Par le traitement des données Pisa, il apparaît que les niveaux de compétence en sciences, en mathématiques ou en compréhension de l’écrit sont automatiquement liés. Toutefois, on peut se demander sur lequel de ces trois domaines il est le plus efficace d’agir afin de garantir l’apprentissage des avoirs de base et la réussite scolaire. Un texte de Daniel Bloch, ancien Président d’université, ancien Recteur, ancien Directeur des enseignements supérieurs.
Le ministère de l’éducation nationale vient de mettre en place un
nouveau Conseil supérieur des programmes. La question de l’équilibre des
horaires des divers enseignements peut légitimement lui être posée.
L’enquête Pisa, réalisée par l’OCDE, est susceptible de constituer un
support pour ses réflexions. Cette enquête porte sur les compétences des
élèves de 15 ans en mathématiques, en sciences et dans la compréhension
de l’écrit. En 2012, 65 pays ou zones géographiques ont accepté de se
soumettre à cette enquête à laquelle 510 000 élèves ont participé.
On a reporté l’ensemble des données fournies sur un graphique, afin d’établir les corrélations entre les diverses compétences, comme par exemple entre les compétences en mathématiques et les compétences en compréhension de l’écrit (figure 1).
On a reporté l’ensemble des données fournies sur un graphique, afin d’établir les corrélations entre les diverses compétences, comme par exemple entre les compétences en mathématiques et les compétences en compréhension de l’écrit (figure 1).
Figure 1. D’après les données Pisa 2012. OCDE
Ces données correspondent aux valeurs moyennes relevées sur
l’ensemble des élèves de chaque pays. Il apparaît immédiatement un
premier résultat majeur : les compétences en mathématiques sont
simplement proportionnelles aux compétences en compréhension de l’écrit.
Autrement dit, une fois connu par exemple le niveau de compétences en
compréhension de l’écrit, le niveau de compétence en mathématiques s’en
déduit avec une bonne précision.
Figure 2 : D’après les données PISA 2012. OCDE
Ce qui est vrai pour les mathématiques, l’est également pour les
sciences (Figure 2) : à un niveau donné de compétences dans la
compréhension de l’écrit est aussi associé un niveau bien déterminé de
compétences en sciences. Et par conséquent à un niveau déterminé de
compétences en mathématiques correspond aussi un niveau bien déterminé
en sciences.
Ce qui peut encore s’exprimer d’une autre manière : à une élévation du niveau de compétence en sciences ou en mathématiques ou en compréhension de l’écrit est ainsi automatiquement associée une augmentation des compétences dans les deux autres domaines. La question se pose alors légitimement de déterminer sur lequel de ces trois paramètres il est le plus efficace d’agir. De fait la réponse peut varier avec l’age de l’élève, c’est-à-dire aussi suivant son avancement dans sa scolarité.
Dès lors que les difficultés scolaires s’établissent tôt, et qu’elles sont difficiles à résoudre par la suite, de nombreuses expériences, en France et ailleurs, ont permis d’établir qu’en développant les compétences langagières, et particulièrement avant l’age de 6 ans, il était possible d’améliorer les résultats scolaires et l’insertion professionnelle sur le long terme [1]. Les programmes 2002 de l’école maternelle et plus encore ceux de 2008 ont fortement insisté sur le développement de ce type de compétences. Et les dernières évaluations du niveau des élèves à la sortie de l’école maternelle ont confirmé le bien fondé de cette approche des programmes et des procédures pédagogiques [2], même si elle se heurte aux critiques de ceux qui mettent en avant la priorité de l’apprentissage du « vivre ensemble ». Non seulement, dans l’élaboration en cours des programmes 2014, il serait dommageable de revenir en arrière, mais encore serait-il bienvenu de poursuivre dans cette voie au cours préparatoire, et même en première année de cours élémentaire, c’est-à-dire à un moment charnière pour les élèves, celui de l’apprentissage de la lecture et de l’entrée dans la pratique de l’écrit. Pour bien vivre ensemble, encore faut-il détenir les savoirs de base. Là encore, les résultats seront au rendez-vous [3], même si tous les ingrédients de la réussite scolaire ne se situent pas au sein de l’Ecole.
------
[1] F.A CAMPBELL et C.G. RAMEY. Effects of early intervention on intellectual and academic achievement : a follow-up of children from low-income families. Child development, 65, 684-698, 2001
[2] Ministère de l’éducation nationale. DEPP. Septembre 2013.
[3] Daniel Bloch. Langages et réussite éducative, des pratiques innovantes. Grenoble, 11 mars 2009.
Ce qui peut encore s’exprimer d’une autre manière : à une élévation du niveau de compétence en sciences ou en mathématiques ou en compréhension de l’écrit est ainsi automatiquement associée une augmentation des compétences dans les deux autres domaines. La question se pose alors légitimement de déterminer sur lequel de ces trois paramètres il est le plus efficace d’agir. De fait la réponse peut varier avec l’age de l’élève, c’est-à-dire aussi suivant son avancement dans sa scolarité.
Dès lors que les difficultés scolaires s’établissent tôt, et qu’elles sont difficiles à résoudre par la suite, de nombreuses expériences, en France et ailleurs, ont permis d’établir qu’en développant les compétences langagières, et particulièrement avant l’age de 6 ans, il était possible d’améliorer les résultats scolaires et l’insertion professionnelle sur le long terme [1]. Les programmes 2002 de l’école maternelle et plus encore ceux de 2008 ont fortement insisté sur le développement de ce type de compétences. Et les dernières évaluations du niveau des élèves à la sortie de l’école maternelle ont confirmé le bien fondé de cette approche des programmes et des procédures pédagogiques [2], même si elle se heurte aux critiques de ceux qui mettent en avant la priorité de l’apprentissage du « vivre ensemble ». Non seulement, dans l’élaboration en cours des programmes 2014, il serait dommageable de revenir en arrière, mais encore serait-il bienvenu de poursuivre dans cette voie au cours préparatoire, et même en première année de cours élémentaire, c’est-à-dire à un moment charnière pour les élèves, celui de l’apprentissage de la lecture et de l’entrée dans la pratique de l’écrit. Pour bien vivre ensemble, encore faut-il détenir les savoirs de base. Là encore, les résultats seront au rendez-vous [3], même si tous les ingrédients de la réussite scolaire ne se situent pas au sein de l’Ecole.
------
[1] F.A CAMPBELL et C.G. RAMEY. Effects of early intervention on intellectual and academic achievement : a follow-up of children from low-income families. Child development, 65, 684-698, 2001
[2] Ministère de l’éducation nationale. DEPP. Septembre 2013.
[3] Daniel Bloch. Langages et réussite éducative, des pratiques innovantes. Grenoble, 11 mars 2009.