De Philippe Barraud
Ce n’est peut-être qu’un sondage de lecteurs, mais il est révélateur. Invités à s’exprimer la semaine dernière, les lecteurs de 24 Heures ont mis en tête de leurs préoccupations: la surpopulation.
L’opinion publique suisse subit en la matière une évolution tout à faire significative, et il n’y a guère que les politiques pour ne pas s’en être encore avisés. Pour les décideurs, communaux, cantonaux et fédéraux, la croissance de la population apparaît toujours comme une bénédiction, puisqu’elle entraînera forcément avec elle la croissance économique.
C’est un leurre tragique, et les habitants de notre pays n’avalent plus ces couleuvres, qui font bon marché d’un élément cardinal et décisif, au-delà des considérations économiques: la qualité de vie. Dans toutes les régions du pays le paysage, naturel et même urbain, subit une dégradation féroce; on multiplie à l’infini des centres commerciaux gigantesques et plus laids les uns que les autres, dont on n’est pas sûr qu’ils trouveront demain des clients; on crée des infrastructures à tort et à travers, des logements n’importe où, non pas tant pour répondre à la demande, que pour créer un appel d’air, pour doper au maximum l’augmentation de la population.
Or la population résidente, elle, ne l’entend plus de cette oreille. Elle ne partage pas la fierté irresponsable de ces syndics et présidents de communes qui annoncent triomphalement le doublement du nombre de leurs administrés en un temps record. Que voit-elle, cette population, que vit-elle ? Elle voit que sa qualité de vie se dégrade à grande vitesse, et elle le vit de plus en plus mal.
Elle réalise, mieux que les politiciens, que mille habitants de plus dans une commune, ce sont deux mille voitures de plus, des problèmes scolaires mal résolus, des infrastructures en limite de charge, des incivilités et un vandalisme en roue libre, parce qu’on n’a rien prévu pour y faire face. Savez-vous qu’à Lausanne, le sport favori des jeunes de la banlieue Nord (tiens ! On se croirait à Marseille!), consiste à faire exploser les panneaux anti-bruit en verre des autoroutes, et en général tout le mobilier urbain en verre du centre ville ? Il y en a pour des centaines de milliers de francs, et jamais une arrestation. Ils cassent, on remplace, voilà tout. On a bien posé des caméras de surveillance, mais elle ne voient pas à travers les cagoules… C’est un exemple typique: on veut densifier la population, mais on refuse d’en assumer les retombées négatives.
La surpopulation exerce des effets délétères à tous les niveaux. Le plus sérieux à long terme est qu’elle pulvérise le lien social, tel qu’il existe encore dans des communautés stables, où les gens se connaissent, se retrouvent dans des sociétés locales, et prennent en main leur avenir. Rien de tout cela dans ces nouveaux quartiers, qu’on affuble du nom d’«éco-quartiers» pour faire passer la pilule, où personne ne se connaît, ne parle pas la même langue, ne partage pas les même valeurs.
Notre pays n’est pas extensible. Si on laisse faire les adeptes de la fuite en avant, le Plateau suisse, l’arc lémanique, et même la Plaine du Rhône, ressembleront bientôt à la plaine centrale du Japon, une conurbation sans limites et surpeuplée où l’homme ne fait guère que survivre, plutôt mal d’ailleurs, parce que privé de tout contact avec une nature préservée qui reste, quoi qu’on en pense, son biotope originel et vital. L’homme est certes un animal social, mais cela ne signifie pas qu’il doive vivre entassé dans des villes, sans plus de lien avec la nature.
L’opinion publique suisse subit en la matière une évolution tout à faire significative, et il n’y a guère que les politiques pour ne pas s’en être encore avisés. Pour les décideurs, communaux, cantonaux et fédéraux, la croissance de la population apparaît toujours comme une bénédiction, puisqu’elle entraînera forcément avec elle la croissance économique.
C’est un leurre tragique, et les habitants de notre pays n’avalent plus ces couleuvres, qui font bon marché d’un élément cardinal et décisif, au-delà des considérations économiques: la qualité de vie. Dans toutes les régions du pays le paysage, naturel et même urbain, subit une dégradation féroce; on multiplie à l’infini des centres commerciaux gigantesques et plus laids les uns que les autres, dont on n’est pas sûr qu’ils trouveront demain des clients; on crée des infrastructures à tort et à travers, des logements n’importe où, non pas tant pour répondre à la demande, que pour créer un appel d’air, pour doper au maximum l’augmentation de la population.
Or la population résidente, elle, ne l’entend plus de cette oreille. Elle ne partage pas la fierté irresponsable de ces syndics et présidents de communes qui annoncent triomphalement le doublement du nombre de leurs administrés en un temps record. Que voit-elle, cette population, que vit-elle ? Elle voit que sa qualité de vie se dégrade à grande vitesse, et elle le vit de plus en plus mal.
Elle réalise, mieux que les politiciens, que mille habitants de plus dans une commune, ce sont deux mille voitures de plus, des problèmes scolaires mal résolus, des infrastructures en limite de charge, des incivilités et un vandalisme en roue libre, parce qu’on n’a rien prévu pour y faire face. Savez-vous qu’à Lausanne, le sport favori des jeunes de la banlieue Nord (tiens ! On se croirait à Marseille!), consiste à faire exploser les panneaux anti-bruit en verre des autoroutes, et en général tout le mobilier urbain en verre du centre ville ? Il y en a pour des centaines de milliers de francs, et jamais une arrestation. Ils cassent, on remplace, voilà tout. On a bien posé des caméras de surveillance, mais elle ne voient pas à travers les cagoules… C’est un exemple typique: on veut densifier la population, mais on refuse d’en assumer les retombées négatives.
La surpopulation exerce des effets délétères à tous les niveaux. Le plus sérieux à long terme est qu’elle pulvérise le lien social, tel qu’il existe encore dans des communautés stables, où les gens se connaissent, se retrouvent dans des sociétés locales, et prennent en main leur avenir. Rien de tout cela dans ces nouveaux quartiers, qu’on affuble du nom d’«éco-quartiers» pour faire passer la pilule, où personne ne se connaît, ne parle pas la même langue, ne partage pas les même valeurs.
Notre pays n’est pas extensible. Si on laisse faire les adeptes de la fuite en avant, le Plateau suisse, l’arc lémanique, et même la Plaine du Rhône, ressembleront bientôt à la plaine centrale du Japon, une conurbation sans limites et surpeuplée où l’homme ne fait guère que survivre, plutôt mal d’ailleurs, parce que privé de tout contact avec une nature préservée qui reste, quoi qu’on en pense, son biotope originel et vital. L’homme est certes un animal social, mais cela ne signifie pas qu’il doive vivre entassé dans des villes, sans plus de lien avec la nature.