La reconquête des esprits pour une meilleure politisation des
consciences est quelque chose que nous entendons de manière récurrente
mais que nous avons du mal à faire appliquer surtout pour nous-mêmes. La
raison en est que le monde moderne qui nous entoure a une emprise
permanente sur notre raison et que, même si celle-ci reste avertie, elle
se fatigue et se fragilise par ces inévitables confrontations à la
publicité et à la pensée unique qui finissent par l’inhiber.
Depuis 1905, le terrain a été labouré pour
couper tout esprit de transcendance visant à l’élévation de l’Homme
durant son existence terrestre. On lui interdit de chercher de
profondes réponses à ses questionnements hors du champ matérialiste. Les
plaisirs dans la consommation ont donc remplacé les réflexions
transversales, éloignant ainsi l’être de ce qui le façonne réellement.
Instrumentaliser les sens, les sentiments, les émotions à des fins
idéologiques ou financières, c’est hélas ce qui définit notre monde
depuis plus de 100 ans et explique en grande partie sa dérive
narcissique.
Quelle résistance devient possible devant des vecteurs d’influences
aussi massifs et efficaces qui envahissent depuis plus d’un siècle notre
quotidien? Évidemment, l’isolement en famille dans le Larzac avec
quelques chèvres pourrait paraître le meilleur moyen de se couper de ce
qui souille notre intérieur. Or, en politique, il ne s’agit pas de
raisonner égoïstement mais de chercher en permanence à rompre avec cet
individualisme pour renouer avec le bien-être du plus grand nombre.
Pour cela, il faut accepter que les solutions soient aussi simples à
comprendre que difficiles à appliquer. Savoir que nous ne sommes pas sur
cette terre pour prendre mais pour donner. Comprendre que nous ne
commencerons à vivre vraiment que lorsque nous aurons poussé notre
dernier souffle. Vivre en cherchant toujours une vérité non soumise au
monde artificiel. Accepter que la vie ne vaut d’être vécue que si elle
abandonne le paraître et l’objet-roi dont nous sommes tous esclaves,
pour laisser place à l’Être et au don de soi par l’engagement.
Comprendre que l’ennemi prioritaire, n’est pas forcement dans les gros titres des journaux mais plutôt là, tout près, où nous le cherchons le moins !
C’est lui qui toque à la porte de notre âme en nous forçant
d’abandonner le peu de choses qui donnent un vrai sens à notre vie.
Notre véritable lutte doit être de ne pas le laisser détruire nos
citadelles. Cela reste extrêmement difficile à appliquer concrètement,
mais doit néanmoins rester notre idéal principal, comme il existe
l’idéal de pureté ou encore l’idéal chevaleresque que nous n’arriverons
peut-être jamais à atteindre mais que nous chercherons toujours à
imiter.
Je ne sais pas pour vous, mais moi ce soir je veux tuer le bourgeois qui est en moi pour mieux toucher la vraie vie,
celle dont les bénéfices ne se gagnent pas à Wall Street, et y donner
un sens profond en aimant certes maladroitement parfois mais en aimant
quand même.