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samedi 30 juin 2018

Le pape et le Président : sur les migrants, ils sont obligés de reconnaître que les populistes ont raison

Le Monde interprète la rencontre positive entre le pape François et Emmanuel Macron comme une sainte alliance de l’Europe progressiste contre la « lèpre » des populismes. Pour Virginie Malingre, « au Vatican, Macron et le pape font front uni face à la poussée populiste en Europe ». Et en premier lieu, bien sûr, sur la question de l’immigration. Il y a, certes, du vrai dans cette vision d’un pape et d’un Président progressistes et favorables à un accueil inconditionnel d’une immigration massive. Certaines images et déclarations du pape, comme à Lampedusa ou au Parlement de Strasbourg, resteront symboliques de cet irénisme sans nuance du pape François. Et nombreux ont été les contributeurs de Boulevard Voltaire, notamment catholiques, à dénoncer avec raison l’erreur du pape dans sa méfiance vis-à-vis de pays comme la Pologne et la Hongrie, d’abord soucieux de préserver leur culture chrétienne, culture sans laquelle il n’y aura plus de christianisme en Europe.

Mais, curieusement, en pleine crise de l’Aquarius, le pape comme le Président français ont mis de l’eau dans leur vin. Le pape, dans l’avion qui le ramenait de Suisse le 21 juin dernier, a fait machine arrière et reconnu que les pays européens avaient bien un droit à limiter leur accueil de migrants :
« Il faut accueillir, accompagner, intégrer. […] Chaque pays doit le faire mais avec prudence. Un pays doit accueillir le nombre de migrants qu’il peut accueillir et intégrer. »
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Un pape, qui plus est jésuite, est bien placé pour savoir qu’entre l’idéal de la sainteté et la réalité concrète de la vie, il y a toute une série de degrés. C’est vrai pour notre vie morale personnelle, et un confesseur jésuite a justement pour vocation d’articuler l’idéal et le réel. Mais c’est encore plus vrai pour la vie des peuples et des nations.
Mais du côté du Président français, l’heure n’était pas non plus, au Vatican, au bombage de torse du Président le plus « cathomigrantophile ». Emmanuel Macron a, en effet, cessé ses attaques contre le nouveau gouvernement italien. Et il est même allé jusqu’à reconnaître que le Lifeline était dans la plus totale illégalité et alimentait un trafic de migrants :
« On ne peut pas accepter durablement cette situation car au nom de l’humanitaire cela veut dire qu’il n’y plus aucun contrôle. À la fin on fait le jeu des passeurs en réduisant le coût des risques du passage. »
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C’était une évolution notable : Emmanuel Macron ne faisait que reprendre ce que dit Génération identitaire !

Visiblement, les deux chefs d’État ont bien pris conscience que les choses avaient bougé en Europe et se sont gardés d’adopter des postures contre-productives de stigmatisation des pays dits « populistes ».

Le pape et le Président français, icônes du progressisme, ont fait un grand pas vers une vision réaliste de la question migratoire. Mais ils ne l’ont fait que parce que Polonais, Hongrois, Autrichiens, Italiens et Bavarois, et quelques autres encore, ont choisi des dirigeants populistes soucieux de l’identité de leurs pays et lucides sur les conséquences de l’immigration. Et ils l’ont fait héroïquement envers et contre tous. Contre Angela Merkel, contre le pape François et contre Emmanuel Macron qui, hier encore, parlait de « lèpre » pour cette vision à laquelle il accorde aujourd’hui une certaine crédibilité.

Mais en tout cas, pour que la poutre bouge encore dans le bon sens, au Vatican comme à Paris, nous savons ce qu’il nous reste à faire, et de quel côté peser.

Pascal Célérier

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