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vendredi 17 janvier 2014

Le communisme hiérarchique



Sonia Michelacci, Il comunismo gerarchicoLe livre de Sonia Michelacci Il comunismo gerarchico est l’oeuvre la plus complète, publiée en Italie, sur la conception de la propriété privée vue par le fascisme italien et le national-socialisme allemand. Dans la préface, le professeur Luigi Lombardi Vallauri déclare que ce livre «permet au profane cultivé d’accéder à des débats et des contextes encore d’actualité, glissés dans les flots de l’oubli pour des raisons idéologiques et parce que les historiens ont tendance à relayer les thèmes juridiques au second plan». En effet, Sonia Michelacci nous offre un travail vraiment précieux pour ceux qui veulent approfondir le sujet.
En se basant sur la Carta del lavoro de 1927, l’auteur examine le débat qui entoure le thème de la propriété privée pendant le fascisme. Le principe de la totalité sociale à la base du fascisme implique que le droit à la propriété privée soit redimensionné vers une fonction sociale de la propriété, selon laquelle le propriétaire ne doit pas se limiter à profiter du bien qu’il possède, mais doit l’utiliser pour développer richesse et opportunités d’emploi. Cette conception de la propriété provient de la pensée catholique dont le poids considérable dans la culture italienne a, bien entendu, influencé le débat en cours. Thomas d’Aquin avait déjà mis en évidence la nature personnelle de la propriété en ce qui concerne l’achat, et sa nature commune à l’égard de l’usage. De nouveau, à la fin du XIXème siècle, bien que Léon XIII, doté d’une mentalité plutôt ‘bourgeoise’, considérait la propriété comme un droit naturel, il écrit dans Rerum novarum: «l’homme ne doit pas considérer les biens externes qu’il détient comme les siens, mais comme communs afin de les partager avec les autres si besoin est».
Plus tard, lors de la convention à Ferrara en 1932, Ugo Spirito formule la thèse de la ‘corporation propriétaire’, c’est-à-dire le dépassement de l’économie individualiste afin de transformer le droit à la propriété en un concept d’utilité publique, par l’affirmation d’une valeur éthique supérieure de la révolution fasciste. La thèse de Spirito, considérée comme ‘hérétique’ et ayant un penchant pour le bolchevisme, est laissée de côté. De plus, le Code civil de 1942 reprend une conception bourgeoise et individualiste de la propriété, même si Mussolini, lui-même, exprime une certaine insatisfaction dans ses écrits.
hyperboreaLa deuxième partie du livre est dédiée aux modifications que le thème subit pendant la République de Salò. C’est à cette époque que le fascisme réalise sa vocation anticapitaliste originelle. Dans le ‘Manifesto Repubblicano’ de Vérone, on peut lire: «la propriété privée, fruit du travail et de l’épargne individuelle, intégration de la personnalité humaine, est garantie par l’Etat. Celle-ci ne doit cependant pas désintégrer la personnalité physique et morale des autres hommes, à travers l’exploitation de leur travail». On y établit aussi le ‘droit à la maison’ pour toutes les familles. Cette dernière phase du fascisme permet donc aux idées de Ugo Spirito de prendre leur revanche. En particulier, la socialisation des entreprises est alors lancée; celle-ci prévoit la répartition des profits parmi les travailleurs et leur implication dans les conseils des usines, toujours dans un contexte de valorisation de la personnalité humaine qui marque une distance incommensurable avec le communisme marxiste.
Ces réformes sont très dangereuses pour les idéologies des gauches et lorsque l’on vote pour élire les représentants des ouvriers de la F.I.A.T., le Parti Communiste Italien menace de mort les ouvriers qui avaient appuyé l’initiative, les dissuadant de se rendre aux urnes, et obtienne ainsi les remerciements de la famille Agnelli. De plus, à la fin de la guerre, le Comité de Libération, bien que sous l’hégémonie des socialistes et des communistes, décrète directement l’abolition de la loi sur la socialisation des entreprises. Ainsi, les idéologies libérales et marxistes, toutes deux produites par l’Illuminisme, forment une amitié fraternelle pour, ensuite, faire semblant de s’affronter et donner naissance à cette farce appelée ‘démocratie’.
La troisième partie du livre traite du concept de la propriété privée dans le national-socialisme allemand. Dès le début, le mouvement d’Hitler se caractérise par un phénomène d’ethno-nationalisme radical, privé des ambiguïtés bourgeoises typiques du fascisme. C’est pourquoi, en Allemagne, le droit de chacun était réduit à une simple position juridique: la position de chacun en tant que membre de la communauté. Le propriétaire est alors évalué non comme sujet de droit, mais comme membre de la Volksgemeinschaft. Werner Sombart définit très bien le nouveau concept de la propriété lorsqu’il dit: «le droit à la propriété ne détermine plus les lignes de l’économie, mais ce sont ces dernières à déterminer l’ampleur et les spécificités du droit à la propriété». Dans le national-socialisme, les travailleurs et les employeurs forment une seule et même organisation basée sur l’union ‘peuple-nation-race’ vouée au dépassement de la lutte des classes. Pour la première fois, les travailleurs ont droit aux congés payés et sont protégés contre les licenciements abusifs (l’historiographie ‘démocratique’ qui s’est penchée sur le succès du national-socialisme parle d’énigme du consensus!).
L’attaque national-socialiste était destinée à la propriété relative au crédit, qui n’était pas le fruit du travail, mais de spéculation: de cette manière, le peuple pouvait être libéré de l’esclavage de l’intérêt, engendré par la haute finance juive. On voit une fois de plus combien les conceptions de l’idée marxiste de l’envie, qui, en théorie, devrait donner à tous en mêmes quantités, ne donne, en réalité, à personne puisqu’elle nie la valeur de la personnalité de chacun et endommage ainsi la société.
Enfin, ce qui est intéressant dans la législation national-socialiste est l’Erbhof: un bien agricole héréditaire pour les paysans de pure race germanique qui est indivisible, insaisissable et voué au maintien de la communauté de la Terre et du Sang enraciné dans le territoire. L’Erbhof, complété par des normes d’inspiration féodale évidente, est un instrument juridique fondamental pour affirmer l’idée organique d’entité sociale.
L’excellent travail de Sonia Michelacci est particulièrement utile en cette époque de turbo-capitalisme ravageur qui caractérise la globalisation. Bien que beaucoup des conditions sociales dans lesquelles se sont développées les idées dont parle le livre n’existent plus, cet ouvrage fournit de bons points de départ aux débats qui concernent la propriété privée.
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Sonia Michelacci, Il comunismo gerarchico, Edizioni di Ar, Padova 2004, pp.196.
De: Arianrhod, Hyperborea. Publié sur www.doomma.com le 18/09/13.