Autore: Michele Fabbri

En se basant sur la Carta del lavoro
de 1927, l’auteur examine le débat qui entoure le thème de la propriété
privée pendant le fascisme. Le principe de la totalité sociale à la
base du fascisme implique que le droit à la propriété privée soit
redimensionné vers une fonction sociale de la propriété, selon laquelle
le propriétaire ne doit pas se limiter à profiter du bien qu’il possède,
mais doit l’utiliser pour développer richesse et opportunités d’emploi.
Cette conception de la propriété provient de la pensée catholique dont
le poids considérable dans la culture italienne a, bien entendu,
influencé le débat en cours. Thomas d’Aquin avait déjà mis en évidence
la nature personnelle de la propriété en ce qui concerne l’achat, et sa
nature commune à l’égard de l’usage. De nouveau, à la fin du XIXème
siècle, bien que Léon XIII, doté d’une mentalité plutôt ‘bourgeoise’,
considérait la propriété comme un droit naturel, il écrit dans Rerum novarum:
«l’homme ne doit pas considérer les biens externes qu’il détient comme
les siens, mais comme communs afin de les partager avec les autres si
besoin est».
Plus tard, lors de la convention à
Ferrara en 1932, Ugo Spirito formule la thèse de la ‘corporation
propriétaire’, c’est-à-dire le dépassement de l’économie individualiste
afin de transformer le droit à la propriété en un concept d’utilité
publique, par l’affirmation d’une valeur éthique supérieure de la
révolution fasciste. La thèse de Spirito, considérée comme ‘hérétique’
et ayant un penchant pour le bolchevisme, est laissée de côté. De plus,
le Code civil de 1942 reprend une conception bourgeoise et
individualiste de la propriété, même si Mussolini, lui-même, exprime une
certaine insatisfaction dans ses écrits.

Ces réformes sont très dangereuses pour
les idéologies des gauches et lorsque l’on vote pour élire les
représentants des ouvriers de la F.I.A.T., le Parti Communiste Italien
menace de mort les ouvriers qui avaient appuyé l’initiative, les
dissuadant de se rendre aux urnes, et obtienne ainsi les remerciements
de la famille Agnelli. De plus, à la fin de la guerre, le Comité de
Libération, bien que sous l’hégémonie des socialistes et des
communistes, décrète directement l’abolition de la loi sur la
socialisation des entreprises. Ainsi, les idéologies libérales et
marxistes, toutes deux produites par l’Illuminisme, forment une amitié
fraternelle pour, ensuite, faire semblant de s’affronter et donner
naissance à cette farce appelée ‘démocratie’.
La troisième partie du livre traite du
concept de la propriété privée dans le national-socialisme allemand. Dès
le début, le mouvement d’Hitler se caractérise par un phénomène
d’ethno-nationalisme radical, privé des ambiguïtés bourgeoises typiques
du fascisme. C’est pourquoi, en Allemagne, le droit de chacun était
réduit à une simple position juridique: la position de chacun en tant
que membre de la communauté. Le propriétaire est alors évalué non comme
sujet de droit, mais comme membre de la Volksgemeinschaft.
Werner Sombart définit très bien le nouveau concept de la propriété
lorsqu’il dit: «le droit à la propriété ne détermine plus les lignes de
l’économie, mais ce sont ces dernières à déterminer l’ampleur et les
spécificités du droit à la propriété». Dans le national-socialisme, les
travailleurs et les employeurs forment une seule et même organisation
basée sur l’union ‘peuple-nation-race’ vouée au dépassement de la lutte
des classes. Pour la première fois, les travailleurs ont droit aux
congés payés et sont protégés contre les licenciements abusifs
(l’historiographie ‘démocratique’ qui s’est penchée sur le succès du
national-socialisme parle d’énigme du consensus!).
L’attaque national-socialiste était
destinée à la propriété relative au crédit, qui n’était pas le fruit du
travail, mais de spéculation: de cette manière, le peuple pouvait être
libéré de l’esclavage de l’intérêt, engendré par la haute finance juive.
On voit une fois de plus combien les conceptions de l’idée marxiste de
l’envie, qui, en théorie, devrait donner à tous en mêmes quantités, ne
donne, en réalité, à personne puisqu’elle nie la valeur de la
personnalité de chacun et endommage ainsi la société.
Enfin, ce qui est intéressant dans la législation national-socialiste est l’Erbhof:
un bien agricole héréditaire pour les paysans de pure race germanique
qui est indivisible, insaisissable et voué au maintien de la communauté
de la Terre et du Sang enraciné dans le territoire. L’Erbhof,
complété par des normes d’inspiration féodale évidente, est un
instrument juridique fondamental pour affirmer l’idée organique d’entité
sociale.
L’excellent travail de Sonia Michelacci
est particulièrement utile en cette époque de turbo-capitalisme ravageur
qui caractérise la globalisation. Bien que beaucoup des conditions
sociales dans lesquelles se sont développées les idées dont parle le
livre n’existent plus, cet ouvrage fournit de bons points de départ aux
débats qui concernent la propriété privée.
* * *
Sonia Michelacci, Il comunismo gerarchico, Edizioni di Ar, Padova 2004, pp.196.
De: Arianrhod, Hyperborea. Publié sur www.doomma.com le 18/09/13.