet II. Grégoire est ainsi un des nombreux savants byzantins à
s’être réfugié en Occident, et surtout en Italie, d’où partira la Renaissance.
21 janvier 1930 : Une conférence se tient
à Londres pour réduire l’armement naval dans le monde. L’Italie exige
d’avoir la parité avec la France. Cette conférence est la suite logique du
Traité de Washington de 1922, qui visait à asseoir une hégémonie totale des
puissances thalassocratiques anglo-saxonnes sur le reste des nations du monde.
Ce traité de Washington est une réponse britannique et américaine à la
politique de Tirpitz, car l’Allemagne est privée de tous moyens navals, et une
application directe des principes énoncés par l’Amiral américain Alfred Thayer
Mahan,historien des puissances navales anglaise et française au 18ième siècle
et à l’époque napoléonienne. Ni la France ni l’Allemagne ne devaient encore
disposer de flottes suffisamment puissantes pour pouvoir défier les
thalassocraties.
22 janvier 1911
: Naissance à Vienne de Bruno Kreisky
au sein d’une riche famille juive de la capitale de l’Empire austro-hongrois.
Rapidement, le jeune Kreisky va rompre avec l’idéologie et la judaïté
familiales, en adhérant notamment au mouvement des “Jeunes socialistes”, qui
professaient un socialisme hostile à tout dogmatisme et à toute doctrine figée.
En 1934, quand, tour à tour, socialistes marxistes puis nationaux-socialistes,
tentent d’abattre la première république autrichienne, il se retrouve en
prison. De même, en 1938, au moment de l’Anschluß, il connaît une nouvelle fois
la paille humide des cachots viennois. En 1940, il émigre en Suède, où il
devient l’ami d’un autre exilé, appelé à devenir célèbre: Willy Brandt. Après
la seconde guerre mondiale, il développera, dans le cadre de la deuxième
république autrichienne, une politique nettement arabophile, en dépit de ses
origines juives. Par ailleurs, son séjour en Suède l’induit à adopter le modèle
socialiste scandinave. Cette option lui permet d’élargir considérablement la
base du parti socialiste autrichien, la SPÖ. Pendant treize ans, les
socialistes pourront gouverner seuls la république alpine. L’économie tourne,
l’Autriche retrouve une certaine prospérité. Mais si Kreisky a su donner
cohérence au socialisme autrichien dans ses dimensions économiques et
sociales, son oeuvre politique la plus emblématique reste une diplomatie de
troisième voie, de non-alignement. Elle impliquait donc une ouverture au monde
arabe et aux autres petites puissances non alignées, ainsi qu’une volonté de
surmonter la césure du Rideau de fer, par exemple, en nouant des relations avec
la RDA. En 1975, le Colonel Khadafi reçoit Kreisky en Libye. En 1982, Kreisky
reçoit le Colonel libyen à Vienne, indiquant par là clairement que l’Autriche
ne cesserait pas de faire valoir sa neutralité sur la scène internationale,
notamment en ne tenant jamais compte des injonctions de Washington. Ni de
celles de Tel Aviv. Faut-il y voir la raison d’une série d’attentats
terroristes perpétrés en Autriche, notamment contre des synagogues? Sur
ce fond fait d’explosions et d’horreurs, Kreisky est l’objet d’une tentative
d’assassinat, mais, à partir de 1980, sa santé décline, il quitte
la scène politique et meurt à Vienne, sa ville natale, le 29 juillet 1990.
Kreisky a incarné la troisième voie autrichienne, comme le conservateur
catholique Waldheim, également victime d’une campagne de haine internationale,
et comme Jörg Haider, autre figure, libérale-populiste celle-là, qui a suscité
à son tour la haine des médias aux ordres, notamment pour sa volonté de
s’ouvrir à l’Irak baathiste. Si un homme politique autrichien, fût-il juif,
socialiste, conservateur-chrétien ou libéral-populiste, entend mener une
politique autrichienne, il sera immanquablement la cible des médias orwelliens
: une succession de faits historiques le prouve, faits qui devraient
faire réfléchir les “hommes de gauche”, notamment socialistes, si prompts à
hurler de concert avec CNN ou d’autres chaînes, quand il s’agit de Waldheim et
de Haider, alors que leur compagnon de combat Kreisky, ami de Willy Brandt,
avait exactement les mêmes positions que ses deux compatriotes non socialistes
que nous venons de nommer. Mais les socialistes actuels, comme les libéraux qui
ont la lâcheté de suivre aveuglément un pitre comme Louis Michel, sont des
socialistes amnésiques, des socialistes opportunistes, des socialistes de
carnaval ou, pour être encore plus précis, des socialistes de Gay Prides...
22 janvier 1949
: Après deux mois de siège, l’Armée
Populaire de Libération de Mao Zedong entre dans Pékin (Beijing). A la fin
de l’année 1949, l’ensemble de la Chine est devenue communiste. En décembre,
les dernières villes tenues par le Kuo-Min-Tang de Chiang Kai Tchek tombent à
leur tour. Quelques troupes nationalistes seulement continuent la guerilla.
22 janvier 1840
: Décès à Göttingen en Allemagne de Johann Friedrich Blumenbach, physiologue et
spécialiste d'anatomie comparée. Il était devenu le père de l'anthropologie
physique et avait proposé une des premières classifications des races
humaines. Pour établir cette classification, Blumenbach a procédé par anatomie
comparée, notamment en mesurant des crânes ayant appartenu à des hommes de
races différentes. Il a divisé l'humanité en cinq grandes races : la race
caucasienne, la race mongole, la race malaise, la race éthiopienne et la race
américaine. Dans Collectionis suae
Craniorum Diversarum Gentium Illustratae
Decades (1790-1828), il décrit sa propre collection de 60 crânes humains,
ceux qui lui ont permis d'établir sa classification.
23 janvier 1722
: Mort à Paris de Henri de Boulainvilliers, Comte de Saint-Saire. Il était né
dans une vieille famille normande en 1658. Il a étudié les humanités
classiques, l'histoire de France et les sciences; après une carrière militaire
de neuf ans, il redore le blason de sa famille ruinée et consacre le reste de
ses jours à ses études. On lui doit bon nombre d'éléments de la philosophie de
l'histoire, dont l'approche socio-psychologique des phénomènes historiques et
l'intérêt pour le développement des institutions. Dans ses trois volumes
intitulés Etat de la France
(1727-1728), il brosse une histoire de la monarchie française jusqu'à Louis
XIV. Dans son Essai sur la noblesse de
France (1732), il analyse les causes du déclin de cette noblesse, attaque
l'absolutisme de Louis XIV et examine le degré de légitimité que possèdent (ou
ne possèdent plus) les institutions françaises. Boulainvilliers a jeté les
bases de l'histoire comparative, a critiqué le fantasme des "droits
naturels" et réclamé l'avènement d'une "science" de la
politique, toutes démarches qui influenceront plus tard Montesquieu et
Hippolyte Taine. Boulainvilliers critique les institutions françaises sur base
du droit germanique, au nom des héritages historiques, et rejette les
linéaments absolutistes, qui partent de Bodin. Nous sommes ses héritiers.
23 janvier 1897
: Naissance à Cuttack, dans la région d'Orissa en Inde, de Subhas Chandra Bose,
leader nationaliste indien, qui fit ses études à Calcutta puis à Cambridge.
Revenu de son séjour en Angleterre en 1920, il adhère au mouvement de "non
coopération" dirigé par Gandhi. Emprisonné pour sédition pendant trois ans
à partir de 1924, il est élu président du congrès provincial du Bengale dès la
fin de sa détention. En 1938, il devient Chef du Congrès National Indien. Remis
en prison en 1940, il s'enfuit peu après en Allemagne, où il recrutera des
volontaires pour combattre aux côtés du Reich et de l'Empire du Soleil Levant.
La fraction de son armée sous commandement japonais pénètre en Inde en 1943,
venant de Rangoon en Birmanie. Elle est néanmoins défaite par les Anglais.
Subhas Chandra Bose meurt dans un accident d'avion à hauteur de Formose en
1943. Une partie des troupes qu'il a recrutées gardent le Mur de l'Atlantique
dans la région de Bordeaux. Après le débarquement de Normandie, elles battront
en retraite vers l'Allemagne, en perdant seulement quatre hommes dans des
escarmouches avec le maquis français. Vingt-neuf soldats indiens, pris
prisonniers après avoir été abandonnés par leur officier allemand, lié aux
conjurés du 20 juillet, sont massacrés par les résistants de la dernière heure
sur une place publique de Poitiers.
24 janvier 1458: Le fils du chef hongrois
Janos Hunyadi, Matthias Corvin ou Corvinus, est élu roi de Hongrie à la mort de
Ladislas. Janos Hunyadi, petit baron de Transylvanie, remarqué par l’Empereur
Sigismond pour sa valeur militaire et ses talents d’organisateur, prendra la
tête des armées hongroises et fera de son pays le bouclier principal de
l’Europe contre les assauts des Ottomans. Pour parfaire ce projet de barrer la
route de Vienne et du Danube aux Turcs, Hunyadi réforme l’Etat, le dé-féodalise
et crée une armée populaire au départ des masses paysannes magyars. Il sera
détesté des magnats, mis à contribution pour financer cette armée nombreuse,
seule capable de faire barrage à la puissance ottomane. Son fils Matthias
Corvin poursuivra son oeuvre, imposera aux magnats l’efficacité politique
conçue par son père et donnera, face aux Ottomans, désormais maîtres de
Byzance, une période de paix de plus de 70 ans à la Hongrie. Quand les magnats
reprendront le dessus, ils disloqueront l’armée populaire et seront écrasés par
les janissaires à Mohacs en 1526, réduisant la Croatie médiévale à des
“reliquae reliquarum”, des “résidus de résidus”, et plongeant la Hongrie sous
une tutelle ottomane quasi permanente, jusqu’à la fin du 17ème siècle.
24 janvier 1913 : Coup d’Etat des
“Jeunes Turcs” à Istanbul. Après la guerre
balkanique de 1912, le gouvernement impérial ottoman avait accepté de céder
tous les territoires européens et les îles de l’Egée. Enver Pacha, qui a
combattu les Italiens en Libye, et Talât, autre figure de proue du mouvement
“jeune turc” pénètrent, avec quelques compagnons bien armés, dans la Sublime
Porte et abattent le ministre de la guerre Nazim Pacha, qu’ils jugent
responsable de la défaite. Le Grand Vizir et le Sultant acceptent le fait
accompli et nomment Mahmut Sevket chef du gouvernement. La population accepte
de bon gré ce coup d’Etat, qui amènera la Turquie sur des voies nouvelles.
25 janvier 1922: Mussolini fait paraître pour la première fois une revue
théorique, “Gerarchia”, à laquelle
participeront deux grands philosophes italiens du 20ième siècle, Benedetto
Croce, d’obédience libérale, et Giovanni Gentile, théoricien de l’actualisme,
une philosophie activiste, existentialiste et volontariste, dérivée de la
grande matrice hégélienne et considérée comme l’expression philosophique la
plus pure du fascisme en tant que mouvement politique.
25 janvier 749
: Naissance du Basileus byzantin Léon IV le Khazar. Il doit son nom à l'origine
khazar de sa mère, fils du Khan de ce peuple d'Asie centrale qui avait envahi
l'Ukraine. Il oscilla entre icônophobie et icônophilie tout au long de son
règne, mais ne changea rien, fondamentalement, à la politique anti-icônes de
son père. Sur le plan militaire, il fut celui qui forgea une alliance avec les
Bulgares du Khan Telerig et qui conduisit trois campagnes pour repousser les
Arabes auxquels il infligea deux défaites retentissantes à Germanicia en
Cilicie en 778 et l'autre dans le thème des Arméniaques en 780. La même année,
il meurt à 30 ans de la maladie du charbon, ce qui met abruptement fin à un
règne qui s'annonçait glorieux, où Byzance aurait pu reprendre l'offensive en
direction de la Syrie et de la Palestine.
26 janvier 1902 :
Naissance à Eibergen aux Pays-Bas du critique et philosophe néerlandais Menno
ter Braak. Nietzschéen de pure eau, Menno ter Braak va systématiquement
s'attaquer aux préciosités incrustées dans la littérature, en se montrant
souvent brusque et cassant. Cette activité d'arracheur de masques et de
fioritures lexicales lui vaudra le surnom de "Conscience de la littérature
hollandaise". Fondateur du magazine littéraire Forum en 1931, il mènera une guerre sans pitié contre l'esthétisme
ampoulé qui alourdit, à ses yeux, la littérature néerlandaise depuis les années
1880. Deux critères seulement trouvent grâce à ses yeux : l'intégrité et
l'originalité. Il exprime le fondement de sa pensée dans Het carnaval der burgers (= Le carnaval des bourgeois), publié en
1930. Son nietzschéisme le conduit à haïr les gesticulations politiques et
les dogmes idéologiques et religieux (cf. Politicus
zonder partij ; = Homme politique sans parti). Son horreur des mouvements
de masse le conduit à se suicider peu après l'entrée des troupes allemandes
aux Pays-Bas en mai 1940.
27 janvier 1964 : La France établit des
relations diplomatiques avec la Chine de Mao, contournant de la sorte
l’interdit américain. Dans l’orbite réduite de l’idéologie
nationale-révolutionnaire, notamment à Bruxelles sous l’impulsion de Jean
Thiriart, et à Munich sous l’impulsion d’Armin Mohler, de plus en plus de voix
s’élèvent pour entretenir des liens avec la Chine dans l’intention de se
dégager de l’étau des deux superpuissances qui occupent l’Europe. Armin Mohler
dit explicitement que les Allemands et les Français doivent parier, comme De
Gaulle, sur les “Rogue States” (“Schurkenstaaten”) définis comme tels par les
Américains, afin de retrouver une indépendance diplomatique sur la scène
internationale.
27 janvier 1887
: Naissance à Minneapolis, aux Etats-Unis, de l'archéologue d'origine
allemande, Carl William Blegen, qui est parvenu à dater le sac de Troie, tel
qu'il fut décrit dans l'Illiade de Homère. Il dirigea les fouilles sur le site
de Troie entre 1932 et 1938, parvenant, avec son équipe, à identifier neuf
strates majeures dans l'histoire des bâtis successifs de la ville, dont l'une
présente des traces très nettes de destructions massives, indices tangibles
de la Guerre de Troie. Plus tard, à Pylos, en Grèce, il découvre des objets
portant des lettres du Linéaire B, similaires à celles découvertes
antérieurement en Crète. Il meurt le 24 août 1971 à Athènes.
28 janvier 1844
: Mort à La Haye aux Pays-Bas du Comte Johannes van den Bosch, père du
"Système des Cultures dans les Indes orientales néerlandaises".
Précurseur d'une approche culturelle —et
non pas simplement quantitative, accumulatrice et économiciste— de l'économie nationale et coloniale,
Johannes van den Bosch théorise dès 1818 son système général : les masses non
instruites, non habituées au travail rationnel et réglementé, comme on les
trouve dans les couches sociales défavorisées des métropoles et dans les
populations colonisées d'Indonésie, ne raisonnent jamais en terme d'intérêt
économique, de profit, de rationalité économique. Par conséquent, comme il ne
tient pas compte de ces facteurs non rationnels, le système libéral habituel
s'avère inefficace sur le long terme. Cette théorie trouve un écho auprès du
souverain néerlandais, Guillaume I, qui donne carte blanche au Comte van den
Bosch en Insulinde. Il restaure d'abord l'autorité des chefs locaux, leur
permet de cultiver leurs traditions, leur rend leurs privilèges. Sur le plan
économique et agricole, il demande simplement aux villages de réserver un
cinquième de leurs terres pour faire croître des cultures destinées à
l'exportation vers l'Europe, laissant les quatre cinquièmes des terres aux
villageois eux-mêmes, aptes dès lors à développer une réelle agriculture vivrière,
axée sur leur besoins vitaux. Le travail sur la cinquième part des terres
villageoises est certes obligatoire (mais toutes les taxes sont supprimées),
mais la réserve des 4/5ième donne toutes les garanties voulues aux
paysans indonésiens. Les libéraux réagissent et torpilleront systématique les
réformes intelligentes de van den Bosch. Une biographie à compulser pour
répondre intelligemment au pillage du tiers-monde et à la prolétarisation
douce mais croissante qui frappe toutes les couches populaires aujourd'hui.
30 janvier 1968 : Le Viet-cong communiste vietnamien lance une grande offensive,
dite du “Têt” (dénomination du
nouvel an vietnamien), contre les principales villes du sud du pays, afin d’en
déloger les Américains et les forces indigènes qu’ils soutiennent. Du point de
vue géopolitique, il s’agit d’une offensive venue de l’intérieur des terres et
de l’amont des grands fleuves indochinois, qui prennent leurs sources en Chine
au pied de l’Himalaya tibétain, pour en contrôler les embouchures, tenues par
les forces d’une puissance hors espace, d’essence thalassocratique. La
stratégie américaine en Indochine ressemblait à la stratégie suédoise du 17ième
siècle, visant à contrôler l’embouchure des grands fleuves allemands prenant
leur source dans le centre plus montagneux de l’Europe. La Prusse, avec sa
victoire à Fehrbellin, et le Viet-cong ont rendu ces stratégies nulles et non
avenues.
30 janvier 1703
: Naissance à Bordeaux de François Bigot qui fut le dernier Intendant de la
"Nouvelle-France" (le Canada) entre 1748 et 1760. Il utilisa cette
position pour mettre la "Belle Province" en coupe réglée et
s'enrichir personnellement de manière éhontée. Cette corruption affaiblit
considérablement les colons français, qui, du coup, n'ont pas pu résister à la
mainmise anglaise sur le Canada tout entier. La gestion désastreuse de Bigot
nous enseigne que toute forme de corruption se paie cher, en matière d'indépendance
et de puissance politique. Le véritable homme d'Etat doit être inflexible et
combattre la corruption de toutes ses forces.
30 janvier 1894 :
Naissance à Sofia en Bulgarie du futur Roi Boris III, qui règnera de 1918 à
1943. Eduqué dans la foi orthodoxe, il monte sur le trône bulgare après
l'abdication de son père, le 4 octobre 1918. Son premier acte politique
significatif fut malheureusement d'éliminer l'honnête opposition
nationale-paysanne, menée par Aleksandür Stamboliyski, qui doit quitter le
pouvoir en 1923. La Bulgarie entre dans une ère de turbulences civiles, où
Boris III échappe à des tentatives d'assassinat et doit faire face à un putsch
militaire en 1934. Devenu quasiment le dictateur du pays après le départ de
Stamboliyski et l'échec des militaires, Boris III cherche l'entente avec
l'Italie (en épousant Jeanne d'Italie), avec la Yougoslavie et l'Allemagne. En mars 1941, il adhère à l'Axe (dont la
Yougoslavie faisait également partie, avant de le quitter au début de 1941),
mais, quelques mois plus tard, il refuse, par solidarité orthodoxe, de déclarer
la guerre à la Russie (même si celle-ci est communiste). Il meurt en 1943,
après une entrevue orageuse avec Adolf Hitler.
30 janvier 1953
: Décès à Berkeley en Californie de Herbert Eugene Bolton, historien américain
qui a voulu développer une histoire générale de l'hémisphère occidental et
souligner ce que celle-ci avait d'original, de différent d'avec l'Europe.
Ses recherches l'ont porté à s'intéresser de très près à l'histoire du Mexique,
aux colonies non anglaises d'Amérique du Nord, aux colonies anglaises
différentes de treize colonies qui donneront naissance aux Etats-Unis. Son
objectif? Donner une "épopée" à la Plus Grande Amérique. Bolton est
ainsi un historien continentaliste, qui critique l'historiographie
conventionnelle des Etats-Unis, trop axée sur son héritage anglo-saxon, au
détriment de tous les autres, y compris l'hispanique.
31 janvier 1830
: Naissance à West Brownsfield, aux Etats-Unis, de James Gillispie Blaine,
homme politique républicain et diplomate qui lança, à la suite de la Doctrine
de Monroe, le "Mouvement Pan-Américain", cheval de Troie des
Etats-Unis en Amérique hispanique. Il envisageait un système d'arbitrage inter-américain,
afin de faire disparaître les points de friction entre les diverses républiques
issues de l'ancien empire colonial espagnol. En 1881, sous son impulsion, une
première "conférence inter-américaine" a lieu, qui se donne pour
objectif d'éviter toute guerre dans l'hémisphère occidental. Son projet d'union
douanière panaméricaine échoue en 1889. Blaine était un théoricien du
protectionnisme mais, face à un protectionnisme nord-américain trop prononcé
(les tarifs imposés par le McKinley Bill de 1890), il proposa un
assouplissement, de façon à consolider les liens commerciaux avec les pays
d'Amérique latine, ce qui contribuerait, à terme, à intégrer celle-ci dans une
vaste entité continentale sur l'hémisphère occidental. Son œuvre est
intéressante à étudier dans le cadre d'une étude générale des "grands
espaces", protégés par des mesures économiques de facture
protectionniste. Le projet, formulé par Carl Schmitt, d'un grand espace
européen est à mettre en parallèle avec l'action pragmatique de Blaine aux
Etats-Unis.