La députée LR des Bouches-du-Rhône Valérie Boyer a des mots très durs (et très vrais) à l’endroit du président français Macron.
La secrétaire générale adjointe Les Républicains en charge des relations
avec la société civile répondait aux questions de notre confrère
Valeurs actuelles au sujet du deux poids deux mesures dont Dreuz s’est
fait écho pendant la campagne présidentielle française, et la collusion
de la justice et des médias pour détruire François Fillon et faire élire
Emmanuel Jupiter.
Le contexte
Le parquet de Lyon a ouvert une enquête préliminaire visant le président Macron, pour :
- détournement de fonds publics,
- financement irrégulier de campagne électorale,
- abus de biens sociaux et recel.
Valérie Boyer explique être « choquée de voir avec quelle vitesse et
quelle précipitation François Fillon a fait l’objet de l’attention de la
justice, alors qu’il a fallu attendre, pour Emmanuel Macron, le cri
d’alarme d’élus LR Lyonnais, et l’avertissement d’associations
anticorruption ». Le 13 juin 2018, Anticor a en effet déposé plainte
pour tentatives de détournement de fonds publics, abus de confiance et
de biens sociaux, violation du code électoral et délit de marchandage
contre Macron, Mélenchon et Le Pen.
Ce qui est surtout remarquable à mes yeux, car je m’intéresse
essentiellement aux affaires politiques américaines, c’est outre la
rapidité avec laquelle la justice s’est jetée sur Fillon, le timing de
son intervention : pendant la campagne pour Fillon, après son élection
pour Macron, et le peu de bruit que le scandale a déclenché, comparé au
retentissant coup de tonnerre qu’a provoqué l’enquête du FBI contre
Clinton en pleine campagne électorale.
Valérie Boyer, caustique, fait remarquer qu’Emmanuel Macron sait remercier ceux qui l’ont aidé :
« Collomb, Pénicaud, le président de la commission des comptes de campagne qui a vu sa rémunération augmenter… Cela fait beaucoup d’éléments très inquiétants ». Elle ajoute : « la Commission nationale de contrôle des comptes de campagne a vu qu’il y avait des irrégularités dans les comptes de campagne du candidat Macron. De plus, j’ajoute que nous n’avons également pas d’informations sur le patrimoine personnel du chef de l’Etat ».
Valeurs actuelles: Y a-t-il un deux poids/deux mesures entre l’affaire Fillon et les affaires Macron ?
« Oui, d’ailleurs je trouve cela choquant et inquiétant pour le fonctionnement de notre démocratie…
Trois juges, lors de la campagne présidentielle, ont décidé du destin de la France.
Dans l’affaire Fillon, le Parquet National Financier (PNF) a bafoué de nombreux principes démocratiques :
- la séparation des pouvoirs,
- la présomption d’innocence,
- le secret de l’instruction…
Tout cela donne le vertige sur l’application de la justice dans notre pays. »
JPG : Je ne peux m’empêcher d’ajouter, à ces trois principes
bafoués, sans doute le pire de tous : l’impunité totale, qui a montré
qu’il peut recommencer sans risque, dont a bénéficié le PNF, qui ne sera
ni inquiété ni sanctionné, et dont aucun responsable ne perdra son
poste, et bien entendu ne sera mis en cause par la justice.
Valérie Boyer : « Emmanuel Macron a réalisé un hold-up
démocratique. C’est très grave car au bout d’un an de présidence Macron,
il y a un problème de légitimité » [JPG : de nos jours, la légitimité
est garantie par les médias. Ils décident de créer le scandale ou de
l’étouffer, de le fabriquer ou de l’oublier, et de menacer les
politiques de ne plus les inviter s’ils s’éloignent du script qui leur
est « suggéré »].
Valérie Boyer : « Notre pays traverse une crise profonde, et
l’union démocratique sera bien difficile à faire. Au même moment, on
transforme la Constitution en supprimant les corps intermédiaires et on
donne les pleins pouvoirs au président, qui considère par ailleurs que
le parlement ne sert plus à rien. Ce n’est pas normal. »
JPG : je ne suis pas certain que ce dont les Français souffrent
le plus soit la crise démocratique. L’insécurité, l’immigration non
souhaitée et subie, l’appauvrissement, le chômage – pendant que les pays
les plus dynamiques ont des taux de chômage à rendre jaloux – et
l’insolence de la presse et du président sont les vrais problèmes des
Français.
Valérie Boyer : « Emmanuel Macron a réalisé une captation
démocratique. C’est une sorte de coup d’Etat constitutionnel que nous
sommes en train de vivre. Nous ne sommes déjà plus dans un régime
parlementaire. On gouverne sur la communication, on ne va pas au fond
des réformes. Nous sommes dans un brouillard, une technostructure qui
capte le débat. Prenons l’exemple du Congrès de Versailles : c’est une
forme de suppression du Parlement. Jupiter n’aime pas la contradiction
ni le débat. Il abîme de façon durable le système démocratique. »
JPG : rien de tout cela devrait vous surprendre, chère Valérie.
Tout ceci était déjà très visible durant la campagne. Macron a été
littéralement lancé comme un produit marketing, et les Français, certes
en solde et au rabais, ont acheté le produit. Ils ont voté, et tout ce
que fait Macron est conforme à ses programmes de campagne : il n’en
avait pas !
© Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.