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samedi 30 juin 2018

On ne demande pas à la diplomatie de faire du moralisme


De Ligne droite :
Capture d’écran 2018-06-27 à 08.45.22"La diplomatie française introduit souvent dans son discours une dimension affective et moralisatrice qui peut conduire à des impasses quand ce n’est pas à des désastres. Ligne droite estime que la France doit renoncer à cette pratique et fonder son action diplomatique sur quelques principes rationnels et légitimes, comme le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Quand il s’agit de traiter avec des pays extérieurs au monde occidental, le discours de la diplomatie française semble en effet s’apparenter à un prêche plein de bons sentiments. Tout se passe comme si la principale préoccupation de la politique extérieure de la France était de s’assurer que les pays du monde respectent les droits de l’homme, appliquent les principes de la démocratie et suivent les préceptes de la pensée unique. À chaque visite officielle, le chef d’État ou de gouvernement soupçonné de ne pas être en règle a droit à des remontrances largement orchestrées par les médias. Des remontrances au demeurant inversement proportionnelles à la puissance du pays en question. La Chine sera traitée avec prudence, la Russie avec impertinence et l’Égypte avec outrecuidance.
Ligne droite estime que cette attitude moralisatrice est à la fois illégitime et contraire aux intérêts de notre pays. A quel titre en effet le président de la République française s’arroge-t-il le droit d’interférer dans les affaires intérieures d’un autre pays ? La France n’est pas comptable du monde et les dirigeants de notre pays n’ont de devoirs qu’envers les Français.

De surcroît, pareille attitude se révèle préjudiciable à la réputation de notre pays car elle lui attire des inimitiés. C’est en effet cette posture, d’ailleurs commune à tous les pays occidentaux, qui explique en grande partie l’animosité des pays émergents à l’égard de l’Europe et des États-Unis. La haine de l’Occident trouve sans doute sa source dans la colonisation, mais elle est aujourd’hui ravivée par la prétention insupportable des Européens à vouloir imposer au monde entier leur modèle politique et leurs principes juridiques.

Cette obsession moralisatrice de la politique étrangère française et occidentale est encore plus dangereuse lorsqu’elle ne se limite pas aux objurgations et qu’elle débouche sur l’ingérence et parfois même sur l’ingérence armée. On l’a vu de façon tristement spectaculaire en Libye. Le dictateur qui dirigeait ce pays d’une main de fer et y faisait régner l’ordre a fini par être considéré à Paris et dans d’autres capitales occidentales comme décidément trop offensant pour la doxa des droits de l’homme. La France et la Grande-Bretagne sont donc intervenues directement pour provoquer sa chute. Résultat : la Libye a sombré dans l’anarchie, les conditions de vie des habitants se sont terriblement dégradées et le pays s’est ouvert à tous les passeurs qui organisent la déferlante des migrants vers l’Italie et vers l’Europe.

En voulant imposer la démocratie dans le monde, la France et les pays occidentaux, tel Gribouille, aggravent les difficultés des autochtones et créent une situation qui se retourne contre eux. C’est ce scénario qui s’est joué en Syrie, mais aussi en Irak. À chaque fois les conséquences ont été calamiteuses, mais personne ne semble en tirer les conséquences. Les médias qui poussent nos gouvernants à agir de cette façon ne semblent jamais gênés par l’absurdité des situations qui en résultent. Ils dénoncent le dictateur un jour, ils dénoncent le chaos qui le remplace le lendemain, puis ils dénoncent les organisations terroristes qui en sont le fruit le jour d’après, en une série de condamnations moralisatrices qui ignorent la cascade de causes et leur propre responsabilité dans cet enchaînement.
Une politique étrangère digne de ce nom ne peut se fonder sur des comportements aussi immatures. C’est pourquoi Ligne droite considère que la politique étrangère de notre pays doit reposer sur un grand principe, celui du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. La France doit donc proscrire toute ingérence et afficher publiquement une attitude de respect à l’égard des autres nations, respect de leur indépendance, respect de leur identité et respect de leur mode de gouvernement.
Cette ligne doit être suivie avec la plus grande rigueur. Si un pays musulman est subjugué par un mouvement islamiste radical, ce n’est pas aux soldats français d’aller se battre contre lui à la place des habitants. Si à l’inverse un pays se soumet à un coup de force militaire, il n’appartient pas à la France de s’y opposer ou de chercher à déstabiliser ce régime. La France ne peut légitimement intervenir que si ses intérêts sont en jeu ou si un pays ami, avec lequel elle est liée, fait appel à elle.

En réhabilitant un principe qu’elle incarnait avec succès dans les années soixante, la France gagnera en prestige et en autorité."

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