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samedi 30 juin 2018

Un monde de requin

Le réalisateur américain Steven Allan Spielberg a rendu un bien mauvais service à la gent à aileron avec son film de 1975 Jaws (littéralement : mâchoires, Les Dents de la Mer en français), narrant les excès de table d’un grand requin blanc sur les rives de l’île d’Amity. Le traumatisme en fut tel qu’il suscita en réponse une chanson de Gérard Lenormand, Gentil dauphin triste.

Depuis, l’homme est persuadé que, dans les profondeurs de l’océan, de gigantesques dentiers flottants le traquent. Il y a aussi dans l’inconscient collectif les deux tragédies de la Seconde Guerre Mondiale où des rescapés de navires coulés eurent à faire à de fâcheux visiteurs. C’est le cas du Laconia, paquebot britannique transportant 1500 prisonniers de guerre italiens, torpillé le 12 septembre 1942 par le U-156, et le plus connu, le croiseur américain Indianapolis, torpillé sur le chemin du retour du convoyage de la bombe atomique le 30 juillet 1945 par le I-58 où 600 survivants du naufrage initial furent dévorés par les requins (le héros des Dents de la mer étant censé être un des 341 rescapés).
La mort d’un jeune brésilien de 18 ans le 3 juin sur la plage de Piedade (près de Recife) relance la psychose collective.  Nageant dans une zone interdite (suite à une précédente attaque en mars qui avait coûté à un touriste américain la perte d’un bras et d’une jambe), le jeune homme fut attaqué par un squale qui lui dévora la jambe et le pénis. Il succombera peu après à l’hôpital. Le 4 décembre 2017, la directrice de la firme d’investissement WL Ross & Co Rohina Bhandari avait déjà succombé en plongeant aux abords de l’île Cocos (Costa-Rica), un requin-tigre lui ayant arraché les deux jambes.

Pourtant, le requin n’est pas, loin s’en faut, le prédateur principal de l’homme. Il est même tout en bas de la liste, très exactement en 67e position, juste au-dessous de la guêpe ! Avec une dizaine de morts par an, messire requin est très très loin de l’ennemi publique n°1, le moustique, qui tue 725.000 personnes par an ! Homo homini lupus est, l’homme est le second prédateur pour ses semblables, avec 475.000 humains occis chaque année en moyenne par ses semblables. Viennent ensuite les serpents avec 50.000 morts, les chiens (25.000 morts), les mouches tsé-tsé (10.000 morts), le réduve (10.000 morts), le ver ascaris (2.500 morts), le ver plathelminthe (2.000 morts), les crocodiles (1.000 morts)… Dans les autres « poids-lourds » de la jungle, on trouve l’hippopotame (500 morts), le lion (100 morts), l’éléphant (100 morts)… Quant au loup, aussi craint que le requin, il tue chaque année 10 humains.
Donc, 10 hommes tués par les requins chaque année. Et combien de requins tués par l’homme ?  Chaque seconde, 3 requins sont tués par l’homme pour ses ailerons, soit près de 100 millions par an, 740.000 tonnes de squale. 32 % des espèces de requins sont menacées de disparition et la population des requins a diminué de 90 % depuis 1950. Selon les derniers chiffres disponibles, l’Indonésie est le premier tueur de requins avec 14,9 %, suivie par l’Inde (10,8 %), l’Espagne (7,6 %), l’Argentine (6,2 %), Taïwan (5,5 %), les Etats-Unis (5 %), le Mexique (3,9 %) et la Malaisie (3,1 %).

Hristo XIEP
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