Rédigé par Philippe Maxence
La chasse est ouverte…
En France, les dernières semaines ont
notamment été occupées par la traque aux « fausses nouvelles » que le
jargon en cours s’évertue à nous imposer sous le terme de « fake news ».
Avec la « Loi de fiabilité et de confiance de l’information », le
ministère de la Culture a donc travaillé à la mise en place d’une
nouvelle législation qui vise essentiellement les canaux de diffusion,
principalement l’univers numérique, considéré aujourd’hui comme trop
incontrôlable.
Il ne s’agit évidemment pas ici de prendre
la défense de cette forme de chasse, d’un nouveau type, qui ressemble
par bien des aspects à un nouvel épisode de l’extension du territoire de
ce que l’écrivain britannique George Orwell a baptisé du nom de « Big Brother » dans son roman 1984. La liberté étant en jeu, on en profitera plutôt pour relire l’importante encyclique de Léon XIII, Libertas Praestantissimum,
qui rappelle ce qu’est exactement la liberté ainsi que les limites
qu’elle rencontre, évitant de tomber dans les écueils jumeaux du refuge
dans la servitude ou dans l’absolutisation de la liberté.?1
Politique familiale et baisse de l’avortement
Heureusement, il n’y a pas que les fausses
nouvelles ! En sens inverse, par exemple, la Hongrie affiche
aujourd’hui un bilan particulièrement positif dans le domaine de la
politique familiale. Intervenant le 21 mai dernier, à Rome, dans le
cadre d’une réunion organisée par l’Académie Jean-Paul II pour la vie
humaine et la famille, la jeune secrétaire d’État à la famille de
Hongrie a pu ainsi évoquer les résultats obtenus par son pays : « Le
nombre des mariages est passé de 35 520 en 2010 à 50 600 en 2017. Le
nombre de divorces a baissé, de 23 873 en 2010, à 18 600 en 2017. Le
soutien de l’État aux familles a fait baisser le nombre d’avortements de
plus d’un tiers : de 40 449 en 2010 à 28 500 en 2017. »2
Hasard ? Pas du tout ! La loi fondamentale
de ce pays accorde, en effet, une importance particulière à la famille
et au mariage naturel entre un homme et une femme. Tout logiquement,
l’État appuie une politique démographique qui repose sur tout un
arsenal, allant des allocations familiales à l’aide aux frais de garde à
domicile des enfants en passant par un programme de logements familiaux
qui inclut notamment l’aide à l’accession à la propriété. Symbolique et
révélateur : depuis 2014, les affaires familiales sont séparées des
affaires sociales. Avoir une famille, mettre au monde des enfants, ne
rime plus mentalement avec pauvreté.
Face à l’asservissement
Quelles leçons en tirer ? Malgré plus de
quarante ans de communisme et deux décennies de libéralisme, cet exemple
témoigne des vertus de la politique, qui, conforme à la loi naturelle
et dans la perspective du bien commun, crée les conditions d’une vie
sociale normale, notamment en replaçant la famille à la base de la
société. Mais au préalable, il faut bien convenir que la Hongrie est
parvenue à se libérer des formes modernes de la servitude.
Et la France ? Un tel chemin doit être
emprunté en toute urgence, afin de rendre possible, spirituellement et
intellectuellement, ce qui doit se traduire un jour politiquement.
Intellectuel allemand, d’origine
sud-coréenne, Byung-Chul Han en donne clairement les raisons en faisant
ressortir que le climat de liberté dans lequel nous baignons, et auquel
nous adhérons spontanément, ainsi que le conformisme qu’il génère,
finissent par nous asservir de manière beaucoup plus efficace que le
totalitarisme de grand-papa : « À la place d’une autorité manifeste,
une autorité “anonyme” règne. Elle revêt la forme du sens commun, de la
science, de la santé psychique, de la normalité. »3 Cette analyse rejoint, d’ailleurs, sous d’autres mots et dans un autre contexte, celles d’Augustin Cochin auquel nous consacrons le dossier de ce numéro.
Ce dernier avait analysé les moyens mis en œuvre pour conduire à une
nouvelle socialisation au moment de la Révolution française. Nous sommes
confrontés aujourd’hui à une nouvelle normalité.
Heureusement, le christianisme nous offre
les armes pour rompre avec cette servitude en mettant nos pas dans ceux
de Celui qui est la Voie, la Vérité et la Vie. Plus que jamais être
chrétien revient à être (vraiment) libre. Deo gratias !
1. Disponible sur le site du Vatican.
2. Cité par le blog d’Yves Daoudal.
3. Byung-Chul Han, Psychopolitique. Le néolibéralisme et les nouvelles techniques de pouvoir, p. 25, Circé, 120?p., 15 e.
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