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samedi 30 juin 2018

Ludovine de La Rochère : « On sait qu’Emmanuel Macron est personnellement favorable à la légalisation de la PMA sans père »

La présidente de la Manif pour tous analyse la position du Président Macron sur la PMA sans père et revient sur la très forte opposition qui ressort des États généraux sur les lois de bio-éthique. « Il n’y a pas le consensus qu’il voulait. » « La nomination de Jean-Louis Touraine est une provocation. Mais la décision est entre les mains du Président et du Premier ministre. »

Lors de sa visite au Vatican, Emmanuel Macron a glissé quelques mots sur la PMA. Il a déclaré qu’il comprenait parfaitement que l’ouverture du droit à la PMA soit extensible pour les couples de même sexe. Il a même commencé à parler de droit à l’enfant. D’un autre côté, nous apprenons que Jean-Louis Touraine sera certainement nommé co-rapporteur d’un projet de loi de révision de bioéthique. Que dîtes-vous de ces signaux ?

En ce qui concerne la PMA sans père, ces propos ne sont pas une découverte. Nous savons depuis longtemps qu’Emmanuel Macron est personnellement favorable à la légalisation de la PMA sans père. 
Nous nous trouvons dans un moment un peu particulier puisque les États généraux de la bioéthique sont arrivés à leur fin. Nous savons qu’une opposition massive s’est exprimée dans le cadre des États généraux de la bioéthique. Or, Emmanuel Macron avait posé pour condition d’une éventuelle légalisation de la PMA sans père l’existence d’un large consensus.
A l’évidence, il n’y a pas de consensus et même une opposition très importante à la PMA sans père.
Après les arguments pro PMA qu’il a développés dans le cadre de cette petite conférence de presse à Rome, il conclut que la décision n’est pas prise, que le débat existe encore et qu’il doit se poursuivre. En réalité, il n’y a pas vraiment de nouveauté. 
Nous aurions évidemment aimé qu’il annonce son renoncement, mais il n’y avait guère d’illusion à se faire. Il ne va de toute façon pas dire qu’il recule face aux catholiques à l’issue de son rendez-vous avec la Pape François. Cela ne pouvait pas avoir lieu.
Comment voyez-vous la nomination de Jean-Louis Touraine que La Manif Pour Tous connaît bien par ailleurs ? 
Cette nomination est extrêmement étonnante et presque provocatrice. Elle ne correspond pas du tout à la méthode habituelle d’Emmanuel Macron. Il insiste sur le fait qu’il veut un débat serein et apaisé. Je ne vois d’ailleurs pas très bien qui il vise lorsqu’il insiste autant sur ce point. Tous ceux qui défendent la famille le font d’une manière tout à fait pacifique, sereine et apaisée. 
Si cette nomination est étonnante, je ne pense toutefois pas que monsieur Touraine sera le décideur de ce que contiendra cette révision de la loi biotique. La décision va se prendre plutôt à l’Élysée ou à Matignon avec éventuellement la ministre de la Santé. Je pense que la décision est vraiment entre quelques mains et non pas dans celles de Jean-Louis Touraine. 
A-t-il laissé faire cette nomination en considérant que l’essentiel n’était pas là ? Je ne sais pas.
En revanche, il est à noter que la mission parlementaire sur la bioéthique annoncée par François Druivi va être présidée par Xavier Breton. Nous connaissons les convictions très solides et très fermes de Xavier Breton sur ces questions-là.
La Manif Pour Tous s’apprête-t-elle à redescendre dans la rue si l’extension de la PMA aux couples de même sexe est adoptée ?
S’il est envisagé d’inclure la PMA sans père dans le cadre de la révision de la loi de bioéthique ou dans un cadre législatif quelconque, il est évident que nous mobiliserons et appellerons à agir de manière forte, ferme et nombreuse, car c’est un sujet essentiel. Si on va vers la PMA sans père, on franchit un abîme, un fossé immense du point de vue anthropologique, éthique et social, etc. Ce serait extrêmement délétère. Cela concerne bien évidemment tous les Français et non pas seulement les catholiques.
Emmanuel Macron à l’air de considérer que seuls les catholiques sont contre la PMA sans père. Il se trompe. La PMA sans père concerne tous les Français et bien entendu, les générations à venir. Il faudrait évidemment une mobilisation massive.