Les actuelles arrivées de
migrants africains en Europe constituent les prémices d’un phénomène
massif qui va connaître une amplification considérable dans les
prochaines décennies.
Laissons parler les chiffres :
Avec un taux de croissance de 4 % la population africaine double tous les 18-20 ans.
Au
Niger, pays désertique où le taux de fécondité est de 7 enfants par
femme, la population était de 3 millions d’habitants en 1960 et elle
sera de 40 millions en 2040, puis de 60 millions en 2050.
En Somalie, le taux de reproduction est de 6,4 enfants par femme et en RDC, il est de 6,1.
En
Algérie le programme de planification familiale avait permis de faire
baisser l’indice synthétique de fécondité de 4,5 enfants par femme en
1990, à 2,8 en 2008. Or, avec la réislamisation du pays, depuis 2014, il
a rebondi à 3,03.
Résultat :
D’ici
à 2030, l’Afrique va voir sa population passer de 1,2 milliard à
1,7milliard, avec plus de 50 millions de naissances par an.
En
2100, avec plus de 3 milliards d’habitants, le continent africain
abritera 1/3 de la population mondiale, dont les trois quarts au sud du
Sahara.
Pour des centaines de millions de jeunes
africains, la seule issue pour tenter de survivre sera alors
l’émigration vers l’Europe.
Bloqués par leurs pré-supposés
idéologiques et moraux, les dirigeants européens qui s’obstinent à ne
pas tenir compte de cette réalité, ont choisi de s’accrocher au mythe du
« développement ». En France, des Insoumis au Front national, tous
défendent ainsi – certes à des degrés divers –, le postulat du
développement ralentisseur migratoire. Et tous sont dans l’erreur. Comme
je l’ai expliqué dans mon livre Osons dire la vérité à l’Afrique [1], le développement de l’Afrique est en effet une illusion et parfois même une escroquerie intellectuelle et politique.
Pour deux grandes raisons :
1)
À supposer qu’il ait une efficacité, le « développement » ne pourrait
en effet avoir que des résultats à très long terme. Or, il y a urgence.
2)
Tout a déjà été tenté en ce domaine depuis les indépendances, il y a
plus de six décennies de cela. En vain car, en dépit des sommes
abyssales déversées pour tenter de la faire « démarrer », l’Afrique
régresse.
Loin de se développer, l’Afrique s’appauvrit globalement année après année
Selon les Objectifs du Millénaire pour
le Développement (OMD) adoptés en 2000 par 189 États, aucun recul de la
pauvreté africaine ne peut être envisagé sans un minimum de croissance
annuelle de 7 % soutenue durant plusieurs années. Conclusion : comme il
faut une croissance de 7 % par an pour simplement commencer à réduire la
pauvreté, le calcul est vite fait, année après année, il manque donc à
l’Afrique entre 3 et 4 % de croissance pour atteindre l’objectif des
OMD. Donc, loin de se combler, la pauvreté africaine augmente et cela
d’autant plus inexorablement que la démographie galopante y efface les
quelques gains de croissance.
Comment prétendre développer l’Afrique quand les investisseurs s’en détournent ?
Le discours politique répétitif est
l’appel à l’investissement « moteur du développement », mais comme les
investisseurs n’investissent pas en Afrique, nous restons donc dans le
domaine incantatoire.
Dans son rapport de mai 2018, la BAD
(Banque africaine de développement) souligne ainsi que pour les
investissements dans le seul domaine des infrastructures, l’Afrique a
besoin annuellement de 170 milliards de dollars d’IED (Investissements
étrangers directs), alors que, au total de tous ses postes, elle n’en
reçoit que 60 mds.
Début juin 2018, à la lecture du rapport
sur les IED publié par la CNUCED (CNUCED, World Investment Report
2017), nous apprenons qu’en 2017, sur les 2000 milliards (mds) de
dollars d’IED mondiaux, l’Afrique n’en recueillit en effet que 60 mds,
un volume dérisoire en baisse de 3 % par rapport à 2016 (Banque
mondiale). L’Afrique, dans l’ensemble de la globalité de ses 54 pays et
de son 1,2 milliard d’habitants a donc reçu presque autant d’IED que
Singapour (61,6 mds pour 6 millions d’habitants), et moins que l’Irlande
(79,2 mds pour 5 millions d’habitants)… Voilà qui en dit plus que les
longs discours lénifiants sur le devenir de l’Afrique et sur son
« développement »…
Une chose est donc certaine, le credo du
« développement » ne freinera pas le déversement du surplus
démographique africain sur l’Europe. Comment en serait-il d’ailleurs
autrement alors que rien ne peut être entrepris sans un strict contrôle
des naissances que les Africains refusent d’envisager et que l’Europe
n’est pas en mesure de leur imposer ?
Vue d’outre-Méditerranée, l’Europe
continuera donc d’être considérée comme une terre à prendre. D’autant
plus facilement qu’elle est peuplée de vieillards repus ou épuisés,
d’hommes s’interrogeant sur leur virilité, de femmes n’enfantant plus et
dont les dirigeants sont soumis au diktat permanent de l’émotionnel…
Bernard Lugan
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